Triumph : un proto à la conquête de l'Europe.


Un jeu de Raymond De Maria et Vlademar Gumienny, illustré par Bartek Jedrzejewski et édité via une campagne Kickstarter par Phalanx.


Il s’agit d’un prototype, car le jeu n’a pas encore été livré, il a été récupéré grâce au Meeple Reporter qui nous l’a gentiment fourni après sa très bonne vidéo sur sa page YouTube. 


Instant Wikipedia 

Le triomphe ou triumphus est, à la base, une cérémonie au cours de laquelle un général romain vainqueur défile à Rome pour célébrer sa victoire. Si l’exploit n’était pas assez important pour recevoir le triomphe, il recevait une ovation en compensation. À la fin de son défilé, il devait faire un sacrifice à une divinité de la triade capitoline (Jupiter, Mars, ou Quirinus). Le général remontait vers le temple en char, peinturluré en rouge pour symboliser le dieu qu’il représentait, sous les railleries et moqueries de ses soldats pour l’inciter à l’humilité et lui offrir une protection magique (oui, après t’être cassé le...s pieds à l’autre bout de l’Europe contre une quelconque armée barbare, on te peint en rouge et t’insulte pour te remercier, ça donne envie n’est-ce pas)

L’obtention du triomphe curule, plus haute distinction, était la condition pour que le général puisse porter la toga picta. On citera le triomphe de César à son retour de Gaule en -46 JC qui se termina par la strangulation de Vercingétorix au Tullianum, et la première naumachie (bataille navale festive) et tauromachie de l’histoire. Le héros gaulois qui finit étranglé par un grand gaillard peint en rouge qui se fait insulter par ses congénères, ça fait rêver…


Mise en place : 15 minutes

Temps de partie : 1 heure

Règles : 20 minutes 

Âge : 10 ans

Type de jeu : conquête, enchères



Quand Mme J et son cojoueur se prennent pour Minus et Cortex et se lancent dans la conquête de l’Europe, péplums sur l'épaule et pots de peinture rouge dans la réserve, toute l’Europe tremble. 

Toute, non, un village d’irrésistibles joueurs se prépare à la lutte en buvant un broc de bière magique leur donnant le pouvoir du grand Cathala pour se défendre contre les envahisseurs ludiques… 

Comment ça, cette intro ne rime à rien ? 

En avant décurions, centurions et autres urions du camp de SimoneLucianum, sus au dénigrant d’en face… 

Et que le meilleur joueur conquiert l’Europe avec brio!


Mise en place 

Une fois le grand plateau déployé au centre de la table, on place un jeton contrôle romain sur chaque région de l’Italie, les jetons restants vont sur la ligne auxiliaire. 

On place l’ensemble des jetons à côté du plateau (légions, talents, et intrigues), 2 jetons légion vont sur les cases de même symbole sur la ligne auxiliaire. 

Les Talents sont la monnaie du jeu.

Les jetons marqueur de phase, de manche, ainsi que les marqueurs de prestige, de faveur, et d’ordre sont placés chacun sur leur piste. 

On place à côté du plateau en pile les bâtiments et leurs tokens associés, les 3 premiers sont retournés avec leurs tokens faces visibles, et de l’autre côté on placera le deck de cartes de loi dont les 5 premières sont disponibles faces visibles. 

On place le deck de commandants barbares à côté et on en tire entre 2 et 3 de nationalités différentes, un token les représentant sera placé sur la province de même symbole la plus proche de l’Italie. 

Pour finir, les joueurs prennent l’ensemble du matériel, cartes familles, et cubes partisans de leur couleur ainsi qu’une carte loi et 2 talents. 





Les cartes joueurs de Mme J, toujours en bleu


Jeu de base sur la plage du KS


Vous voilà prêt pour placer le pourtour méditerranéen sous l’égide de la louve nourricière romaine (ou rochelaise dans le cas de Mme J).


La partie se déroule en 3 âges, chacun subdivisé en 6 étapes. 

À l’exception de la première, la phase d’augure, qui est l’étape de mise en place de l’âge et de la dernière qui est l’étape de décompte et de taxes (youpidou), pardon la phase d’administration, toutes les autres se déroulent avec des enchères.


📍Une enchère consiste dans un premier temps à poser face caché une carte famille de sa main, puis de la retourner. 

Les joueurs ayant posé celles valant 0 point d’influence gagnent immédiatement un talent, et ceux ayant posé le 1 peuvent placer une 2e carte additionnant son influence au 1 de la première carte. 

Après ça, les joueurs peuvent ajouter des jetons d’intrigue ou jouer des cartes de loi pour booster leur influence (ou diminuer celle des adversaires). 

Les égalités sont départagées en faveur du joueur le plus à gauche sur la piste d’ordre.

Le vainqueur de chaque enchère bénéficiera du meilleur bonus de la phase en cours.


📍La phase d’assemblée (pour devenir le tribun de Rome), permet de récupérer une carte loi face visible ou la 1ere du deck face cachée (voire une 2e contre 2 talents, après que tous les joueurs aient choisi leur récompense), et de placer un de ses cubes de soutien dans une province romaine ou sur un bâtiment. 

En fonction du côté du bâtiment où le cube est placé, on gagnera 2 points en phase de décompte ou le pouvoir du bâtiment activable une fois par âge.


📍La phase de construction (pour devenir un censeur romain, le plus haut magistrat) permet de construire un des 3 bâtiments visibles et de poser un cube où l’on veut. 


📍La phase de conflit (pour devenir un consul de Rome, ou le légat si on est trop loin du gagnant de l’enchère) : permet de récupérer des talents et d’aller bouter le chef barbare hors de chez lui (le choix de qui est le barbare, entre l’attaquant et l’attaqué, n’est qu’une question de point de vue...)

Les joueurs posent dans l’ordre du tour leur marqueur militaire (ou leader) sur une province contenant un chef barbare. Si on place son marqueur dans une zone contenant déjà un leader adverse, on le place sur sa face mineure. 

Une fois le marqueur placé, on recrute ses légions en prenant celles placées sur la carte famille jouée, on peut aussi recruter celles sur la ligne auxiliaire moyennant un talent par bouclier sur leur case d’arrivée, et faire venir les légions qui boivent une cervoise dans les contrées limitrophes moyennant un talent par frontière traversée. 

Une fois tout ce petit monde en formation de la tortue, prêt à pourfendre le gaulois réfractaire cher à Emmanuel M., on lance les dés d’attaque et de défense, ajoutant des légions au romain belligérant et des boucliers aux barbares ne pouvant finir leur cassoulet pépouze au coin du feu. 

L’attaquant peut dépenser 2 jetons d’intrigue pour relancer un dé. 


On fait la différence entre les légions en place et le nombre de boucliers barbares (sur la carte du chef de guerre, sur le dé et sur le territoire), s’il y a plus de boucliers, les Romains n’auront toujours pas réussi à vaincre le peuple d’irréductibles gaulois, etc. 

Dans le cas contraire, c’est la victoire, les barbares sont débarbarisés, le vainqueur reçoit les points de renommée indiqués sur le chef de guerre ainsi que les talents (qu’il peut offrir gracieusement à un co-attaquant mineur contre des points de renommée), puis il pose 2 cubes famille dans la nouvelle contrée avec un jeton province romaine. Les coattaquants profitent de quelques miettes de points et peuvent placer un cube par la même occasion dans la contrée nouvellement latine. 


S’il reste un chef barbare en place, il se déplace d’une zone vers Rome avec une défaite immédiate de tous les joueurs s’il atteint la capitale. 


📍Phase de justice pour devenir le préteur romain : ce dernier frappe un joueur au choix du romain ayant la plus grande mise (la justice romaine est quelque peu partiale). Ce dernier détruit un cube famille adverse sans autre forme de procès, et en place un à lui où il peut. 

Le romain lésé récupère un jeton intrigue en compensation, puis tous les joueurs ayant perdu l’enchère gagnent un jeton intrigue (donc 2 jetons pour le joueur en deuil de cube), le glaive de la justice n’a pas de fourreau. 


📍Phase de jeu (pour devenir l’édile romain) : le vainqueur de l’enchère pourra poser un cube où il le souhaite, les perdants ne pourront en placer un que dans une province romaine. Puis, chaque joueur avance son marqueur faveur de la valeur de la carte d’intrigue et de ses éventuels modificateurs sur la piste idoine.


📍Et enfin la phase d’administration où l’enchère n’a pas cours. 

Les joueurs vont payer de 1 à 3 talents (en fonction de l’âge) par cube de famille sur un bâtiment, et des talents en fonction de l’avancée sur la piste des faveurs. 

Puis les joueurs vont gagner 1 talent par cube dans une province romaine où il possède un cube de leur couleur, à l’exception des provinces romaines qui n’apportent rien (pas de talent pour ceux qui restent au pays), et pour finir on alloue des points pour chaque région contrôlée par les Romains en fonction du nombre de cubes que chaque joueur y a placé.


Le plateau en fin de partie


📝À la fin du 3e âge, on rajoute 1 point pour chaque trio de talents restant au joueur (d’où l’expression « être talentueux »), ainsi que le prestige alloué pour le joueur le plus avancé sur la piste de faveur. 


🏆Le vainqueur rentrera acclamé à Rome dans un triomphe digne de César sous les quolibets de ses soldats, pendant que 💀 les perdants iront nourrir les lions dans le cirque sous le regard goguenard du général vainqueur.


Pas de règle additionnelle à 2 joueurs, on dirait même que la mise en place 2 joueurs a été omise des règles… 


👀

Niveau matériel nous ne jugerons pas sur le proto évidemment, après les images mises sur la page Kickstarter sont plutôt alléchantes et l’ensemble a l’air luxueux et de très belle facture. 

Après l’avis est plus perso, mais je ne vois pas trop l’intérêt de styliser autant la carte de l’Europe, autant sur un pays fantastique imaginaire, cela tombe sous le sens de créer quelque chose, autant quand ça existe déjà, cela donne plus une impression de brouillon que de réelle carte du pourtour méditerranéen. Par ailleurs, l’iconographie manque de fluidité, mais là encore on est sur un prototype et cela est amené à changer. 

Le premier jet des règles est plutôt clair et aisé à prendre en main même s’il persiste des oublis (la piste faveur n’est pas mentionnée dans la mise en place par exemple), après je suis retourné voir plusieurs fois sur la page KS pour être sûr, mais le jeu est bien indiqué à partir de 2 joueurs pourtant la mise en place commence à partir de 3 joueurs et on n’a aucune idée d’ajustement possible pour les duellistes…


Exemple
Où qu'il est le "2 joueurs" ??


La mécanique donne un genre de mix de Concordia pour la gestion des cartes et de Barbarians 2de édition pour l’aspect conquête, ce qui est plutôt un sacré compliment.


On se retrouve à essayer de planifier son âge en entier dès le départ pour définir quel axe prendre. 

💭Je mise fort pour choisir le bâtiment et récupérer son pouvoir et sur la baston pour aller faire bouffer son bouclier Averne au moustachu gaulois réfractaire.  Et tant pis pour la carte de loi et pour les jeux du cirque, de toute façon Spartacus, c’est bien qu’en série.


Une fois la planification faite, on essaye de s’y tenir.

💭La carte famille 0 pour pour le tribun, ça me fera toujours un talent, et la carte 5 pour avoir le cirque et valoriser mes garnisons pour les conflits à venir.

Quoi?! Le camp de Payetadaronne dirigé par le centurion MmeJ Mangetespuces qui joue la même carte famille ! Et mes jetons d’intrigue n’y suffiront pas devant sa carte loi « vous allez crever comme des chacals, bande de chacals! », finalement j’aurais pas du mépriser le tribun et ses cartes de loi… 

Du coup ça va être plus tendu pour se tanker le chef barbare teuton… 

Je vais me rabattre sur Spartacus et son cirque, finalement il a un sacré gros gladius… 

Et heureusement que le préteur me laissera l’opportunité de reprendre le contrôle du cirque en fin d’âge.


La partie se déroulant en 3 âges, il faudra être à l’affût de toutes les opportunités pour ne pas se laisser distancer pour finir loin derrière, oublié de tous, tel un Sponsien des temps modernes… 


Malgré toutes les bonnes idées qu’on peut lui trouver, Triumph a malgré tout du mal à convaincre et à se démarquer au milieu de la pléthore de sorties, et il faudra vraiment accrocher à cette mécanique d’enchère pour rentrer dans le jeu, car tout est centré dessus et le reste semble plus accessoire… 


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


Nous savons qu’il s’agit d’un prototype et que les règles ne sont pas définitives, mais en l’état la version 2 joueurs est d’une platitude digne de Samuel Rowbotham. On vous laisse découvrir le personnage grâce au moteur de recherche le plus connu du monde.


Les règles et le plateau omettent complètement de parler de modifications ou de mise en place spécifique 2 joueurs, en conséquence on fait une mise en place 3 joueurs sans grande certitude, mais la partie conflit perd complètement en intérêt puisque chacun va combattre son chef dans son coin et que l’entraide n’a pas plus d’intérêt qu’une partie de loups-garous à 2… On espère que les règles finales vont régler ce problème là.


Par ailleurs, chaque zone d’enchères contient des récompenses très similaires entre la 1re et la seconde récompense à part sur la zone du préteur qui n’a qu’une récompense unique.

On ira rarement à l’enchère conflictuelle délaissant une grande partie de l’intérêt du jeu puisque les jetons intrigue resteront en décoration près de sa zone de jeu pour finir avec une collection qui se dépensera souvent sur le dernier âge pour gonfler son score au jeu du cirque et grappiller les 8 points de celui avec le jeton le plus avancé sur les faveurs, ou pour éventuellement prendre 1 ou 2 talents à la banque du Crédit Lugdunum (ancêtre du Crédit Lyonnais)

La quantité de talents se maintiendra tranquillement juste pour payer ses troupes et n’apportera pas plus d’excitation dans sa gestion qu’un strip-tease de Rosine Bachelot… 


En conclusion, une version duelle qui mérite d’être retravaillée dans son ensemble, peut être avec l’apport d’un automa pour lui donner du répondant à un jeu de conquête qui a pourtant du potentiel à 4 ou 5 joueurs.

Mais en l’état, le centurion Mr J Malalanus et la décurion Mme J Mangetespuces préféreront passer leur chemin et rester dans le camp de Petibonum à essayer de voler la recette de potion magique à Panoramix plutôt que de conquérir l’Europe à coup d’enchères… 


Point de triomphe ou d’ovation romaine pour ce jeu, qui ne restera pas dans la postérité de la guerre des gaules de JC dans la ludothèque des J.

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