Tiwanaku : la déesse mère inca devient vegan.
Un jeu d’Olivier Grégoire, illustré par Raphaël Samakh et édité par Sit Down !
☝Instant Wikipedia : Pachamama signifie Terre-Mère, le terme "pacha" conceptualise l’espace et le temps qui n’étaient alors pas différenciés, et "mama", la mère (ça n’a pas trop évolué).
Il s’agit d’une figure forte dans les cultures Quechua et Aymara, issue d’un culte préinca nommé Tiwanaku (quel hasard) en Bolivie.
La Pachamama domine alors toutes les croyances et religions de l’époque en représentant la patronne de tout ce qui existe sur terre (oui, oui, même toi, Elon Musk, tu as une patronne).
Elle n’est ni bonne ni mauvaise, et revêt 2 personnalités : l’une généreuse et fertile, l’autre vindicative lorsqu’elle ne reçoit pas son dû (réincarnée en Mme J peut-être).
À la base, on lui sacrifiait des vigognes en plus de gestes journaliers pour la satisfaire, de nos jours on creuse un trou dans le sol appelé « boca », pour y déposer de la nourriture, de la bière ou chicha, et des feuilles de coca (c’est quand même plus fun que du sang de biche andine).
Pachamama est encore dans beaucoup de croyances en Amérique du Sud, et beaucoup de problèmes environnementaux sont liés à la surexploitation de la Pachamama.
Mise en place : 10 minutes
Règles : 7 minutes
Temps de partie : 20 minutes à 1 heure pour les parties longues
Âge : 8 ans
Types de jeu : déduction, placements d’ouvrier, collection.
Pachamama vient de quitter la table du salon, après un repas bien sympathique, en nous demandant de nous lancer dans la culture de céréales pas bonnes.
("On ne va pas se mentir, le quinoa ça pue et c’est dégueulasse..."
"Mr J, on dit que "je n’aime pas", plutôt que de dénigrer !"
"Pardon, Pachamama, gnagnagna…").
Voilà donc Mme J en train de magner la binette pour essayer de faire un champ de quinoa dans le jardin pour plaire à la déesse mère.
J'aurais préféré un champ de coca, mais il paraît qu’à la fin ce n’est pas du soda qui sort de terre, publicité mensongère toussa…
Qui sera le meilleur paysan de la maisonnée ?
Espérons juste que Pachamama paye la victoire le prix juste, cela évitera de bloquer les autoroutes du coin avec ma Dacia…
Mise en place :
Une fois le scénario choisi sur le verso d’une roulette, on met en place les tuiles Terrain et Culture sur le plateau comme indiqué, puis le scénario est placé dans la roue de Pachamama (rien de sexuel là-dedans, je vous vois sourire…).
Le reste des tuiles Terrain est placé sur le plateau Diversité, alors que le reste des tuiles Culture va sur le plateau principal.
On place un nombre de jetons Offrande définit par le nombre de joueurs, puis chaque joueur prend ses Quechuas et place un jeton Pierre de Diversité de sa couleur à la base de chaque colonne du plateau éponyme.
Vous voilà fin prêts pour motoculter la ludothèque végane.
Les joueurs jouent tour à tour jusqu’à ce que l’ensemble des tuiles Terrain soit posé (tuiles Terrain, et non les tuiles Culture).
À son tour, 2 options s’offrent au joueur, explorer ou diviner.
Oui, oui, diviner n'existe pas. Mais les auteurs du jeu, lors d'une magnifique envolée lyrique, ont décidé de créer ce terme, qui signifie "faire une divination", à savoir "déduire quelles cultures doivent être plantées sur une ou plusieurs tuiles Terrain préalablement découvertes". Ce qui est quand même vachement plus long. Donc diviner, c'est bien.
Si le joueur décide d'explorer, il prend un de ses Quechuas (encore une fois aucun lien avec Décathlon et ses tentes), et le déplace orthogonalement sur la première case vierge de culture sur laquelle il passe.
Il peut soit entrer par n’importe quel bord du plateau, soit se déplacer s’il est déjà sur le plateau. Un Quechua adverse bloque le déplacement alors qu’on peut traverser une tuile contenant l’un des siens.
Si la case contient déjà un terrain alors rien ne se passe, et c’est à l’adversaire de jouer, soit la case est vierge alors le joueur consulte la roue de Pachamama qui lui indique qu’elle est le type de terrain est rencontré (herbe, sable, roche ou terre).
Un terrain complet peut contenir de 1 à 5 tuiles Terrain identiques.
Aucun terrain complet différent de même couleur ne peut être adjacent orthogonalement ou diagonalement (exprimé plus simplement : par exemple 2 champs beiges distincts ne peuvent pas être côte à côte).
À chaque fois qu’un terrain est posé, on fait évoluer son jeton Diversité sur la colonne du terrain sur le plateau Diversité, puis on gagne un point par jeton appartenant au joueur sur la même ligne que celui déplacé.
Le joueur peut aussi décider de retirer un de ses Quechuas du plateau pour le faire rentrer ailleurs lors d’un prochain tour.
Si le joueur décide de diviner, il peut le faire pour chaque Quechua sur un champ vierge de culture.
Il annonce quelle culture va se trouver sur le champ (patate douce, coca, piment, maïs ou quinoa). L’adversaire prend la roue de Pachamama et vérifie si la divination est juste ou non.
❌Si le divineur s’est trompé, son tour se termine immédiatement, on place le jeton Culture souhaité par la Pachamama en dépit de la prédiction du fan malheureux d’Élisabeth Tessier qui perdra autant de points que la valeur de la culture (de 1 à 5).
✅S’il a trouvé la culture rêvée par la déesse mère, on la place sur la case, le joueur gagne autant de points que la valeur de la culture et un jeton Offrande du même type dans la limite d’un par couleur.
Puis il peut décider soit d’arrêter son tour soit de tenter une nouvelle divination à ses risques et périls.
Non, le divinateur n’y va pas au hasard en croisant les doigts : un terrain complet ne devra contenir que des cultures différentes : un terrain de 3 cases, quelque soit la couleur, contiendra obligatoirement une culture de patate douce, une de coca et une de piment dans n’importe quel ordre, mais sans autre possibilité. Une zone de 4 terrains rajoutera le maïs, et une de 5 le quinoa.
Aucune culture ne peut être adjacente à une culture de même valeur, diagonales comprises.
À tout moment, le joueur peut échanger ses jetons Offrande contre des PV, plus il y a de jetons plus il y a de points, les offrandes retournent alors dans la réserve.
🏁📝La partie s’arrête quand un joueur pose la dernière tuile Terrain.
Chaque joueur peut alors tenter une dernière divination et une offrande.
🏆Le vainqueur sera l’élu de la Pachamama et pourra vivre richement de la culture du quinoa pendant que les perdants 💀 seront obligés de le manger (le quinoa, pas le gagnant… Quoique).
Il existe aussi un mode coopératif où on rajoute des Quechuas neutres avec pour objectif de faire le plus de points possible, en gros le mode solo un peu remanié.
À 2 joueurs : on joue avec l’ensemble de ses Quechuas, aucun ne reste seul à équeuter le piment dans la chaume andine.
👀
Niveau matériel, on alterne entre le top et le classique.
La roue de Pachamama est juste magnifique et facile à utiliser, après on a un certain manque d’ergonomie et l’insertion de la fiche mission dans la roue n’est pas toujours facile et on risque de décoller les différents morceaux de la roue si on n’y prend pas garde.
Le reste du matériel est beaucoup plus standard, voire manque peut-être un peu de fantaisie et de flamboyance. Mais il reste fonctionnel et c’est ce qui compte le plus.
Les règles sont très bien écrites et illustrées, les rendant faciles et rapides à prendre en main.
On aurait éventuellement aimé l’ajout d’un tournevis pour aider au démontage de la roue de la Pachamama, mais Mme J a des ongles donc ça passe.
La mécanique mixant la pose d’ouvrier pour définir quel terrain trouver et espérer grappiller quelques points grâce à la piste Diversité et la déduction proche des sudokus (là, il y a un champ de quinoa donc à côté c’est soit de la coca soit du piment, mais comme au-dessus il y a un terrain terre de 2 c’est plus probablement du piment) est suffisamment originale pour s’y arrêter.
Loin du jeu fun où on a une bonne poilade pendant la partie, ici la poilade est plus composée de céréales bio et d’une touche pimentée pour rehausser le goût.
On réfléchit, on hésite et on tente sa chance, parce que la divination est un art pas toujours évident à atteindre, n’est pas Baba Vanga qui veut.
On essaye de tout prendre en compte, d’extrapoler pour cumuler le plus d’offrandes pour la terre mère, mais l’échec n’est pas rare et il faudra parfois tenter, sans certitude, de planter du maïs pour ne pas se faire distancer par une Mme J céréalivore, ou au contraire, essayer de comboter avec les différents terrains pour synchroniser la montée dans les différentes colonnes de Diversité, mais là encore Pachamama est blagueuse et les terrains ne se suivent pas toujours comme on s’y attend.
Au final, un jeu de déduction qui s’appelait à l’origine Pachamama lors de sa première campagne KS avortée, et qui après une refonte prouve que les créateurs ont bien fait de persévérer.
On réfléchit dans ce casse-tête original et amusant pour cumuler le plus de points possibles.
La rejouabilité est assurée par les nombreux scénarii possibles qu’on oublie rapidement d’une partie à l’autre soit dit en passant.
Après les descendants de Marie Anne Lenormand n’auront peut-être pas de mal à coller les bonnes cultures aux bons endroits, pour les autres il faudra se chauffer sérieusement le neurone pour s’en sortir.
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
À 2 joueurs, on ne retrouvera que très peu l’impression de blocage.
En effet, à 4 joueurs l’impression d’être dans le camping des Flots Bleus avec des Quechuas dans toutes les allées, bloquant les déplacements et obligeant à perdre un tour pour récupérer son pauvre andin perdu au milieu des tentes (rien à voir avec un Péruvien égaré aux Bois de Boulogne), pardon, des adversaires, pour le faire repartir d’ailleurs sera beaucoup plus présent, et pourra même faire partie de la stratégie de vos ressortissants de Décathlon adverses.
À 2 joueurs, chacun va jouer de son côté sans vraiment se soucier du placement adverse même si Mme J trouvera souvent l’emplacement constituant la petite aiguille dans le pied au milieu d’une randonnée, ça n’empêchera pas de repartir dans une autre direction pour satisfaire la Pachamama, et planter le champ adéquat sur le terrain parfait.
Au final, un jeu de déduction tout à fait adapté à 2 joueurs pour des parties qui peuvent être plus ou moins longues grâces aux différents scénarii, voire coopératifs pour ceux préférant planter leurs carottes en toute amitié avec le partenaire plutôt que l’adversaire.
Une belle réussite pour qui aime réfléchir, et les fans de jeu de déduction type « à la recherche de la planète X » devraient s’y retrouver avec plaisir et originalité.
Vous voilà fin prêts pour devenir paysan dans les Andes, mais attention aucune grève, manifestation ou autre banderole véhémente ne sera toléré autour de la table de jeu (sauf si c’est pour dire qu’il y a trop de quinoa)…
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