Come together : il ne manque qu'un sachet d'ecsta pour s'y croire...
Un jeu d’Asmund Svensson, Eilif Svensson et Vegard Eliassen Stillerud, illustré par Yan Moussu et édité par Chilifox Games, et en France par Matagot.
☝Instant Wikipedia :
Le mythique festival de Woodstock s’est déroulé aux États-Unis du 15 au 17 août 1969 (enfin c’était tellement bien qu’ils ont poussé jusqu’au 18 août) dans la ferme Max Yasgur (on peut imaginer sans peine la taille de ses récoltes après le passage des festivaliers ayant plus de drogues dans les urines que dans les narines de feu Amy W.), a accueilli environ 500 000 hippies de tout poil et 32 groupes de musique.
En star, joueront par exemple Joe Cooker, Jimmy Hendrix, Les Who ou même Santana (ça change de Jul, Arielle Dombasle et Aya Machinmura).
Le début est plutôt mouvementé puisque le présentateur est tétanisé par la foule, le groupe d’entrée est bloqué dans les bouchons faramineux et Tim Hardin trop défoncé pour jouer.
Finalement c’est Swami Satchidananda, un gourou et maître yogi indien qui fait le premier discours (finalement Dombasle était là) et Richie Haven se lance à la guitare sèche et finit en improvisant sur un air gospel, Sometimes I Feel Like a Motherless Child qui deviendra légend…wait for it… dary.
La zone est déclarée sinistrée par le gouverneur de New York, le ravitaillement en eau, nourriture, médicaments, l’arrivée des artistes et de médecins bénévoles se fera avec 22 hélicoptères de l’US Army, et les journaux déclarerons « ce fut sinon un cauchemar, du moins un immense bordel, grouillant, sordide. Si vous aimez les embouteillages sans fin, les torrents de pluie, les chiottes portables qui puent, la nourriture à peine mangeable et les foules vautrées, en perdition, alors vous vous seriez bien amusés à Woodstock » (les connaisseurs retrouveront aussi dans cette description les vestiaires d'un gymnase de handball ou la chambre de garde de l’hôpital).
C’est autre chose que les Vieilles Charrues (quoi que), sauf peut-être la pluie permanente qu’il y a eu pendant le festival qui n’est pourtant pas breton.
On y retrouve 2 naissances mythiques, 8 fausses couches, 5000 blessés et 2 morts (moins mythique, mais vu les conditions cela aurait pu être pire).
Jimmy Henrix conclura ce bal de campagne avec l’hymne américain qui enflammera une dernière fois les foules sous ecstasy…
Mise en place : 7 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 1 heure
Âge : 12 ans
Type de jeu : placement d’ouvriers
Le choix musical dans la voiture : un conflit ancestral entre les J.
Entre Mr J adepte de musique hors d’âge, et française qui plus est, plus proche du fossile sonore qu’autre chose (Brel, vous nous manquez), et Mme J qui écoute du bruit (guitares électriques, crissement de pneus, sirènes, et autres trucs que d’aucun appelle de l’électro je crois, sans que ce soit un méchant de Spider-Man), on va dire qu’on n’est pas sur la même longueur d’onde.
Et le pire dans tout ça, c’est que Mini J a l’air de suivre le mouvement de sa mère, quand il ne réclame pas "la Che Che Synchro" ou "Ne parlons pas de Bruno"…
Heureusement il existe un consensus avec le rock des années 60, avec un petit solo de guitare de Jimmy H, le swing de Sly & the Family Stone ou les chats sauvages… Non pas les matous ? Ça c’est que monsieur…
Bon OK alors on va recréer un festoche digne de ceux d’antan, où bières, fausses notes et tentes dans la gadoue seront de rigueur.
✌À vos métronomes et que la clef de sol ouvre vos esgourdes.
Mise en place :
Une fois le plateau au centre de la table avec le compte tour sur le début de sa piste, et les marqueurs score, on y place les 4 tuiles emplacement de la première manche, puis on place sur la première 4 cartes scènes, sur la deuxième 4 cartes tentes, sur la troisième 4 cartes star et sur la 4e 4 cartes festivalier.
Chaque joueur prend un plateau de sa couleur, sur lequel il place 5 ouvriers mélomanes +/- toxicos, 1 ira sur son Van frôler l’overdose sur le plateau central et 4 dans la réserve à côté de son plateau (ça doit être ceux coincés dans les faramineux embouteillages pré-festoche).
Chaque joueur prend sa scène de départ et sa tente ainsi qu’un jeton Flower Power, puis place ses marqueurs au début de chaque piste, télé, radio, journal et tente.
Les joueurs piochent 5 cartes programmation et en gardent 4, qu’ils placent face visible à côté de leur plateau.
Et maintenant peace, love, music and ludisme...
La partie se déroule en 3 manches.
Pendant chacune, les joueurs font des actions au tour par tour jusqu’à ce que le marqueur de décompte atteigne le bout de sa piste, signant la fin de manche.
Comme action on peut :
☮ Placer des ouvriers : pour cela, on prend de 1 à 3 ouvriers libres de son plateau pour les disposer en pile sur la zone souhaitée en face d’une carte sur le plateau central. On récupère l’éventuel bonus de sa zone de pose, et c’est tout.
🎁Les bonus peuvent être : un jeton Flower Power, un meeple d’une couleur spécifique à placer immédiatement sur une tente vide de son terrain vague sous peine de le voir faire demi-tour aussi sûrement que Pierre P. devant un centre de désintox, un ticket bonus pour une scène, un stand d’eau, ou l’avancée sur une de ses pistes radio, télé, journal ou campement.
L’avancée sur ces pistes octroie de nouveaux bonus, et en particulier la possibilité de récupérer une carte programmation grâce à la piste radio.
☮ Activer une zone en plaçant son gros totem (rien de grivois là-dedans, Mme J, range moi ce sourire narquois) sur sa piste. On gagne alors le bonus de la piste avant d’avancer le jeton de cette même piste d’une case, et chaque joueur récupère les cartes placées en face des ouvriers posés sur la zone.
Une fois les cartes récupérées, on les remplace toutes (même les délaissées), puis on avance sur l’une ou les pistes (radio, TV, journal ou campement) indiquées en fonction du nombre de case occupée au moment de l’activation, on peut dépenser un jeton Flower Power pour l’avancer d’une case de plus.
Les cartes, en fonction des zones, donnent :
— Des tentes permettant d’augmenter le « logement » des festivaliers, mais aussi d’augmenter sa piste campement noir.
— Des festivaliers de la couleur indiqués, 2 sur les 3 indiqués, du moment qu’ils ont des tentes pour les accueillir.
— Une nouvelle scène avec un bonus de meeple indiqué et parfois un demi-stand (eau, bières, pizza) qui donnera des points de victoires s’il est accolé à un autre demi-stand identique.
— Des musicos (oui, c’est un festival de musiques, pas de tentes, sinon on appelle ça un camping). Soit des stars, soit des avant-premières, chacun devant être placé dans une scène vide, prêt-à-gratter de la guitare folk ou du triangle.
Les ouvriers sont ensuite envoyés cuver dans leur Van.
☮ La dernière action possible est de récupérer tous les ouvriers de son Van, puis :
- soit d’en faire venir un de plus de sa réserve,
- soit d’en rajouter un dans sa réserve pour refaire un tour immédiatement,
- soit enfin de piocher 3 cartes dans un deck et d’en garder une pour la placer dans la programmation.
La manche se termine dès que le jeton de la piste d’activation atteint la dernière case.
Alors 📝
— On décompte l’activation comme d’habitude
— On place ses festivaliers sur les différentes scènes en fonction de leur musique de prédilection (oui, le gothique tatoué, percé et avec le maquillage de Kiss risque de faire tache en lançant un pogo lors d’un concert d’André Rieux…). On ne peut placer que 3 festivaliers par scène sauf si un ticket spécial y a été apposé permettant de satisfaire les SuperStars.
Puis les scènes complètes sont décomptées :
- 4 points par Superstar,
- 1 point par meeple de la couleur indiquée par la scène
- et les points de l’avancée sur la piste télé pour les stars et radio pour les avant-premières.
Les stars fatiguées de leur concert rentreront dans leur loge avec les culottes jetées par leurs fans inconditionnels, voire avec les fans elles-mêmes…
— Pour finir on gagne ou perd des points en fonction de notre avancée sur la piste journal avant de la réinitialiser et on supprime tentes et festivaliers en trop en fonction de notre avancée sur la piste campement.
On remet en place le jeu en plaçant les tuiles de la manche 2 et on renouvelle toutes les cartes de l’offre alors qu’un nouveau jour se lève sur la planète concert.
🏁 Le festival/orgie géant se termine à la fin de la troisième manche.
📝 S'en suit un dernier calcul de score classique, auquel on ajoute les points des éventuels stands apparaissant sur nos scènes (un demi par côté de scène qui, si accolé à un autre demi-stand identique, rapporte 3 à 7 points en fonction de si c’est de l’eau, de la bière ou des pizzas).
🏆Le vainqueur aura organisé un festival qui restera dans les annales aussi sûrement que Woodstock, les Franco ou les Vieilles Charrues.
💀Les perdant se voient sombrer dans la déchéance après leur tentative d’organiser un Hellfest au prochaines JMJ, et finiront avec une overdose d’eau bénite et d'hosties dans un confessionnal d’une église de la banlieue de Nanterre…
👥 À 2 joueurs s’ajoute un joueur fictif : Ami, et il ne nous veut pas du bien… Ils auraient dû l’appeler Dirk…
Quand un joueur place ses ouvriers sur une des zones centrales marquées par un cœur, après avoir réalisé son action, il tire une carte Ami indiquant dans quel lieu il se place, et une deuxième pour savoir sur quel emplacement du lieu Ami mettra son campeur.
S’il est déjà dans le lieu, ou si le lieu ne peut l’accueillir (et non l’emplacement), Ami active immédiatement le lieu comme n’importe quel autre joueur, il ne récupère pas de bonus, mais fait quand même avancer le compteur.
👀
Niveau matériel que dire, c’est psychédélique, amateurs de Mondrian, fans de gothique et autres allergiques au pouvoir du flashy risquent de saigner de la rétine.
Pour les autres, voire mieux pour les amoureux des sixties, pour ceux qui trouve que les Bee Gees sont un modèle niveau vestimentaire ou pour les décorateurs qui pensent que s’il y a moins de 6 couleurs à paillettes pour qu’une pièce soit bien décorée, alors ce jeu est fait pour vous.
Outre sa chatoyance, la qualité du matériel est irréprochable, on apprécie tout particulièrement les noms des groupes hommage à d’autres jeux célèbres (Johnny Mad Castle, Trudy Age...), on s’amuse en plus à chercher l’origine des noms avec délectation (bon j’avoue au départ j’ai cherché dans quel groupe Ailo Sky avait joué sous le regard moqueur d’une Mme J, incollable sur le rock d’avant notre naissance, et même d’après).
Les règles sont plutôt bien écrites et faciles à retenir, et seules certaines icono en particulier sur les journaux qui nécessitent d’y revenir, dans l’ensemble une fois les premiers tours de jeu réalisés, qu’il n’y a plus de problème.
Voici un jeu de pose d’ouvriers assez classique.
On essaye de prendre les bonus qui nous intéressent tout en essayant de bloquer l’adversaire pour éviter qu’il récupère le groupe Superstar qui va transformer son festoche de campagne en mythe intergénérationnel.
Et assez vite, on s’aperçoit que ce n’est pas tout, il va falloir jouer sur le timing de quand activer quoi, activer vite pour éviter que l’adversaire ne s’installe dans sa zone et récupérer les meeples et bonus rapidement, ou au contraire attendre qu’un peu de monde nous rejoigne pour chanter Kumbaya en jouant de la pédale wah-wah et augmenter ainsi son avancée sur les différentes pistes pour scorer en fin de manche, au risque d’entraîner une belle avancée adverse, mais de rentrer riche en bonus et avec un chancre mou.
Tout va se jouer sur ce timing d’activation, pose d’ouvriers, récupération d’ouvriers, heureusement le jeu n’est pas trop punitif et une erreur ne sera pas fatale, mais l’adversaire pourra aisément s’approprier les bonus qui vous revenaient de droit, et il faudra parfois ramer pour rattraper son retard.
Un jeu au thème original et au design étonnant, mais pas dénué de charme, qui n’a pourtant pas fait beaucoup parler de lui au milieu de toutes les sorties ludiques, mais qui arrive à trouver son public devant l’imbrication de ses mécaniques.
Il reste à trouver la bonne musique de fond…
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
Dans les jeux de poses d’ouvriers, un ajout d’un troisième joueur fictif est monnaie courante, et Come Together ne déroge pas à la règle.
Ami se joint à la fête pour apporter son lot d’incertitudes, et rien à voir avec 20 th century boys.
Le choix se fera donc non seulement en fonction ce qu’on souhaite acquérir, mais aussi sur la volonté ou non d’activer le bot et risquer de lancer un décompte de zone à notre avantage, ou non.
On augmente aussi la notion de blocage, puisqu’une fois qu’Ami aura posé son hippy-c*l sur les fans de la couleur voulue, ils sont définitivement perdus et il faudra revoir sa stratégie, ou ont croisé les rodsticks pour qu’ils réapparaissent après l’activation de la zone.
Les emplacements d’Ami restent hasardeux et aucune stratégie ne pourra le contrer efficacement.
Quand il surgit dans la nuit noire surmontant son piano aqueux (c’est comme un piano à queue, mais sous la pluie battante Woodstockienne), on ne devra qu’accepter et s’adapter, et ça, sans c’est compter sur une Mme J mélo-woman pour vous mettre des balais dans les tam-tam, et rajouter sa clé de sol dans votre partition pourtant bien huilée.
On sera donc obligé de faire ses actions quand elles apparaissent, sous peine de passer d’un magnifique "Thunderstruck" à un pauvre "Boumbo Boumbo petit automobile bile" si on essaye de se laisser du temps.
L’action de récupérer ses ouvriers devra donc respecter un timing parfait, où il faudra accepter d’en sacrifier un pour jouer au plus vite et éviter les mélomanes de Recré A2.
Au final, une adaptation 2 joueurs très bien exécutée qui permet de maintenir de la tension sur ses actions et d’éviter que les parties ne s’éternisent. On le préfère du coup ainsi, cela lui évite des longueurs inutiles qui peuvent légèrement gâcher la partie de jeu et ternir l’effet des acides pris par les auteurs.
Shoot me
Shoot me
Shoot me
Ugh!
Come together, yeah...
Que la force des scarabées plus célèbres que Jésus soit en vous.
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