Suburbia : une banlieue ludique où il fait bon jouer.
Un jeu de Ted Alspach, illustré par Alan Kelsey, Brett Stebbins, Jason Boles, Ollin Timm, Stéphanie Gustafsson et Taylor Bogle, édité à l’origine par Bézier Games et localisé par Lucky Duck Games.
☝Instant Wikipedia :
L’homme a de tout temps essayé de bâtir des bâtiments de plus en plus hauts pour rejoindre les cieux, le mythe de la tour de Babel en est un parfait exemple.
Le premier gratte-ciel à proprement parler naît aux États-Unis, soit à Chicago avec le Home Insurance Building haut de 55 mètres construit en 1884 et détruit en 1931, soit à New-York avec le New York Tribune Building construit en 1875 et haut de 79 mètres et détruit en 1966 (je ne comprends pas bien pourquoi il y a un doute entre qui est le premier des gratte-ciels, puisqu’il y en a un bâti avant l’autre et plus haut, peut-être le décalage horaire ?!).
Puis le concours de qui a la plus grosse, pardon le plus grand building se lance entre Chicago et New York avec l’Empire State Building et ses 381 mètres avec une pause lors de la crise de 1931.
On voie les bâtiments passer allègrement la barre des 400 mètres (heureusement qu’Otis inventa l’ascenseur…) avec la victoire de Chicago et sa Willis Tower de 442,3 mètres (paye ton vertige). Depuis, la Burj Khalifa aux Émirats Arabes Unis a ridiculisé les Ricains du haut de ses 828 mètres et on attend la fin des travaux de la Kingdom Tower en Arabie Saoudite qui devrait atteindre 1000 mètres. Bon, après n’oublions pas que Bara-Dûr fait 1400 mètres et domine toujours les plateaux de Gorgoroth au nord du Mordor, donc oui c’est Sauron qui a la plus grosse, n’en déplaise à la calvitie de Trump.
Mise en place : 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 50 minutes
Âge : 10 ans
Type de jeu : pose de tuile, commerce.
Maire de sa petite bourgade de campagne, voilà Mme J atteinte d’une folie extensionniste (et je ne parle pas de rajouts crado et coloré dans les cheveux).
OK, on devrait dire expansionniste, mais du coup y a moins de blagues pas drôles à faire.
C’est alors qu’arrive en ville bulldozers, tractopelles et portugais pour bâtir une réplique grandeur nature de la pyramide de Meereen dans le jardin (sans les harpies, ça fait caca partout), mais aussi toutes les infrastructures pour rendre la bucolique Jackalcity en paradis bétonnier digne d’une oecuménopole.
Alors à vos truelles pour bâtir son rêve citadin.
Mise en place :
On place au centre de la table le plateau population avec en dessous le plateau tuiles sur lequel on place en tas les tuiles hexagonales (tas de A, tas de B et un tas de C dans lequel est incorporé la tuile dernier tour de jeu).
On dévoile les 7 premières tuiles de la colonne A (sans plats d'hiver) qui viennent constituer le marché de départ.
Chaque joueur
> prend son plateau pour constituer son hameau de départ constitué d’un faubourg, d’un parc municipal et d’une zone industrielle (ça donne envie de déposer ses valises),
> prend 15 euros de la réserve (budget annuel de l’éducation nationale),
> et place son marqueur de population sur le 2, le marqueur de revenus sur 0 et le marqueur de réputation sur le 1, chaque marqueur ayant sa propre piste.
Pour finir, on place des objectifs communs au centre de la table, et chaque joueur prend 2 objectifs personnels pour n’en garder qu’un.
Vous voilà prêts pour placer l’abattoir à côté de l’école pour montrer leur avenir aux enfants dissidents (et ils ne seront pas les employés de l’usine à viande appelés « chez Hannibale, Chianti à toute heure »).
La partie se déroule au tour par tour jusqu’à ce que la tuile "dernier tour" face à son apparition quelque part dans la pile de tuile C, le joueur avec la plus grande population gagne.
Chaque tour se déroule en 4 phases.
* Prendre une tuile pour agrémenter sa bourgade de nouvelles infrastructures.
Pour cela on peut :
– Prendre dans le marché en payant le coût de la tuile + le coût de son emplacement dans la rivière.
– Prendre une tuile commune de la réserve en payant son coût + le coût d’une tuile du marché qui sera défaussée (le coût des tuiles du marché va de 0 € à 10 €)
– Prendre une tuile du marché en ne payant que le coup du marché et la retourner pour placer un petit lac dans son petit bourg, qui deviendra ainsi Bourg-Le-Lac.
– Repayer le coût d’une tuile déjà en place dans sa cité + au coût d’une tuile du marché, qui sera défaussée, pour poser un marqueur x 2 sur la tuile repayée, et ainsi gagner à nouveau l’ensemble des bonus et malus de la tuile, ainsi que doubler les gains à venir de cette tuile, si futur gain il y a.
Une fois prise et placée, la tuile apporte immédiatement un bonus ou malus de population, de revenus, de réputation, ou de l’espèce sonnante et trébuchante, puis elle rapporte des bonus ou malus en fonction des tuiles adjacentes, mais aussi en fonction des tuiles qui seront posées à ses côtés ultérieurement durant la suite de la partie, voire pour certaines en fonction des tuiles récupérées dans sa ville ou dans celle d’un adversaire.
Une fois la tuile placée et les bonus ou malus récupérés, on passe à la phase de revenus.
Les joueurs récupèrent autant d’euros que leur avancée sur la piste de revenus, ou en payent si leur ville est vraiment toute pourrie (il ne fallait pas essayer de refaire Sarcelles).
Puis, on passe en phase de réputation où les joueurs gagnent de la population en fonction de leur évolution sur la piste de réputation, ou en perdent (je reparle de Sarcelles ou c’est bon ?).
À chaque fois que le marqueur de population d’un joueur passe une ligne rouge, la ville grandit un peu trop : fini le village bucolique fleurant la pâquerette fraîchement butinée ! Bienvenue la banlieue dortoir exhalant le pot d'échappement, du coup le joueur diminue de 1 son marqueur revenus et son marqueur réputation.
Pour finir, on avance toutes les tuiles pour combler l’espace vide du marché et on en rajoute une pour la ville suivante.
🏁📝 La partie se termine lorsque la tuile "dernier tour" survient et quand le dernier tour est joué (ça vous en bouche un pot d’échappement n’est-ce pas), on ajoute à sa population :
- les éventuels points de population glanés avec son objectif personnel
- les points des objectifs publics (attention ils précisent bien le plus ou le moins, donc les égalités ne gagnent rien),
- et 1 point de population supplémentaire par tranche de 5 euros restants dans sa réserve personnelle.
🏆Le vainqueur verra sa ville prospérer tel Meereen à son apogée pendant que 💀 les perdants verront leur ville finir comme Port Réal après le passage d’une Reine Des Dragons en pleine crise d’endométriose…
👥À 2 joueurs, on réduit à 2 le nombre d’objectifs communs, et le nombre de tuiles de chaque colonne est réduit pour adapter le temps de partie.
👀
Niveau matériel on est somme toute sur du classique, loin de la version Kickstarter de 2018 (uniquement en anglais pour les motivés à vendre un rein. Après tout, on en a deux), le matériel reste agréable à utiliser, joliment illustré (les amateurs nostalgiques retrouveront les jaquettes des SimCity de notre enfance) avec une iconographie très claire et des textes sur les tuiles aisément compris.
Les règles sont courtes et bien écrites permettant de se lancer facilement et rapidement dans la partie. Thématiquement tout colle aussi très bien, et on se sent rapidement Ted Mosby dans la ludo, il ne manque que Lily dans la boîte (désolé Mme J je n’ai rien de plus reluisant pour toi dans cette série, repense à Lucifer si tu veux).
Nous avons ici un jeu très capitaliste, on gagne du pognon pour construire des infrastructures qui attireront les gueux du coin, gueux qui viendront dépenser leur pognon pour maintenir ce cercle vicieux. Mais comme tous bon gueux qui se respectent, ils devront mépriser les autres et on sera toujours obligé de ménager la chèvre et le chou pour gagner et maintenir le niveau de vie de tout le monde.
Construire des logements sociaux attirera de la populace, mais fera baisser la réputation, du coup pour compenser cette diminution il faudra rajouter un cinéma, ou un parc pour que les enfants jouent et que les parents soufflent (ou les abandonnent, Mini J, où te caches-tu ?)…
De temps en temps, on rajoute un lac rapportant rapidement de l’argent (trois pédalos et une baraque à frites refont les fonds de la ville) etc, etc.
Attention, c'est un jeu où l’argent est rare et primordial (pour plus de réalisme), on passera son temps à essayer d’économiser pour sortir l’argent au bon moment et prendre la tuile sous la truelle de l’adversaire pour essayer de lui trouver l’emplacement parfait, par exemple l’abattoir est à éviter dans la banlieue pavillonnaire contrairement à la boîte de strip-tease, enfin plutôt du logique.
On se surveille en continu pour savoir qui prend quoi, comment faire chi*r la ville voisine tout en maintenant le bonheur de nos ouailles.
Un jeu qui ne révolutionne pas la pose de tuiles, mais qui apporte une brique plaisante à l’édifice, et qui a une rejouabilité non négligeable en lien aux nombreuses tuiles non utilisées à chaque partie (surtout à 2), que les potentielles extensions compléteront si elles sont traduites par le gang des canards chanceux.
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
À deux joueurs, la diminution du nombre de tuiles permet de garder un temps raisonnable de partie sans avoir vraiment le temps de s’ennuyer.
Par ailleurs, la diminution du nombre d’objectifs évite de trop s’éparpiller, même si certains objectifs sortis de façon aléatoires s’opposeront l’un l’autre créant un bilan neutre à 2 joueurs (par exemple celui qui a le plus d’usines gagne 10 de population et celui qui a le moins d’usines gagne 10 de population, ce qui casse un peu le côté course à l’objectif et modifie de façon raisonnable les stratégies des 2 joueurs).
Outre ce petit écueil, qui peut se corriger en s’accordant sur le fait de supprimer les objectifs opposés si le hasard de la mise en place les dispose, la partie à 2 joueurs est très agréable.
Les tuiles disponibles pour chacun sont beaucoup plus surveillées, 💭 l’adversaire a pris le restaurant gastronomique avec ses bonus non négligeables, mais qui fait perdre des points pour chaque restaurant construit après coup et ce quelque soit la ville, l’adversaire va donc s’empresser de faire 12 Mac do pour narguer le maire adverse, et construire un centre de gestion de l’obésité, ou un deuxième abattoir pour compenser son narguage intempestif.
De plus, lorsque notre action nous demandera de payer pour défausser une tuile, pour faire un lac par exemple, on sera plus enclin à dépenser quelques euros pour voler une tuile à l’adversaire.
À plus de joueurs, on est forcément plus sur de l’opportunisme, car les tuiles en place changeront du tout au tout avant que notre tour revienne, et la stratégie commencera à être réfléchie juste avant que notre tour commence, ce qui reste plaisant, mais moins programmable.
Reste à voir si vous êtes plus maire à programmer tout son mandat à l’avance pour le bien de vos concitoyens, ou au contraire à vivre le moment au jour le jour, tel un Épicure des temps modernes au mépris des doléances des citoyens.
Que votre ville soit belle et louez Ptah pour chaque brique posée pour voir votre peuple vous auréoler de gloire, et surtout vous réélire maire de Jackalcity.
Edit pour 48h à partir du 25/08/2024, sur le site d'un très grande site très connu vendant des jeux de société, connu pour être "Le spécialiste du jeu de société", dont le nom commence par P, vous trouverez une vente flash de Suburbia à -55%...
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