Tortuga 2199 : quand le capitaine Barbosa se prend pour Albator.
Un jeu de Denis Plastinin et Michael Loyko, illustré par Andrew Mironov et édité en France par Origames.
☝Instant Wikipedia :
L’île de la Tortue fait 180 km2 et compte 26 000 habitants en 2003.
Découverte en 1492 par les Espagnols grâce au brave Christophe Colomb.
Après quelques bastons entraînant un changement de nationalité des tortues du coin, qui alternent entre espagnole, française et anglaise, en 1630, l’île est divisée entre anglais et français et le retour des Espagnols en 1635 lance aussi le début des pirates français et anglais. Une petite compagnie néerlandaise vient aussi se pointer dans la bataille (et avec les Espagnols, ils sont 4 et c’est bon pour une belote).
En 1640 les pirates, s’appelant boucaniers, deviennent les Frères De La Côte.
L’île continue à alterner de nationalité, et la population pirates augmente joyeusement jusqu’en 1670 où le déclin des boucaniers a fait de la plupart des pirates des commerçants en bois.
Henri Morgan (oui, comme le rhum du même nom), corsaire gallois, embaucha les pirates de métier et fiers de leur profession sous ses ordres qui ont rapidement été embauchés par la France pour foutre la merde dans les Caraïbes (en créant des grèves, probablement).
Tortuga devient un repère neutre permettant de stocker les butins sans appartenir à un pirate particulier. En 1684, le traité de Ratisbonne met fin aux pirates des Caraïbes, qui se font embaucher par les services de sa majesté, de toutes les majestés du cru, d’ailleurs.
Désolé, Jack Sparrow est passé de pirate à flic des mers, à quand un Alerte a Malibu aux Caraïbes?...
Installation : 15 minutes
Règles : 25 minutes
Temps de partie : 1 heure
Fier capitaine corsaire de l’espace digne d’Albator du 22e siècle, fini les canons, les frégates et le rhum, ah non, on garde le rhum, et surtout la chasse aux doublons dans les mers du sud de la Jamaïque, c’est so 21e siècle ses bagatelles, vous embarquez à bord de votre vaisseau spatial pirate, vous hissez le pavillon noir qui ne vole pas au vent (au cas où vous l’auriez oublié, il n’y a pas de vent dans l’espace sauf dans les films, et là on est dans la vraie vie… hum...), et vous partez à l’assaut de la planète Tortuga et de ses environs.
Qui sera le capitaine corsaire le plus influent de la Tortue de l’espace ?
Pas celle qui transporte 4 éléphants sur lequel repose le disque monde, ce qui aurait été plus intéressant, ni Tortue Géniale. En fait y a plein de tortues cool, vous n’êtes pas d’accord Raphaël, Michelangelo, Donatello et Leonardo ? Comment ça, je digresse ? C’est qui, le capitaine ici ? Corvée d’épluchage d’oignons marins d’espace doux… C’est moins parlant comme insulte tout de suite, peut-être que pour les ASTROpilote, c’est pilote de long courrier, l’insulte appropriée…
Mise en place :
On met en place le plateau de jeu avec Tortuga en son centre, et les tuiles crypto et tourelles adjacentes dépendent du nombre de joueurs.
Pour finir, on place à chaque extrémité avec les tuiles Vortex (V), Forteresse (F), Mine (M), et Recherche (R).
Les bonus de points et de tuiles sont placés dessus, puis vous placez sur chaque tuile un minerai et un monstre à chasser.
On place les cartes T dans l’ordre au-dessus du plateau face visible, puis chaque deck V, F, R et M mélangés à côté de l’hexagone du même nom avec 2 cartes faces visibles.
Les cartes monstres et les jetons d’influence sont placés sous le plateau.
Chaque joueur prend son vaisseau et le place sur Tortuga, puis la carte du vaisseau et 9 cartes de départ. De Han Solo à Ulysse qui sera le meilleur pirate de l’espace, et dominera Tortuga de son pavillon ?
🚀
Chacun pioche des cartes dépendant du nombre de joueurs de son deck personnel lors du premier tour, puis 5 cartes par tour pour les tours suivant.
Il s’agit d’un deck building assez classique, on pioche 5 cartes, on fait autant d’actions qu’on peut en payer en défaussant les cartes nécessaires, et une fois sa main vide, on en repioche 5, avant de passer son tour.
Il existe 2 ressources fictives, les cryptos, monnaie du jeu, et les manœuvres, définissant les actions du jeu avec son vaisseau.
Les cryptos servent :
– à réserver une carte : on paye 2 cryptos pour placer une carte de sa main de côté pour la reprendre au début d’un tour prochain. On ne peut avoir qu’une seule carte réservée.
– à acheter de nouvelles cartes, dans les zones centrales les cartes avec un T plutôt standard et en plusieurs exemplaires, et sur chaque extrémité de la galaxie une des 2 cartes spécifiques au lieu d’achat.
– à améliorer le contrôle d’une zone que l’on maîtrise déjà, en payant le nombre de cryptos pour déplacer son cube de contrôle sur l’une des cases suivantes (si vous allez sur le 9, vous dépensez 9 cryptos, simple non?)
Les manœuvres servent :
– à déplacer votre vaisseau d’une tuile.
– à récupérer un minerai sur la tuile de votre vaisseau. Vous pouvez dépenser un minerai pour remplacer à tout moment un crypto, le minerai va sur la tuile mine une fois dépensé.
– chasser un monstre en regardant la tuile monstre sur l’hexagone de votre vaisseau. Une fois étudié, posez-y un cube de votre couleur (il peut y avoir plusieurs cubes de couleurs différentes par monstre)
– capturer le monstre, parce que bon l’observer c’est bien, mais la liberté c’est surfait, la capture ne peut se faire que si le monstre a été chassé en amont. En dépensant le nombre de manœuvres indiqué sur la carte du monstre, vous récupérez un point d’influence et la carte monstre va dans votre défausse, c’est votre talent de dresseur.
– Libérer le monstre (oui, mon côté mignon a défini que le monstre était libéré et non mangé, et puis manger un mutant, ça ne fait rêver que les syndromes de Pika), quand le monstre chassé revient dans votre main, soit vous l’utilisez pour ses capacités, soit vous le relâchez et récupérez les points d’influence en haut à droite de la carte, brave chtonien va.
– pour 2 manœuvres, on peut détruire une carte de son deck
– conquérir un secteur : chaque tuile hexagone contient une valeur sur chaque arête, on peut dépenser le nombre de manœuvres de la valeur la plus faible non conquise précédemment, ce qui permet de prendre le contrôle de la tuile. Le joueur récupère les points d’influence de la tuile et aura accès au bonus de la tuile contrôlée. Un autre joueur pourra prendre le contrôle en dépensant les manœuvres correspondant à la valeur supérieure sur la tuile, d’où l’intérêt de dépenser des cryptos pour améliorer le contrôle de la tuile.
– Attaquer un vaisseau adverse : si un adversaire se retrouve malencontreusement sur votre tuile, vous pouvez décider d’essayer d’enfoncer le gouvernail dans la gorge de ce dernier et piller la soute en toute amitié, bien évidemment. L’attaquant pose un nombre de cartes face cachée, idem pour le défenseur, chacun additionne les manœuvres des cartes, leurs éventuels bonus et ceux des tuiles contrôlées par les joueurs. Le vainqueur détruit une carte au hasard utilisée par le looser et lui vole un point d’influence. Si l’attaquant gagne, il en récupère un autre dans la réserve, puis le défenseur refait sa main, et l’attaquant fait une danse de la joie en regardant le vaisseau adverse quitter le plateau pour réapparaître sur Tortuga au prochain tour.
🏁 La partie se termine immédiatement quand :
- un joueur atteint 15 points d’influence,
- ou à la fin du tour si un joueur a pris le contrôle de Tortuga, alors celui qui a le plus d’influence sera le vainqueur.
Le vainqueur verra son histoire de piraterie relatée dans un film de pirate interstellaire des caraïbes intersidéral en 73 épisodes, où son rôle sera joué par Bruce Willis qui sera plus aphasique dans une superproduction hollywoodienne, avec une BO de Lady Gragra.
Le perdant tout pareil, mais version production allemande avec le rôle principal alloué à Horst Tappert avec une BO de Nina Hagen.
À 2 joueurs, on réduit le plateau de jeu à 2 terminaux commerciaux et 2 tourelles, en plus de Tortuga et des 4 tuiles d’extrémité.
Au premier tour le premier joueur pioche 4 cartes et 5 pour le second.
Même si les cartes sont un peu fines, l’iconographie est claire, les tuiles épaisses, les vaisseaux de belle taille, l’ensemble du matériel est de bonne qualité.
Les graphismes sans être originaux sont sympathiques même si au fond on sent plus l’inspiration Space Opera que la piraterie, et j’avoue ne pas être entré dedans, mais je comprends que cela puisse plaire, un mix des 2 styles auraient été pour moi plus intéressant.
On retrouve quelques allusions plaisantes à la culture populaire (Lovecraft, Alien…), qui donnent un côté sympathique au jeu. Il s’agit ici de la version boutique et il faut avouer que la boîte paraît bien grande avec toutes ses cases de l’insert vide, au moins cela retransmet bien l’idée de vide sidéral…
Les règles sont étonnamment écrites et m'ont laissé dubitatif de prime abord, et comme avec un film de Tim Burton, à la fin, on s’aperçoit que c’était clair même si pendant tout le visionnage, on ne sait pas trop si on a mis la version française ou Gdansk du film…
On retrouve les mécanismes assez classiques du deck building avec la pioche de carte, l’achat de nouvelles, plusieurs ressources disponibles, des actions simples et claires.
Dans l’ensemble, c’est propre et sans vraiment d’originalité, puis on se pose sur le mix avec les jeux de plateau, que le merveilleux Clank! a mis au goût du jour, dont les différents twists donnent le sel du jeu. Malgré tout, il y a beaucoup d’actions possibles, et le fait de ne pouvoir acheter la carte souhaitée que si on est sur le bon lieu oblige à voir sa stratégie revue à chaque tour.
Vais-je me déplacer sur le Vortex pour acheter la super carte, mais en même temps pour faire ça, je n’aurais plus de manœuvre pour attaquer le monstre de la case, ou au contraire dépenser mes cryptos pour améliorer mon emprise sur la mine et récupérer des minerais à chaque tour ?
Attaquer le pirate adverse et tenter de le voler et détruire une de ses cartes à mes risques et périls, ou faire une pression silencieuse et tourner autour de l’adversaire comme Johnny Depp autour d’une bouteille de rhum… En récoltant monstres et carte sous le train d’atterrissage adverse…
Les stratégies sont multiples et les affrontements directs, quand attaquer au bon escient, quelle carte acheter pour alterner entre augmenter ses cryptos et augmenter la puissance des cartes, mais noyer ses manœuvres dans le deck et risquer d’être sans défense contre une Mame J belligérante et en manque de sommeil (dieu vous préserve d’être présent dans ses moments là…), où au contraire essayer de privilégier les manœuvres, mais manquer d’argent pour récupérer des cartes puissantes et ne pas pouvoir conserver sa domination sur les hexagones, tout est une question de dosage, comme l’origan dans les pâtes d’après beuverie de 5 heures du matin…
Au final, un deck building alliant plusieurs mécaniques assez classiques, mais qui se marient plutôt bien, à l’interaction forte et au matériel bien travaillé.
👉 Alors, à 2 c’est mieux ?
À 2 joueurs, le fait de réduire le terrain de jeu à un système plutôt qu’une galaxie augmente l’interaction et permet des affrontements plus fréquents, et de plus en plus féroce à coup de canons-lasers et de drones explosifs, pour récupérer l’influence du capitaine adverse.
L’adaptation est plutôt bien faite et permet de garder l’intérêt du jeu.
Après, soyons francs, nous sommes passés complètement à côté de ce jeu.
L’interaction dans l’affrontement a fait un vrai flop, et on passe plus de temps à s’éviter qu’à s’attaquer.
Oui, on est plus la famille pirate de cartoon networks que Long John Sylver, et puis Bigorneau, il a la classe quand même.
Du coup, la partie semble vite longue et inintéressante.
On ne retrouve pas le côté pirate dans le jeu qui tente un univers mixte entre Star Realms et les divers jeux de pirates, et au final qui tombe entre les 2. On n’a pas non plus l’impression de se faire un remake de Star Wars, on est plus sur la folle histoire de l’espace, très sympathique au demeurant, mais assez vite lourdingue car, ne nous mentons pas : c'est déjà un peu vu, revu, et rerevu...
Les mécaniques sont classiques et maîtrisées, mais l’ensemble n’a pas réussi à matcher et les parties finissent aussi ennuyeuses que Pirates Des Caraïbes 27 en Esperanto non sous-titré…
Un jeu qui marchera à plus grand nombre, ça c'est sur, surtout si vous êtes dans l’affrontement direct.
A 2 joueurs, si vous choisissez de vous esquiver alors la partie risque d’être longuette et même Marvin le robot dépressif (H2G2 pour les incultes) n’arrivera à vous remonter la partie…
Allez, pirates de l’air, hop là-haut !! Une bouteille de… Rhum neptunien et ça repart sur les courants galactiques piller une caravelle de l’espace !!!
Perso, je reste à terre pour refaire un Libertalia et un Star Realms qui m’apportent plus de piraterie et de deck building...
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