Lost Seas : il est beau mon kraken.


Un jeu de Johan Benvenuto et Alexandre Droit, illustré par Marine Joumard, et édité par Blue Orange.


Instant Wikipedia : la mer d’Aral est un lac d’eau salée, situé entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. De base, et avant intervention humaine, elle faisait 67 500 km², en 2014 elle n’en faisait plus que 7297, la principale cause étant la culture intensive du coton (a peu de chose près : vous prenez l’Irlande (environ 70 000 km2) et vous la faîte passer à la taille de la Palestine (environ 6000 km2)) et ce n’est malheureusement pas terminé, d’où son surnom de "mer perdue". 

Les espèces de poissons, endémiques de la zone, sont passés de 32 à 6 à cause de l’augmentation de la salinité de l’eau liée à la réduction de la surface aqueuse. 

Maintenant, la mer d’Aral est coupée en 2 parties distinctes : une partie continue à dépérir, pendant que l’autre a repris un peu d’écaille de la bête en se renflouant grâce à de multiples actions locales et internationales à visée salvatrice, malheureusement une grande partie de ce sauvetage est entre les mains de Poutine… Et comme dirait Mme J, on n’est pas sorti de la berge pour qu’il lève la faucille pour autre chose que son confort personnel… 

La grande mer d’Aral, qui fournissait autrefois des dizaines de milliers de tonnes de poissons par an, a très peu de chances de revoir le jour à cause de salinité et de la pollution aiguë liée aux pesticides, et parce que le détournement de rivières sibériennes n’est plus d’actualité (merci qui ? Merci Vlad !!)

Par contre, la petite mer d’Aral pourrait se renaturer. 

Cette zone a résisté à l’assèchement et le rehaussement du barrage de Kok-Aral ainsi que la construction de nouvelles digues pourrait porter le niveau de cette petite mer à 50 mètres… 

La nature sera-t-elle plus forte que l’homme... Espérons le.


Mise en place : 5 minutes 

Règles : 5 minutes 

Temps de partis : 20 minutes

Âge : 8 ans (un peu plus jeune avec la variante) 

Type de jeu : sudoku, placement de tuile.



Quelle tête de linotte nous faisons, après avoir perdu nos clefs de voiture, Mini J au super marché (heureusement le bruit typique du Mini J étant reconnaissable à 60 km, le retrouver n’est jamais un problème… Ou malheureusement…), notre bon sens devant le dernier Kickstarter faisant le poids d’un âne mort et le prix d’une Ferrari, voilà qu’on perd une mer… 

À ce stade, je suis pas bien sûr qu’il faille encore nous faire confiance pour garder quelque chose, mais bon… 

Enfin bon, à force de la chercher nous avons retrouver les berges (quand la berge est là, la mer ne doit pas être loin, comme dirait capitaine Igloo), reste plus qu’à remplir la mer avec tout se qu’on peut y trouver, un kraken par ci, un serpent de mer par là, une petite île dans le coin à droite, et pourquoi pas l’épave du Titanic là-bas… 

Et quitte à jouer avec les longitudes, nous avons toute latitude pour en faire un concours de qui agencera le mieux sa mer… 

Comment ça, l’introduction de cet article est tirée par les branchies?!... 

Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça.


Mise en place 

Chaque joueur récupère 4 tuiles expéditions, ou objectifs, qu’ils vont placer sur la face de leur choix pour désigner les colonnes, puis 4 nouvelles qu’ils placeront sur la face de leur choix pour indiquer les lignes.

Une fois le tableau de 4 x 4 réalisé, on place une rivière de 5 tuiles explorations marines au centre de la table. 

Hissez haut matelot, la mer perdue n’attend que nous et gare aux pieuvres géantes…


Exemple de grilles
Avec des faces avec objectifs blancs, plus simples
Et des objectifs noirs, un chouilla plus compliqué

Les tuiles de la rivière



Les joueurs récupèrent l’un après l’autre, en commençant par le joueur en possession du token en bois, une tuile de la rivière pour l’ajouter à sa mer personnelle. 

Pour se faire, il la place où il le souhaite dans son tableau de 4 par 4.


Les tuiles contiennent de 1 à 3 symboles identiques ou différents.


C’est tout ? Oui c’est tout, mais c’est déjà beaucoup.


La partie se termine quand l’ensemble des tableaux sont remplis. 

📝 Chaque joueur compare les objectifs et prend les points de tous ceux qu’il a réalisé, et ne perd rien pour les autres. 

Pour réaliser un objectif, il faut être exact, s’il demande 5 tempêtes et que vous en mettez 6 : c’est perdu. 


🏆 Le vainqueur verra sa mer rivaliser avec la mer Caspienne tant sur la beauté de ses rivages que sur la production de caviar.

💀 Les perdants verront la belle-mère casse-pied venir manger tous les midis avec eux (j’ai tout donné sur le jeu de mots, là)…


Mme J a encore perdue 😭


À 2 joueurs : le premier joueur prend une tuile et en défausse une, le suivant fait pareil, puis on en remet 4 et le deuxième joueur devient le nouveau premier joueur.


👀

Niveau matériel, j’avoue apprécier ne pas avoir à dépuncher des tuiles, et ouvrir une boîte où tout est rangé sans déchet à jeter est très agréable. 

Les illustrations et symboles sur les tuiles, quels qu'ils soient, sont simples et efficaces, et les tuiles ont un côté solide.

Un jeu plaisant, somme toute.


La mécanique est simple : je prends une tuile et je la place là où elle scorera le plus à la fin de la partie.

Pourtant cela a beau être simple, c’est efficace. 


On réfléchit à quoi prendre pour éviter de se fermer des portes, mais pas non plus les maintenir grandes ouvertes trop longtemps. Si je prends ses 3 krakens, cela avance vite mon objectif de 7 symboles identiques dans la colonne, mais ma ligne demandant des pieuvres n’avance pas, et derrière il faut que je fasse attention à ne plus récupérer trop de krakens pour ne pas saturer la zone trop vite. 

Les premiers tours se jouent un peu à la dilettante, on prend ce qui vient et on verra bien ce qu’il adviendra, puis, au fur et à mesure que les trous se bouchent, l’hésitation arrive.

Prendre la montagne clôture la colonne et la ligne 3, mais laisse une grosse marge d’incertitude pour valider l’objectif de la ligne 4 demandant des récifs, et je vais devoir abandonner les épaves de la colonne 1, je m’y suis pris trop tard…


Au final, un jeu très calculatoire où le placement et l’anticipation sont de mise, mais avec une interaction très limitée, où comme dans une grille de sudoku chacun la remplira dans son coin pour comparer à la fin qui aura le mieux agencé son terrain.

L'interaction à 2 sera plus présente, où on pourra plus volontiers pourrir le jeu de l'autre en supprimant la tuile qu'il/elle attendait déspérement.


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


Le fait de choisir une tuile dans la rivière et d’en défausser une rappelle les adaptations de mécaniques de draft pour maintenir un suspens dans ce qui nous reviendra en main (Bunny Kingdom, entre autres), mais ici le fait d’avoir une visibilité complète des tuiles de la rivière et des objectifs adverses donne à 2 joueurs une vraie interaction qui existe moins à plusieurs joueurs. 

En effet, en plus de choisir sa tuile pour améliorer son terrain, il faudra choisir laquelle sera la plus avantageuse pour l’adversaire et la supprimer tout en espérant que ce dernier vous laisse par mégarde la 2e tuile qui vous intéressait… 

Bon, Mme J n’étant pas d’un naturel altruiste, elle n’a pas vocation de célébrer mes victoires avec enthousiasme, du coup il y a plus de chance que je vois mon serpent de mer s’éloigner de sa grotte marine, que de le voir attendre sagement que je vienne le chercher…


Ici, on préfère la version 2 joueurs qui entraîne une interaction plus directe obligeant à observer son jeu et celui de l’adversaire pour espérer gagner.

A plus de joueurs, on est plus dans de l’opportunisme à espérer le bon coup sans vraiment pouvoir influer sur l’adversaire, car lui piquer la tuile qu’il espère à plus de chance de voir nos objectifs s’échouer avec autant de talent que le Titanic que de nous approcher de la victoire, bon sauf si tout le monde a besoin d’épaves dans son bac à eau salée, mais après c’est un autre problème. 


Au final, Lost Seas est un jeu de placement de tuiles et d’opportunisme simple à prendre en main, mais pas évident à maîtriser, et le grand nombre d’objectifs entraînent une rejouabilité intéressante même si enchaîner trop de parties risque de sembler redondant (comme le fenouil, quoi).


Rien de tel qu’une p’tite chanson pour voir si on a l’pied marin matelot, dès que le vent soufflera je repartira, dès que les vents tourneront, nous nous en allerons de requins…  

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