Holi : une tour infernale tout en couleur

Un jeu de Julio E. Nazario, illustré par Vincent Dutrait et édité par Matagot.


Instant Wikipedia : 

Holi, appelée aussi Fête Des Couleurs, ou plus traditionnellement Phalguna, est une fête hindoue célébrant l’équinoxe du printemps et la fertilité (je ne sais pas si l’Inde en a vraiment besoin, mais soit), elle prend son origine dans la vasantotsava et se déroule sur 2 jours lors du mois de Phalguna (correspondant à février ou mars).

La fête retrouve ses premières traces dans l’antiquité et est dédiée à Krishna. 

Le premier jour, on allume des feux pour rappeler la crémation d’Holika, démon brûlé par Vishnu, où les hindous se recouvraient de cendre, remplacée par de la poudre de riz colorée depuis (meilleure pour la peau). Le 2e jour, ou Rangapanchami, où des gens habillés en blanc font une grande bataille de pigments de couleur, chaque couleur ayant une signification, le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour. Le tout en buvant la boisson traditionnelle : le bhang à base de cannabis. Ils savent faire la fête, ces hindous.


Installation : 10 minutes 

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 30 à 45 minutes

Age de jeu : 7 ans 





Devant une telle débauche de couleurs vues dans nos soirées Bollywood avec Mme J (c’est totalement fictif comme paragraphe, à part les 10 premières minutes de Devdas, je ne saurais pas citer un seul film du genre, mais chut, il ne faut pas le dire), une idée géniale m’est venue : et si on reproduisait cette bataille de couleurs à la maison ? Cela plairait à fond à Mini J!

À ce moment précis, ma proposition me semblait géniale. 

Madame J a levé la tête, m’a regardé bizarrement, a posé le tome 4 de Sandman, s’est levée, est sortie de la pièce, et est revenue au bout de 2 minutes avec un seau, une serpillière, un aspirateur et un truc biscornu à franges (je crois que ça attrape la poussière), me les a tendu en me disant : "pas de problème, par contre tu apprends à utiliser tout ça avant, et on avise". 

Après avoir réfléchi 7 secondes, me voilà dans la ludothèque : "on se fait un petit Holi mon ange ?"


Mise en place : 

Montez la tour à 3 niveaux et placez les bonbons sur les cases adjacentes au coin, 2 par cases au rez-de-chaussée, 1 par case au 1er et rien au dernier étage. 

Placez votre personnage totem dans un coin, prenez 25 jetons de votre couleurs, et le deck de cartes associé et piochez en 3.

Vous pouvez rajouter de 2 à 3 cartes rivalités, servant à modifier les règles. 

Et maintenant, colore le monde.

Sans feutre, sans épreuves ni bombes

Et oui tout le monde avait oublié Les Innocents, c’est dommage… Ou pas…


La piste de score

Le set du joueur bleu. 
Et si vous avez bien suivi : c'est donc le set de Mme J.

Aide de jeu

Cartes rivalités

Les jetons bonbons


Les joueurs jouent au tour par tour dans l’ordre de leur choix une action obligatoire et 2 facultatives avant de refaire leur main à 3 cartes.


L’action obligatoire consiste à jouer une carte de sa main pour jeter notre couleur sur le terrain (ou mieux, dans la tronche d’un adversaire)

Les zones colorées de la carte représentent l’emplacement des jetons à placer. 

Votre personnage est soit sur l’une des cases colorée et on place 2 jetons, soit sur la zone avec le mandala, dans ce cas on place 3 jetons.


Exemple de placement
Le paon bleu est proche du mandala, on place 3 jetons


Si le jeton est placé sur un adversaire, c’est un coup direct (head shot), ce dernier le récupère et vous gagner 1 PV.


S’il est posé sur des bonbons, ils sont condamnés (il y a du bisphénol là-dedans…).


S’il n’y a rien sur l’emplacement, alors il est posé sur le plateau (il ne peut recouvrir un autre jeton de couleur, pas de mélange, non non non, comme avec la pâte à modeler de Mini J).

Soit il est posé au rez-de-chaussée : dans ce cas rien de plus.

Soit il est dans les étages : dans ce cas, il descend d’un à 2 étages si les cases exactement en dessous ne contiennent pas de jeton, sinon il reste sur place. 

Si la case d’en dessous contient un adversaire : c’est un coup indirect (fatality), il récupère le token, mais pas de PV pour le joueur actif.


Actions facultatives :


> Se déplacer : on place son animal où on veut sur son étage de départ à partir du moment où la case d’arrivée ne contient ni adversaire ni jeton couleur. Si la case d’arrivée contient un ou plusieurs bonbons, ils sont récupérés. 


> S’élever : si votre animal est entouré à ses 4 points cardinaux par des jetons couleurs, quelque soit leur propriétaire, l’animal peut s’élever au niveau supérieur (si la case d’arrivée est exempte d’adversaires ou de couleur), une fois monté, il est interdit de redescendre.


Les actions peuvent être réalisées dans l’ordre de son choix.


Une fois son tour terminé, on refait sa main à 3 cartes. 


Puis le joueur suivant joue, jusqu’à ce que tous les joueurs n’aient soit plus de jetons, soit plus de cartes à jouer. 


On compte alors les points : 

- 1 point par jeton couleur au rez-de-chaussée, 2 points au 1er et 3 points aux 2e. 

- 5 points pour le joueur ayant le plus de bonbons (caries power) 

- 2 points par jeton couleur dans les réserves adverses 

- Certaines cartes rivalités rajoutent des points bonus sous conditions.


🏆 Le joueur avec le plus de points aura satisfait Vishnu et vivra dans l’harmonie jusqu’à rejoindre le Vaikountha se nourrissant de fruits sauvages, entouré de paons divins, jusqu’à sa résurrection en maharaja. 

💀 Les perdants passeront très lentement dans les 7 enfers du Nakara pour finir, dans l’ordre : déchiquetés, dépecés, écrasés, écartelés, transpercés, rôtis, puis congelés avant d’être finalement réincarnés en femme de ménage dans une école de REP+, et devoir faire au moins une vie de thérapie pour s’en remettre.


Pas de modification à 2 joueurs. 


Niveau matériel, cette tour de 3 étages, non sans rappeler les échecs en 3D de notre brave Sheldon, est très ergonomique et sympathique, mais la sortie de la boîte laisse présumer un matériel un peu cheap, pourtant elle tient bien en place, même si la nôtre est un peu bancale. 

Niveau couleur, j’avoue être un peu déçu, on parle d’une fête indienne où les couleurs chatoyantes sont maîtresses, et là, les 4 couleurs font un peu ternes contrairement à ce qu’annonce la boîte et ses splendides illustrations de Vincent Dutrait, les rouges ne collent même pas entre les tokens rouges et les cartes plus oranges, ce qui est dommage, il y avait vraiment moyen de faire mieux… 

Les personnages et les bonbons (même si je n’ai pas trouvé de lien entre les confiseries et la fête hindoue) sont de bonne qualité et agréables à manipuler (et le tigre, on est d’accord qu’il ressemble plus a un dragon ?). 


Une mécanique assez semblable au Go, où on va gérer ses placements dans un but de scoring et de blocage sans se prendre le retour de bâton au tour adverse.

Il s’agit de savoir quand attaquer sans se prendre un contre, quand récupérer les bonbons ou monter d’un étage pour augmenter son scoring, tout en s’adaptant aux cartes piochées pour en tirer profit, et dès qu’on est à l’étage, essayer de se placer au mieux pour que nos couleurs ne dégringolent pas à l’étage d’en dessous, sauf si Mme J est dessous bien évidemment… 

L’ajout des cartes rivalités, vite nécessaire, donne du peps et un renouveau bienvenus à chaque partie. 


La 3D, ajoutant une nécessité de vision dans l’espace (dommage pour Mme J dont la vision dans l’espace s’arrête à "comment ranger au mieux les Tupperwares dans le frigo", instant misogyne : check, claque derrière la tête avec un couvercle de Tupperware en fonte : check aussi…), donne à ce jeu très abstrait toute une stratégie qu’on ne retrouve pas dans les autres jeux du même genre, et qui se modifie à chaque partie au gré de l’ordre des cartes piochées, et des rivalités en jeu. 


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


La liberté de déplacement permet de rentrer immédiatement dans le fight, et de s’envoyer très vite des boules de couleur à la figure, évitant ainsi les temps morts pour s’approcher l’un de l’autre en début de partie, si on est plus dans l’agression version "paintball à Bollywood".

Pour ceux qui sont plus dans le placement, à 2 joueurs, on mettra plus de temps à atteindre le dernier étage et à le couvrir de couleur, car les plateaux inférieurs mettrons plus de temps à se remplir de couleurs, après tout il n’y a que 2 couleurs différentes pour tout recouvrir, à 2 joueurs les stratégies version Ben Stiller dans Dodgeball seront souvent plus payantes que la placidité de Vince Vaughn… 


Au final, on a un jeu abstrait et stratégique original alliant la vue en 3D isométrique au placement d’ouvrier, si on peut dire ça comme ça, fort intéressant, qui sera plus nerveux à 2 et moins foutraque.

Pour autant, les parties à plus nombreux seront aussi intéressantes, et nécessiteront plus d’anticipation pour tenter d’esquiver les cartouches adverses, et de se les prendre quand même, il ne faut pas rêver, Holi la fête zen de l’amour dans ta gueule, en gros… 


Alors les joueurs, pipi, les dents et Holi…  

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