Zenith : à la conquête politique du système solaire
Un jeu de Grégory Grard et Mathieu Roussel, illustré par Naïade et édité par Playpunk.
☝Instant Wikipédia :
Un système planétaire est un système composé de planètes, ainsi que de divers corps célestes inertes tels que des astéroïdes et des comètes, gravitant autour d’une étoile.
Le système solaire est donc un système planétaire comme les autres, mais tout système planétaire n’est pas solaire, car les planètes peuvent orbiter autour d’une naine rouge ou brune, voire d’un pulsar. Copernic a prouvé l’héliocentrisme au XVIe siècle — ça, on est d’accord, même les platistes l’admettent, c’est dire. Au XVIe siècle, Giordano Bruno émet l’hypothèse que les étoiles dans le ciel sont également accompagnées de planètes et, par là même, de la présence d’autres systèmes planétaires (le clergé lança derrière la chanson "Ne parlons pas de Bruno", reprise dans Encanto, pour le décrédibiliser… badoum-tss !). Sa théorie est d’ailleurs soutenue par Newton quelques siècles plus tard.
Il faudra attendre 1855 pour que W. S. Jacob repère des anomalies près de l’étoile binaire 70 Ophiuchi, laissant supposer l’existence d’un système planétaire autour d’elle.
En 1950, Thomas Van de Kamp (rien à voir avec Bree) revendique l’existence de planètes autour de l’étoile de Barnard.
C’est seulement le 6 octobre 1995 qu’une exoplanète sera découverte, orbitant autour de 51 Pégasi, par Michel Mayor et Didier Queloz dans le laboratoire de Haute-Provence. Bon, à 40 années-lumière de la Terre, peuchère…
En 2011, on estime à 50 le nombre de planètes découvertes probablement habitables, avec, selon certains, 100 % de chances sur Gliese 581.
La nouvelle habitation potentielle étant à 20,3 années-lumière de la Terre, on n’en est pas encore à faire un space trip façon Interstellar.
Dernièrement, la NASA a estimé à 300 millions le nombre de planètes habitables rien que dans la Voie lactée… de quoi alimenter le paradoxe de Fermi.
Mise en place : 7 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 30 minutes
Âge : 8 ans
Type de jeu : tire à la corde, gestion de main
Thème : politique planétaire
La destitution est enclenchée, un nouveau gouvernement doit être constitué.
Quel va être son axe de combat ?
Augmenter les fonds de l’Education Nationale ? Bof faire des idiots permet de mieux les contrôler.
Augmenter le budget de la santé ? Bof s’ils meurent jeunes, pas de retraites à payer.
Axer sur la transition énergétique ? Bah, je fais quoi de mes actions dans le pétrole et le nucléaire ?
💂😣Arf je ne sais pas quoi faire pour vendre mon programme et devenir maître du monde…
💃Ça, mon cher monsieur J, c’est parce que tu vois trop petit.
Essayer de contrôler un pays, c’est étriqué, une planète pourquoi pas, ça commence à avoir de la gu*ule, mais contrôler et surtout m’offrir un système planétaire, là tout de suite je me sentirais respecter à ma juste valeur.
Par contre laisse tomber Pluton, c’est trop loin et trop froid.
Tu sais quoi? On a qu’à s’arrêter à Jupiter, après c’est trop loin et à tous les coups il n’y a même pas de Burger King.
💂Bon bah il va falloir que je revoie ma campagne électorale pour être au zénith du système solaire pour le prochain quinquennat… au boulot… mais Mme J pourquoi tu te présentes contre moi ?
💃Et pourquoi pas ?
Mise en place :
Une fois le plateau Planète déployé entre les joueurs, on place, d’un côté, le plateau Diplomatie, surplombé par le badge Leader, et, de l’autre, le plateau Technologie, assemblé avec ses trois parties placées sur une face aléatoire.
On place les marqueurs Techno blanc et noir sur le point de départ des trois sous-parties, et un jeton Bonus sur chaque niveau 2.
On place un disque d’influence au centre de chaque piste planétaire, en respectant les couleurs, chacun étant associé à un jeton Bonus ; le deuxième joueur bénéficie d’un bonus d’influence de 1 sur la Terre.
Le reste des disques d’influence, les Crédits, les jetons Bonus et le Zenithium sont placés à proximité, avec le deck de cartes.
Pour finir, chaque joueur prend 4 cartes, 1 Zenithium et 12 Crédits.
📢Je déclare le début de la campagne dictatoriale stellaire, sans aucun vote de confiance à la clé.
La partie s’achève immédiatement dès lors que :
- un des joueurs récupère 3 disques d’influence d’une même planète : c’est la confiance du peuple ;
- ou 4 disques d’influence sur 4 planètes différentes : c’est la confiance des peuples ;
- ou 5 disques d’influence quelconques : c’est manger à tous les râteliers...
À son tour, on doit jouer une carte. Elle peut être jouée de 3 façons différentes.
— Pour influencer une planète : pour ça, on la joue devant la planète de la couleur de la carte en payant son coût en Crédits, moins le nombre de cartes déjà posées devant cette planète.
Cela octroie immédiatement 1 d’influence pour la planète, puis on active ses éventuels pouvoirs de gauche à droite. Les pouvoirs sont multiples et détaillés dans l’aide de jeu.
Si le disque d’influence d’une planète devait sortir du plateau, ce dernier est acquis par le joueur, et si c’est la première fois que la planète est influencée, le joueur gagne en plus le jeton Bonus associé, ce dernier n’étant donc pas remplacé.
— Pour avancer sur le plateau Technologie : chaque carte a un petit symbole indiquant s’il s’agit d’un ambassadeur humain, robot ou animod.
En la défaussant, le joueur avance son marqueur Techno sur la piste de Technologie associée à l’espèce défaussée, en plus de payer de 1 à 5 Zenithium. À l’arrivée sur sa nouvelle case, le jeton donne une action bonus au joueur, plus éventuellement un jeton Bonus, et peut faire gagner de l’influence sur une planète de son choix s’il arrive sur une ligne où les 2 autres sont déjà passés (comme quoi c’est bien de ne pas toujours être le premier à emprunter un chemin).
— Faire une action sur le plateau Diplomatie : on défausse une carte pour récupérer le jeton Leader, ou l’améliorer si on le possède déjà, et, en fonction de l’espèce du protagoniste représentée, on gagne 3 Crédits, 1 Zenithium ou la possibilité de mobiliser 2 cartes, c’est-à-dire piocher deux cartes et les placer gratuitement sous leur planète sans activer leur pouvoir, ce qui diminue le prix des prochaines cartes.
🏁Dès qu’un joueur remplit les conditions de victoire, c’est-à-dire 3 disques d’influence d’une même planète, 4 issues de 4 planètes différentes ou 5 quelconques, 🏆il est sacré empereur de l’hémi système solaire, 💀le perdant pourra aller voir sur Neptune ou Saturne s’il peut devenir le Pain au Palpate local (c’est l’équivalent de Palpatine pour le sud de la galaxie).
Il existe une variante en équipe que nous n’avons pas testé tant le jeu semble parfait en duel.
👀
Niveau matériel tout est de très bonne qualité et plutôt beau.
L’iconographie n’est toujours instinctive, mais l’aide de jeu permet de rapidement comprendre les cartes qui laissent planer le doute.
Le mélange de référence historiques, scientifiques, littéraires ou même à la pop culture pour nommer les cartes est du plus bel effet.
Les règles sont claires et faciles à prendre en main.
Un jeu de tir à la corde à interaction très forte (ce n’est pas non plus l’épreuve de Squid Games, pas de panique), voilà qui ne faisait pas encore partie de notre ludothèque (7 Wonders Duel a une composante de tire à la corde, mais de là à dire que c’est sa mécanique principale…).
Chaque action devra être réfléchie entre les bonus et l’influence qu’elle apporte et ce qu’elle retire à l’adversaire.
💭Si je joue ma carte sur Mercure, je ne serai plus qu’à une carte de gagner son disque d’influence et, en prime, ça me donne du Zenithium pour une prochaine action technologique.
Mais si je fais ça, je laisse Jupiter aux mains de l’adversaire, qui emportera une deuxième victoire d’affilée sur la planète géante, et cela risque de me coûter la victoire et, pire encore, de laisser la galaxie sous le joug de M. Lecornichon, Premier ministre stellaire de Mme J.
Le problème, c’est que ma seule carte Jupiter est chère et ne sert pas ma stratégie… Ou alors j’attaque Mars avec ma carte ultra chère à 10 Crédits, ce qui me permet d’influencer 3 planètes différentes en plus de la planète rouge, mais, là encore, derrière, je n’ai plus de Crédits et je vais me trouver à la merci de la pioche…
Plus la partie avance, plus elle s’accélère, car plus il y a de cartes, moins elles sont chères, permettant, au fur et à mesure, de jouer des cartes plus puissantes et ainsi de contrer l’autre tout en avançant dans sa stratégie.
Même si toutes les actions ne sont pas aussi lucratives, aller de temps en temps du côté de la diplomatie permet d’éviter la banqueroute et d’avoir plus de cartes en main, ce qui peut être un sacré avantage, mais la perte de temps peut coûter cher.
Tout est intéressant et peut être puissant si on s’en sert à bon escient. Là encore, tout est une question de choix et de timing.
👉Pour conclure :
Un jeu épuré, à la stratégie simple d’accès, mais où la forte interaction oblige à essayer de tout prévoir, tel une partie d’échecs spatiale, qui nous a séduits à la maison et qui donne franchement envie d’y revenir, même si, à chaque fois, la défaite est pour moi.
Mais ne vous inquiétez pas : en engageant ma responsabilité de joueur, j’invoque l’article 49-3 et déclare qu’in fine, c’est moi qui ai gagné, tout simplement.
Un jeu qui pourrait appeler une extension, pour de nouvelles cartes, et pourquoi pas la partie manquante du système solaire, car il n’y a pas de raison que les exclus de la politique n’aient pas eux aussi leur dirigeant incompétent.
Neptunien, si vous me regardez : voter M. J, c’est voter ludique.
Votez M. J et son slogan : « Jeu pour tous, à toute heure, ou je fais un malheur », plutôt que Mme J et son slogan : « Ménage, rangement et boulgour pour tous ».
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