Carcassonne : ombres et brouillard : il ne fait pas bon traîner dans l'Aude...
Un jeu de Klaus-Jürgen Wrede, illustré par Marcel Gröber et édité par Hans Im Glück.
☝Instant Wikipedia :
St Martin Lys, petite commune au sud de Carcassonne, est peuplée par 24 habitants en 2023 (on est vraiment dans la toute toute petite commune).
Ce village semble quasiment abandonné à son approche, avec des maisons barricadées et des routes escarpées dignes des films d'horreurs les plus déments, et ce n'est pas pour rien, le village est hanté (ah oui là, tout de suite, ça donne plus envie d'en savoir plus).
Une nuit d'août 1573, les protestants (qui devaient en avoir marre de protester) ont massacré tous les habitants du village, puis sont allés dans le monastère attenant pour égorger les moines, jeter leurs corps dans la rivière Aude et raser leur habitation.
Depuis, toutes les nuits du 15 au 16 août, ainsi que celles du 1er au 2 novembre, feu les moines exsangues reviennent chanter des cœurs sur l'emplacement du monastère sous le glas d'une cloche fantomatique.
Ceux qui ont fait des "études" et qui pensent savoir estiment qu'il existe un phénomène d’orgues phonolithiques, qui produisent des sons qui peuvent ressembler à des chants, mais tout ceci ne reste que des suppositions.
Voilà peut être pourquoi la campagne carcassonaise est hantée (et je ne parle pas de sa forme).
Règles : 5 minutes
Temps de partie : 40 minutes
Âge : 8 ans
Type de jeu : pose de tuiles, placement d'ouvrier, coopératif.
Carcassonne, magnifique ville fortifiée du sud de la France, ville historique s'il en est, déjà une place importante chez les Romains sous le nom de...
Oui, bon OK, l'instant Wikipedia, c'est déjà fait, alors on ne va pas remettre le couvert...
Bon OK, jeu de pose de tuiles devenu un classique, où Mme J se plaît à me dominer en posant meeples sur meeples (fusion de my et people, le terme fait d'ailleurs son apparition lors d'une partie à Boston de Carcassonne, le jeu premier du nom. Comment ça OSEF? ... Mais...).
Bon donc, devant mon désespoir meepleesque et carcassonnien, voilà que les campagnes environnantes sont envahies par des fantômes.
Who you gonna call ?
Mme J nanana!
DONC nous voilà dans son 3008 à essayer de les empêcher d'hanter la région.
Oui, je sais un peu moins classe que l'Ecto-1, mais chacun fait avec son budget.
Mise en place :
On fait une pile de tuiles à côté de la piste de score, et on place la tuile de départ munie de ses 3 fantômes au centre de la table, les 12 fantômes restant sont placés à côté, prêts à surgir à tout moment. Chaque joueur prend ses 4 meeples et on en place un d'une couleur inutilisée sur le 0 de la piste de score, un marqueur est placé sur le score à attendre pour gagner, défini par les règles et dépendant de chaque partie.
Et vous voilà prêts pour lutter contre les affres des fantômes provenant de Carcassonne.
À son tour, on pioche une tuile et on la place.
Voilà vous savez à peu près tout sur Carcassonne.
Bon OK, c'est un peu plus subtile que ça.
La tuile doit être placée, après une concertation avec nos co-poseurs de tuiles, en respectant les contraintes de terrain, une ville avec une ville, un champ avec un champ, une route avec une route, et un brouillard avec, bah, avec ce qu'on veut...
Une fois la tuile placée, on peut placer un meeple :
> soit sur une route
> soit sur une ville, du moment qu'il n'y en a pas d'autre sur la dite route ou cité.
> s'il y a des fantômes, on doit impérativement les placer sur la tuile, avec une réduction de un fantôme si le brouillard prolonge un autre brouillard.
Si votre brouillard est entièrement clôturé par des tuiles brouillard, on retire tous les fantômes de ce brouillard. Ca fait beaucoup de fois brouillard, mais au moins vous comprendrez le fond du propos et vous ne resterez pas dans le brouillard. Aha.
Si une route se termine avec un meeple dessus, on peut :
- soit scorer un point par tuile composant la route, le score est multiplié par le nombre de meeples de couleurs différentes présents sur la route
- soit retirer 3 fantômes d'une tuile.
On ne peut pas placer un 2eme meeple sur une route en ayant déjà un, mais rien n'empêche de rejoindre 2 routes ayant déjà un meeple.
Quand on finit entièrement une ville, on score 2 points par tuile la composant, et un bonus de 2 points par blason sur les tuiles, et on multiplie les scores par le nombre de couleurs différentes des meeples présents dans la cité.
Comme pour les routes, on peut ne rien scorer pour enlever 3 fantômes d'une tuile.
💀La partie est immédiatement perdue :
> s'il n'y a plus de fantômes dans la réserve et qu'il faut en rajouter un sur le terrain
> ou si après la pose de la dernière tuile, le score requis par le scénario n'est pas atteint.
👻Alors vous serez hantés jusqu'à la fin de vos jours et finirez encore plus dépressifs que Vincent Grey clamant qu'il voit des morts.
🏆La victoire n'arrive que si on dépasse le score demandé par le scénario avant la fin des tuiles, permettant d'aller au scénario suivant qui augmentera la difficulté en ajoutant :
- des tuiles cimetières, obligeant à tuer des meeples,
- des châteaux scorant s'ils sont entourés de brouillard,
- puis en diminuant la réserve de fantômes tout en augmentant le score à atteindre,
- et si et seulement si vous arrivez à vaincre le niveau 6 de Carcassonne sans tricher, alors votre victoire sera célébrée dans tout l'Univers normal et paranormal. Rien que ça.
Il est possible d'utiliser cette boîte comme extension pour le Carcassonne classique, mais nous n'avons pas essayé cette expérience de jeu, nous n'en parlerons donc pas.
👥À 2 joueurs, chaque protagoniste aura en sa possession 6 meeples et lieu de 4, 3 d'une couleur et 3 d'une autre.
👀
Niveau matériel, pas grand chose à redire : les standards de Carcassonne sont respectés, les meeples changent légèrement d'aspect, mais dans l'ensemble cela reste très classique, tout comme la rédaction des règles qui va droit à l'essentiel sans laisser place au doute.
Les habitués de Carcassonne ne seront pas forcément dépaysés, la mécanique semble assez similaire, on place une tuile, un meeple dessus en temps que voleur ou chevalier, et puis voilà, on ferme des zones, on score, et on chante Kumbaya.
Au départ, on a un peu de mal à partager sa tuile et à discuter de la meilleure possibilité.
Puis le jeu nous met une volée digne de Spopovitch contre Videl (les connaisseurs comprendront bien la violence du truc), on croit maîtriser le jeu et on se fait rétamer bien comme il faut, et pas de Gohan pour nous sauver le kimono.
Les parties d'après, on reprend vite la notion de coopération, on pose la tuile en essayant de relier des meeples de couleurs différentes, on ferme une zone, on score ou on supprime des fantômes pour survivre un tour de plus. On hésite sacrifier un brouillard pour une belle action de scoring ou essayer au contraire de fermer le brouillard pour retirer tous les fantômes d'un coup sans sacrifier de points.
Et après avoir enfin survécus jusqu'aux 50 points, on s'aperçoit que c'était l'initiation, et que Boo est sur la ligne d'arrivée avec Babidi, nous faisant un magnifique Bibidi Babidi Boo (pour info Bibidi est le père de Babidi, et vous avez enfin le lien entre Cendrillon et Dragon Ball Z, avec la formule la marraine la bonne fée).
Quand, dans un Carcassonne classique, on essayait de bloquer l'adversaire avec ses meeples pour lui voler des points, ici on retourne cette même mécanique pour qu'elle devienne la clef d'une victoire commune.
On se retrouve ainsi avec un Carcassonne d'un genre nouveau faisant du neuf avec du vieux, un peu comme un chirurgien esthétique et Donatella Versace, mais cette fois c'est un véritable succès.
L'évolutivité des différentes parties permet de se renouveler à chaque partie, la difficulté est bien présente et les neurones chauffent pour venir à bout des différentes missions.
MAIS l'envie d'y revenir est là et Carcassonne aura ainsi prouvé qu'un classique peut se renouveler malgré des années d'existence.
👉Alors, à 2 c'est mieux?
Le fait d'avoir 2 couleurs de meeples chacun, et 2 meeples de plus permet de rendre la partie viable.
On fait des stratégies avec le ou la partenaire mais aussi entre soi et soi même pour gérer les affiliations de couleur dans les villes et sur les chemins qui sentent le slime.
Les discussions sont toutes aussi âpres, et laissez tomber l'esprit leader, ça ne marche pas, et si la communication faiblit, alors Bouffe-tout ne fera qu'une bouchée de vos meeples.
On réfléchira non seulement sur où poser la tuile mais aussi quelle couleur de meeple y mettre, qui sacrifier, quel brouillard fermer et quand abandonner la partie pour voir Casper et ses oncles dominer l'Aude aussi sûrement que la robe d'Arielle Dombasle aux JO a créé un nouveau design de tour à dés original, car des fois, il faut se résoudre à l'évidence, cette robe est un échec critique comme certaines parties sont foupoudav'.
Un jeu coopératif exigeant mais facile à prendre en main qu'on aimera sortir en duo autant qu'à 3 ou 4, du moment qu'on ne se ferme pas à la discussion, et qui renouvelle à merveille le jeu de base, une belle réussite pour les amateurs de coopératif et de pose de tuiles.
À vous de voir si vous arrivez à faire en sorte que la Dame Carcas sonne les cloche pour la fuite des fantômes du coin aussi fort pour la bérézina du siège des chevaliers de ce sacré Charlemagne... (blague à part la légende de la Dame Carcas aurait bien donné le nom à la ville).
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