Akropolis : retour aux bases de la pose de tuiles


Un jeu de Jules Messaud, illustré par Pauline Détraz, et édité par Gigamic.


Instant Wikipedia : 

Une acropole, ou akropolis en grec, signifie "ville haute". Cela désigne une sorte de citadelle construite sur la partie la plus haute et défendue d’une cité grecque, elle servait entre autres à protéger les temples des dieux principaux de la ville. 

La plus connue reste l’acropole d’Athènes, construite au 5e siècle av. J.-C., c’est là que se sont affrontés Athéna et Poséidon pour le contrôle de la ville, Poséidon fit sortir de l’eau salée de son trident et Athéna un olivier, elle gagna d’où le nom d’Athènes (ce qui rendit le brave Poséidon ronchonchon, mais cela est une autre histoire). On y trouvait, pour célébrer la victoire de la déesse, la statue d’Athéna Polias, mais cette dernière a disparu depuis. Athènes abrite encore le Parthénon, le temple d’Athéna Niké et l’Érechthéion.


Installation : 10 minutes

Règles : 7 minutes

Temps de partie : 20 minutes


Vous ai-je raconté la fois où j’étais architecte en Grèce, et où j’essayais de faire la plus belle ville de l’Adriatique ?  

Encore une histoire en Grèce ? Encore une histoire d’architecture ?  

Franchement pas sûr de vouloir l’entendre, on va prendre des tuiles, les poser et marquer des points à la fin. Non, mais franchement so exciting l’histoire, si on veut dormir, on va regarder un reportage sur Arté sur la reproduction du paresseux d’Amazonie en portugais, au moins il y aura de la nature et de l’action… 

Attendez, ne partez pas, je vous promets que là c’est pareil, mais en différent !!!

Vous verrez l’Akropolis que j’ai bâti à fait rêver tout l’Olympe, j’ai même failli avoir un gosse de Zeus tellement il était séduit par mon Œuvre…


Mise en place : 

Vous prenez l’ensemble des tuiles avec le nombre de joueurs indiqué à l’arrière et vous en faites 11 piles égales de 3, 4 ou 5 tuiles en fonction du nombre de joueurs. 

Les tuiles restantes remplissent le premier marché du jeu.

Les joueurs prennent chacun leur tuile de départ, composée d’une place bleue et de 3 carrières, ainsi qu’un nombre de pierres dépendant de l’ordre du tour.

Le reste des pierres est placé à côté du marché. 

Maintenant sortez vos truelles, ça va sentir le ciment dans la ludothèque.


Image tirée de la règle, elle parle d'elle même

Installation à 4 joueurs
La partie tout juste débutée, c'est au 4e joueur de jouer

Les rappels de scoring sur le recto
Les variantes sur le verso

Le premier joueur prend une tuile dans le marché, simple

La première est gratuite, basique

Les autres coûtent une pierre par tuile la précédent, simple; 

Et il la pose adjacent à la tuile de départ, basique; 

Euh... Orelsan, il veut pas aller faire une fête de famille ailleurs là ? C’est relou un peu....


Il existe 3 types de secteurs sur les tuiles : 

- les carrières donnent des pierres, 

- les places donnent des étoiles multiplicatrices 

- les quartiers permettent de scorer en fonction du nombre d'étoiles sur les places de la même couleur.


Les conditions de poses d'une tuile : 

- soit au niveau de base, il faudra être adjacente à une tuile déjà placée, 

- soit en hauteur en recouvrant au moins une partie de 2 tuiles différentes, pour ceux qui n’ont pas lu l’instant Wikipédia, je vous invite à y retourner pour vous rappeler que le but de l’acropole, c’est d’être en hauteur… 

Si la tuile est posée sur 1, 2 ou 3 carrières, le joueur récupère immédiatement 1, 2 ou 3 pierres. 


Une fois que le premier joueur a pris une tuile on continu dans l’ordre du tour jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une tuile dans le marché.

Elle passe alors en première position, on prend une des piles qu’on étale, le joueur suivant devient Premier Joueur et on continu à monter l’acropole.

Et voila que Zeus, fou de joie devant votre construction, se livre à une danse rituelle, et ... mais oui... il se refrotte à un rocher... Homer va encore nous faire une odyssée de 1753 pages en latin sur la reproduction du roi des dieux nympho avec un bout de grès contre son gré, avec la naissance de gravillons et dd'un demi-dieu qui va marqué les générations futures de prof de français… Youpi… On attendra la sortie du film sur Netflix…


La partie se termine quand il ne reste plus qu’une tuile dans le marché. 

Le score se calcule en multipliant le nombre d’étoiles des places d’une couleur, avec les points apportés par le quartier de la même couleur. 

Pas de place bleue et vous multipliez les quartiers bleus par 0, ce qui perd un peu son charme… 

Les places n’ont pas besoin d’être adjacentes au quartier scoré.


Carnet de score


— Les bleues, habitations, rapportent un point par tuiles bleues adjacentes dans leur plus grande zone. 


— Les jaunes, les marchés, rapportent un point par marché adjacent à aucun autre marché de votre ville. 


— Les rouges, les casernes militaires, rapportent des points s’ils sont en périphérie de la ville, c’est-à-dire avec des arêtes adjacentes à rien. 


— Les violettes, les temples, rapportent des points s’ils sont entourés de toutes parts. 


— Les vertes, les jardins, rapportent des points et puis c’est tout, même en Grèce on savait qu’il faut entretenir la nature… 


Tout quartier au niveau 2 vaudra 2 points au lieu d’1, au niveau 3, 3 points, etc. 


Ex : Vous avez 5 marchés jaunes isolés, dont 2 au niveau 2, et 2 places jaunes à 2 étoiles, les jaunes rapportent 7*4 = 28 points de victoires, etc. 


À cela on rajoute un point par pierre restante.


La fin de partie de Mme J sur une partie à 4 joueurs

Le vainqueur aura réussi à monter une ville digne de l’Achrocorinthe qui traversera les siècles, et son nom restera gravé dans le marbre.

Les perdants seront sacrifiés à Hestia, déesse du foyer, pour se faire pardonner de cette horreur architecturale qui est posée sur la table de jeu… 


Il existe une variante plus experte où le décompte est légèrement modifié pour chaque couleur de quartier, pour ceux qui veulent corser un peu l’architecture. 


À 2 joueurs : 

- soit on reste à 11 piles de 3 tuiles, 

- soit on allonge la partie en ajoutant toutes les tuiles en passant à 19 piles de 3 tuiles. 


Une fin de partie à 2 joueurs

Mme J victorieuse avec les variantes


Niveau matériel, pas grand-chose à redire les tuiles sont épaisses, agréables à manipuler.

Bon, après la partie on a un peu l’impression qu’un groupe de chanteurs grunges ayant oublié leur shampoing antipelliculaire s’est secoué la couenne au-dessus du tapis de jeu, mais à part ça, franchement le matériel est de top qualité. 


Le choix des couleurs n’est pas franchement adapté à la thématique antique, mais la lisibilité du terrain lors du décompte est particulièrement claire grâce à ces choix. 


Dernier petit point, la règle du jeu notifie de télécharger l’application Gigamic pour aider au décompte, le jeu est autant présent dans l’application qu’une promesse de réforme efficace du système de santé dans un projet électoral, cela ne sert à rien de la télécharger pour l'instant… 

Par contre, vous trouverez l'aide au scoring sur :

https://www.gigamic-adds.com/game/akropolis/Calcul%20des%20points


Que dire de ce jeu? 


On est dans l’ultra basique, les mécaniques sont vues et revues, le choix des tuiles rappelle les excellents Micropolis ou Majesty, la pose des tuiles va rappeler le non moins bon Cuzco, ou Java pour les plus anciens.

A cela s’ajoute un thème proche du cliché, et pourtant l’épuration des mécaniques leur donne une superbe conjonction. 

Le jeu peut sembler froid de prime abord, mais quand on rentre dedans, les choix seront suffisamment difficiles pour demander de s’y arrêter. 

Devrais-je dépenser mes pierres pour prendre la place jardin, rare et lucrative, mais sans pierre, je me retrouve à la merci du hasard de la pioche ? Monter d’un étage me donnera des points et des pierres, mais pour se faire, je sacrifie un temple...

Plein de petits choix, qui mis bout à bout, entraînent une vraie réflexion sur chaque prise de tuile. 

L’interaction reste présente puisqu’on surveillera le jeu adverse pour éviter qu’il se retrouve avec toutes les places rouges, et lui couper l’olivier sous le pied dans son choix d’agrandissement. 


Au final, un jeu qui brille par son épuration dans tous les domaines, et malgré un classicisme de prime abord, les parties sont agréables et rapides, quelque soit le niveau des joueurs, et donnent envie d’y revenir pour essayer une autre stratégie. 


👉 Alors, à 2 c’est mieux ? 


Les 2 options, soit à 11 piles de 3 tuiles, soit à 19 piles, donnent la possibilité de varier le temps de partie, et de choisir si on a envie d’un petit coup ludique rapide en 20 minutes sur un coin de la table, ou si au contraire, on part pour une partie plus longue (on ne passe pas non plus à unTwilight imperium), qui vous fera réfléchir et nécessitera un peu plus de place sur la table. 


On peut lui reprocher sa froideur, son classicisme ou son manque de profondeur, mais on est dans ce cas plus sur une erreur de casting.

Il faut prendre ce jeu pour ce qu’il est, un retour aux sources de la pose de tuiles, à sortir vite et avec tout le monde sans prise de tête avec un joli matériel et une accessibilité ludique à toute épreuve. 


Dans l’ensemble, ce jeu reprend les classiques de la pose de tuiles, son épuration le rend accessible à tous, et ce quelque soit le nombre de joueurs.

Au final, voici un super jeu familial, que toutes ludothèques devraient avoir. 


La Grèce n’a pas fini de nous apporter du plaisir, des jeux et de l’ouzo!!

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