L'Empire de César : ils sont fous ses joueurs...


Un jeu de Matthieu Podevin, illustré par Alexandre Bonvalot et Joëlle Drans, édité par Holy Grail Games et Synapses Games


Instant Wikipedia : les voies romaines reliaient les différentes villes, d’abord les villes d’Italie puis celles de l’Empire Romain, avec les centres économiques et politiques de la région, celles-ci étant reliées à Rome en finalité. Elles permirent en premier lieu son expansion économique, mais qui dit grandes routes sans péages dit facilité d’emprunt. Du coup, elles facilitèrent aussi les grandes invasions de l’Empire. Suite à l’attaque des Gaulois de Brenus sur Rome en -390, les Romains s’aperçurent que leurs défenses étaient foireuses, car on s’embourbait un peu dans le marécage romain. 

En -312, Appius Claudius Caecus traça la première voie romaine, la via Appia (les noms étaient liés au consul les faisant construire), pour relier Rome à Capoue. Les routes étaient faites de sables, terre et granulats, très rarement pavées, car inconfortables en charrettes et à cheval, et avec des bordures. 

À son apogée, il y aura 150 000 kilomètres de voies Romaines, certaines étant encore visibles et praticables à pied aujourd’hui. 

Quand on voit que de nos jours, il va s'écouler 12 ans pour réparer un nid de poule, qui réapparaîtra 6 mois plus tard… Vive l’évolution technique… 


Installation : 10 minutes

Règles : 15 minutes

Temps de partie : 25 minutes



Toutes les routes mènent à Rome, c’est mignon comme aphorisme, mais si vous voulez qu’il marque les différentes époques, il va falloir un service de DDE un peu plus efficace que ce que l'humanité aura quelque 2000 ans plus tard. 

En temps que consul de Jules César, vous voilà en charge de la direction des travaux, vous embarquez vos décurions, centurions, et autres turions, pour leur faire paver les voies romaines pour relier les différentes villes de l’Empire. 

Et quitte à visiter de grandes villes, autant rapporter les spécialités du coin à la maison pour briller aux yeux du sénat (de là à dire que ramener une andouille de Bretagne ferait briller le Romain moyen, le doute m’habite)

Qui sera le meilleur chef de travaux de la Rome Antique ? 

Allez-vous réussir à dompter le village d’irréductibles Gaulois au fin fond de la Bretagne ou les laisserez-vous vous noyer dans leur cidre et pâte à crêpes magiques pendant que vous irez tirer les vers du si joli nez de Cléopâtre ? 

Seuls Toutatis et Bélénos le savent…


Mise en place : placer l’immense plateau joliment décoré, à l’image de la BD de notre enfance, représentant la carte de l’Empire Romain, sur la face correspondant au nombre de joueurs.

Placer sur chaque ville le token correspondant, associé à une richesse mise au hasard. 

Les joueurs prennent leur plateau de consul et l’ensemble de ses « routes », symbolisées par 2 soldats et un décurion.

Et c’est parti pour déposer des panneaux "routes barrés à 200 mètres sauf riverains" aux quatre coins de l’Europe et du Maghreb.


Les différents consuls
Les seules modifications sur les plateaux joueurs sont les dessins

Le plateau central, côté 4/5 joueurs

Les jetons villes
Avec un espace pour accueillir les richesses


Pour info nous reprenons le terme sesterce, qui était la monnaie de l’époque et qui était utilisé dans la BD d’où provient le jeu, mais ce dernier emploie le terme pièce d’or, ce qui est dommage, nom d’un sesterce. 


Les joueurs vont jouer au tour par tour jusqu’à que toutes les cités d’Europe soient reliées à Rome. 


Le joueur actif prend de 1 à 2 « routes soldat » et les pose sur la carte pour arriver à une nouvelle ville. La seule condition est que la ville d’arrivée soit reliée à Rome pour la première fois par une route continue, quelle que soit la couleur des tronçons de route. 

Le joueur récupère le token ville et celui de richesse présente sur la tuile d’arrivée. 

Le token ville est mis à côté du plateau joueur, la richesse est placée sur le plateau de gauche à droite, toutes les richesses identiques en colonnes, et les différentes sont adjacentes. Les sesterces sont à placer sur leur ligne spécifique. 


Puis tous les joueurs marquent 1 point par route leur appartenant composant le chemin jusqu’à Rome (2 points si la richesse récupérée était un sesterce), même si ce n’est pas eux qui ont posé la dernière route.


La partie se termine une fois toutes les villes reliées à Rome. 


En plus des points gagnés pendant la partie, chaque joueur y ajoute :

- les points en fonction du nombre de richesses identiques et différentes collectées lors de la partie 

- les sesterces

- les points indiqués sur la ville de plus forte valeur de chacune des couleurs indiquée sur les tokens villes collectés pendant la partie

- un bonus de 10 points sera accordé au joueur ayant utilisé le moins de routes pour arriver à ses fins. 


Le vainqueur se verra devenir le bras droit de César et aura l’occasion de l’aider dans la rédaction de la guerre des Gaules, puis de lui planter un coup de poinçon dans le dos, associé à 23 autres sénateurs, dont son fils. 

Les perdants iront remplacer Mini J comme décurion du camp Petibonum à proximité d’un célèbre village gaulois…


À 2 joueurs, on retourne le plateau de jeu diminuant le nombre de cités, supprimant les villes rouges italiennes, et bleues claires grecques. 

On supprimera 2 jetons sesterces, et 1 jeton richesse de chaque type, pour en avoir le bon nombre à placer. 

Par ailleurs, à deux joueurs il existe 2 variantes cumulables : 

- on peut enlever les richesses au hasard créant abondance pour certaines et pénuries pour d’autres (le connard qui a fait ça avec les granulés de chauffage, je ne le remercie pas…), 

- si vous possédez tous les jetons de ville d’une couleur, au lieu de ne compter que le plus fort, vous additionnez toutes les valeurs.


Mr J en violet a préféré tester plus au nord
Mme J préfère la chaleur !

Le plateau joueur de Mme J
Avec un exemple de chaque richesse


Niveau matériel, pas grand-chose à redire, on retrouve l’univers des regrettés Uderzo et Goscinny, reprit par Jean Yves Ferri et Didier Conrad.

Les illustrateurs font de l’excellent travail, même si malheureusement, quand les droits ont été acquis, il leur a été interdit d’improviser tant sur les personnages que sur le dessin. Tout est très beau, de bonne qualité et on retrouve les classiques de notre enfance avec les yeux qui brillent, mais un peu de fantaisie dans cet univers très codifié aurait pu faire du bien, s’ils avaient pu, par Toutatis (OK César devait dire par Junon plutôt, mais c’est moins… Parlant par exemple…). 

On pourra aussi se demander le pourquoi du découpage des cités, avec un sphinx placé au milieu de la Turquie…


Niveau mécanisme, y a pas à tortiller on est sur de l’ultra familial.

On pose ses routes, on récupère une richesse pour faire des points en essayant et de ne pas emprunter de route adverse et de prendre la bonne richesse, on observe l’adversaire pour ne pas lui laisser le sesterce de la victoire, pour essayer de donner une notion de programmation au jeu...

Mais dans l’ensemble, tout est très simpliste, ce qui n’est pas déplaisant avec les enfants, mais risque de décevoir un peu les habitués du jeu.

Ce n’est pas aujourd’hui qu’Astérixsme trouvera un jeu digne d’un niveau expert… (la référence pour les fans...)


On sait que les auteurs et dessinateurs n’étaient pas libres de leurs choix, pour pouvoir exploiter la licence belge, mais on aurait aimé plus d'humour, et des héros romains et gaulois plus présents.


👉 Alors, à 2 c’est mieux


La restriction de la taille du plateau donne un peu plus d’interactions sur les routes, avec un tantinet plus de nécessité d’emprunter une route adverse pour récupérer la richesse voulue, ce dernier gagnant par la même occasion quelques points de victoire, la création des taxes d’autoroute probablement. 


L’ajout des variantes pour les richesses, et pour les villes donne un côté plus expert du jeu, en créant la pénurie de blé, on va essayer d’aller plus vite chercher un épi pour remplir la ligne de richesses et de paver tous les chemins d’un territoire, pour gagner plus de points en fin de partie.

L’adversaire se sentira obliger de venir faire des incursions en pays conquis pour éviter la suprématie d’un joueur, allouant à l'adversaire quelques points pour la construction de la route. 


Au final, on a un peu l’impression d’être dans un "Mon Premier Aventurier Du Rail" version antique, où la simplicité de prise en main, et l’interaction simple et efficace permettent de jouer dès 6/7 ans si on aide au calcul des points. 

Les joueurs plus experts risquent en revanche de vite s’ennuyer et regretteront que le côté Astérix et Obélix ne soit pas plus présent. 


À deux joueurs, il manquera malgré tout un peu plus d’interaction et on attend impatiemment que Mini J ait l’âge de pousser Caius Bonus le long des routes d’Europe pour relancer des parties plus amusantes, par Toutatis. 


Prêts pour enfiler votre gilet jaune pour retaper toutes les routes du pourtour méditerranéen ? 

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