Encyclopédia : un jour je serais le meilleur naturaliste...


Un jeu d’Éric Dubus et Olivier Mélison, illustré par Joëlle Drans, Jérémie Prugneaux et Ronan Toulhoat, et édité par Holy Grail Games et Synapse Games.


Instant Wikipedia : 

Le conte George Louis Leclerc de Buffon est un naturaliste français ayant fortement inspiré les théories de l’évolution de Charles Darwin. Né en 1707, il vit tranquillement dans le Paris mondain de l’époque se rapprochant de Voltaire et autres personnes influentes, mais aussi de la royauté. 

Il gérera le jardin royal des plantes et le cabinet d’histoire naturelle du roi et sortira en 1749 l'ouvrage qui lui fit traverser les époques : « Histoire Naturelle Générale Et Particulière, avec la description du cabinet du roi », encyclopédie en 36 volumes (rien que ça), qui a été publiée de 1749 à 1806 pour le dernier tome (8 autres paraîtrons posthumes, comme pour les albums de Johnny, mais surement moins de problèmes d'héritage). Cette oeuvre devait rassembler toutes les connaissances sur le règne de la nature, mais au final se concentre sur les minéraux, les quadrupèdes et les oiseaux. On note aussi le premier parallèle sur les ressemblances entre l’homme et le singe, début de la théorie de l’évolution, qu’heureusement tous les grands scientifiques bibliques et platistes des temps modernes (ou créationnistes) ont réfutées prestement, à raison… 

Buffon sera aussi un des premiers à prouver que la terre est plus vielle que ce que la bible énonce, on passe d’un coup de 6000 ans à 3 millions d’années, encore loin de la réalité, mais y a du mieux, en hommage, on donna son nom à un astéroïde de la ceinture principale et ça, ça doit lui faire une belle jambe. 


Mise en place : 15 minutes

Règles : 15 minutes 

Temps de parti : 1 heure

Âge : 12 ans

Type de jeu : optimisation, placement d’ouvrier, collection 



Comme tout bon parent qui se respecte, lors d’un moment de fatigue générale (4 angines, 3 gastros et 1 varicelle en 3 semaines) nous installons mini J devant un reportage sur la reproduction des cétacés en eau profonde du Groenland, normal qu’à 3 ans 1/2 il s’intéresse au mystère animal, sur National Geographic pour lui inculquer la beauté de notre monde, quand nous l’entendîmes dire : "regarde maman un béluga!!"

Et là, quel choc, il a confondu un béluga et un marsouin… 

Devant cette erreur de débutant, comprenant que nous avions failli à son éducation, nous décidâmes d’arrêter le massacre et de redresser la barre en lui lisant les 49 tomes originaux de l’Histoire Naturelle de Buffon, illustrés par Daniel Bour (Petit Ours brun étant une œuvre remarquable et tellement proche d’un vrai ours, qu’on l'a tout de suite nommé pour moderniser l’œuvre des lumières). 

Et de fil en aiguille, nous voilà à lancer des expéditions à travers le monde pour étudier les différentes bestioles survivantes sur notre belle planète…


Mise en place 

Une fois l’immense plateau déplié entre les joueurs, placez 6 jetons de manche face cachée, les experts et animaux à leurs emplacements, avec leurs decks de réserve au-dessus. 

Placez les ressources (pièces, jetons navigation et sceaux royaux) au-dessus du plateau avec le sac de dés.

Chaque joueur prend son plateau, 2 animaux au choix sur le plateau (le plein est refait après) et ses ressources de départ. 


Le plateau joueur de Mme J

Le plateau central, si vaste...

Bon, ben, grosse surprise : voici les dés...

Les jetons compte-tours, avec les p'tits bonus à la clé

Les ressources : 
- sceaux royaux
- les pièces
- les jetons navigation

Les jeton navigation de manière plus précise

Idem pour les sceaux, avec leurs bonus rappelés au verso

Nos amis les experts

Les bestioles 

Quelques photos de HGG :





Et c’est parti pour qui ferra un dessin le plus représentatif de l’ornithorynque au fusain… (perso j’en suis au stade de bonhomme bâton, niveau dessin, ce n’est pas gagné…).


Le jeu présenté ici est issu de la campagne KS.


La partie se déroule en 6 manches de 4 phases. 

Si vous jouez avec l’extension Evènements du bonus KS, c’est à ce moment là qu’on le résout. 


En premier lieu, on retourne le jeton manche en cours, donnant soit un bonus à tous les joueurs, soit rien, après tout, quand on voit les Anges De La Télé-réalité, on voit que l’évolution n’a rien offert à certain… 


En phase 2, chaque joueur va piocher 4 dès qu’il va lancer, et placer sur son plateau en choisissant bien quel dès ira sur quel emplacement. 


En phase 3, les joueurs vont réaliser leurs actions en tour par tour. 

Pour cela, les joueurs prendront soit : 

- un dé de leur plateau, dans ce cas rien ne se passe, 

- un dé adverse, dans ce cas le joueur adverse récupère immédiatement le bonus de l’emplacement du dé. 


Les actions possibles :


— placer son dé sur l’ambassade : quelque soit sa couleur, récupérez des jetons navigation en fonction de la valeur du dé. La navigation permet de changer une couleur de dé ou d’augmenter sa valeur de 2 (il n’y a pas de limite à l’augmentation de la valeur d’un dé).


— Placez son dé à la banque permet de récupérer le marqueur premier joueur si on place son dé en premier, et de récupérer 5 pièces. Les pièces augmentent la valeur d’un dé de 1 par pièce dépensée. 


— L’université permet de choisir un expert de la ligne. Si le dé est de la même couleur que l’expert choisi, on récupère un jeton navigation. Les experts donnent soit un bonus en one shot, on choisit le moment où on le récupère, ou un pouvoir continu, ou un décompte de fin de partie. On ne peut en avoir que 4 actifs en même temps, le cinquième expert recouvrira un des 4 premiers, annihilant son pouvoir.


— L’académie permet de récupérer un animal de la même couleur que le dé utilisé. La valeur du dé vous fournit 1 à 3 points de réputation. La réputation donne des sous, des jetons expéditions, ou un sceau royal, ou un expert voire une bestiole au choix en fonction de son avancée.


— Les expéditions : placer un dé de la couleur de l’expédition voulue pour étudier d’un à plusieurs animaux provenant du continent visité (aller en Australie sera moins pratique pour étudier les girafes). 

Chaque animal va avoir 6 types : 

-leur continent, 

- leur race (mammifère, oiseau ou reptile, un peu sectaire le Buffon), 

- leur alimentation (carnivore, herbivore ou omnivore), 

- leur lieu de vie (océan, forêt, prairie) 

- leur climat de prédilection (tempéré, froid ou chaud). 

Chaque type va nécessiter une certaine valeur pour être étudié.


Exemple : Admettons que je veuille étudier l’alimentation du lion et le lieu de vie de la gazelle, je monte une expédition en Afrique avec un dé jaune de valeur 5. 

Pour étudier ces deux données, il me faut une valeur de 11, il faudra donc que je dépense une valeur de 6 en argent, jeton navigation et sceaux royaux pour arriver à mes fins.

Une fois cela fait, on place un cube sur chaque zone étudiée des animaux en notre possession et on récupère éventuellement quelques points de victoire. 


— Les publications : choisissez un animal qui sera le principal sujet de l’exposé scientifique en y posant un dé de sa couleur. Puis regardez l’ensemble des animaux en votre possession et vous pouvez faire un exposé pour chaque animal étudié ayant les mêmes caractéristiques que ceux étudiés sur votre animal phare. 


Exemple vous avez étudié l’alimentation, le lieu de vie et la race de votre lion d’Afrique. Après l’avoir choisi en animal clef de l’exposition, vous prenez le cube de la prairie du lion ainsi que tous les cubes de prairie de vos animaux déjà étudiés pour 5 points chacun, puis le cube carnivore avec tous les cubes des autres bestioles (même si différentes des animaux de prairie) pour 3 points par cubes, et enfin les cubes mammifères pour 2 points de victoire. 

Pour finir, on garde tous les animaux ayant rapporté des points provenant du même continent pour 1 point par carte supplémentaire. 

Les autres animaux seront défaussés et oubliés de l’évolution… On croise les doigts pour que ce soit le cas de Donald Trump…


Une fois la conférence terminée, le joueur, récupère un sceau royal. 

Ce dernier permet soit 

- de faire plus 5 à un dé et d’en choisir la couleur, 

- de récupérer 5 pièces, 

- de reprendre un dé du plateau, de le relancer et de faire un tour supplémentaire. 


Une fois tous les dés joués, les joueurs réinitialisent le jeu. 

Les dés sont rangés, les experts et animaux dédaignés sont remplacés. 

Et c’est reparti comme cela pendant 6 tours.


Une fois les tours finis, les conférences clôturées et les animaux libérés dans leur environnement naturel (naturalistes, mais pas tortionnaires d’animaux sauvages…), on compte les points. 

Les joueurs rajoutent à leur score : 

- 1 point par jeton navigation restant, 

- 1 point par paire de pièces, 

- 5 points par sceaux royaux,

- les points de certains experts encore actifs

- le nombre de cubes dans chaque zone, ce qui rapporte des points à partir de 4, 

- puis on additionne chaque lot de cartes du même continent avec les experts de même couleur (même s’ils ont été recouverts ou utilisés) pour gagner des points en plus.


🏆Le vainqueur marquera les esprits par ses théories sur l’évolution et rejoindra Darwin au panthéon des scientifiques de leur époque et verra la création d’un Jackal Award pour les défaites les plus stupides possibles. 

💀Les perdants seront oubliés par les générations futures, tels des danseurs de Tektonik, qui disparaîtront au grand soulagement de tous… 


Les mini-extension KS rajoutent des experts, des cartes fossiles jokers, des cartes événements apportant un changement de règles minime à chaque tour, et des animaux légendaires aux pouvoirs différents.


À 2 joueurs : on ne place que 6 animaux au lieu de 8 dans le marché animalier. 


👀

Niveau matériel, la version de luxe est de très belle qualité, forcément, mais même la version classique est superbe. 

Les animaux, rappelant les encyclopédies des musées sont immersifs, et le fait de se limiter aux oiseaux, reptiles et mammifères est en adéquation avec les livres de Buffon. 

Comme souvent chez HGG, les règles laissent parfois planer le doute sur certaines actions et nécessitent plusieurs lectures pour être sûr de ce qu’on doit faire.

L’iconographie est quant à elle loin d’être évidente, et heureusement que toutes les cartes sont expliquées dans le livre de règles, et encore plus sur les cartes de l’extension qui nécessitent les règles en permanence, pour être sûr de ce que raconte le journal des cartes événement. 


Avec Museum et Museum Pictura, HGG nous a montré son savoir-faire sur les jeux de collection mélangés à l’art classique.

Ici, les deux compères réitèrent en quittant le monde du musée pour aller taquiner les sciences de l’évolution, mais au lieu d’aller du côté de Darwin, le plus connu, ils sont allés rencontrer Buffon, son prédécesseur, français de surcroît, et loin d’être un gardien de but italien, Buffon marqua le siècle des Lumières par ses croquis et son encyclopédie.

Mais rendre hommage dans un jeu, c'est bien, mais encore faut-il que le jeu soit réussi, et ici c’est plutôt le cas.


Le plateau de jeu a une lecture très verticale, ce qui correspond à l’avancée de la partie. 

Les premiers tours, on va surtout jouer sur le haut du plateau avec l’accumulation des ressources (or et navigation), des experts et des animaux pour faire sur la fin de plus gros combos de navigation et des conférences riches en points et en animaux. 

Car pour avoir une grosse conférence, il faut avoir des animaux avec beaucoup de points communs et avoir fait de grandes navigations (car bon, aller en Australie pour savoir que le Taïpan du désert est un reptile, puis au Zimbabwe pour savoir que le lion blanc est carnivore ça fait chère l’expédition), pour faire des navigations lucratives, il faudra customiser ses dés et donc avoir un stock de pièces et de jetons de navigations, surtout si les dés piochés sont de la mauvaise couleur (étudier l’alimentation du tigre aux États-Unis, à part sur un terrain de golf cela manque de pertinence, Tiger Wood pour le mauvais jeu de mots, je l’explique pour pas que Mme J me demande lors de la correction).*tu cherches les em###### toi...*

Les experts permettront de rajouter des bonus à tous les nivaux, permettant souvent de compenser un échec cuisant dans nos lancés, encore faut-il les choisir avec soin, Macron peut avoir un intérêt pour la banque, beaucoup moins sur l’étude des oiseaux asiatiques (quoi que, le pigeon est universel). 

Il faudra en plus anticiper les collections de fin de partie pour maximiser les derniers points et donc éviter de trop se disperser pour éviter de voir sa victoire tomber dans l’oubli aussi vite que le dernier single de Christophe Mae, et essayer d’anticiper les vols de dés par les adversaires, car il est rare qu’un joueur se retrouve avec ses dés initiaux tout le long de la manche.


Au final, on se retrouve avec des mécanismes connus des 2 auteurs des Museums, la récupération d’experts, les collections de cartes, voire même la gazette de l’extension.

Ils maîtrisent du coup parfaitement le sujet et rajoutent une forme de programmation et de placement d’ouvrier pour changer la gamme et en faire un jeu plus expert que leurs prédécesseurs, tout en ajoutant une interaction directe avec le vol de dés, qui oblige à être organisé dans sa manche pour garder toutes ses chances de faire de bons combos. 

Et dans l’ensemble, c’est plutôt réussi. 

On commence par créer son moteur avant de voir s’il ronronne comme, les 6 manches laissent le temps de le maîtriser sans s’éterniser. 

Je trouve que l’iconographie n’étant franchement pas instinctives et les règles pas toujours très claires, le jeu perd un peu en fluidité sur les premières parties ce qui est très dommage dans un jeu aurait pu être très accessible sinon…

Mme J n'est pas vraiment d'accord, une fois compris comment était construite l'iconographie, pour elle, ça roule bien. 


On notera la mini-extension KS et les cartes bonus plutôt dispensables... voire pour certains bonus (qui dénaturent le jeu en essayant de rajouter un pseudo mode party-game qui n’a rien à faire dans ce type de jeu) à éviter. 

Entre la vache débile qui oblige à faire une expédition différente de celle souhaitée, ou les noix de coco (animal ??) qui font faire "cataclop cataclop" avec les mains, ou les fossiles dont les règles restent un peu floues… 

Mais bon au final, ça se retire très vite du jeu pour en profiter vraiment. 


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


À 2 joueurs, on réduit le nombre de cartes animaux entraînant une pseudo-course à la bestiole. L’interaction est uniquement sur le vol de dés chez l’adversaire (comment ça exactement comme la réserve d’œuvres d’art de Museum?!), du coup forcément, à 2 joueurs, il y aura moins de choix et il faudra plus encore jouer avec les jetons de navigations pour compenser l’absence de dé rouge sur le plateau (je ne parle pas de vin, il n’en manque jamais).

On essayera au maximum de se contenter de ses dés pour éviter de distribuer des bonus à l’adversaire tout en choisissant astucieusement où placer ses propres dés, pour garder les plus importants et donner envie à l’adversaire de prendre ceux qui nous intéressent le moins, tout en récupérant un petit bonus comme ça l’air de rien… 

Il sera donc nécessaire d’organiser ses actions pour éviter de se voir chiper le dé vert de l’expédition en Amérique juste avant qu’une malotrue le prenne pour exposer son cougar (et je ne parle pas d’une exposition sur Madonna…).


Au final, à 2 joueurs la programmation de la manche sera plus aisée, car on a moins de choix de dés et moins de vols possibles, de plus, cette mécanique de vol permet d’éviter de trop subir un lancer de dés catastrophique et de partager son malheur avec l’adversaire avec de succins bonus en contrepartie, succins, mais non négligeables. 


À plus de joueurs, il sera plus compliqué de programmer ses actions et on se laissera un peu plus facilement porter, jusqu’à ce que son tour de poser un dé revienne. 


Nous le préférons à 2 joueurs, car plus contrôlable et moins long, mais dans le fond, ce jeu est adapté à tout nombre de joueurs.


Au final, on reste très friand de ce genre de jeu et il aura encore fait mouche avec nous, pour une fois sans les éternelles extensions version "toujours plus", un jeu plaisant et agréable.

Même s’il y a des défauts qui auraient été faciles à corriger, si comme souvent, HGG ne montrait pas trop d’empressement dans leurs sorties, le plaisir est là et c’est ce qui compte. 


Prêts à débouter les créationnistes en allant étudier les merveilles à travers le monde, et ainsi de rencontrer Édouard le canard, et José le sanglier, et Charlotte la marmotte etc.

Ca reste bien dans la tête ça non ?...

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