D'Orge et de Blé : il ne manque que le tarama et les noix de cajou...

 

Un jeu de Scott Almes, illustré par Michael Menzel et édité par Gigamic.


Instant Wikipédia : 

La baguette est une forme de pain très réglementée. 

Elle doit faire entre 3 et 5 cm de haut, 4 à 6 de large et 65 cm de long pour un poids de 250 grammes. Environ.

L’apparition de la baguette reste très floue, mais il a pu être constaté que les formes allongées du pain sont devenues populaires au XVIIIe siècle, certains allaient jusqu’à 2 mètres. 

Plusieurs légendes entourent son invention, les campagnes napoléoniennes où les soldats ne pouvaient transporter les miches de pain dans leurs poches, ou une loi de 1920 interdisant aux boulangers de se lever avant 4 h du matin (Mini J prends en de la graine), les auraient incités à créer un type de pain nécessitant moins de temps de levage qu’un pain traditionnel.

La dernière théorie, la plus répandue, voudrait qu’elle ait été inventée lors de la construction du métro de Paris, où les ouvriers bretons et auvergnats avaient tendance à s’étriper sous terre à coups de couteau à pain. Il aurait été demandé donc aux boulangers de créer un pain qui se rompt sans couteau et à la main pour éviter de se poignarder, en toute amitié, sous terre (c’est d’ailleurs pour ça que de nos jours on doit rompre le pain et non le couper)


Toutes ces légendes sont jolies, mais dans la vraie vie, il s’avère que se seraient liés au changement de consommation des bourgeois parisiens, qui préfèrent la croûte à la mie et le pain frais, moins poétique, mais plus réaliste. 

La baguette est inscrite à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel en France le 23 novembre 2018 et au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO le 30 novembre 2022, sacré morceau de pain.


Installation : 10 minutes

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 20 minutes 

Âge : 8 ans

Type de jeu : draft, gestion de ressources, construction de moteur. 



Lebrac, la Marie, les Gibus, Migue la lune ou l’Aztec ont bien grandi, puis vieilli depuis qu’ils couraient avec leurs épées en bois dans les champs entre Longeverne et Velrands, à coups d’insultes gratuites, pour se couper les boutons derrière la grange en cas de défaite et de capture sur le champ de bataille (oui, j’ai grandi avec la guerre des boutons, et alors ?)

C’est pas pour autant que l’inimitié entre les villages de Haute-Loire a diminué, maintenant les voilà qui s’affrontent à coups de pains et de bières (ce qui est tout de suite plus agréable, il faut bien l’avouer). Vous voilà chacun dans un des villages à meuler et brasser au mieux, mais qui fera le meilleur apéro de la vallée ? 

🙋Si je peux être le juge, ça me va…


Mise en place 

Une fois le plateau déployé entre les deux joueurs, et les cartes mélangées, on place les ressources à côté du plateau avec une partie sur chaque champ, le premier tour est une année faste, l’ensemble des gouttes d’eau sont placées dans la rivière. 

Chaque joueur pioche 5 cartes, et la finale du Meilleur Boulanger et Brasseur de France va pouvoir commencer.


Le plateau, aux illustrations parfaites et rustiques

Les ressources

Les cartes, bleues pour les bières et jaunes orangées pour le pain

Les cartes de verso, on peut voir 
En haut à gauche : les ressources qu'elles rapportent
Dans le tableau noir : ce qu'elles coutent pour les créer
En bas : les améliorations qu'elles offrent


La partie se déroule en 6 années alternant les périodes fastes et les périodes de sécheresse.


Lors des périodes fastes, les joueurs vont choisir une carte de leur main avant de donner les autres au village en face, et ce jusqu’à ce que chacun ait joué 5 cartes. 


Les cartes vont avoir 3 actions :

— Action 1 : les utiliser pour leur récolte, on prend les ressources indiquées en haut de la carte pour les placer dans sa grange dans la limite des stocks disponibles, mais aussi de la place dans la grange. Si on ne peut la placer dans sa grange, elle doit être donnée à son adversaire plutôt que défaussée (#lutteantigaspi)


— Action 2 : défausser des ressources de sa grange pour fabriquer un pain ou une bière, en fonction des ressources inscrites sur la carte, dans la limite d’une carte dans la brasserie et une dans la boulangerie (du moins en début de partie, les choses peuvent évoluer selon les améliorations choisies, voir le paragraphe suivant).


— Action 3 : utiliser la carte en amélioration en la plaçant sous le plateau dans la zone correspondant au symbole du bas de la carte, octroyant des bonus jusqu’à la fin de la partie en fonction de l’action indiquée (bonus de ressources, de placement dans la grange…), ou des bonus de décompte de points en fin de partie. Une fois la carte placée, on vide la boulangerie et la brasserie de leurs cartes laissant la possibilité d’en placer de nouvelles. 


Une fois les 5 cartes draftées, les joueurs changent d’année. 

Malheureusement après une année faste, la sécheresse arrive et les ressources viennent à manquer. 

On réduit le nombre de ressources comme indiqué sur le plateau (sauf pour l’eau, ce qui est un peu contradictoire pour une année de sécheresse, mais soit…)

Puis chaque joueur reprend en main les cartes utilisées pour leurs actions récolte lors de l’année précédente, puis complète sa main à 5 cartes, et on créé une rivière de 3 cartes (la rivière n’est que sur les années de sécheresse).

L’année de sécheresse se déroule, à peu de chose près de la même façon qu’une année faste. L’exception vient du fait qu’on peut prendre une carte de sa main pour remplacer une carte de la rivière, cette dernière devant être immédiatement jouée. 

À la fin de l’année de pénurie, la rivière de cartes, ainsi que les cartes utilisées en récolte sont défaussées, on refait la mise en place d’une année fastueuse et c’est reparti pour pétrir et brasser à qui mieux mieux (je suis sûr que cette expression n’a pas été utilisée depuis que Chirac était encore président).



🏁À la fin des 8 années de concours, brasseurs et boulangers ont acquis une expérience solide. 

Voici venu le temps du décompte. 


📝Chaque joueur compte les points apportés par ses bières brassées (celles dans la brasserie, et celles retirées de la brasserie lors des actions d’amélioration), y ajoute les éventuels scoring des cartes placées en temps qu’amélioration, fait de même avec le pain. 

Le score final sera le plus faible des 2 décomptes.

🏆 Le vainqueur se verra convié à tous les apéros du coin pendant que 💀 le perdant ne boira que de la 33 avec des baguettes Leclerc #latristitude.


Fin de partie
Mme J remporte la victoire, elle a équilibré le pain et la bière.
Mr J est quant à lui fin saoul, dans le canapé, c'est ça que de boire plus que de manger...


👀

Niveau matériel tout est qualitatif, les ressources sont agréables à manipuler, le plateau est clair et fonctionnel, idem pour les cartes, rien à redire. 

Les illustrations, on aime ou pas, on est sur de l’allemand pur, sans fioriture et ne laissant pas vraiment de place à l’imagination dans le pur style Menzel. 

Les règles sont claires, même si une ou deux illustrations de plus auraient été les bienvenues. 

On regrette un tout petit peu l’incohérence voulant que pendant les années de sécheresse, l’eau coule à flots alors que le reste vient rapidement à manquer, mais là encore, c’est pour chipoter.


Il s’agit d’un jeu spécifique 2 joueurs, donc forcément il est parfait à 2, mais la bière fictive suffira-t-elle à étancher notre soif ludique?


Et la réponse est oui, on est plus proche d’une bonne Bourgogne des Flandres juste fraîche, que d’une Koenigsbier éventée.


Le jeu va mélanger plusieurs mécaniques bien connues : le draft, la gestion de ressource, la construction de moteur, avec un dosage idéal. 

Le draft à 2 joueurs peut sembler un peu fade en général, mais ici vu les larges possibilités de chaque carte, il sera quasiment impossible de prévoir ce qui va vous revenir au tour suivant (et je vous le donne un mille, c’est forcément la carte que vous vouliez construire que votre adversaire a prise pour son pouvoir… La gueuze)

Les tours s’enchaînent tout en essayant de tout contrôler, de l’apport en ressources pour ne pas en donner à son adversaire, mais pouvoir tenir en période de sécheresse et éviter de finir la manche la brasserie vide, la construction de cartes pour ne pas saturer les bâtiments avant d'avoir des améliorations, sans oublier d'essayer de maintenir une croissance égalitaire entre les 2 mets, comme seul le plus faible sera scoré...

Si vous avez fait 3 futs de Kwak et un bretzel, vous n’aurez que les points de votre bretzel… 

Les saisons sèches avec leur rivière de cartes modifient encore la réflexion entre prendre une carte face visible et la jouer et en poser une de sa main, quelle carte laisser accessible à l’adversaire au risque de lui montrer laquelle vous intéresse au mieux, la voir disparaitre chez votre adversaire au pire...

Il faudra continuellement surveiller votre adversaire pour essayer de ne pas lui laisser la miche qu’il brigue secrètement. 

💭Vous vouliez la bière pour ses ressources, mais l’adversaire a de quoi fabriquer une baguette tradition dans sa grange, du coup que faire ? Prendre la tradigraine et tant pis pour les ressources, laisser le pain et avancer dans sa stratégie en espérant qu’elle paye plus que la sienne, brûler le jeu et se boire un ballon de Bourgogne avec une cracotte pour se venger… La réflexion est ouverte… 


👉Au final, un jeu riche en possibilités stratégiques, où la surveillance de l’adversaire est de tous les instants, et où il faudra essayer d’être le plus équitable possible entre le blé et le houblon pour réussir à scorer efficacement, tout en prenant les améliorations au moment opportun.


Beaucoup de possibilités et d’adaptations aux tirages de cartes qui peuvent s’avérer parfois frustrant quand on ne pioche que du pain, et que la bière nous échappe aussi vite que dans une soirée foot dans un pub , réduisant drastiquement le score final. 

Et c’est peut-être le seul défaut du jeu, si le tirage n’est pas équitable, et que l’adversaire fait de la rétention, la partie peut sembler aussi long qu’une canette de 86 en apéro chez son beau-frère à la coupe mulet… 

À part ça, le jeu est à consommer sans modération, même si une pointe de lassitude peut apparaître à l’enchainage de parties, on aimera le sortir pour un apéro en tête à tête qui annonce une soirée riche et agréable. 


L’abus de jeu est bon pour la santé, à consommer sans modération.

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