Marrakech : la place Jamaa El-Fna à la maison


Un jeu de Dominique Ehrhard, illustré par Marie Cardouat, et dont la dernière édition est faite par Gigamic.


Instant Wikipedia 

Marrakech est fondé en 1071 par le souverain berbère Sanhadjiens Almoravide Youssef Ben Tachfine (Sanha pour les intimes…) au cœur du Maroc actuel. 

Elle est centrale dans le commerce entre le Maghreb occidental et l’Afrique sub-saharienne, très vite de nombreuses mosquées et medersas y voient le jour, pour finalement devenir la capitale de l’émirat Almoravide sous la dynastie du même nom, ce dernier s’étendant des rives du fleuve Sénégal jusqu’à Alger pendant 350 ans. 

En 1269, sous l’administration des Hinatas (pas la femme de Naruto) pour le compte des sultans mérinides, Marrakech laisse sa place de capitale à sa rivale de toujours, Fès (capital des Mignons). 

Elle redevient capitale sous l’empire saadien en début du 16e siècle. 

Au 17e siècle, sous la dynastie alaouite, la capitale redevient Fès, puis Meknès. 

À l'heure actuelle, elle abrite les fabuleux jardins de Majorelles et 238 vendeurs de babouches pour 53 dirhams missi sy pas chire, allez 30 dirhams ? 

Cliché ? 

Oui, complètement…


Installation : 5 minutes 

Règles : 6 minutes 

Temps de partie : 20 minutes



Après une discussion animée avec le comité des clichés pourris, il a été expressément demandé de ne pas remplacer toutes les voyelles par des i pour mimer l’accent version accueil téléphonique SFR. 


Vous voilà transportés dans la Ville D’Ocre, dans une convention de vendeurs de tapis sur la place Jamaa El-Fna. Assam, l'organisateur de la vente, va déambuler dans les allées.

Vous devez essayer de poser tous vos tapis pour que des touristes (en mal de souvenirs typiques différents de l’éternelle tourista liée au jus d’orange du centre de la place, qui rendra le retour en avion… Intéressant et olfactif) soient bien tentés, et les achètent.

Qui arrivera à récupérer le plus de dirhams ? 

C’est à cette question que la partie devra répondre.


Mise en place : 

Placez Assam au centre tu plateau, le dé babouches à côté. 

Chaque joueur prend ses tapis et 30 dirhams et allez missieux t’y l’y veu mon bô tapis fit main ? 

"Service des clichés bonjour, premier et dernier avertissement sur les blagues glottophobes!"




Chaque joueur contrôle Assam, un peu schizo le brave berbère, le joueur actif décide s’il va tout droit, s’il tourne à gauche ou à droite, Assam ne fait pas demi-tour. 

Puis il lance le dé babouche, et déplace le marchand du nombre de babouches, ni plus ni moins, en direction du regard d’Assam. 

S’il arrive au bord du plateau, on continue le déplacement dans le sens de la flèche. 

Une fois sur la case d’arrivée, si la case est vide ou contient un tapis de sa couleur, rien ne se passe. 

Si elle contient un tapis adverse, il faudra verser au joueur un dirham par demi-tapis de la même couleur relié au tapis foulé par nos babouches, frais de pressing, puis le joueur pose un tapis de sa couleur sur une case adjacente à Assam, avec comme seule règle de ne pas sortir du plateau et de ne pas recouvrir entièrement un tapis déjà en place.


Si un joueur ne peut plus payer, il est immédiatement éliminé, pas d’alloc pour les pauvres à Marrakech, on élimine directe .

Puis c’est au joueur suivant de jouer. 


La variante permet de tourner Assam non pas avant, mais après son déplacement.


La partie se termine quand tout le monde a posé tous ses tapis.

Les joueurs gagnent 1 point par dirham et par case de tapis non recouverte sur le plateau. 

Le vainqueur sera le plus riche et pourra s’acheter l’intégral de 113 en vinyle collector.

Les perdants devront écouter en boucle Tonton du bled en musique d’attente en travaillant comme téléconseillers SFR…



À 2 joueurs, chaque joueur mélange 24 tapis de 2 couleurs différentes et les jouera dans l’ordre d’arrivée. 

On ne paye que les tapis de même couleur lorsque l’on tombe sur un tapis adverse et non les tapis des 2 couleurs lors d’un même payements même s’ils sont adjacents.


La question qui peut se poser est pourquoi faire un article sur un jeu sorti en 2008, et dont la dernière édition à 12 ans ? 

Parce qu’au final si on enlève le côté cliché, ce jeu reste toujours très plaisant à jouer et accessible à tous.

Nous avons eu le plaisir de re-goûter à ce jeu au Festival Du Jeu En Poitou, à Neuville De Poitou, où Mr J. s'est magnifiquement illustré en animateur bénévole.


Niveau matériel, les dessins de Marie Cardouat (qu'on connait bien pour ses magnifiques illustrations de Dixit) n’ont pas pris une ride.

La boîte est superbe et donne envie de se faire un petit thè à la menthe et d’écouter une chanson d’Aladdin (oui, je sais il n’était pas berbère, mais on s’en fout, ça fait sultanat et puis c’est tout), les tapis ne sont peut-être pas berbères, mais restent très beaux, le patchwork final est du plus bel effet. Mme J estime qu'il existait d'autres couleurs bien plus jolies que le marron pour un tapis, mais ça c'est une critique Maison Du Monde...

Il est du coup dommage qu’Assam soit plus caricatural qu’autre chose, même si cette grosse pièce en bois est pratique, et j’avoue m’être demandé pourquoi il y avait des femmes enceintes allongées sur le dé, avant de comprendre que c’étaient des babouches, ce qui est tout de suite plus pertinent...


Niveau mécanisme, les premières parties, en tournant Assam avant de jouer, permettent de prendre le jeu en main et de saisir les tenants et aboutissants de ses actions. 

Une fois le jeu compris et la mécanique, somme toute très simple, assimilée, on passe aux choses sérieuses. 

On lance le dé et on assume son arrivée à grand coup de dirhams. 

L’élimination reste somme toute exceptionnelle. 

Puis on essayera de poser le tapis au mieux pour bloquer le terrain adverse et augmenter le notre avant de tourner le pauvre Assam, qui en plus d’être schizo doit avoir le tournis, et définir la destination d’Assam, ce qui permettra soit d’espérer faire tomber l’adversaire sur nos tapis, soit au contraire de l’en éloigner pour éviter qu’il saccage notre joli sol jaune.


Au final, un jeu qui a 14 ans, et pourtant qui sait toujours trouver son public.

Il est simple, accessible aux plus jeunes, et son matériel est ludique et agréable à manipuler, Mini J pourra rapidement marchander avec nous pour tenter de nous piquer dirhams et victoire.


👉 Alors, à 2 c’est mieux ?


Une fois le petit moment de doute sur comment mélanger efficacement les morceaux de tissus, on passe aux choses sérieuses. 

Pour le mélange, personnellement j’ai fait du un sur deux pour la première partie, ce qui augmente le côté programmation du jeu et diminue légèrement l’aléatoire.

D’autres mettrons les tapis dans un bol, et version boules de loto, les piocheront au hasard pour une vraie randomisation des actions.


La variante 2 joueurs est parfaitement adaptée au gameplay, et nous transforme en marchands de tapis avec plaisir. 

On oriente Assam pour essayer d’escroquer l’adversaire en lui extorquant quelques dirhams, tout en planifiant les plus beaux parterres avec nos 2 couleurs de tapis pour recouvrir ceux de l’adversaire, on essayera de ne pas se gêner avec nos tapis de 2 couleurs différentes, tout en coupant les deux parterres poilus adverses.


Au final, un jeu qui malgré les quelques clichés, permet une bonne entrée de gamme dans le jeu de société avec un matériel agréable, des règles courtes et des parties rapides.

On y joue avec plaisir avec les enfants, ou en couple avant de passer à des jeux plus retors, et pour une fois Mme J me voit m’intéresser un peu au rangement et à l’époussetage du tapis et ça, ça n’a pas de prix…


Allez, c'est parti, c'est l'instant envoutant, vole en tapis volant, vers la magie des nuits de Marrakeeeech...

Commentaires

  1. Un jeu super accessible. Bravo pour cet article très bien écrit et drôle (on a le même humour visiblement)

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