Astérix et Compagnie : ils sont fous, ces ludistes




Un jeu de Jean-Marc Tribet et François Rouzé, les illustrations sont reprises de la BD, et édité par Matagot.

Instant Wikipedia : 
Autant tout le monde connaît l’origine d’Astérix avec l’astérisque, point de ponctuation bien connue des assureurs et de Mme J pour camoufler mon langage fleuri, mais Obélix a aussi son point de ponctuation : l’obel, obèle ou obélisk en anglais, et oui rien n’a voir avec la colonne égyptienne. 
À la base l’obel était représenté par « ÷ » et servait, dans les textes anciens à indiquer une origine incertaine de ce dernier, on en retrouve par exemple au début de chaque discours de Trump, ou sur les études prouvant l’efficacité de l’homéopathie. En typographie moderne, il est en forme de dague simple : † (un « obèle ») ou double : ‡ (un « double obèle »), il existe également l’obèle pointé ⸓, et oui trois obèles pour le pris d’un, quand on aime on ne compte pas. Sa fonction et son mode d’utilisation peuvent différer des obèles anciens. Ce dernier sert à indiquer un appel de note une fois l’astérisque utilisé. L’obèle simple le complète, puis le double obèle, et si un troisième appel et nécessaires et au-delà il n’y a ni convention, ni nécessité à lire le texte qui a l’air chi*nt… 
Dans certain texte l’obèle moderne quitte son symbole de dague pour prendre de lui de croix latine et indique la mort de l’individu désigné, en mathématique l’obèle ancien est devenu le symbole de division et le moderne indique l’adjoint d’une matrice (c’est passionnant, je sais), on le retrouve aussi en chimie, en généalogie, en zoologie ou en informatique. 
Au final, Gosciny a parfaitement choisi le nom d’Obélix comme adjoint d’Astérix, comme l’obèle est adjoint à l’astérisque, pour Idéfix, rien n’a voir, c’est un fan qui a choisi le nom lors d’un concours. 

Mise en place : 5 minutes 
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 15 minutes 
Type de jeu : combo, jeu de cartes, tire à la corde
Thème : BD, Astérix et Obélix



Mr Chabat nous a revendu du rêve, après « Astérix Mission Cléopâtre », voilà « Le Combat des Chefs » et son talent de réalisateur prouve encore sa suprématie. 
Du coup, on a eu envie de se mettre sur la tronche à coups de baffes et de menhir, à nous la Bretagne ! Mais, faisant attention à mon cholestérol, j’ai dû bannir crêpes et kouign-amann de mon horizon.
Qu’à cela ne tienne en Bretagne quand on ne mange pas, on boit. 
Oui, alors le chouchen et le cidre, c’est bien mignon, mais sans crêpes, c’est comme un fromage sans vin rouge, un seul verre nous manque et tout semble dépeuplé, comme nous le rappelait Lamartine dans l’isolement alcoolique. 
Et la potion magique on peut ? 
Vérification du Nutri-Score B : le trèfle à quatre feuilles est cultivé de façon écoresponsable, la Serpe d’Or l’ayant cueilli me semble conforme aux normes d’Alésia. Mis à part le druide, qui fleure la retraite aussi sûrement qu’Astérix et l’Empire du Milieu fleure l’échec, tout me semble OK.
Mais attention au gui, ça donne des gaz. 
Bon bah on s’en jette un godet et on tabasse un italien de passage en souvenir du bon vieux temps?
Ma che ? No......

Mise en place : 
On prend tous les albums d’Astérix de la boîte, on choisit ceux dont la plaque est en granit et on en place un entre chaque joueur avec à sa gauche le côté rouge vers soi et à sa droite le côté bleu. 
Chaque joueur prend un casque de légionnaire, un bonus Potion, un bonus Sanglier et un bonus Poisson. Le reste des albums, des bonus et des casques sont mis dans la réserve. 
Chaque joueur prend 4 cartes en main, et c’est parti pour engranger du sesterce.

Les jetons

Les aides de jeu, et un set de départ

Les cartes joueurs

Les albums



📢 Les joueurs jouent à tour de rôle jusqu’à ce qu’un valeureux ludiste ait engrangé 50 sesterces : un album valant 15 sesterces, un casque de légionnaire 1, et un casque de centurion 3.

À son tour, le joueur doit faire une action parmi 3.

Action numéro 1 
Jouer une carte : le joueur actif peut placer une carte sur un album qui lui est adjacent. 
Les Gaulois doivent être placés sur l’album ayant son côté bleu proche du joueur, les Romains sur l’album côté rouge et les neutres peuvent être placés n’importe où, la neutralité chez Astérix c’est comme Emmanuel V., ils sont d’accord avec celui qui a du pouvoir, peu importe son bord. 
Certaines cartes et certains albums ont des conditions de pose, et il est interdit d’avoir deux fois le même héros sur la table : deux Obélix feraient trop de braies.
Une fois la carte posée, on peut activer son pouvoir, si possible. 

Action numéro 2 : 
Jouer un bonus ET piocher une carte. 
3 types de bonus : 
> Les poissons (plus ou moins frais, mais je déconseille les sashimis d’Ordralfabétix pour le bien de votre tube digestif) permettent de mettre KO le personnage sur lequel il est posé, la carte est dès lors retournée, et non éliminée. Même un héros sera vaincu par une TIAC fulgurante. 
> Les sangliers permettent de réhabiliter une carte KO sans réactiver son pouvoir, mode cochon à l’ultralevure. 
> Les gourdes de potion magique rendent la carte insensible au KO poissonnier, et doublent la force d’attaque du buveur.

Action numéro 3 : 
Défausser ou non des cartes de sa main puis piocher des cartes jusqu’à en avoir 5 en main. 

Exemples en cours de partie



👊Dès qu’une force d’attaque de 15 est cumulée d’un côté ou de l’autre de l’album, le joueur le récupère et ses cartes sont défaussées, l’adversaire gagne en compensation un jeton bonus de son choix avec un maximum de 2 de chaque type. 
Les cartes KO reviennent dans la main du joueur les ayant joués, et si les Gaulois gagnent l’album, il récupère en sus un casque de légionnaire par Romain vaincu, et non KO, sur l’album (les neutres ne donnent pas de bonus).

🏆 Dès qu’un joueur atteint ou dépasse 50 sesterces c’est la victoire, et aucun village d’irréductibles n’empêchera de clamer sa gloire, pendant que 💀 les perdants devront voir et revoir jusqu’à ce que folie s’en suive Astérix et l’empire du Milieu en compagnie de Carlitix et Macflyus…

👥À 2 joueurs, on place deux albums entre les joueurs chacun avec une orientation différente.

👀
Il n’y a pas lieu de revenir sur les graphismes, tous issus des BD originelles : ils sont d’excellente qualité, et les amateurs des Gaulois irréductibles ne seront pas dépaysés. Ils retrouveront d’ailleurs certains personnages moins connus de l’univers. Quant aux détracteurs de cette même BD, ils ne devraient de toute façon pas trop regarder la boîte du jeu, fort jolie au demeurant.
La qualité des jetons, des cartes et des règles est dans les standards actuels. 

Certains points de règles auraient mérité plus de précisions, comme l’endroit où placer le personnage appelé par le nouvel album. Nous avons arbitrairement choisi de le placer chez celui qui avait perdu l’album, par logique, mais c’est dommage.

On aurait éventuellement aimé un peu plus de fantaisie dans la boîte : pourquoi ne pas inclure les jaquettes des films, par exemple ? Pour un jeu tiré d’une BD où les bons mots sont légion (romaine), il aurait été agréable d’en retrouver un peu plus sur les cartes.

Au temps jadis, où le club Dorothée était notre seul aperçu du manga, où les jeux de société tournaient entre un Scrabble, une Bonne Paye, un Monopoly, et un trivial pursuit, où les joueurs de Magic se cachaient dans les recoins du self pour s’adonner à leur passion presque aussi honteuse que d’acheter une Tesla de nos jours, ma jeunesse dans le sud de la France en gros, la BD était une occupation saine et offrant détente et silence autour de soi. 
Pour les BD, il existait deux clans :
> les fans d’Astérix, en général des gens bien sous tout rapport, gentils, sérieux et dotés d’un humour désopilant (moi, en gros)
> et les fans de Tintin, ternes, peu avenants, et assez pédants (pas moi, en gros).
(OK, il y avait aussi Spirou, Boule et Bill, mais c’était moins en pleine lumière, et ne parlons pas du groupe de geeks du fond avec leurs cartes Magic qui lisaient Alix, XIII et Thorgal)
Puis arrivé à l’adolescence et le merveilleux Astérix Mission Cléopâtre de Chabat, seul film des Gaulois moustachus avec les 12 Travaux d’Astérix en dessin animé qui mérite d’être vu une bonne vingtaine de fois, à mon sens. 
Mais niveau jeu, à part quelques classiques thématisés, on retrouve peu de jeux à l’effigie de nos héros, alors qu’en est-il de celui ? Licence facile ou intérêt ludique ? 

On est sur un jeu très familial, aux parties rapides et dont les règles sont aisées à maîtriser. 

💭On joue une carte de sa main pour détruire un romain de faible niveau, merci Falbala, l’adversaire joue Ielosubmarine pour me voler Ordralfabétix, bon bah je lance un poisson sur le vendeur pour le rendre KO et piocher une carte... Quoi ? Il joue César chez les Romains, mais ce n’était pas prévu ça, et voilà qu’il empoche l’album « Le combat des chefs »… m’en fous, je préfère la série de Chabat (oui, encore Chabat, c’est mon Toutatis de la télé)
Il va falloir que je me rattrape sur mes Romains, je vais récupérer une potion pour la donner à Tohubohus, pour que sa force arrive à 10 et puisse rapidement écraser l’obèse à braies, « je ne suis pas gros »… aie… pardon l’homme bien en chaire dont les braies n’affinent pas les traits physiques.

Un jeu plutôt tendu, à la stratégie simple et efficace, où il faudra jouer d’opportunisme avec la sortie des cartes et le pouvoir des albums pour sortir victorieux de cette lutte antédiluvienne.
Mais le plaisir est là : petit sourire en coin en retrouvant des personnages oubliés, ou des noms de personnages reconnus mais restés anonymes toutes ces années ; et grand sourire quand son action pourrit celle de l’adversaire et permet d’empocher la victoire sur l’album, au nez et à la barbe d’une Gauloise, qui ne se fume pas, malgré les volutes de colère lui sortant des oreilles.

👉Alors, à 2 c’est mieux ? 

À 2 joueurs, l’affrontement est encore plus direct, on ne peut pas créer de mini alliance pour bloquer un tiers trop proche de gagner un troisième album souvent signe de victoire. 

Là, c’est 1 contre 1 et pas d’artifice, ce qui est intéressant, mais rend certaines cartes moins intéressantes. Ayant moins de cartes sur le terrain, les cartes ciblant un personnage précis perdent de leur superbe. 
Le barde Assurencetourix ayant moins de chance de sortir, le forgeron Cétotomatix risque de se rouiller la masse avant d’être vraiment utile. 
Idem pour certains pouvoirs d’albums attirant tel ou tel Gugus qui n’a pas eu l’audace de quitter la pioche.

À 2 joueurs, le côté méchant du jeu s’atténue un peu pour être plus dans le « qui a la meilleure main », et donc qui a le plus de chance au tirage (même si la chance se provoque je suis d’accord) et gère le mieux ses bonus, ce qui a toujours son côté vicieux, mais surtout opportuniste. 
J’aurais tendance à lui trouver plus d’intérêt à 4 joueurs, où les coups plus vicieux les uns que les autres pleuvent plus dru qu’un crachin sur un normand, qu’à 2 où opportunisme se course avec "coup de bol monstrueux".

Pour conclure, un bon jeu dans la veine des BD d’antan (oui je sais, il y a de nouveaux Astérix et Obélix, mais je n’ai pas réussi à m’en approcher depuis qu’Uderzo et Gosciny nous ont quittés), simple et facile à sortir, même si les parties à 4 en tireront toutes ses qualités, il reste agréable à moins. 

Après il faut aussi le prendre pour ce qu’il est : un jeu à licence qui apportera du plaisir aux fans de la BD souhaitant en découdre, aux novices ou aux joueurs ayant envie d’une petite partie sans prise de tête avec une bonne cervoise et un sanglier rôti sur la table, sinon il risque d’être un peu longuet, redondant et sans grand ajout ludique.

Les Ludistes n’ont peur que d’une chose : que la ludothèque leur tombe sur la tête, par Belenos, je reviens, je vais la stabiliser du coup, juste au cas où… 

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