Boogeyman et son extension Le Mystérieux Visiteur : quand Oogie Boogie s'ennuie avec son dé.


Un jeu d’Antonio Ferrara, illustré par Davide Corsi, Fabio Rizzo, Letizia Sacchi, Sara Staffelli, Virginia Chiabotti, et édité par Légion Distribution.


Instant Wikipedia : 

Le boogeyman, ou le croquemitaine dans la langue de Molière, est un personnage maléfique ayant pour vocation de faire peur aux enfants et de les rendre obéissants (et de les empêcher de dormir pendant 10 ans)

Il est présent depuis la nuit des temps dans toutes les régions et sous diverses formes (par exemple en Gascogne il s’appelle le came-cruse et est représenté par une jambe nue avec un œil au milieu du genou, bon, après c’est la Gascogne, leur vin est bon, la preuve en est). 

On retrouve pour la première fois le terme croquemitaine fin du XIXe siècle dans le dictionnaire infernal de Collin De Plancy, mais son étymologie est mal connue. 

Certains le voient comme un croque-chat pour faire peur aux enfants (mite = chat en vieux français), d’autres voient la mitaine comme le gant aux doigts coupés et donc le croquemitaine serait un croque doigt pour inciter les enfants à ne plus sucer leur pouce (vive l’éducation positive), certains encore le comparent à la menace de la gifle. 

On retrouve les premières traces de ce mythe en Grèce Antique avec les lamias décrites par Platon, les Gellos sur Lesbos, ou Cacus à Rome.

La religion transformera tout ce vilain monde en Père Fouettard, pendant méchant du Père Noël.

Comme quoi terroriser les enfants et emmerder leurs parents est un jeu des tatas du monde entier depuis l’origine de l’humanité, saleté de tatas…


Mise en place : 15 minutes

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 45 minutes à 1 h 20 avec l’extension 

Âge : 8 ans

Type de jeu : coopératif, ameritrash, horreur, « Dungeon crawler » entre très gros guillemets.



Un petit resto suivi d’un cinéma avec Mme J en tête à tête sans un gremlin J qui court partout et fait tomber le serveur pour essayer d’attraper un fantôme imaginaire, voilà qui n’est plus arrivé depuis… m***e, c'était quand déjà ???...

Allez c’est décidé, le dernier Marvel vient de sortir, on y va samedi soir. 

Reste à trouver une baby-sitter digne de ce nom pour survivre à la soirée, cela tombe bien, Harley Queen vient d’être libérée d’Arkham pour bonne conduite, elle va pouvoir nous gérer un Mini J (ou un Mr J, et Mme part avec mini J au resto? Non impossible ? Dommage Margot Robbie…) toute une soirée, reste à voir dans quel état on retrouvera la maison…


Mise en place : 

Déployez l’immense plateau de jeu au centre de la table, placez sur chaque pièce (hors couloir) en tas de 2 jetons fouille surmonté par un jeton ampoule allumée. 

Placez l’ensemble des decks de cartes sur le côté du plateau et retournez une carte mission. 

Chaque joueur choisit son brave en culotte courte, prend ses 3 cartes états, ses trois bonbons, et une carte objectif. 

On retourne successivement un jeton salle par joueur pour y placer son gamin et un pour la baby-sitter. On remélange tous les jetons salles, nous on les a placés dans un sac en tissu non fourni, et on en prend un que l’on place face cachée sur la piste du boogeyman.

Les jetons de stress de la baby-sitter et du boogeyman sont placés sur leurs pistes respectives au point de départ. 


Les différents types de jetons

Les jetons de l'extension

Les figurines avec le chat mignon et le chien ultra freaky

Les états de Daphné

Les cartes Fouilles

Les cartes visiteurs

Les cartes Baby Sitter et Boogeyman

Les cartes Mission

Les cartes lumière et obscurité

Les cartes Cauchemars, Interruptions & Co

L'immense plateau


Vous voilà prêts pour tenter de survivre à une nuit de l’horreur pendant que papa et maman se reservent un Château Neuf Du Pape 2005 entre 2 bouchées de magrets de canard aux figues et au miel du restaurant d’à côte…


L’extension vous fait rajouter 2 plateaux avec 3 salles chacun (voilà la maison affublée d’un cimetière extraterrestre, de voitures de police aux sirènes hurlantes et les parents s’en foutent... PMI Power), on mélange les nouveaux jetons fouille aux anciens que l’on dispatche de la même façon. 

Un chien et un chat qui se placent de la même façon que la baby-sitter, et un deck de cartes visiteurs.


La partie va alterner le tour de l’ensemble des joueurs suivi par le tour du boogeyman jusqu’à l’arrivée du grand final.

Ce dernier survient une fois la mission réussie (en général en amenant 1 ou 2 tokens sur le lieu indiqué par la carte) et les 3 objets de mission sur fond vert ramenés dans la bonne pièce pour défaire le boogeyman. 


À son tour, le brave en herbe va pouvoir réaliser 3 actions parmi : 


– Le déplacement : mini brave peut se déplacer d’une pièce à l’autre en passant par la porte indiquée par des lettres. S’il arrive sur la case du boogeyman ou de la baby-sitter, son tour s’arrête immédiatement. 


– Retirer un jeton lumière de sa salle. On prend dans ce cas une carte lumière ou obscurité (selon si l’ampoule est allumée ou éteinte), et on la résout en lançant le dé. Le résultat définissant l’échec ou la réussite du test, dans tous les cas, le jeton est retiré du plateau. 


– Fouiller : prendre un jeton fouille sur sa case s’il n’y plus de jeton ampoule. Le jeton peut contenir : 

> une enveloppe symbolisant l’objet demandé par la mission. 

> un dé permettant une relance gratuite

> un objet sur fond vert, il y en a 3 qui sont obligatoires pour lancer le grand final

> un passe-partout ou une trappe pour se déplacer au grenier ou dans la salle cachée (la baraque de James Bond en gros)

> et le plus souvent un numéro de 1 à 3 symbolisant le bruit que vous avez fait en fouillant. La baby-sitter est alertée par votre bordel et se déplace d'autant pour vous châtier si elle arrive jusqu’à votre pièce, ça vous apprendra à faire chier les voisins à 2 heures du mat' en faisant tomber les assiettes de la cuisine. Puis vous piochez une carte fouille plus ou moins avantageuse. 


L’extension rajoute des jetons fouille :

– symbolisant le chat : on lance le dé et ce dernier se déplace d’autant vers vous, puis la baby-sitter essaye de rejoindre le chat pour un câlin et éventuellement vous crever les yeux l’air de rien. 


– symbolisant le chien : idem que pour le chat sauf que lui attire le boogeyman sur sa case d’arrivée, mais il essaye aussi de vous crever les yeux, il n’y a pas de raison. 


– Un V faisant tirer une carte visiteur qui vient sonner à 2 heures du mat’ chez vous, et comme ces gosses sont particulièrement malins, ils vont lui ouvrir, normal, et le laisse rentrer et squatter une salle, nécessitant un lancé de dé pour y rentrer et survivre au squatteur parasite (tout va bien, un manoir hanté, et des voisins psychopathes, un vrai scénario digne de Brian Duffield)


– Réanimer : pour relever un brave tombé dans les pommes après une attaque sournoise de Bee, la baby-sitter ou du boogeyman en récupérant 2 états sur les 3 perdus. 


En plus de ça, un joueur peut à tout moment échanger une carte avec un autre gosse sur sa case, utiliser une carte fouille, etc. 


Si à n’importe quel moment un bambin se retrouve sur la case de la baby-sitter, cette dernière leur éclate la tronche à coup de pelle, ou plus simplement le joueur avance le compteur de stress de l’adolescente et pioche une carte à son effigie et la résout en lançant un dé. 

En fonction du compteur stress, il faut rajouter une carte trouble, et ce n’est pas un avantage… 


Si un enfant est évanoui au moment de jouer, il devra piocher une carte cauchemar et comme son nom l’indique, il ne vaut mieux pas qu’elle reste en jeu trop longtemps, elle s’active à chaque fois que le tour du ti'pou dans le coma revient, d’où l’importance de le réanimer rapidement.

Heureusement que dès 5 ans, on passe son brevet de secouriste là-bas… 


Une fois que tous les joueurs ont activé leurs terreurs, on pioche une carte salle que l’on pose face cachée sur la piste du boogeyman, on piochera parfois une carte évènement avec le système de fusion chère à l’auteur, où les joueurs devront faire une action spéciale ou aller chercher un objet dans la vraie vie pour éviter de perdre un état, puis on retourne la tuile salle précédente de la piste du boogeyman et on place la figurine monstrueuse dans cette pièce. 

S’il y a un token lumière allumée, il passe en obscurité, s’il y a un enfant sans baby-sitter on avance le jeton du boogeyman et on pioche une carte éponyme que l’on résoudra avec, ho surprise, un lancé de dé. Si la baby-sitter est seule sur la case, il en prend le contrôle et la déplace d’un lancer de dé vers l’enfant le plus proche… 


On peut à tout moment défausser ses bonbons pour modifier un les résultats du fameux dé, où pour activer le super pouvoir de l’enfant digne des pouvoirs d’Aldebert… 


🏁Après que le boogeyman ait hanté sa pièce, si sa piste est remplie de salles, on les remélange avec les autres (tous les 10 tours), puis c’est à nouveau au tour des joueurs. 

Quand la mission est résolue et que les 3 objets ont été récupérés, les joueurs vérifient s’ils ont résolu leur objectif facultatif, mais donnant un bonus pour l’affrontement final. 

Puis on pioche une case pour savoir où se rendre pour essayer de défoncer le boogeyman, une fois sur la case, on prend le livret Grand Final et on l’ouvre à la page indiquée pour résoudre case par case, à coup de lancé de dé (what a surprise), en regardant la pauvre baby-sitter se démener pour rattraper nos conneries… 


🏆En cas de victoire, les parents rentrent, et après le câlin rituel foute un procès au cul de la baby-sitter devant l’état résiduel de la maison.

💀En cas de défaite, tous les gosses finissent évanouis et bouffés par le boogeyman pendant que la baby-sitter se casse prendre rendez-vous chez son sage-femme pour avoir une contraception béton et ainsi éviter d’avoir un héritier dans les 50 prochaines années, et la prochaine fois qu’elle aura besoin d’argent elle se tournera vars la cueillette d’oignons.


Un sifflet, essentiel pour être discret...

Bee veille à ce que les gosses n'aillent pas dans la cours...


Il existe aussi un mode semi-coopératif, où un joueur contrôle le boogeyman, mais à 2 joueurs, ces modes ne sont pas franchement adaptés, d’où l’absence de détail dessus. 


Pas de modification à 2 joueurs, et c’est bien dommage. 


👀

Au niveau matériel, s’agissant de la version KS, il est de toute beauté.

On retrouve le côté « film d’horreur jeunesse » des années 80/90, les illustrations sont originales et de très bonnes factures, les figurines sculptées sont aussi très jolies et n’attendent qu’un coup de pinceau habile pour être sublimé (et pas les miens du coup). 

L’immense, que dis-je le gigantesque, plateau fourmille de détails amusants à chercher et faisant la part belle aux nostalgiques d’avant le bug de l’an 2000 (qui contrairement à ce que l’on pense n’a pas touché l’informatique, mais bien le cerveau d’une partie de la population d’où l’émergence dans les suites de la Tecktonik)

Les règles sont assez simples, voire un peu trop simples d’ailleurs, et ne nécessitent pas spécialement de retour. Elles ne manquent pas de quelques imprécisions (la carte fouille est piochée avant le déplacement de la baby-sitter, ou après et dans ce cas on ne récupère pas de carte si elle arrive sur le joueur…), voire de contradictions (page 7 : si vous rentrez dans une case contenant le boogeyman ou la baby-sitter, votre tour s’arrête immédiatement. Page 10 : il n’y a pas d’interaction si l’enfant ne fait que traverser la salle du boogeyman. En gros faites comme vous voulez…).


Nous sommes ici sur un ameritrash très familial, chaque résolution d’action nécessite de lancer un dé, customisable avec des bonbons, et en fonction du résultat soit on se retrouve à respirer dans un p'tit sac après une grosse angoisse, soit on récupère un bonus en général, un état ou un bonbon. 

Et après on se balade au petit bonheur la chance sur le plateau pour trouver les objets utiles d’abord à la mission (dont l'intérêt reste douteux, car absolument pas en lien avec le grand final), puis trouver des objets utiles au grand final lui-même, puis vaincre le boogeyman, et le tout sans stratégie aucune, car on n’a aucun moyen de deviner dans quelle salle il se trouve, et on est soumis au hasard des dés.


On va donc errer sur le plateau en espérant que le hasard ne nous envoie pas le boogeyman sur le coin de la tronche à la fin du tour, hasard contrôlable au fur et à mesure de la partie puisqu’il ne peut pas retourner dans une pièce déjà occupée jusqu’au 10e tour où sa piste est réinitialisée. 

Et on fouille, on s’éloigne de la baby-sitter (qui au fond est juste une ado qui se dit que pour ce prix là elle n'a pas mérité cette bande de casse ovaires), et on lance un dé, et au suivant… 

Oui, vous l’aurez compris c’est relativement très répétitif, et à part les cartes évènement apportant le système « fusion », mis en place par l’auteur dans son jeu précédent Tales of Evil (dont un terrifiant article hante ce blog, insérer ici un rire machiavélique), les tours se suivent et se ressemblent sans faire trembler le joueur en mal d’aventures, et ce n’est pas l’extension qui va améliorer la perception du jeu.


Ici, l'article pour Tales Of Evil 👉 : https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2023/10/tales-of-evil-i-turn-your-dream-into.html


Le point positif vient de la BD unique à chaque grand final toujours avec autant d’humour que le reste du jeu, et très bien illustrée, même si la difficulté consiste juste à croiser les doigts pour faire les bons lancers de dé ou d’avoir suffisamment de bonbons, de jetons relance ou de cartes bonus pour contrecarrer notre scoumoune légendaire… 


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


Je vais reprendre une phrase de Grand Corps Malade pour traduire notre ressenti sur la version 2 joueurs : « on dirait une plage de Normandie un soir d'hiver, (...) C'est l'grand désert, vas-y, (...) j'suis déprimé». 

Cet immense plateau plein de pièces (franchement, la baby-sitter était obligée d’aller garder une bande de mioches schizophrènes mal élevés au château de Moulinsart ?), et pour peu qu’on ait rajouté l’extension, il faut compter pas moins de 13 pièces séparant les 2 extrémités, donc avec 3 actions, il faudra un minimum de 5 tours pour traverser le plateau.

Et si par le plus grand des hasards, le grand final est diamétralement opposé à sa position actuelle, et si Bee (la baby-sitter du merveilleux film d’horreur sortie en 2017 avec une suite non moins exceptionnelle) ou Oogie se retrouve au milieu, et bien tant pis on va prendre l’option de se petit-suicider dans le poulailler pour éviter de perdre une heure de jeu, cela évitera peut être aux Mogwais d’aller ouvrir au psychopathe déficitaire qui sonne à la porte à 1 heure du mat…


J’exagère peut être un tantinet, mais il est vrai que le plateau immense et l’impossibilité de présumer d’où se trouve les objets obligent à répéter éternellement la même action, le même lancé de dé.

Les quelques changements viennent des cartes évènement, de rares cartes fouille, et du système de fusion, mais dans l’ensemble ce jeu n’est que répétition du même cycle d’actions pendant une heure, et l’extension ne fait que rajouter en longueur de jeu.

Et pour peu qu’un joueur tombe inanimé dans le grenier pendant qu’on se promène dans le jardin, il y a de forte chance qu’on ne retrouve que ses os avant d'avoir atteint le corps.


Un jeu très, trop, familial, et très répétitif qui sera plus adapté à un grand nombre de joueurs (et plus particulièrement les newbies dans le jeu, les habitués pourraient très vite se lasser) qui auront la possibilité de quadriller le plateau, certains sacrifiant leurs actions pour attirer Bee pendant que les autres fouilles. De plus, le boogeyman aura un peu plus de chance de trouver un gosse dans une salle qu’il hante pour éviter de se faire une petite dépression à force d’être seul dans cette grande maison.

A 2 joueurs « la solitudine » devient la musique de référence qui traîne dans la maison avec Bee qui bouffe du magnésium et un cocktail vodka-Xanax, à force d’avoir des crampes aux mollets en faisant les 400 pas dans le manoir pour ramener les gamins aux lits. 


Au final, pour les J, un 2ème jeu de l’auteur franchement dispensable et on lui préfère de beaucoup son premier jeu Tales of Evil qui, à notre avis, apporte une vraie nouveauté dans le monde du jeu. 


Un petit Prozac pour Oogie et c’est reparti… 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Northgard : Uncharted Lands et ses extentions : mangez des pommes qu'il disait...

Vindication : il est méchant monsieur Brochant, mais plus pour longtemps.

Earth : sans humain, la terre est plus folle.