Eila Et l'Eclat De La Montagne : un solo à plusieurs.


Un jeu de Jeffrey CCH, illustré par Roxy Dai et édité par Iello.


Instant Wikipédia : 

Quel joli lapinou que voici ! 

On lui gratouille derrière l’oreille... et au final ça ne sert à rien, et ça pue.

La seule chose à faire avec cette bête à poil, c’est un civet. 

Le civet désigne un ragoût à base de cives, donc d’oignons, ou d’autres bulbes comestibles (votre tante Eugénie a beau avoir le QI d’un bulbe de lys, il ne faudra pas la cuisiner en civet, c’est indigeste et vous fait risquer le kuru. Et d'aller en prison, mais ça c'est un autre problème)

Il apparaît au Moyen Âge où la viande de lièvre est rarement utilisée pour sa création. 

Au fur et à mesure de l’évolution, le civet se fait avec toute sorte de gibier, mais le « civet à la française » désigne traditionnellement le civet de lapin, avec une viande qui aura mariné dans un bouillon où vin rouge et sang de la bête sont mélangés (le sang de l’animal, rien à voir avec un rituel satanique), avant d’être mis à mijoter avec bulbes et autres légumes pendant environ très longtemps (et c’est meilleur le lendemain) avant d’être servi dans un pentacle avec des champs rituels à base de « Azarath, Metrion, Zinthos », pardon, avec de la moutarde à l’ancienne et des patates, des carottes voire des champignons, hommage à mamie Paulette J et son civet mythique du dimanche. 


L’article et l’instant Wikipédia vous mettront l’eau à la bouche, enfin nous l’espérons.

Et puis vous avez eu de la chance, j’ai failli faire un instant Wikipédia sur le cunnilingus puisque l’élevage de lapin s’appelle la cuniculture et que ça se rapproche phonétiquement parlant, mais la censure risquait encore de frapper.


Mise en place : 5 minutes

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 45 minutes

Âge : 10 ans (ne vous fiez pas au futur civet choupi de la boîte) 

Type de jeu : narratif, solo mais pas que, coopératif




Auprès de mon arbre, je vivais heureux.

J’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre… il s’agit peut-être de la chanson préférée d’Eila, notre lapin vedette. 

Mais voilà Eila est là, l’arbre est plus là, Eila s’en va… 

Et voilà que ça brille là-haut sur la montagne, les 2 pieds, les 2 mains dans la… Boue… 

Mr et Mme J, en tant que serviables guides touristiques entre "de là" à "de par là-bas" s’empressent d’aider notre civet sur pâte à rejoindre le truc qui brille là-haut, mais ce ne sera pas sans encombres, alors chauffez vos carottes, et c’est parti…


Mise en place 

Une fois le plateau déployé sur la table, et le petit chevalet du présent monté (l’instant modélisme réaliste du jeu), on place les cartes en fonction de leurs dos sur les différentes zones du plateau :

- talent, 

- présent, 

- futur, 

- objets, 

- etc. 

Les ressources matérielles (carottes, étoiles, pièces), et immatérielles (savoir, énergie et peur) sont placées sous le plateau.

On lit le prologue pour connaître le but de la mission et placer la carte Objectif, et en route mauvaise troupe pour trouver le truc qui brille là haut, tout là haut. 


Le jeu se découpe en journées, jusqu’à ce que la fin de la campagne arrive, ou jusqu’à ce que l’ensemble des jours prévus soit écoulé. 


Lors d’une journée, on va prendre une à une les cartes présentes dans le chevalet du présent, et les résoudre. 


Sur les cartes, il peut avoir : 

– une affirmation avec sa conséquence : vous croisez une affiche de Jul allumant la carotte olympique, vous prenez une peur sauf si vous pouvez défausser un savoir (ça lui apprendra à lire).


– une proposition à choix multiples : vous croisez un marchand : vous pouvez échanger 2 pièces contre le dernier album de Cowboys Fringants (*-*), vendre des carottes contre des pièces, ou lui donner 2 savoirs pour regarder sa réserve secrète. 


En fonction de son choix, on peut récupérer des ressources, perdre de la vie, ou ajouter des cartes bleues, ou rouges dans le futur (voire des cartes talents si on est chanceux).

On placera la carte, une fois résolue selon son iconographie :

- soit dans le futur si elle a des chances de revenir (le marchand à un stock de carottes à vendre, on peut le recroiser tous les jours), 

- soit dans le passé, une fois que vous avez eu accès à sa réserve secrète, le marchand est riche et ne revient plus, mais une carte bleue a été rajoutée dans le futur, 

- ou dans certains cas retourne dans son deck initial (dépenser 3 énergies pour ouvrir la porte secrète, vous n’avez pas l’énergie nécessaire, la porte est replacée dans son deck d’origine et ne reviendra que si on retourne à son emplacement, sinon pas de porte secrète renfermant des moutardiers qui n’attendent qu’une belle cueillette). 


Au fur et à mesure de la partie apparaîtront des combats aux dés, de la magie, mais chut c’est une surprise. 


On peut à tout moment dépenser 2 carottes pour une énergie, ou 5 livres pour une étoile. Ces élements serviront à activer des pouvoirs et/ou réaliser des actions.


Une fois toutes les cartes journée résolues, on passe au début de soirée : on défausse soit une énergie avant d’aller dormir, soit un point de vie (c’est ça que de dormir loin de son terrier, on se casse le dos), qu'on place à l'endroit indiqué du décompte de jours. Certaines missions feront faire d’autres actions.


Puis on mélange les cartes du futur pour qu’elles deviennent les cartes du présent avant d’entamer une nouvelle journée plus ou moins harassante. 


Une fois les 2 premières parties tutoriels réalisées, de nouvelles règles et mécaniques s’ajouteront à chaque partie (observation, placement d’ouvriers…)…


🏁La partie se termine :

- 🏆 soit par une avancée de l’histoire lorsqu’on atteint, à n’importe quel moment, une des fins du chapitre, alors on peut avancer dans l’histoire et espérer enfin trouver cet éclat dans la montagne (qui s’avère peut-être juste être une bouteille de Heineken abandonnée par un c*nnard de passage qui se reflète au soleil avant de déclencher l’incendie du siècle), 

- 💀 soit lorsque l’ensemble des jours alloués au chapitre sont terminés, ou les points de vie d’Eila sont épuisés : alors vous finirez tristement dans la panse du chasseur à l’Heineken en mode pâté de lièvre au poivre rouge sur du pain de campagne avec un Pommard de Bourgogne pour assaisonner tout ça… 


Pas de modification à 2 joueurs, à part 2 cerveaux au lieu d’un, et c’est déjà pas mal.


👀

La magnifique illustration de la boîte annonce la couleur sur la beauté du matériel : chaque carte format tarot est magnifiquement illustrée et donne l’impression de tourner les pages d’un livre pour enfant tant les couleurs et les dessins sont avenants. 

Le reste du matériel est de très bonne qualité, mais on vous en garde la surprise, au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, de nouvelles pièces seront débloquées et offertes à votre vue avide de belles choses. 

L’histoire quant à elle est bien ficelée, mais vraiment loin d’être aussi… Choupinounette-cœur-cœur-paillettes-et-licorne que les illustrations peuvent laisser croire.

On ne vous en dévoilera pas plus, mais éviter de sortir le jeu un soir de chialance suprême sur "Goodbye, My Love, Goodbye" de Demis Roussos devant vos papiers de divorce parce que Mme vous quitte pour la baby-sitter de 18 ans.


Les règles sont très accessibles, et se comprennent vite, avec un côté évolutif à chaque partie ou de nouvelles fonctionnalités du jeu apparaissent au fur et à mesure. 


Le tutoriel permet de vite partir à l’aventure (et de vite se prendre une petite raclée pour nous rappeler qu’en montagne il faut être prudent pour éviter l’entorse), et derrière, chaque partie apporte son lot de nouveautés. 


Au départ, on se balade au gré des cartes, la première journée de la partie est très linéaire, on retourne les cartes avec des actions aux choix souvent prédéfinis, car on a peu de choix possibles n’ayant pas encore les ressources nécessaires pour faire mieux, mais comme on s’attendra à les voir revenir, on s’y prépare pour le jour suivant. 

Et au fil des journées qui passent, les cartes deviennent plus nombreuses, les choix plus cornéliens.

💭Donner toutes ses pièces pour un harmonica, ok, mais je ne sais pas trop s’il me servira à autre chose que jouer de la musique celtique dans le salon au grand dam d’une Mme J fatiguée? 

Ou acheter des carottes pour me faire de l’énergie et éviter de perdre un cœur en fin de journée? 


La difficulté devient croissante, avec la peur qui surgit du font de la boîte pour terroriser le lapin innocent que nous sommes, et on ne se débarrasse pas de la peur comme d’une vulgaire carotte fanée, il faudra jongler dans ses choix pour l’avancer le scénario sans succomber à la terreur ambiante (bon, on est sur de la peur de lapin, ne vous attendez pas à voir Freddy Kruger sortir de la boîte pour dépecer le pauvre mammifère en goguette), mais cette peur lapine prendra la place de vos ressources, voire vous obligera à en défausser (d’abord la peur vous coupera les jambes, plus d’énergie et de connaissance, puis vous fera perdre carottes, pièces et étoiles alors attention à ne pas oublier votre Xanax), vous éloignant de ce fait de la résolution de la quête…


On est sur un jeu narratif qui semble très dirigiste sur les premiers jours de chaque partie en lien avec l’ordre immuable des cartes au départ, mais qui en fonction de ses choix s’étofferont sur les jours suivants, ces mêmes choix qui influeront sur toute la suite de l’aventure.

Car oui, si lors de la première partie, vous avez délaissé l’harmonica pour prendre une PS5, vous n’aurez pas la possibilité d’hypnotiser le garde breton avec de la musique symphonique lors de la 4e partie… Ce qui permet de maintenir une rejouabilité à ce jeu.


A cela s’associe des fins alternatives et la possibilité de modifier des cartes pour complexifier la quête lors de parties suivantes, pour ceux qui, contrairement à nous, aime revenir sur un jeu dont la quête est terminée. 


👉Alors, à 2 c’est mieux ?


Ce jeu est assez particulier, car noté en fonction des endroits, solo / 1+ / ou 1 à 3 joueurs.

Personne n'a l’air de trop définir à combien ce jeu se joue... ou alors c'est du marketing commercial pour que tout le monde l’achète, en particulier suite à sa nomination à As d’Or 2024. 


Alors, oui clairement la campagne peut entièrement se jouer en solo, à discuter avec soi-même sur les meilleurs choix pour son fidèle lapin entre carotte et frayeur. 

Après, nous avouons de beaucoup préférer associer nos cerveaux plein d’imaginaire et de circonvolutions drôlement bien développées pour pousser Eila à trouver cet éclat sur la montagne sans cheval. 

On réfléchit, on discute, on râle parce que le choix n’était finalement pas si pertinent que ça (en général c’est Mme J qui l’a fait celui-là, *OU PAS*), et franchement les moments passés en duo sont très agréables, bien plus qu’à 3 joueurs où trop de discussion risque de créer un statu quo plutôt qu’une avancée dans l’histoire, et solo ba heu, y a rien à faire, je suis seul au monde, je peux plus me taire, je suis seul au monde, je me sens seul au monde.

Le vrai drame, c’est que maintenant vous avez tous la chanson de Corneille dans la tête.


Ce type de jeu à tendance à nous ennuyer en solo, donc du coup pour nous, Eila, à 2, c’est mieux. 


Comme dirait France Gall : Eila est là, et n’oubliez pas, c’est 1h30 à feu doux et de préférence dans une cocotte en fonte.  

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