Monkey Palace : le seigneur des Lego, un singe pour les gouverner tous
Un jeu de David Gordon et Tin Aung Myaing, illustré par AMEET et Matthieu Martin, édité par LEGO et Asmodée.
☝Instant Wikipedia :
Payer en monnaie de singe est une expression française signifiant payer avec quelque chose de non convertible en argent (payer en nature par exemple), voire ne pas payer du tout.
Cette expression trouve ses origines avec Saint Louis au XIIIe siècle.
À l’époque, pour aller de l’île Notre-Dame au quartier Saint-Jacques, il fallait payer pour passer le petit pont, les marchands souhaitant alors l’emprunter pour aller vendre leurs produits devaient s’acquitter d’une taxe de 4 deniers.
Le roi permit aux jongleurs, et aux dresseurs de singe en particulier, d’être exemptés de la somme à payer s’ils faisaient danser le singe devant le péager pour l’amuser : ils étaient alors exemptés de la taxe, car ils payaient en monnaie de singe.
Les montreurs de singe étaient méprisés par l’Eglise, ils étaient classés comme vils, ces gens qui utilisaient un animal qui approche de la figure de l’homme et en contrefait les actions (comme Donald T). Pour l'Eglise, ils pervertissaient la charité en passant pour de faux pauvres, il fut interdit de les rémunérer. Les payer risquaient de pervertir l’âme du donneur, il fut alors créé un "méreau du jongleur" qui s’apparente à une fausse pièce de monnaie coulée dans un métal médiocre qui vaut de l’argent, mais n’en est pas. Il s’agit de la seule monnaie de singe ayant réellement existé.
Louis IX et le méreau furent donc à l’origine d’une expression qui traverse les âges.
Mise en place : 5 minutes
Règles : 5 minutes
Temps de partie : 35 minutes
Âge : 6 ans, sauf si votre enfant a un syndrome de Pica
Type de jeu : pose de tuile, LEGO
Monsieur Lego, las de cette vie menée à créer des armes de destructions massives pour les pieds des parents d’enfants bordéliques, ou pour les porte-feuilles d’adultes rêvant de perdre 175 heures et 12 minutes à recréer l’Etoile Noire en briquettes, se mit à réfléchir à la vacuité de son existence. Regardant à l’est au matin du 5e jour, monsieur Lego se dit que le soleil était rouge ce matin et que beaucoup de pieds avaient dû saigner cette nuit…
Ce fut un déclic pour lui et une révolution ludique se préparait dans les replis de son cerveau plastique, c’est fantastique.
Et c’est ainsi qu’apparut un temple - escalier garni de plantes vertes, d’un singe, d’une grenouille et d’un papillon que nous appellerions Monkey Palace.
Reste à savoir qui fera le plus beau temple de plastique, c'est fantastique [bis].
Mise en place :
Une fois la grande plaque verte de base placée au centre de la table, on y place une fiche Plans de construction de son choix parmi 4 que l’on va border de 4 briquettes anguleuses vertes (aka briques d’angle) pour éviter que la jungle ne bouge.
On place l’escalier de départ, composé de 2 arches et d’une brique, sur les emplacements indiqués, les cartes Singe triées par couleur et valeur sous le plateau, auxquelles on ajoute les cartes Bonus, ou régimes de bananes, la carte Trophée Singe avec son primate associé, et si on souhaite augmenter la difficulté les cartes Trophée Grenouille et Papillon avec leurs animaux associés.
L’ensemble des feuilles de bambou vertes claires ou foncées ainsi que les briques dorées devant symboliser un bout de colonne sont placées autour du plateau afin de le décorer, pour le moment, et le reste des arches, colonnes et briques sont triées par type et rangées dans leurs cases respectives.
Pour finir, chaque joueur prend un plateau joueur indiquant l’ordre du tour et les Pièces De Construction de départ.
Tout le monde est prêt ?
Alors que les nouvelles marches s’élèvent et que la monnaie de singe coule à flots.
La partie se déroule au tour par tour jusqu’à ce qu’un joueur ne puisse plus se ravitailler en Pièces de Construction entièrement à la fin de son tour.
À son tour, un joueur doit construire un escalier avec toutes ou une partie des briquettes et arches en sa possession. Pour cela, il doit obligatoirement partir du sol et finir sur un escalier déjà placé (on ne bâtit pas tout seul dans son coin).
L’escalier doit toujours monter et avoir un appui solide (pas d’escalier de Penrose ici), et les arches ne peuvent s’accrocher que sur le sol, une brique, une colonne, ou une des extrémités d’une autre arche sans la recouvrir totalement. Si, lors de sa construction, on arrive à poser 5 briques de sa réserve l’une sur l’autre (sans oublier les colonnes qui correspondent à 3 briques) alors on prend une carte Bonus régime de bananes.
Une fois la structure érigée, on place sur son point culminant une décoration en fonction de la couleur du sol de départ, plante verte claire, foncée ou une brique dorée.
Dans le cas où la brique est placée, on récupère la carte Trophée Singe (de la réserve ou du joueur l’ayant acquis précédemment), et on place le primate sur une des zones accessibles de son choix.
Seuls les animaux empêchent l’appui d’une structure.
Si vous jouez avec le Papillon, vous récupérez sa carte Trophée, quel que soit son emplacement, si votre décoration est la plus haute de son type et vous y posez l’insecte.
Si vous jouez avec la Grenouille, vous pouvez choisir de la placer sur le tenon le plus bas d’un escalier pour prendre sa carte Trophée et gagner une colonne de plus pour son escalier, ce qui fera perdre 3 points si la carte est toujours en notre possession à la fin de la partie.
Une fois tout ou une partie des briques placées, on compte sa monnaie de singe : 1 par arche jouée + 1 si la décoration placée est la plus haute de son genre.
Puis on achète une à plusieurs cartes du marché de la couleur du sol de départ de sa structure.
Les cartes donnent parfois un bonus de Pièce de Construction immédiat puis elles sont retournées sur son plateau sans dépasser 4 visibles. Le surplus recouvrira les anciennes, comme au cimetière.
Autant les briquettes se gardent d’un tour sur l’autre, autant l’argent macaque non, et rien ne sert d’être le plus riche du cimetière, alors autant tout dépenser.
Pour finir, le joueur récupère tous les bonus récurrents de son plateau et des cartes précédemment acquises visibles.
🏁 La partie s’achève à la fin d’un tour où un joueur ne peut pas se ravitailler entièrement.
📝On compte les points de ses régimes de bananes, de ses cartes acquises, même recouvertes, des différentes cartes Trophée, Singe, Papillon et on soustrait la Grenouille (vilaine menouille).
Le joueur ayant le plus de bananes 🏆 remporte le jeu et vivra heureux de banoffee pie pendant que le perdant 💀 devra nettoyer la poussière des escaliers à vie sous le regard accusateur mamie J et ça c’est dur.
👥Pas de modification à 2 joueurs.
👀
➕
Pour qui aime les LEGO, le matériel reprend les briques plastiques antédiluviennes (1932, pour les ignares du jeu du charpentier danois) et ne surprendra donc pas les aficionados de la brique crantée.
Le reste du matériel est simplement illustré, sans grande originalité, l'iconographie est limpide.
Les règles sont plutôt claires et simples à appréhender.
➖
On aurait aimé un peu plus d’épaisseur dans le carton des cartes et plateaux joueur, car leur finesse les rend très soumis aux pliures et autres aléas liés à la maladresse des mains les plus jeunes, et ont tendance à gondoler.
Les jeux estampillés LEGO sont plus volontiers des jeux assez simplistes, ayant pour vocation de lancer des dés brevetés pour fabriquer des trucs en reprenant des licences célèbres (mon talent en bricolage à briquettes se contente d’une maison pas droite, et éventuellement sur un malentendu d’une tour bancale, mais on a qu'à dire que c’est le foyer des Weasley et la tour de Pise, et hop, ça fait de moi un génie, le roi des AFOL est parmi vous), puis Dice Forge a revisité les dés modulaires, l’excellent City Blox, tristement oublié, a innové dans le jeu de la brique (même si complètement détaché de la marque LEGO), mais depuis 2020 rien de nouveau sous le soleil de l’entreprise danoise.
Peut être que le prix de la bête a rebuté les créateurs?
Et c’est alors que sort un jeu estampillé du label officiel LEGO qui propose d’allier la construction avec la stratégie, sans le hasard habituel de la gamme et à un prix raisonnable…
La première manche de chaque joueur est assez identique quelque soit la partie, on finit le tour avec 3 monnaies de singe, on achète une carte et dès le 2e tour, la magie prend.
On réfléchit, 💭 je fais partir ma structure du sol boueux pour pouvoir mettre une colonne plus haute que la précédente et bloquer les adversaires avec Cheeta, ou au contraire j’économise quelques briques et tant pis pour cette manche, mais la suivante va être fabuleuse…
Et puis j’achète quoi ?
De quoi récupérer des arches pour engranger encore plus de monnaies de singe au tour suivant, ou je mise sur la hauteur des briquettes pour acquérir un régime de bananes en bonus même si le gain en argent fictif sera moins glorieux?…
L’ajout des différentes bestioles rend le côté blocage encore plus intéressant et très vite les plus sadiques d’entre vous s’amuseront à placer le papillon encore plus savamment que Jame Gumb alias Buffalo Bill, ou risquer de perdre 3 bananes avec sa petite grenouille pour prendre une colonne et obliger les adversaires à revoir leur site de pose…
Au final, un jeu familial qui a ce côté régressif de jouer à un jeu adulte avec un matériel enfantin pour notre plus grand plaisir, dès 5 à 6 ans le joueur pourra vous pourrir à coup de singe et son sourire vaudra toutes les monnaies de singe du monde, pour de belles structures finales (on n’est tout de même pas dans la reconstruction de l’Etoile Noire, je n’ai ni la patience ni le budget).
👉Alors, à 2 c'est mieux ?
À deux joueurs, l’absence de modification de règles rend la stratégie des parties très différentes et le placement de nos amis les bêtes bien plus intéressant.
On est vraiment dans l’observation du matériel adverse, on sait ce qu’il possède et donc ses potentielles actions.
En conséquence, chaque tour va consister à faire la meilleure action pour soi, mais aussi de bloquer celle de l’autre.
💭Jouer ici me permet de monter haut pour ma colonne, mais crée un marchepied magnifique pour Mme J, sauf si de façon fortuite je place le singe sur la 2e arche et le papillon au sommet.
Sans ce tremplin, Mme J devra se contenter de la plante verte, à placer à l’autre bout du temple aux 1000 marches, ce qui devrait me permettre de reprendre sa plante pour y placer la mienne mouhahaha…
L’ajout du papillon est vite indispensable à 2 joueurs pour accentuer le blocage, la grenouille risque quant à elle d’être délaissée en duel, car si elle a de belles cuisses, cela ne compensera pas les soussous perdus.
A plus de joueurs, le plateau change tellement vite que les plans sur la comète seront voués à l’échec aussi sûrement qu’une station balnéaire sur la bande de Gaza…
Après, quelle que soit la configuration, le jeu est une belle réussite, à 2 on sera plus stratégique alors qu’à plus c’est souvent l’opportunisme qui définira les actions, ainsi que la carte qu’on souhaite acquérir pour programmer la suite et aller plus hauuuuuut la prochaine fois.
Un jeu LEGO qui aura vraiment su se faire une belle place dans notre ludothèque et non sous la plante des pieds et ça c’est déjà une grande victoire, et mini J vient de temps en temps se faire une part de singe dans cette forêt pour notre plus grand plaisir.
Reste à voir si LEGO, las de ce temple, fera un remake des 2 tours en extension…
Je commence et finis par la même blague foireuse, mais elle me plaît…
Commentaires
Enregistrer un commentaire