Sur les traces de Darwin : le HMS Beagle is back.


Un jeu de Grégory Grard et Matthieu Verdier, illustré par David Sitbon et Maud Briand et édité par Sorry We Are French.


Instant Wikipedia : les Darwin Awards sont une récompense sarcastique offerte en général posthume à toute personne ayant perdu la vie de façon particulièrement stupide (c’est aussi accordé pour les stérilisations non voulues). 

Ce titre a été créé dans les années 80 par Usenet, et Wendy Northcutt s’occupe de les répertorier depuis 1993 sur son site. 

Le titre fait hommage à la théorie de l’évolution de Charles, où en clair, on récompense les gens dont le décès a amélioré le patrimoine génétique humain (2d degré? Pas sur)

Il existe 5 règles pour être nominé :

– La personne candidate doit être morte ou rendue stérile 

– La personne candidate doit avoir un jugement étonnamment stupide.

– La personne candidate doit avoir causé sa propre disparition.

– La personne candidate doit être capable de jugement.

– L’événement doit être vérifié.

Et oui il ne suffit pas d’être particulièrement con, mais d’être aussi inventif dans sa débilité crasse.

On peut citer Paul Stiller et sa femme, qui sont morts après avoir voulu jeter un bâton de dynamite par la fenêtre en oubliant qu’elle était fermée, ou un jeune homme (dont l’histoire tait le nom) qui s’est étouffé mortellement en avalant le soutien-gorge pailleté d’une strip-teaseuse qu’il lui avait retiré avec les dents, ou enfin Robert Puelo mort étouffé par une saucisse de 15 cm d’un hot dog qu’il avait volé et avalé sans le mâcher. 

Mais un de mes préférés reste Thuston Poole et Billy Ray qui rentrent d’une partie de pêche à la grenouille. Soudain l’un des fusibles des phares de la voiture saute, et aucun fusible de rechange à bord. Qu’à cela ne tienne, Poole à l’œil, et le bon : le fusible fait la taille d’une balle de calibre 22, et il en a justement une. Il l’insère donc sous le tableau de bord, constate avec joie que ça fonctionne, et reprend son chemin. 30 km plus loin, la balle ayant trop chauffé explose et vient se loger dans le testicule droit du malheureux qui lâche le volant et va s’emplafonner dans un arbre (personne ne précise si la pêche fut bonne)

Et il y en a des pages entières… 

On espère que personne de notre entourage ne sera nominé...



Mise en place : 10 minutes

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 25 minutes

Âge : 7 ans

Type de jeu : collection, placement de tuiles


Découvrir une nouvelle espèce, le rêve de tout amoureux de la nature qui se respecte, avec un bonus si on arrive à prouver son évolution à travers les âges. Après tout Alan Grant nous montre que le terrible vélociraptor a évolué en grosse dinde (rien à voir avec les actrices de télé-réalité)

Personnellement, après 9 mois de recherches acharnées, nous avons fini par découvrir le Mini J, espèce rare, anthropomorphe, se nourrissant exclusivement de l’aliment qui ne lui est pas présenté au moment du repas, aux cris assez typiques « maaaaaaaaaaaaamaaaaaaaaan » ou plus rarement « papaaaaaaa ». On lui constate des habitudes de vie très casanières avec un pic d’activité à 5 heures du matin environ, heure la plus adaptée pour la construction d’un château en Kapla, associée à un petit air de guitare sèche. Il se déplace un peu à la manière d’une tique, accrochée à la jambe d’un adulte, ou au contraire en courant le plus vite possible, et est atteint d’une forme rare, mais grave, de surdité sélective l’obligeant à entendre que ce qu’il intéresse… 

Trop jeune pour étudier son mode de reproduction, nous étudions continuellement cette espèce rare et attachante, et ne manquerons pas de vous tenir informé de son évolution. 

Sur ce, reprenons la barre et partons à travers le monde découvrir le plus d’espèces possibles avec Charles. 


Mise en place : une fois l’ensemble des tuiles mélangées, on en prend 12 par joueur que l’on empile à côté du plateau, et 9 autres placées directement sur le plateau. 

On place sur leurs emplacements respectifs les boussoles, les guides, les jetons Publication, et les tuiles Théorie, pour finir on place le HMS Beagle sur sa position de départ.

Puis chaque joueur prend son plateau joueur, y place un guide et une tuile Théorie. 

Le premier joueur prend Darwin (en tout bien tout honneur bien entendu), et le safari animalier version tour du monde peut débuter.


Les différents plateaux joueurs fermés

Et les plateaux joueurs ouverts

Le dos du plateau central

Le plateau central

La vue éclatée par Sorry We A re French


À son tour de jeu, le joueur actif va prendre une des 3 tuiles dans la ligne du Beagle, ou dépenser un guide pour déplacer le bateau d’une case vers l’avant ou l’arrière. 


Une fois la tuile prise : 

- soit il s’agit d’un personnage dans la limite de 3 (pas beaucoup de cabines libres dans la grande barque)

- soit une tuile animale, qui est immédiatement placée sur la zone correspondant à son espèce et son continent. S’il y a déjà une tuile, elle est recouverte par la nouvelle, annihilant les PV éventuels de la tuile inférieures, mais octroyant immédiatement une tuile objectif dans la ligne d’achat, dans la limite de 6 sur son plateau. Si la tuile complète une ligne d’espèces, le joueur récupère immédiatement une tuile Publication. 


Puis la tuile est remplacée, et la caravelle (oui, je fais ce que je peux avec les synonymes de trucs en bois qui flottent) avance d’un nombre de cases équivalent à l’emplacement de la tuile prise. 


Les tuiles peuvent donner :

– Des PV si non recouverts en fin de partie

– Une boussole dans la limite de 5

– Un nouveau guide dans la limite de 2

– Une couronne permettant de récupérer Darwin 

– Un symbole Cartographie (qui servira lors du décompte final avec les boussoles)


Le plateau de Mme J en fin de partie

Le plateau central en fin de partie

Le plateau de Mr J en fin de partie


🏁 La partie se termine quand les joueurs ont placé leur 12e tuile (la pioche est donc vide). 

📝 On gagne : 

- les points encore visibles au sommet des piles de bestioles, 

- 5 points par publication 

- 2 points par guide non utilisé, 

- on multiplie le nombre de boussoles par le nombre de symboles de Cartographie visibles, 

- le possesseur de Darwin gagne 2 points (pas très lucratif d’avoir le parangon de la théorie de l’évolution)

- pour finir on gagne les points de ses tuiles Théorie.

🏆 Le vainqueur marquera l’histoire en temps que maître de l’évolution ludique pendant que 💀 les perdants marqueront l’histoire des Darwin Awards en finissant écrasés par leur pile de la honte au moment où ils voudront essayer de jouer aux Loups-garous de Thiercelieux en duel alors qu’il constituait la base de la pile… 


À 2 joueurs, il n’y aura que 24 tuiles mises en jeu, en plus des 9 de la mise en place de départ. 


👀

Le matériel est de toute beauté et très adapté à la mécanique. 

Les tuiles sont très joliment illustrées dans des tons rappelant les livres d’Histoire Naturelle poussiéreux de la bibliothèque de Grand Papi J qu’on s’amusait à feuilleter enfant pour rêver d’espèces improbables, telles que le requin-lutin ou le Glaucus Atlanticus qu’on essayait de repérer dans la nature dans les suites (non je n’ai jamais vu de fourmi panda, mais faut admettre que ça a la classe comme bestiole), les illustrations ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les cartes de l’excellent Encyclopedia de feu Holy Grail Games, HGG qui n’aura pas résisté à la théorie de l’évolution pécuniaire il y a tout juste un an maintenant. #RIPmyfriend

Le reste du matériel reste très agréable à manipuler et à regarder, à l’image des plateaux de joueur évoquant ces mêmes livres lorsqu’on les déplie. 

Les règles sont claires et faciles à prendre en main, un modèle du genre. 

On apprécie énormément le carnet explicatif sur les différentes tuiles du jeu, version Instant Wikipedia animalière (non, Mr J tout n'est pas un instant Wikipédia, on peut aussi appeler ça un bestiaire, une encyclopédie… Bah oui, mais ça ne fait pas assez connecté, c’est l’évolution qui veut ça… Darwin forever #coeuraveclesdoigts)


Darwin est mis à l’honneur ces derniers temps, entre Darwin's Journey et celui ci, tous deux nominés à l’As D’Or 2024, on peut conclure que l’évolution est au cœur des préoccupations ludiques de cette année (et non des préoccupations personnelles aka les Darwin awards précédemment cité). Contrairement à son jeu codarwinien, celui ci se classe clairement pour un public familial, des règles simples à acquérir, des choix d’action limitée et des parties assez courtes le rendent accessible à tous. Accessible ne veut pas dire facile (comme pour les femmes, non ! Mme J pas taper… Aïe!), la stratégie reste importante et les choix darwiniens (c’est des choix cornéliens qui ont évolué, comme Salamèche et Reptincel, on attend de voir si le choix nabilien est l’ultime évolution…)


À son tour, on devra choisir dans sa ligne quoi (ou qui) récupérer ou dépenser un guide pour déplacer le bateau avant récupération. De ce choix va découler la stratégie : récupérer des points de victoire, mais il faudra éviter de les recouvrir, miser pour plus tard avec les boussoles, essayer de viser les Publications, ou au contraire viser l’empilade de bestioles pour récupérer des tuiles Théorie et en même temps essayer de zyeuter l’air de rien le plateau de son codécouvreur pour ne pas l’envoyer pile sur l’araignée babouin dont il rêvait (oui, il y a des gens qui rêvent de monstres à 8 pattes, quand je vous dis que l’humanité est vouée à s’éteindre pour laisser sa suprématie aux concombres de mer...). 


Au final, un jeu accessible et facile à prendre en main quelque soit l’âge (on s’entend, même si l’enfant béni est surdoué, HPI ou juste mal élevé, il lui faudra quand même passer la barre fatidique des 7 ou 8 ans pour naviguer avec Charles), mais pas dénué de stratégie et on prend plaisir à poser sa tuile mante-orchidée en bout de ligne pour publier son premier recueil, ajouter une boussole ou accueillir John Henslow dans une de ses cabines, pour des parties courtes et serrées. 


👉 Alors, à 2 c’est mieux ? 


À 2 joueurs, l’interaction devient plus forte dans le sens où on va aussi essayer de ne pas donner l’animal rêvé en cadeau à l’adversaire. 

On réfléchira non seulement à la tuile souhaitée dans notre bateau, tel un Noé un peu sectaire, mais on vérifiera que ça n’enverra pas l’autre pile sur la girafe lui octroyant immédiatement la publication phare de la rentrée littéraire de 1857. 

Bon, cela reste malgré tout de l’interaction indirecte, ne vous attendez pas à des sessions de blocages dignes de l’Ever Given dans le canal de Suez, mais elle est présente tout de même. 


Avec 24 tuiles, les parties en deviennent encore plus rapides et demandent encore plus une revanche, voire une belle et une surbelle (et peut être une victoire de ma part, car au jeu de l’évolution je n’ai pas été gâté) et avec le nombre de tuiles non utilisées par partie et les stratégies différentes qui peuvent se développer la rejouabilité est appréciable, et le plaisir d’un jeu simple, beau et facile à sortir est bien la. 


Pour conclure, un jeu simple et efficace qui mérite sa nomination pour l’As d’Or famille (même si la défaite fut amère, à n’en point douter) et ce, quelque soit le nombre de joueurs. 

On s’amuse sans se prendre la tête et on a envie d’y revenir, que demande le peuple ? 

Plus de temps pour y jouer ? Une évolution positive de l’humanité ? Un bon d’achat de 7603 € dans la boutique ludique du coin ? *

Oui bon que demande le peuple de réaliste, censé et réfléchi ? 

Ha, on me dit dans l’oreillette qu’il vient d’être classé dans les espèces en voie d’extinction par le WWF… Flûte alors…


Allez, un petit dernier champion avant d’aller dormir : Voulant prouver que la théorie de la Terre plate est vraie, Mike Huges s’est lancé dans la fabrication d’une fusée artisanale à vapeur dans son garage, pour lui permettre de s’élever de 1500 mètres pour prendre des photos à l’endroit où l’atmosphère terrestre rencontre l’espace extra-atmosphérique. 

Alors il est bien monté, mais il est aussi bien redescendu sans ses parachutes restés au sol, même eux avaient compris qu’il ne fallait pas lutter contre la bêtise… 

Et après ce sont les animaux que l’on appelle des bêtes.

Les platistes, toujours présents pour un divertissement perpétuel…  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Northgard : Uncharted Lands et ses extentions : mangez des pommes qu'il disait...

Vindication : il est méchant monsieur Brochant, mais plus pour longtemps.

Earth : sans humain, la terre est plus folle.