Darwin's Journey : quand la théorie de l'évolution remporte le Diamant D'Or.
Un jeu de Nestore Mangone et Simone Luciani, illustré par Paolo Voto et édité par ThunderGryph Games lors d’une campagne Kickstarter, puis distribué par BlackRock Games en version boutique.
☝Instant Wikipédia :
Les trilobites sont des arthropodes fossiles ayant vécu pendant le Paléozoïque, pour être plus précis, de la période allant du Cambrien au Permien et ils ont disparu il y 250 MA. On retrouve 18 750 espèces de trilobites différentes (pour le moment), allant de 1 mm de long à 70 cm. La plupart se déplaçaient en marchant sur les fonds marins, mais certains était dit pélagiques, c’est-à-dire nageant activement ou planctoniques se laissant dériver au fil des courants.
Ils chassaient les vers marins et étaient de grands prédateurs pour l’époque.
Ils survécurent à 5 extinctions de masses avant de voir l’émergence des crustacés qui finirent de les exterminer pendant le Changhsingien, à la fin du Permien comme dit plus tôt.
En conclusion, non le trilobite n’est pas un acteur de films pour adultes avec une anatomie particulière, désolé…
Mise en place : 20 minutes
Règles : 30 minutes
Temps de partie : 1 heure
Âge : 14 ans
Type de jeu : placement d’ouvriers, collection.
Aaaaah Darwin, la théorie de l’évolution, une théorie plutôt censée où le plus fort, le plus intelligent, le plus adaptable survit pendant que le plus faible et le moins adapté disparaîtra ne laissant que quelques fossiles dans des grottes pour les millénaires suivants.
Une théorie qui a fait ses preuves jusqu’alors, mais, et oui, comme toute théorie elle a ses limites, le 21e siècle nous aura prouvé qu’elle est devenue obsolète grâce à nos grands penseurs, Boby qui affirme preuve à l’appui que la terre est plate, Kymi qui démontre que la Covid n’existe pas et que c’est un complot des Chinois du FBI, ou Karolyne qui affirme sans ciller que le réchauffement climatique n’existe pas et que c’est juste lié aux lobbies des fabricants de glaçons…
La preuve n’est plus à faire, il n’y a plus besoin d’être intelligent pour survivre.
Refaisons les trajets du HMS Beagle pour revoir cette théorie et essayer de la remettre au goût du jour, et surtout comprendre à quel moment l’évolution a foiré…
Mise en place :
Une fois l’immense plateau déployé au centre de la table, on place :
- les sceaux de cire sur leur emplacement, le reste allant dans un petit sac choupinou,
- les 3 correspondances sur leur emplacement,
- on place au hasard 6 tuiles action avec un jeton lunette neutre sur les 2 premières,
- et 2 tuiles Objectif dorées et 2 argentées sur leurs emplacements,
- les jetons de spécimens aléatoirement sur les différentes îles
- puis chaque joueur place son bateau au départ de la piste maritime et un explorateur sur la première île.
Une fois le plateau en place chaque joueur prend son plateau personnel avec ses tentes, ses piles de timbres, ses 4 ouvriers et 1 tuile dorée et argentée de départ.
Pour finir, on drafte des cartes équipage jusqu’à en avoir 3 chacun, octroyant un sceau de cire de départ à chaque ouvrier.
Pour finir, chacun prend 3 pièces et un sceau bonus temporaire.
Et vous voilà fin prêts à parcourir la terre entière à la recherche des Pokémons et leurs mystères…
Heu non des fossiles et leurs mystères... Pardon, l’habitude…
La partie va se dérouler en 5 manches, chacune se terminant quand les joueurs ont placé tous leurs ouvriers.
Les ouvriers peuvent être placés soit :
- sur les loupes carrées sans limite de nombre ou de pénalité.
- sur les loupes rondes sans limites de nombre, mais en s’acquittant de 2 pièces de pénalité si un ouvrier est déjà présent dans la zone (pas forcément dans la loupe),
- ou dans les lunettes dans la limite d’un ouvrier par lunettes et toujours avec la pénalité de placement si un autre ouvrier se trouve dans la zone.
En plus de la limite de placement, l’ouvrier placé devra posséder dans sa ligne le ou les sceaux de cire requis, indiqués par la zone, ou se défausser d’un sceau violet temporaire par cire manquante.
La cire n’est jamais défaussée.
Les actions permettent :
— D’acheter un nouveau sceau de cire pour customiser un ouvrier.
Plus ils ont de sceaux, plus ils auront le choix des actions et plus elles seront puissantes. Certains emplacements coutent des pièces, attention.
Par ailleurs, dès qu’un ouvrier à les sceaux indiqués sur une carte équipage, cette dernière donne immédiatement son bonus. De plus, si l’ouvrier est plein de sceaux, ses actions seront bonifiées à chaque tour.
— De placer des timbres sur une correspondance, octroyant de substantiels bonus en fin de manche.
— D’avancer son bateau sur la piste du HMS Beagle. La case d’arrêt peut donner une action supplémentaire, la possibilité de poser une tente donnant des bonus de pièces, de points, d’avancer sur la piste de la théorie de l’évolution, ou d’action bonus.
Si le bateau dépasse un fanion, on place immédiatement un nouvel explorateur sur la piste de départ de l’île suivante.
— Déplacer un de ses explorateurs et faire l’action de sa case d’arrivée.
La case contenant un explorateur adverse ne compte pas dans son déplacement.
> Que ce soit pour la case d’arrivée du bateau ou de l’explorateur, si elle contient une tuile spécimen, on place immédiatement une goutte "recherche" transparent sur la case identique de son plateau joueur.
— De placer une loupe de sa couleur moyennant payement sur une des différentes zones pour la rendre accessible à tous (si un adversaire vient sur votre loupe, c’est une pièce en cadeau de la réserve). En plaçant la loupe, on peut immédiatement réaliser l’action gratuitement et sans que l’ouvrier respecte les prérequis de l’action, mais sans le placer sur la lorgnette, la laissant donc accessible à un autre joueur dès son tour de pose.
— De faire une action spéciale d’une des tuiles action, les 2 avec des loupes neutres ou les autres si elles ont été débloquées au préalable.
— De changer l’ordre du tour pour la prochaine manche et de gagner 2 pièces.
— De livrer un spécimen découvert (ou 2 pour 3 pièces).
Si un spécimen de son plateau contenant un jeton recherche n’a pas été découvert précédemment, alors on place son jeton sur sa case dans le musée octroyant immédiatement une pièce par case non découverte de la ligne et de la colonne du « chose » inconnue, et une avancée sur la piste de théorie de l’évolution par échantillon déjà découvert sur la ligne et la colonne du « chose ».
— De rajouter 1 jeton recherche (ou 2 pour 3 pièces) sur un animal déjà livré de son plateau (intéressant pour certaines tuiles Objectif).
— De récupérer un objectif sur les 4 proposés et l’ajouter aux 2 de départ. Un objectif est immédiatement validé si on respecte ses prérequis octroyant de ce fait des points de fin de partie et/ou des bonus pour certaines actions en fonction de son emplacement.
📝 Une fois les 4 ouvriers déplacés (ou 5, si on arrive à la fin de sa piste d’objectifs), on décompte les points donnés par la tuile bonus située sous le HMS B, auxquels on soustrait un malus +/- important si on est loin derrière le bateau (il ne fallait pas pêcher la sirène pendant que les autres bossent), puis on avance le Beagle sur sa prochaine case, on regarde pour chaque enveloppe qui a le plus de timbres pour savoir qui récupère le bonus ou l’action de la tuile avant de défausser la moitié des timbres utilisés, on remonte les sceaux de cire, on change les objectifs.
📝🏁 Une fois la 5e et dernière manche terminée, en plus du décompte de fin de manche, on rajoute :
- les points gagnés sur son plateau (contrat, nombre de tentes, et ouvriers plein de sceaux),
- 1 point par jeton bonus temporaire restant
- 1 point par lot de 5 pièces,
- pour finir on ajoute 2 au nombre de lignes du musée complétées, la somme est ainsi multipliée par notre avancée sur la piste de LA théorie.
🏆Le vainqueur aura atteint le sommet de l’évolution brigué par Darwin, pendant que 💀 les perdants prendront tristement conscience qu’ils ne sont plus voués à survivre dans un monde où l’intelligence passe derrière la popularité…
À 2 joueurs :
- 6 spécimens seront déjà découverts dans le musée en début de partie, aléatoirement, créant des cases îles différentes par rapport au jeu à plus nombreux (car elles auraient été recouvertes de tuiles spécimens)
- changer l’ordre du tour rapportera 3 pièces au lieu de 2,
- et jouer dans une zone où il y a déjà un ouvrier coûtera 3 pièces et non 2.
👀
Nous avons fait le choix délibéré de ne pas aborder les extensions qui viendront, peut-être, dans un futur article, si celui-là vous plait.
Niveau matériel, s’agissant de la version Kickstarter forcément il est de toute beauté, et agréable à manipuler (bon Mme J a la fâcheuse tendance de confondre la cire avec du chewing-gum, mais quand elle a essayé de faire une bulle ça a foiré…).
On regrette que le rangement fasse autant fouillis et manque un peu d’organisation.
Les illustrations sont superbes.
La règle est fournie et nécessite plusieurs lectures pour bien l’assimiler, et malgré plusieurs relectures certains points peuvent prêter à confusion (en particulier la réduction de certains coûts, ou certains gains). Les exemples sont nombreux.
Par ailleurs, l’aide de jeu fournie, expliquant les cartes et autres tuiles ainsi que l’iconographie, est bien mais incomplète, et un rappel des différentes actions pour chaque joueur n’auraient pas été du luxe pour une boîte de luxe…
Chipotage ? Oui et non, une règle de jeu qui manque de fluidité entraîne souvent de premières parties laborieuses où on passe un peu à côté du plaisir soit à cause d’oublis qui faussent le jeu, soit à cause de la perte de temps pour retrouver une information dedans, ce qui peut nous empêcher de revenir à un jeu malgré ses qualités intrinsèques…
Bon, déjà le titre d’expert n’est pas galvaudé, dès le départ on regarde le plateau de jeu, les différentes actions et on ne sait pas vraiment où aller ni quoi faire pour essayer de comboter et de gagner des points, puis on se dit que Robert Fitzroy devait avoir cette même appréhension avant de tourner le gouvernail du HMS Beagle direction n’importe où…
Mais il s’est lancé, alors nous aussi…
💭Et on pose son premier ouvrier, on compare les sceaux pour être raccord, on fait l’action et ça se passe plutôt bien, on prend la confiance, on se la raconte à parler mât de misaine et à s’inventer des noms de marins, mais voilà J La Borgne a décidé d’avancer son explorateur, et du coup avancer mon bateau va me coûter des sous, et… Et bah, en fait, tout coûte cher, Darwin devait vivre sous Macron, c’est l’inflation perpétuelle…
Dès le 2e ouvrier, il va falloir faire des comptes d’apothicaire pour savoir quand dépenser et quand grappiller 2 ou 3 piécettes pour payer les taxes de placement…
Au fur et à mesure de l’avancée de la partie on commence à récupérer des sous, à comboter pour que les actions s’enchaînent.
💭Je déplace mon explorateur en dépensant 2 pièces, mais ça me permet de poser une tente qui fera poser des timbres vidant une colonne et validant une tuile objectif, qui une fois placée permet d’avoir un bonus à chaque pose de timbre, de plus comme la colonne de timbre est vide je peux récupérer un sceau de cire pour customiser l’ouvrier suivant, et en prime comme j’ai la main mise sur la 2e enveloppe grâce aux timbres, je récupérerais des points bonus en fin de manche…
Et assez vite on oublie l’appréhension du départ pour suivre son Gulfstream personnel et essayer de dépasser son adversaire, voire le Beagle pour scorer au maximum en fin de manche…
On est sur un jeu très riche et exigeant, où il n’est pas rare de voir l’analysis paralysis bloquer une partie, voire de passer complètement au travers si on n’arrive pas à lier entre elles les différentes actions, et de se retrouver avec une pauvre cinquantaine de points après 1 heure à suer en haut de la vigie de son bateau pour avoir vaguement réussi à retrouver la chaussette rouge et jaune à petits pois que l’on pensait perdue à jamais dans le trou noir dissimulé au fond de la machine à laver alors qu’elle était dans la boîte de Miel Pops de l’héritier, et pas un seul fossile à se mettre sous la pioche.
Il ne faut pas se laisser se décourager par ce genre de partie et s’accrocher pour profiter de belles heures de jeu qui s’annoncent.
👉 Alors, à 2 c’est mieux ?
Le premier constat c’est qu’à 2 joueurs la vie est encore plus chère, 3 pièces pour se poser à proximité de son adversaire, on jouera relativement souvent l’action de changement d’ordre du tour en grande partie pour récupérer les 3 pièces bonus, plus que pour le bénéfice d’être le premier à placer son Bob.
Par ailleurs, les 6 spécimens déjà en place dans le musée obligent à bien calculer son coup, car l’avancée sur la piste de théorie du complot, pardon de l’évolution est vectrice d’importants points de victoire à la fin, et une des plus grosses sources de revenus en début de partie, il faudra donc calculer ses actions pour ne pas se laisser distancer par l’adversaire sur la piste, ou, si la distance se creuse, éviter de lui faciliter la tâche en découvrant les espèces qui l’arrangent.
💭Oui finir la ligne des trilobites vous apportera potentiellement or et quelques avancées sur les livres, mais peut aussi, d’un coup, lui rajouter 12 points en fin de partie en fonction de son envolée littéraire.
L’action de rechercher un spécimen au musée deviendra parfois la seule possibilité de valider un objectif, il conviendra d’être très attentif sur les emplacements des espèces sur les différentes îles et de ce que brigue l’adversaire en découverte (car oui Madame J ne pourrait vouloir que les chats et le trilobite, coquine, mais le bonsaï a l’air aussi de l’intéresser, il ne me restera pas d’autre choix que de le découvrir a posteriori pour valider l’objectif doré me permettant de briguer encore plus de points en fin de partie).
Les adaptations pour 2 joueurs sont très bien dosées, et laisse une bonne dose de réflexion à chaque scientifique en herbe pour essayer de réaliser au mieux son avancée dans l’histoire.
⌛Personnellement nous le préférons à 2 joueurs, les parties sont plus rapides (bien que déjà longues) et il y a moins cette sensation de « j’ai fini mon tour, je vais débuter Le Seigneur Des Anneaux, prévenez moi quand mon tour revient. C’est à moi ? J’arrive dès que Sam a battu Arachné, cette version longue est captivante »…
En gros, on a vite tendance à se tourner les pouces entre 2 tours, et à plus de joueurs, on n'est pas loin de la crampe de l’éminence thénar quand son tour revient, d’où notre préférence pour le duel de scientifiques.
Un jeu qui mérite son Diamant D’Or, on va voir si l’As lui sourira aussi…
Bon, question darwinienne : dans quelle branche de la théorie de l’évolution doit on placer Kev Adams : au niveau des coquillages bivalves ou des concombres de mer ?
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