Stigméria : La StigmaReine a un bien beau pistil.
Un jeu de Gabriel Souleyre, illustré par David Cochard et édité par Garajeux.
☝Instant Wikipedia :
Le pissenlit, appelé aussi "dent-de-lion", voire dans les coins les plus reculés de France "baraban" du côté stéphanois ou "cramaillot" chez les Francs-Comtois correspond en réalité à plusieurs fleurs du genre taraxacum (on dirait un méchant dans Lanfeust, ou que l'Haruspice a bafouillé).
Elle se caractérise par une tige creuse dont le capitule est jaune et le fleuron ligulé (bon, tout de suite, c’est moins parlant que "pissenlit" comme terme), et elles formeront au coucher de leur fleuraison des akènes à aigrettes que les enfants aiment voir s’envoler en soufflant dessus (surtout dans le salon après le grand ménage) en faisant un vœu.
Il est utilisé dans la cuisine (bien que le lait de pissenlit puisse être mortel, et qu’il peut être contaminé par la douve du foie à l’image du cresson), en salade, confiture ou miel, les Anglais en font même du café (enfin ils ont essayé, mais la gastronomie anglaise…).
Son nom "pissenlit" vient de sa capacité diurétique et veut bel et bien dire ce qu’il veut dire puisque cela favorise les mictions, comme la bière me direz-vous.
Le terme "dent-de-lion" vient lui de l’anglais "dandelion" pour la forme de ses feuilles, ce qui pourrait être plus discutable, mais c’est le terme employer dans la plupart des autres pays d’Europe donc peut être que notre terme proclamant l’énurésie n’est pas le plus adapté, mais c’est français donc c’est mieux…
Mise en place : 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 30 minutes
Type de jeu : placement de tuiles, logique, un fifrelin de bag building.
Âge : 8 ans
🚀Une planète inconnue, des fleurs carnivores géantes qui ne demandent qu’à croquer votre éminence charnue de touristes intergalactiques improvisés, il n’en fallait pas plus pour que les J se lancent à l’assaut de la StigmaReine.
Bon, il a fallu réviser ses couleurs primaires pour que les autochtones ne se mélangent pas n’importe comment et ainsi pouvoir butiner tout ça, et nous voilà prêts pour ripailler des meilleurs pollens.
Bien qu’il y ait plusieurs modes de jeu, nous n’aborderons que le compétitif ici.
Mise en place :
Chaque joueur prend un plateau de fleur géante, un sac contenant 15 stigmériens de chaque couleur primaire, un des stigmériens sera tiré au hasard et mis dans la zone de réserve autour de sa fleur.
Les joueurs prennent aussi leur plateau d’actions spéciales et les jetons de validation.
On place au centre de la table la StigmaReine avec un stigmérien dessus, puis l’ensemble des stigmériens restant est placé à côté, trié par couleur.
Pour finir, on choisit une fiche représentant le schéma à représenter sur sa fleur pour la butiner au mieux (non, ce n’est pas un Kamasutra botanique), sa difficulté définit aussi les actions spéciales auxquelles on aura accès, si on les paye.
Prêts à vous remplir le jabot, petit stigmérien ?
Les voleurs de pollen jouent leurs tours l’un après l’autre.
À son tour, on commence obligatoirement par faire 2 actions dans l’ordre de son choix sur la StigmaReine (genre de Sauron local qui contrôle toutes les plantes).
> L’une des 2 doit forcément être de recruter en piochant un stigmérien de son sac pour le placer adjacent à un autre ou en A5 s’il n’y en a pas.
> L’autre action sera soit la même, soit de déplacer un stigmérien d’une case orthogonalement.
Si un token sort de la fleur, alors l’ensemble des fées colorées quittent la StigmaReine pour rejoindre sa zone de recrutement.
Si à son tour, un joueur arrive à aligner 3 stigmériens de même couleur sur la StigmaReine, alors il les retire et les distribue entre lui et son adversaire à sa convenance, puis prend une capacité spéciale de son plateau qui pourra dès lors être activée pour une action à toutes les manches.
Une fois la Reine honorée, il est temps de s’occuper de sa fleur personnelle (non, vraiment promis, rien de vaguement cochon là-dedans).
Le joueur fera un nombre d’actions dépendant du numéro du tour (1 au tour 1, 6 au tour 6, etc).
Les actions vont être :
– Piocher : pour prendre un token du sac et le placer dans la zone de recrutement de sa plante.
– Recruter : prendre un natif de sa zone de recrutement et le placer adjacent à un autre déjà en place sur sa fleur, ou à un pollen si pollen il y a, ou si la fleur est vierge, sur la ligne de départ.
Pour 2 actions, on peut recruter sur la StigmaReine.
– Déplacer : bouger un de ses stigmériens d’une case orthogonalement.
Si le bon stigmérien de la bonne couleur arrive sur la zone indiquée du schéma, il est immédiatement retourné et devient pollen qui ne pourra plus bouger, que ce soit au gré de vos envies ou du vent.
On peut aussi faire sortir volontairement un jeton de sa fleur, il retourne dans la réserve si tel est le cas.
– Action spéciale : ce sont toutes les actions que l’on débloquera grâce à la plante Reine permettant ainsi de se déplacer en diagonale, de mélanger 2 stigmériens primaires pour en faire 2 secondaires (un bleu et un rouge feront 2 stigmériens violets, et non blouges, par exemple), échanger des stigmériens avec l’adversaire à l’insu de son plein gré, créer des noirs, blancs ou marrons selon des critères bien définis…
Une fois l’ensemble des actions réalisées, le vent va souffler sur la planète faisant descendre tous les stigmériens non transformés en pollen d’une case (on peut aussi en début de partie placer des tokens pour changer la direction du vent, ou lancer le dé venteux).
💀Si un seul être extraterrestre sort de sa fleur par l’action du vent, il est bouffé par la plante (on rappelle qu’on est plus proche de Jumanji que des Télétubies sur cette planète à plantes voraces) et la partie est immédiatement perdue pour le joueur dispersé au gré du vent.
🏁À la fin de la 10e manche, la partie est perdue pour tout le monde si personne n’a réussi le schéma imposé par la carte de départ, bande de butineurs du dimanche.
🏆Sinon la partie est gagnée par le premier à reproduire exactement le schéma, il pourra alors festoyer de nectar jusqu’à plus soif pendant que 💀 les perdants se dissoudront lentement dans les sucs acides de la StigmaReine, 🔞 il fallait être plus efficace avec sa trompe…🔞
👥 S’agissant d’un jeu solo ou 2 joueurs avec une seule boite, et n’ayant pas abordé le solo, car ce n’est pas l’objet ici, il n’y a donc pas d’autre adaptation à 2 joueurs.
On pourra en revanche acheter une autres boîte, à combiner pour augmenter le nombre de joueurs (manque de plateaux joueurs, jetons etc sinon).
👀
➕
Le matériel du jeu est très qualitatif, les grands plateaux sont très agréables à regarder, peut être un tout petit peu grand pour une table normale, mais en même temps, on demande de croître pas de se ratatiner. Jetons et sacs sont agréables à manipuler, et l’ensemble des fiches missions sont aussi très belles.
On apprécie aussi que le jeu soit adapté aux daltoniens et autres déficients en distinction de couleurs, ce qui, pour un jeu dont le principe est de colorer le monde, est plutôt bien vu.
La petite histoire contextuelle imbriquée dans les règles est très sympathique pour rentrer dans l’univers et appelle une suite, Gabriel S. si tu nous lis…
➖
Le seul petit bémol vient des règles, qui de prime abord, manquent de fluidité et donne un peu l’impression de se lancer dans le game sans bien maîtriser les tenants et les aboutissants des actions.
La partie se déroule en 10 manches, chaque manche ayant une action de plus que la précédente.
Dans ces conditions, les premières manches peuvent sembler moins intéressantes : on pioche un natif du sac ou on le place sur sa fleur, on l’admire glisser sous le vent (sans grand voile au grand dam de Garou), pour finir on regarde l’adversaire faire de même.
💭Et puis au fur et à mesure des manches, de ce qui sort du sac, des actions débloquées grâce à la StigmaReine, on commence à pouvoir planifier ses tours, à anticiper les mouvements du vent et à calculer le nombre de tours qu’il reste pour que le rouge soit au bon endroit que le bleu devienne violet et que le noir arrive à point nommé, et éviter la défaite par éjection d’un stigmérien impromptu entraînant une mort lente et douloureuse dans un Sarlacc à pétales.
De plus, le fait de pouvoir se débarrasser des couleurs peu utiles dans le sac adverse grâce à la Queen des plantes donne un côté bag building vicieux en jouant sur les stat's de pioche fort intéressante (tiens Mme J, tu ne voulais pas de jaune ? bah en voilà 3 bisous et bonne journée).
Qui a dit que les plantes étaient mignonnes ?
La difficulté étant très modulable, on pourra décider de modifier le sens du vent à chaque manche, d’utiliser des schémas plus compliqués où il faudra créer du marron, du noir ou du blanc, mais toutes les couleurs créées ne seront pas utiles et risquent de faire perdre des actions pour leur éviter de s’envoler contre leur consentement.
Tout ça permet une belle rejouabilité et laisse présager un beau mix des couleurs.
L’interaction même limitée existe grâce à certains pouvoirs de la StigmaReine, et dans le coin, le stigmérien n’est pas forcément très aimable avec le butineur d’en face, et le vol ou l’empêchage de pomper en rond peut devenir une stratégie viable, pour peu que son congénère ait la trompe trop pendue.
Stigméria aura marqué l’année 2024 en remportant la prestigieuse Coupe Des Duellistes, octroyée par la communauté des joueurs en duo, pour le jeu à 2 qu’ils estiment le meilleure sorti en 2023.
Malgré des règles laborieuses de prime abord, il permet de jazzer les couleurs, de prendre de la hauteur, jazz les couleurs tout doucement en écoutant mon cœur, je jazz les couleurs, je touche le bonheur (allez, les vieux des années 90, vous reconnaissez le groupe, j’espère. Hein ?!), et surtout de prendre du plaisir sur des parties dont l’intérêt monte crescendo au long des manches.
Pour conclure, je dirais qu’au pays des végans, le stigmérien est roi, vous pouvez venir y brouter de bon cœur.
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