Chamber of Wonders : va en falloir un bon plumeau pour nettoyer tout ça !
Un jeu de Diego Cerreti et Stefano Castelli, illustré par Giovanni Pirrotta, et édité par Ludus Magnus Studio.
☝Instant Wikipedia :
Le collectionnisme a une double définition, une en psychiatre et une en art.
La définition psychiatrique date de 1921, où pour Henri Codet, l’inventeur du terme, il s’agit de l’idée d’une accumulation d’objets de toute nature qui relève de dispositions psychologiques spécifiques et souvent pathologiques.
En gros, c’est un besoin pathologique de collectionner un florilège d’objets hétéroclites sans valeur marchande (on retrouve en apparence le syndrome de Diogène dont on a parlé dans un article précédent).
La version artistique est un peu plus positive puisqu’il consiste dans le rassemblement d’objets singuliers. Les premières traces viennent de la préhistoire avec la collection d’objets sous forme de trophées de chasse, puis dans les tombes des pharaons ou les palais babyloniens.
De nos jours, le collectionnisme dans l’art a soit un but de reconnaissance sociale, de mécénat ou de placements financiers, soit de blanchiment d’argent, mais c’est un autre sujet.
D’un point de vue technique, il vaut mieux souffrir de collectionnisme dans l’art, ce qui fera de vous un nanti bienfaiteur des artistes, plutôt que dans la psychiatrie où on aura tendance à augmenter le dosage de l’Abilify, après il ne faut pas confondre le collectionnisme et être un collectionneur, tout dépend de l’excès et de la nature de la collection, certaines étant plus ou moins mal vue par la bien pensante sociétale (œuvres, jeux, timbres , IST, corps en putréfaction…).
Mise en place : 1 heure pour la première avec le montage puis 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 25 minutes
Âge : 7 ans
Type de jeu : collection de cartes
Le jeu présenté ici est la version basique, issue de la campagne Kickstarter uniquement en anglais, avec des règles disponibles en français sur le site de l’éditeur : https://www.ludusmagnusstudio.com/resources_web/chamberofwonders/COW_rulebook_FRA_KS_v0.4.pdf.
Entre les jeux, les livres, les mangas, les BDs, les figurines Star Wars, Marvel, ou tous les objets issus de l’univers de Terry Pratchett et d’Harry Potter (ce n’est pas moi, c’est Mme J pour ce dernier item), la maison est devenue un véritable cabinet de curiosités pour geek en tout genre.
Deux problèmes s’associent à cette prolifération d’objets :
- la place, ça a été résolu en faisant dormir Mini J sous l’escalier en hommage au héros phare de l'enfance de Mme (ce qui est évidemment une boutade, n'appelez pas la PMI)
- et l’exposition pour mettre en valeur tout ce magnifique fatras.
Et nous voilà à tout organiser dans des vitrines, étales, cabinets de curiosité, etc. Pour étaler aux yeux du microcosme invité dans notre antre toute l’étendue de notre folie.
Reste à savoir qui sera le meilleur (Ô surprise, je vous l’annonce en primeur, c’est Mme… Foutu cliché sur les femmes et le rangement).
Mise en place :
Une fois le plateau déployé, placez 4 bâtiments choisis au hasard sur les quartiers et 4 cartes contact sur leur emplacement.
L’énorme deck de cartes curiosités est placé au centre du plateau.
Chaque joueur prend 3 cabinets d’expositions contenant 3 vitrines chacun, on bloque une des vitrines sur chaque cabinet avec un jeton « bientôt disponible » qui sera ainsi indisponible en début de partie. Chaque joueur reçoit en début de partie ses Meeples agents, 8 £ et 3 cartes curiosité.
Selon le nombre de joueurs, vous utiliserez 2 ou 3 agents durant chaque partie:
• 2 joueurs : 2 Meeples Agent chacun
• 3 joueurs : 3 Meeples Agent chacun
• 4 joueurs : 2 Meeples Agent chacun
Le reste des tokens est placé près du plateau.
Le plateau
Les différents jetons
Une autre vue du plateau
Vous êtes prêts pour une folle session d'acquisitions, rangement et d’organisation.
Youhou!!
Ne vous inquiétez pas, la suite est plus sympa que l’énoncé.
La partie se joue au tour par tour, jusqu’à ce que tout le monde ait posé l’ensemble de ses agents.
🏢À son tour de jeu, on doit poser son premier agent sur un des 4 quartiers, peu importe si un copain collectionneur y est déjà, l’agent est friendly avec l’adversaire.
Puis on doit activer son quartier pour son bénéfice, certains permettent de récupérer des cartes, de les vendre aux enchères, de lancer un dé pour récupérer cartes ou argents, etc.
Certains quartiers donnent une action pour l’ensemble des joueurs, d’autres non, chacun a son propre style, nous vous laissons découvrir cela sur la règle du jeu.
Une fois les actions du quartier terminées, on peut activer l’un des 2 contacts adjacents au quartier, chacun ayant son pouvoir propre.
En plus, on peut pour 5 £ réhabiliter une vitrine qui était jusque là bloquée par un jeton « bientôt disponible ».
🔮Une fois que toutes les actions de l’agent actif sont réalisées, l’ensemble des joueurs peut agrémenter une de ses vitrines en posant une ou plusieurs cartes en fonction de leur type.
À l’exception des livres et des morceaux de monstre dont on peut déposer plusieurs cartes différentes en même temps et sur la même vitrine, toutes les autres cartes utiliseront leur vitrine propre, chacune ayant ses caractéristiques en fonction de son type.
Une fois remplie, la vitrine est condamnée jusqu’à la fin de partie, on ne pourra ajouter ou retirer aucun objet (soit on est organisé, soit on est Mr J).
👤Une fois que tout le monde a posé son premier agent, on recommence avec le 2e agent qui doit obligatoirement être posé sur un quartier différent du premier, l’agent est friendly avec l’étranger, mais pas avec les siens, il doit être de la NUPES.
📝Quand tout le monde a fini de poser ses cartes dans les différentes vitrines après la résolution des actions de tous les agents, chaque joueur comptabilise les points de ses cartes, chacune ayant son propre décompte, ces éventuels jetons renommé, etc.
Le joueur avec la majorité de crânes sur ses pions grotesques prend un bonus de 3 points, et on ajoute un point par 3 £ qui restent en main.
🏆Le joueur ayant le meilleur score pourra enfin ouvrir un musée à son nom, exposant aux yeux du monde ses objets hétéroclites, gagnant renommée et prestige.
💀Les perdants comprendront enfin que la collection de jouets Kinder et de petites chouettes en porcelaine est surtout pathologique, et risque juste de les faire inviter au prochain dîner de monsieur Brochant et compagnie.
Les étagères de Mme J en fin de partie
Il existe plusieurs extensions rajoutant des types de cartes curiosités, des bâtiments, un marché noir permettant d’acquérir des cartes moyennant finances à tout moment, ou la possibilité de jouer avec Sherlock Holmes et Moriarty.
Par exemple, Moriarty crée des quartiers dangereux obligeant à récupérer une carte face cachée dans une vitrine qui, lorsqu’elle est retournée, peut condamner la zone, obliger à défausser £, points de renommé, cartes, etc. Sherlock bloque Moriarty s’ils sont sur le même quartier, et puis c’est tout (pas sûr que Robert Dawney Junior aurait accepté le rôle dans ces conditions).
Le marché noir
Les dés selon les extensions
Le plateau selon une autre perspective
Le plateau tout nu
Rejouabilité au top avec les extensions
À 2 joueurs : après que les 2 joueurs ont placé sur le terrain leurs 2 agents, ils les récupèrent pour les jouer une seconde
fois, pour un total de 4 activations par joueurs.
👀
Que dire du matériel?
Forcément, la version Ultra Deluxe en bois est de toute beauté, mais on ne va pas se mentir pour un jeu de cette gamme, c’est un peu beaucoup surproduit, c'est un peu comme embaucher Alyssa Milano pour un film de fin de lycée option cinéma, c’est la classe, mais ça ne sert à rien (Ca me rajeunit pas ça, j’ai plus de souvenirs heureux avec Alyssa Milano qu’avec Scarlett Johansson... Charmed forever).
La version standard, une fois qu’on a passé l’écueil du montage de ces p@#%* de 12 cabinets d’expositions (les maquettistes kifferont peut être, mais personnellement avec la qualité du carton, ça m’a pris plus d’une heure, et j’en ai abîmé une partie, ce qui a tendance à m’irriter presque autant que Peine et Panique irritent Hadès…), le tout est plutôt joli et l’univers contient beaucoup d’easter eggs rappelant les autres jeux de l’auteur (Black Rose War entre autres), ainsi que des standards de la pop culture (Olivender, Bulma etc.) ce qui est franchement sympathique et amusant, donnant envie de voir toutes les cartes pendant la partie.
Pour conclure sur le matériel, une fois qu’on a galéré à le monter, il faut réussir à le ranger dans la boîte, ce qui passe au millimètre, rendant les cabinets en 3D à la merci du moindre choc et leur survie ne tient qu’à un bout de carton fin.
Les règles sont claires et plutôt bien écrites et traduites.
On regrette juste que certaines photos prises comportent des erreurs, j’en veux pour exemple la 1re photo de mise en place ou chaque joueur possède 2 cabinets de curiosité alors que juste en dessous, les règles disent qu’il en faut 3…
L'illustration en question
Un jeu facile à prendre en main, des choix limités, mais importants, seulement 4 bâtiments et 4 contacts dans la partie aux pouvoirs variés, certains pourront paraître inintéressants de prime abord, puis en y réfléchissant, on voit le pourquoi du comment et on commence à s’y intéresser quand la partie avance.
💭On pose son agent sur Hyde Park pour essayer de récupérer des cartes et finir sa collection de bouquins, par la même occasion, on achète la tête de Jaeger au marché noir pour finir notre monstre au pieds de Pan et au corps de grizzly.Mais en même temps, faire ça donne la possibilité aux adversaires de le faire aussi sans dépenser d’agent, heureusement que je serais le seul à interagir avec Butch pour qu’il rende opérationnelle une vitrine bloquée gratuitement…Puis chacun pose sa curiosité dans une vitrine libre et on essaye de calculer quoi faire au prochain tour pour ne pas être à la traîne, ne pas se laisser distancer sur les cartes grotesques, éviter les légendaires pour éviter de perdre leur bonus à cause de l’adversaire qui les collectionne ou au contraire les prendre pour casser la mouvance adverse…
En revanche le marché noir, les différents bonus KS avec les nouveaux bâtiments et types de cartes sont très vite indispensables pour permettre aux parties de se renouveler et d’éviter de toujours tourner sur les mêmes cartes et bâtiments, Westminster une fois c’est joli, mais à la 5e fois... bon...
Seule la plus grosse extension, ajoutant Moriarty et Sherlock Holmes est un peu plus passable et complexifie le jeu inutilement, à notre avis.
Au final, un jeu surproduit, et je ne parle que de la version de base, où le matériel, en se voulant original, devient handicapant, il aurait gagné à s’épurer pour que la mécanique qui reste simple et efficace soit plus mise en valeur (comme le silicone chez Lolo Ferrari, trop c’est trop).
Les parties sont courtes et agréables, elles se renouvellent bien grâce aux nombreuses cartes et bâtiments du KS, permettant d'enchainer les parties, jusqu’à ce que les vitrines se cassent toutes seules à force de servir… et c’est bien le problème.
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
Le fait d’avoir 4 actions au lieu de 2 évite de finir la partie en 15 minutes, et après une heure de montage de vitrine bâcher la partie en un quart d’heure pourrait être vexant.
À 2 joueurs, on peut un peu plus surveiller l’évolution de la collection adverse et surveiller les cartes récupérées lors des différentes phases d’action pour éventuellement essayer de devancer le concurrent dans ses choix ou faire une razzia au marché noir évitant de trop avantager l’adversaire, mais là encore cette technique sera pour les plus stratèges, et le jeu ne le nécessite pas forcément.
A 2 joueurs, les extensions KS sont vite indispensables, car certains bâtiments sont moins adaptés à la version duelle, Hyde Park et ses enchères par exemple (les enchères en duel m’ont toujours semblé aussi intéressantes que les reportages sur l'atrophie des circonvolutions cérébrales des fans de Cyril Hanouna).
Au final, un jeu de collection plaisant et agréable dont l’univers fait une grande partie du charme (depuis j’ai envie d’avoir une capsule de Bulma dans mon salon, même si j’ai déjà Mme J qui imite à la perfection les colères de la femme de Vegeta).
La version KS standard est amplement suffisante pour passer de bonne partie, et même s’il ne révolutionne pas le genre, l’univers et les graphismes en font un jeu agréable à sortir, et en plus, simple à expliquer.
Il faudra juste prévoir le temps de cuisson de votre gigot de 7 heures pour le dépunchage suivi de la première installation… et priez pour que le matériel tiennent le coup sur le long terme.
Bon ce n’est pas tout ça, ou est-ce que je vais placer la statue de Darth Vader grandeur nature, elle ne rentre pas dans la vitrine…
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