Cascadia : de la tuile et du saumon, voilà une belle entrée en matière
Un jeu de Randy Flynn, illustré par Beth Sobel et édité en France par Lucky Duck Games.
☝Instant Wikipedia :
La buse est considérée comme l’oiseau débile par excellence, d’être une buse à triple buse, on pourrait se poser la question de pourquoi ce rapace plutôt majestueux est l’équivalent de l’âne volant sans autre forme de procès.
À l’origine, l’expression qualifiant la buse de simplettes à plume remonte au 16e siècle : « d’une buse on ne saurait faire un épervier », pauvre bête dénigrée de tous…
D’aucuns disent que cette belle bête manque de sagacité, car lorsqu’elle est posée sur un poteau, en vol, ou à l’âge d’oisillon, la buse ne bouge absolument pas la tête, lui donnant un air figé et simplet.
Bon, vous l’aurez compris, ce sont des c*nneries (et le campagnol qui se fait bouffer peut en témoigner, de sa sagacité).
Au final, c’est juste que les fauconniers d’époque n’ont jamais réussi à dresser ces rapaces pour la chasse, ils ont donc conclu injustement qu’ils étaient débiles…
Reste à savoir qui, entre l’humain qui cherche à dresser des oiseaux pour en tuer d’autres, ou de l’oiseau qui refuse de se laisser dominer par l’humain est la triple buse, si je ne m’abuse…
Vous avez 4 heures…
Mise en place : 5 minutes
Règles : 5 minutes
Temps de partie : 20 minutes
Âge : 8 ans
Type de jeu : pose de tuiles, optimisation
🎶
Une buse, un saumon, un renard
Le bleu du ciel, un beau sourire du bout des lèvres
Un wapiti, une ourse, du soleil
Et ce soir je m’endors au pays des Merveilles…
Bon, maintenant que tout le monde (enfin tout le monde de plus de 30 ans (elle est quand même sortie en 2005 cette mer... Merveille, oui voilà, c’est le bon mot, j’ai failli cafouiller, ça doit être la dyslexie)) a la joie de chantonner Ilona Mitrecey (puis de tourner la tête pour être sur que personne n’ait pu entendre que vous la connaissiez par cœur), nous sommes fin prêts pour réorganiser la nature pour le bonheur des animaux exigeants, car oui les wapitis aiment être en cercle et chanter Kumbaya, les buses préfèrent chanter La Solitudine, et les saumons ne chantent pas, car ils ont la bouche sous l’eau, mais n’en restent pas moins intraitables.
Alors qui sera le meilleur ami des bêtes ?
Vous le saurez après une page de mise en place…
Mise en place :
On tire une carte de Décompte Faune au hasard parmi 4 (ou 5 si on a la mini extension) pour chaque animal définissant ses conditions de scoring de fin de partie.
Puis on fait des piles des tuiles Habitat (leur nombre dépend du nombre de joueurs), avant d’en placer 4 faces visibles, puis on placera au hasard 4 jetons Faune sous les tuiles, les jetons restants sont mis dans le sac.
On place les jetons Nature à côté de la zone de jeu, chacun prend son Habitat de départ et tout le monde est prêts pour imaginer un dessin sans étoile, De toutes les couleurs, un dessin sans contour, Quand ça m’plaît plus, j’efface tout et je recommence, Avec d’autres maisons et d’autres animaux... et oui Ilona va nous suivre pendant tout cet article, désolé, maintenant que je l’ai dans la tête il n’y a pas de raison que je sois le seul à souffrir.
La partie se déroule au tour par tour jusqu’à ce qu’on ne puisse plus remplir la ligne de tuiles Habitat.
À son tour de jeu, on commence par regarder les bestioles sous les tuiles Habitat, si les 4 sont identiques, on les remplace immédiatement, et s’il n’y a que 3 animaux identiques alors le joueur peut décider de les remplacer ou non.
Puis, le joueur choisit un couple tuile/animal associé qu’il embarque.
Il peut dépenser un jeton nature pour prendre une tuile avec un autre animal de la ligne sans qu’ils soient liés, ou pour remplacer des jetons animaux par de nouveaux pris au hasard dans le sac à bêtes.
La tuile sera placée adjacente à une tuile déjà en place et le jeton Faune sur une tuile où son symbole animal est indiqué.
S’il s’agit d’un habitat parfait, le joueur prend un jeton Nature en bonus, l’habitat parfait signifie qu’il n’y a qu’un seul animal possible sur la tuile en question.
🏁La partie prend fin quand on ne peut plus placer de tuiles dans le marché, alors le décompte commence.
📝Chaque joueur :
- prend un point par jeton nature en sa possession
- puis on décompte chaque animal en fonction de sa carte de décompte (emplacement des ours, animaux adjacents aux renards, isolement des buses, trajet des saumons ou forme des wapitis)
- on gagne un point par type de paysage composé du plus grand nombre de tuiles avec un bonus de 2 points par paysages plus grands que ceux des adversaires (pour une fois que la taille a un intérêt).
🏆Le vainqueur pourra aller chanter avec Ilona au pays des Merveilles (Ô joie), pendant que 💀 les perdants devront vraiment écouter les paroles de cette chanson incroyable et en faire une composition philosophique sur l’avenir du philharmonique français…
À 2 joueurs on réduit le nombre de tuiles à 43 (on en supprime donc 42) raccourcissant de ce fait les parties.
👀
Niveau matériel pas grand-chose à dire, les tuiles sont simplement réalisées, leurs illustrations rappelant les livres de géographie du collège, pas de fioriture, mais elles sont efficaces et c’est ce qui compte. Idem pour les jetons Nature ou Faune qui représentent très bien la bestiole incriminée sans vraiment laisser de place à l’imagination.
L’iconographie des cartes Décompte n’est pas toujours évidente au premier regard, mais les règles étant très bien faites, et les cartes très bien expliquées à l’intérieur, les questions restent rares et facilement résolvables, peut être qu’un peu plus de cartes Faune auraient augmenté la rejouabilité et la variété des parties, mais bon ça titille sec chez les J en ce moment.
Un jeu de pose de tuiles familiale, avec en plus un design sans originalité, on pourrait presque se demander ce qu’il fait avec son tampon « Jeu De L’année du Spiel 2022 » apposé sur ça boîte.
Et une fois quand on est dans le jeu, on constate qu’il a beau être simple, il est comme les filles qu’on appellerait faciles, libres : libre de vous tordre un neurone pour faire la bonne combinaison, libre de vous obliger à choisir entre le wapiti et son habitat parfait qui l’attend sur votre terrain, mais avec un pauvre désert qui attend un renard qui ne sert à rien dans votre config', ou de prendre la montagne/eau idéale pour l’avancer sur les paysages, mais dont l’ours ou le saumon vous seront parfaitement inutiles pour la stratégie initialement prévue; libre de vous piquer vos jetons Nature pour replacer un cheptel animalier adéquat, et surtout libre de rire de votre stratégie bien huilée pour en faire de l’humus pour bousier.
Au final, comme pour la fille soi-disant facile, il conviendra de se fier à autre chose que l’emballage et les on-dit pour voir sa profondeur, et comme dirait notre bon Hannibal L, l’important vient de l’intérieur, avec un délicieux chianti de préférence.
Tout ça pour dire que le jeu est très facile de compréhension, mais que si on s’y plonge comme il faut on peut développer beaucoup de stratégies et de réflexion pour faire le coup parfait sans pour autant entraîner un temps d’attente trop important.
Et parce que vous avez failli oublier 🎶 :
Ce matin j’imagine un dessin sans nuage
Avec quelques couleurs comme vient mon pinceau
Du bleu, du rouge je me sens sage comme une image
Avec quelques maisons et quelques animaux
Une buse....
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
Comme souvent dans ce type de jeu l’interaction est très indirect, on se contente d’observer le terrain adverse pour essayer de lui piquer la montagne parfaite avec son wapiti qui viendra paître sur ses flancs au moment opportun, permettant par la même occasion d’agrémenter notre Cordillère des Andes en devenir et de voir l’adversaire rouspéter en choisissant la buse qui volette sur la rivière, à la volette, à la volette 🎶…
Devant ce type d’interaction, les parties à 2 joueurs permettent un peu plus de programmation et d’être un peu plus taquin avec une Mme J Oursophile, mais dans l’ensemble le nombre de joueurs ne change pas franchement l’impression des parties de cet excellent jeu de pose de tuiles.
Le retour aux sources de la pose de tuiles sans aller chercher des mécaniques trop complexes, déjà récompensé l’année dernière avec Akropolis et son As D’Or (mais surtout son magnifique article sur ce blog https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2022/10/akropolis-retour-aux-bases-de-la-pose.html ) même si le style est tout autre, donne un vent frais aux parties.
Après tout, l’innovation par la simplicité, plutôt que d’essayer de rajouter le plus de mécaniques complexes pour tenter de faire dans l’original et appâter le joueur avide de surprise, fait du bien.
Un peu comme la tata bizarre qui arrive avec les cheveux violets et du rouge à lèvres vert peut nous faire sourire bizarrement, en lâchant un « ça te change, c’est plutôt original comme choix colorimétrique » en espérant qu’elle ne voit pas notre stupeur et l’appel discret vers l’hôpital psychiatrique le plus proche.
Et puis on décide de regarder derrière le maquillage, et on constate que si on enlève toutes les fioritures on arrive à du plaisir simple et l’envie d’y revenir est bien présent (là je parle du jeu, pas de la tata, l’inceste c’est Targaryen et globalement prohibé), ainsi que le démaquillant et la couleur L'Oreal spécial cheveux pour tata chelou.
Et bin là, on n'a pas de fioriture, on est bien dans sa bulle en regardant sans trop y faire attention l’adversaire faire de même (bon sauf pour les psychopathes de la programmation, mais pour cela Lacerda est là), et une fois le décompte terminé, ma victoire acclamée, et une pomme de pin de consolation pour une Mme J volontaire, on a envie d’y revenir (et de me foutre une pomme de pin de la tronche pour voir qui est volontaire)…
Un Spiel mérité, je ne saurais dire, car il n’y a pas vraiment d’innovation dans ce jeu, mais cela ne change rien au fait qu’on souhaite y revenir donc allez y les globes oculaires clos.
Et parce que sinon ça vous manquerait 🎶 : Un meeple, un token, une chèvre lalalala (oui quoiqu’il arrive il faut la chèvre, Randy la symbolise par un wapiti, mais en vrai elle a des pupilles carrées et…)
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