Obsession et ses extensions : ça change du whist, chez les Bridgerton
Un jeu de Dan Hallagan, illustré par Dan Hallagan, et édité en France par Super Dan H… Pardon Super Meeple.
☝Instant Wikipedia :
L’aristocratie britannique se divise en 2 catégories, la pairie (les Lords, en gros), et la gentry (la petite noblesse).
La pairie se divise en 5 sous-catégories de la plus prestigieuse à la moins prestigieuse, on retrouve le duc, marquis, compte, vicomte et baron.
La gentry comprend les baronets, chevaliers, lairds et lords-of-the-Manor. Ce sont tous des titres héréditaires, et bien qu’ils ne soient pas de l’aristocratie terrienne, ils constituent la partie inférieure de l’aristocratie britannique et représentent surtout des rentiers.
On n’a pas vraiment l’origine de la pairie Britannique, qui se mélange avec l’Irlandaise et l’Écossaise, mais la chambre des Lords date elle du 14e siècle où les paires ont été conviés à siéger pour prendre les décisions importantes du pays.
Depuis 1999, il reste 92 paires héréditaires qui peuvent siéger à la chambre des Lords, les 90 places restantes sont soumises à élection, mais seuls les paires héréditaires votent (la démocratie old school, en somme).
À cela 2 exceptions : le comte-maréchal, position occupée par le Duc de Norfolk (dont la famille tient ce rôle depuis 1397), et le Lord Grand Chambellan qui représente la royauté au sein de la chambre. Leurs derniers privilèges existants sont l’absence d’arrestation en matière civile (mais non pénale), l’accès au Souverain pour le conseiller en matière étatique, et le droit d’utiliser des couronnes héraldiques et des supports pour leurs armoiries.
Les titres de la pairie sont obtenus par récompense militaire, anoblissement du monarque, agrégation (le mariage, en gros), par charge anoblissante (mandat parlementaire), achat ou octroi pour les baronnies, et enfin par récompense civile.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour aller aux soirées de la Dowtown Abbaye.
Mise en place : 25 minutes |
Règles : 30 minutes
Temps de partie : 1 h 30 à 2 heures, noté 30 min/joueur
Âge : 15 ans
Type de jeu : placement d’ouvrier, placement de tuiles, gestion de main.
Madame l’Archiduchesse J, maintenant que ses chaussettes sont enfin sèches et archi sèches au grand dam des bègues et orthophonistes, a décidé que nous devions reprendre les soirées mondaines de la noblesse anglaise (oui, les soirées poitevines la gonflent, le farci et le tourteau fromager la font moins rêver que le thé et les scones).
On arrivera peut être à marier notre Mini J à sa majorité à une bobo british de 30 ans de plus, la dote puis l’héritage payeront la toiture…
Mise en place :
Mise en place zone joueur :
Chaque joueur choisit une famille aristo de la boîte avec son plateau.
Il place son marqueur de réputation sur le 0 et le jeton réputation de niveau 1 sur le plateau, les autres sont placés à côté. On place son set de tuiles de départ dessous en respectant les couleurs, et son set d’employés de maison de départ.
Chaque joueur prend ses 4 cartes famille et 2 Invités de départ de niveau 1 marqués d’une couronne, ainsi que 3 cartes objectif.
Certaines familles ont une mise en place spécifique asymétrique.
Mise en place zone commune :
Les 2 plateaux centraux sont déployés au centre de la table.
Sur le premier, le marché de construction, sont placés les cartes Invités en pile par niveau, le stock de livres sterling, la réserve d’employés de maison, les cartes objectif et la rivière des tuiles Amélioration où seules celles avec un rang de prestige 1, 2 ou 3 ainsi que 4 tuiles Service (Salle de brossage, Grange, Office du majordome et Quartier des domestiques) peuvent être présentes dans le marché.
Le reste des tuiles va dans le sac. Parmi les tuiles Amélioration, on trouvera des bâtiments et activités, et des monuments. Les monuments sont bien spécifiques, et seront importants vis à vis du nombre de joueurs.
Sur l’autre plateau, la piste de manches, on place le marqueur de tour, les cartes PV et thèmes, et les 2 cartes membres de la famille Fairchild en dessous, prêts aux épousailles avec un de vos descendants.
Les Fairchild demandent un type spécial d'activités (= couleur de tuiles Amélioration), qu'on comptera lors des manches de cour.
Ladies and gentlemen, la british party est ouverte, isn’t it ?
Nous vous présentons ici les éléments du jeu de base ainsi que les extensions.
La partie se déroule sur 1 an, soit 4 saisons, chaque saison est composée de manches (en violet sur le plateau) (4 manches en mode long), au cours desquelles des activités sont réalisées, et se termine par une manche de cour (les cases grises/beiges), représentant le symbole d'un couple de l’époque victorienne.
La version courte est possible en moins de tours, mais beaucoup moins intéressante niveau stratégie.
Une manche se divise en 8 phases, reprise sur chaque plateau joueur :
1) Renouvellement des domestiques : les domestiques utilisés lors de la manche précédente vont dans leurs quartiers, et ceux du quartier reviennent dans la zone disponible (en effet, ce sont des domestiques, pas esclaves ou soignants).
2) Vérification de la piste de manche : certaines manches auront des activités particulières (fête au village, récupérer des cartes objectif…), si on possède des bâtiments, on gagne des points de réputation (1 par bâtiment). Une fois cela fait, on choisit si on continue ou si on passe.
> Si on passe, on récupère les cartes de sa défausse et on peut soit taxer le gueux et récupérer 200 £, soit refaire la rivière de tuiles et en acheter une.
Pour finir l’ensemble, les domestiques qui se sont bien touchés le duffle-coat pendant la pause reprennent tous du service.
3) Organiser une activité : on choisit une des tuiles d’activité de son domaine que l’on place sur la zone d’activité (boire le thé, faire un bowling, sortir de l’Union Européenne…).
4) Convier des invités : placer devant soi les invités de sa main correspondant à l'activité choisie. Les ladies jouent au whist par exemple (le Britannique moyen du 19e siècle conchie la théorie des genres si vous aviez un doute).
Les invités et l’activité doivent être du niveau de la réputation ou moindre, mais pas supérieure. Diantre, on n’invite pas un duc à boire du vin quand on a un niveau de baron à boire du cidre.
5) Fournir les domestiques : placer sur l’activité et sur les invités qui en demandent le domestique approprié (pratiquer le bowling n’implique pas forcément qu’on doive soi même porter la boule, quelle horreur !). Si les domestiques sont indisponibles, le majordome remplace n’importe quel domestique homme, et la gouvernante n’importe quelle femme. Si aucun n’est disponible (après tout, ils ont droit à 6 jours de repos par an [pire que l’Education Nationale], l’activité ne peut être faite, il faudra changer d’activité ou d’invités.
6) Bénéficier des faveurs : l’activité et les invités y participant rapportent tous un bonus (positif ou négatif, comme dans la vraie vie, certains invités sont nuisibles par certains côtés).
On récupère ainsi argent, réputation, de nouveaux invités qui arrivent dans notre main, attirés par notre gloriole éphémère comme des mouches sur de la… tarte à la crème…etc.
La tuile Bureau du Majordome permet aussi d’acquérir 2 nouveaux employés, voire d’en voler un chez l’adversaire qui, aussi fidèle que Gérard Piqué, ira voir ailleurs si le thé est plus goûteux, Tsamina mina, eh eh..
7) Acheter une tuile du marché : on peut acheter une tuile que l’on ne possède pas déjà dans la rivière, en payant le coup indiqué sur le plateau +/- l’ajout indiqué sur la tuile.
On peut l’acheter, quel que soit son niveau de réputation, mais pas forcément l’utiliser après coup si la réputation ne le permet pas. On peut acheter un cabinet de curiosités, mais il va falloir avoir un peu plus de réputation si on veut montrer notre collection bizarre sans passer pour un illuminé...
8) Nettoyer le plateau : on refait le plein du marché, les domestiques fatigués vont dans la zone dédiée, les invités vont se reposer dans la défausse et l’activité reprend sa place.
Si c’était la première utilisation de l'activité, elle est retournée en modifiant son bonus et ses points pour la fin de la partie. Sauf exception bien signalée, une tuile ne sera jamais retournée une 2e fois.
Quand tout le monde a joué, on avance le marqueur de manche.
Si on arrive sur une manche de cour, les joueurs doivent défausser une carte objectif, puis compte le nombre de tuiles de la couleur demandée par les Fairchild : celui en ayant le plus gagne une carte PV qu’il peut garder pour ses points en fin de partie ou défausser pour son bonus immédiat, puis il choisit un des 2 Fairchild qui rejoint sa main jusqu’à la prochaine cour et essayera potentiellement de trousser l’héritière pour le plus grand bonheur de ses parents.
En cas d’égalité de tuiles, tout le monde prend la carte PV, mais les Fairchild n’auront cure de ses fêtes décadentes et resteront dans leur manoir.
🏁 La partie s’achève à la fin de la 4e cour.
📝 Les joueurs comptent :
> les points positifs et négatifs de leurs invités
> les points de leurs tuiles activités,
> les points des cartes PV,
> les points de sa réputation,
> les points ramenés par l'argent
> les points des domestiques
> les points de ses cartes objectif.
🏆Le vainqueur pourra mépriser tout son saoul 💀 les perdants qui, eux, retourneront dans la fange de la basse populace, à essayer de comprendre ce qu’est le prétérit, un thé à la main le petit doit levé et un scone dans l’autre, isn’t it ?
Les extensions rajoutent des tuiles, des familles jouables, la plus intéressante étant Upstairs & Downstairs, qui en plus d’ajouter des invités spéciaux, et quelques modifications plus anecdotiques, va ajouter 4 types de domestiques.
Contrairement aux autres, ses domestiques ne servent pas à créer une activité ou à satisfaire un aristo buveur de thé, mais à bonifier les actions.
- La cuisinière permet, en la plaçant sur l’activité choisie en plus du domestique requis, de considérer sa réputation comme supérieure de 1 pour le tour en cours, donnant l'occasion de choisir des invités et activités plus prestigieux. En Angleterre, comme partout, la nourriture fait tout (même si elle est frit et qu’elle n’a rien compris à la volonté d’une papille gustative).
- Le garçon de salle, qui en parfait fayot peut être placé sur un invité ce qui ramènera 100 £ de plus en pourliche qui selon toute logique sera taxé par son employeur. Il peut également accompagner une calèche ou s’occuper des invités d’élite, mais ne rapportera pas de bonus financier.
- La femme de chambre en chef se place sur une carte Aristocratie ou une activité en cours ayant une faveur d’invitation, et permet de piocher 2 cartes et d’en garder une : elle filtre les invités, telle l'ancêtre du videur de boite de nuit. Elle peut aussi remplacer l’intendante demandée par une carte Aristocratie, mais alors elle ne peut plus filtrer les entrée.
- L’homme de maison qui peut être soit renvoyé définitivement pour refaire la ligne de marché ou aller chercher une tuile spécifique dans le sac qui sera mise dans la rivière; soit être placé sur une tuile du marché pour baisser son coût de 100 £, soit placé sur une tuile pour baisser temporairement son rang de prestige de 1, ou enfin sur sa tuile bureau pour gagner 100 £ de plus lors des différentes fêtes du village.
Il existe en plus plusieurs variantes de règles que nous n’aborderons pas, mais qui modifient soit succinctement les règles (draft de carte invités de départ par exemple), ou plus significativement (draft des employés de départ notamment)
👥 À 2 joueurs, on diminue le nombre de monuments du sac à 3 : le Jardin des sculptures + 2 autres tuiles de votre choix.
Dans la zone Domestiques à embaucher, on place : 4 valets de pied, 2 valets de chambre, 2 femmes de chambre et 2 sous-majordomes.
👀
➕
Niveau matériel tout est extrêmement qualitatif.
Les tuiles, cartes, plateaux et surtout les meeples sont beaux et pratiques.
Les cartes sont épaisses comme il faut.
On retrouve parfaitement ce qu’on a imaginé de l’Angleterre Victorienne et on se plaît à recréer les chroniques de Bridgerton sur un plateau, toutefois, Mme J a râlé sur les couleurs, un peu trop ternes pour elle.
Certains ont râlé sur les petites cartes PV, probablement des sleeveurs compulsifs en manque de plastique, taille de carte revue par l’extension, mais qui personnellement ne nous gênaient aucunement.
Les 2 gros points noirs viennent
- d’une part des gommettes fournies lors de la précommande pour customiser ses domestiques, qui outre le fait que je sois recalé à toutes formes d’ateliers d’autocollants sous peine d’hérésies visuelles, sont particulièrement inadaptées aux meeples, un peu comme essayer d’enfiler mes fringues à notre Mini J de 5 ans et demi, ça manque de style et ça pendouille.
> d’autre part les règles : une fois passé le camembert pour expliquer le décompte, juste en dessous du titre "but du jeu et déroulement de la partie" alors que les règles n'ont pas été expliquées, camembert qui par ailleurs risque de faire fuir tous les allergiques aux mathématiques, les règles sont particulièrement contre-intuitives dans leur organisation, faisant passer le jeu pour plus compliqué qu’il n’est vraiment. Un peu comme démarrer par la quadrature du cercle pour démontrer la théorie de Pythagore, on doit pouvoir y arriver, mais franchement y a plus simple… A cela s’ajoute la police d’écriture trop petite, le manque d’exemples et le fond digne du papier peint de mamie, et vous avez tout ce qu’il ne faut pas faire dans des règles de jeux modernes…
Bon, une fois passées les règles qui donnent l’impression d’être sous le regard sévère de Mary Poppins qui nous fait répéter pour la 12e fois supercalifragilisticexpialidocious sans bégayer, cela vaut-il le coup de s’accrocher ? Et bien oui.💖
On est sur un mix de programmation et de placement d’ouvriers très bien ficelé.
Une action par manche et énormément de possibilités.
💭Quelle activité vais-je organiser ? Une plutôt lucrative pour acheter la cave à vin, super tuile, mais que je ne pourrais pas utiliser avant d’avoir la réputation adéquate? Ou au contraire je fais bosser le majordome pour augmenter mon personnel de maison ?
Et puis qui j’invite ? Cette m’as-tu-vu de Cressida Cowper, peste de son état, mais dont la prestance augmentera sa réputation, ou cette poupée de Daphné dont les atouts physiques attireraient de prestigieux invités, dont le beau Simon Basset ? Et puis il y a Anthony Bridgerton, le coureur de jupons invétéré, il essayera probablement de trousser une servante me faisant perdre de la réputation, mais lâchera un très bon pourboire en partant.
Par ailleurs, la mécanique permettant de nettoyer la rivière des tuiles plus faibles quand la partie avance, tout en les laissant accessibles, est très maligne et permet de revoir sa stratégie à tout moment entre évoluer pour soi ou quémander l’attention des Fairchild.
Beaucoup de dilemmes qui entrainent des parties tendues et originales, et on aimera y revenir pour tester toutes les combinaisons possibles, encore faut-il avoir le temps...
Un jeu qui mérite qu’on s’y arrête, et une fois les règles ingurgitées à la façon d’un thé tiédasse à la bergamote, les parties seront passionnantes et toujours différentes, vu la variété de tuiles et de cartes.
Les extensions sont plus ou moins indispensables, les quelques tuiles et familles en plus sont de la catégorie négligeable (extension Wessex), alors que l’arrivée des nouveaux domestiques de maison d’Upstairs & Downstairs revoit entièrement la stratégie de la partie.
Nous conseillons une première partie sans les extensions, histoire de goûter le jeu, et d'enchainer avec les extensions, pour révéler toutes les saveurs de ce jeu très addictif.
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
Le fait de diminuer le nombre de monuments peut sembler anecdotiques, et pourtant, pas tant que ça.
Avancer d’1 de réputation gratuitement à chaque manche est super puissant et permet de négliger ce bonus de cartes pour se concentrer sur le reste, sachant cette rente permanente.
Réduire leur nombre permet d’éviter un trop grand déséquilibre entre les 2 joueurs si l’un à l’occasion de toutes les accaparer.
Je n’ai jamais été trop thé, sauce à la menthe, et basse noblesse naissante avec une cuillère de pouding dans la bouche, mais il faut bien admettre que les Bridgerton ludiques sont une parfaite réussite (tant qu’on ne leur affuble pas sur le token une gommette en plastique taillée à la serpe d’un effet presque aussi douteux que les goûts vestimentaires d’un Windsor), et ce quelque soit le nombre de joueurs, même si à moins nombreux le temps de partie est écourté ce qui la rend, à notre goût, plus agréable.
Pour conclure : une pure réussite, malgré des règles à l’ergonomie proche d’un bâtiment d’Amonbeaufils, ce jeu permet de profiter d’un whist entre ladies de bonne famille, ce qui a l’air de plaire à Mme J quand elle bave devant la télé, et puis si on arrive à faire se marier Mini J avec une duchesse de Cambridge, cela devrait assurer nos vieux jours, isn’t it ?
Il me reste à trouver la Voie 9 3/4 et j’y retourne.
Ah ! On me dit que ce n’est pas le bon train, au revoir Hermione, et bonjour Claudia Jessie, is she ?
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