Verdant : et là, un petit Pelargonium Graveolens


Un jeu de Aaron Mesburne, Kevin Russ, Robert Melvin, Molly Johnson et Shawn Stankewich, le tout illustré par Beth Sobel et édité en France par Lucky Duck Games.


Instant Wikipedia 

On a tous dans notre entourage une mamie un peu grabataire qui parle à ses plantes comme si c’était encore son défunt mari, qui pourtant les nourrit par les racines depuis 2 ans déjà, ou une Mme J qui explique tout le mal qu'elle pense de son procrastinateur de Mr J à son troupeau d’avocats (là je parle de la plante, pas encore des gens en robes noires. Oui, Mme J a la fâcheuse tendance à essayer de faire germer tout noyau d'avocat entrant en contact avec elle)

Mais en vrai : parler aux plantes pure folie ou bien commun ? 

Certaines études montrent que les plantes auraient une capacité à communiquer en émettant des sons proches de 200 Hz pour se prévenir d’une attaque d’insectes en plus de relâcher quelques substances chimiques. 

Une étude américaine a récemment mis en exergue la nécessité de parler à ses plantes, cela augmenterait la taille de leurs racines, mais aussi leur production jusqu’à 20 % (de là à dire qu’il faudrait mettre une radio avec les Grosses Têtes dans les champs pour les rendre plus rentables, il y a qu’un pas, et l’expression con comme un poireau perdraient tout son sens #bêtecommechou #fairepoireauter #quandMrJmélangeleslégumesdanssonpanier #lanceurdetendance #influenceur)

Une étude de 2008 menée par Ikea (njut!) montre qu’une plante chérie prospère et qu’une plante qu’on insulte dépérit (après, l’intérêt d’insulter un platane me semble mitigé, sauf s’il traverse la route sans regarder). 

Certains chercheurs en écologie parlent même d’hypersensibilité des plantes qui posséderaient plus de 20 sens (Shaka de la Vierge peut aller ranger son armure d’or avec son septième sens), par contre je n’ai trouvé aucune étude sur les bénéfices d’avoir des relations sexuelles avec des végétaux, donc messieurs dames, veillez ranger concombres et bananes, et on pose la tarte aux pommes, merci... (*t'es quand même aller chercher sur le net "rapports sexuels avec végétaux...", ce qui explique, du coup, toutes les pages suggérées chelous que j'ai vu apparaitre...*)


Mise en place : 5 minutes 

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 30 minutes

Âge : 8 ans

Type de jeu : puzzle game, placement de cartes. 



Revoilà Mme J en mode « main verte » version Poison Ivy du dimanche. 

Et voilà ma jolie maison de geek remplie de jeux, de consoles et de mangas qui se retrouve à avoir des odeurs bizarres. 

Fini l’odeur de pizza dans le salon, voilà une odeur de Lilium Candidum, et mon odeur de chaussettes de la chambre est remplacée par une odeur de Tagetes Patula.

Vu le terreau dans le coffre et l’odeur entêtante de Daphne Odora (rien à voir avec Scoubidou) qui arrive sur mes naseaux délicats, je vais aller barricader la ludothèque avant que l’odeur naturelle de carton verni ne disparaisse… 

Bon, maintenant qu’il est acté que la carte fidélité de Jardiland va chauffer sec, autant bien aménager la maison pour que les plantes soient heureuses, et que Batman ne vienne pas nous mettre sa main gantée de noir dessus (Poison Ivy, toussa)… 


Mise en place : 

On place le deck de 60 cartes Plante uniques bien mélangé avec 4 cartes dans le marché, idem avec les cartes Pièce Uniques de la maison qui seront placées sous les premières. 

On mélange dans le sac les 90 jetons Enjolivement et Entretien puis on en place 4 au hasard entre les 2 lignes de cartes. 

À côté sera placé le stock de jetons Main Verte et Verdoiement ainsi que la réserve de Pot de fleurs dont le nombre et le type dépend du nombre de joueurs. 

Chaque jardinier débutant prend une carte de stockage et 2 aides de jeux, puis prend une carte Plante et une Pièce qu’ils placent pour débuter sa maison et éventuellement placer son premier Verdoiement. 

Si on veut (et on veut), on peut rajouter une carte Objectif de chacun des 3 types sous les cartes Pièce uniques. 


Prêts à rendre votre habitation plus Feng Shui en l’enrichissant en chlorophylle ? 


Exemple d'un set de départ

Mise en place de départ

Les Verdoiement en bois et jetons Main verte en carton


La partie se déroule au tour par tour jusqu’à ce que tout le monde ait une jolie maison fleurie de 3 cartes par 4 (les mathématiciens en herbe auront décompté 12 tours de jeu)


À son tour, on prend soit une carte pièce soit une carte Plante et le jeton Enjolivement ou Entretien associé, ainsi que les éventuels jetons Main Verte qui la recouvre. 

La carte délaissée se voit affublée d’un jeton Main Verte en compensation (soit pas triste, petit pétunia)


La carte prise doit être immédiatement placée à côté d’une carte déjà en place en respectant le rectangle de 4 par 3 (pas de maison d’architecte avec des angles étranges dans Verdant), et une carte Pièce ne doit jamais toucher d’autres pièces, et idem pour les cartes Plante qui ne doivent pas toucher d’autres plantes. 


Chaque pièce est d’une des 5 couleurs (ça doit être du papier peint et personne n’a dit que vous aviez bon goût pour son choix), mais aussi d’une condition d’éclairage. 

Si la condition d’éclairage correspond à la plante placée du même côté de la pièce (quel que soit l’ordre de pose), alors la plante récupère un jeton verdoiement. 

Si la plante obtient suffisamment de verdoiement, ils sont défaussés et la plante est immédiatement empotée avec le pot de plus forte valeur restant (c’est à cet instant précis que Mme J frétille)


Les jetons Enjolivement et Entretien peuvent :

- soit être stockés, avec une place dans le stock de 1 maximum, 

- soit utilisés immédiatement (sans possibilité d’être retirés ou jetés). 

Les enjolivements se placent sur les pièces à hauteur de 1 par pièce maximum sans condition de pose, mais si les couleurs correspondent cela maximise les points de victoire, les jetons Entretien permettent de rajouter des Verdoiements sur les plantes déjà en place. 


Les jetons Main Verte (5 maximum dans le stock), sont utilisées 2 par 2 pour : 

- soit rajouter un Verdoiement à une plante de son choix, 

- soit prendre un jeton non associé à la carte choisie, 

- soit modifier à sa guise les cartes du marché. 


Une fois la carte placée, on la remplace pour le jour suivant.

🏁 Ainsi de suite jusqu’à la fin du 12e tour où le décompte débute. 


La maison de Mme J en fin de partie

Mr J a finalement la main plus verte qu'il ne le pense


📝 Les joueurs prennent des points :

- leurs plantes ayant leur soûl de verdoiement, ainsi que les points des pots placés dessus, 

- un nombre de points égal au nombre total de verdoiements sur toutes les plantes non terminées, divisé par 2, puis arrondi au nombre entier inférieur le plus proche

- les pièces rapportent 1 point par plante du même type adjacente (2 points s’il y a un jeton Enjolivement de la même couleur sur la pièce décomptée, vous l’avez, l’intérêt de mettre un canapé jaune dans une pièce jaune ou un chat vert dans une pièce verte ? Drôle de chat…)

- pour finir les joueurs marquent des points pour leur nombre de jetons Enjolivement de type différent dans leur maison, 

- un bonus décorateur de 3 points s’ils ont les pièces des 5 couleurs, 

- et un autre bonus de 3 points s’ils ont les plantes des 5 types différents (succulente, à fleurs, insolite, grimpante, et feuillage)


Si vous jouez avec les cartes Objectif, vous comptez aussi leurs points. 


🏆Le vainqueur verra sa maison fleurant bon la chlorophylle et le lys, pendant que 💀 les perdants devront se contenter de l’odeur de Ginko Biloba et d’Hellébore Fétide, et je leur conseille ardemment de déménager et de brûler tout ce qui a touché ces plantes de près ou de loin… 


👥

À 2 joueurs, on réduit le nombre de pots vecteurs de PV à 3 de chaque type (béton, bois et céramique).

Les pots de terre cuite ne donnant pas de point, on les laisse dans le stock. 


👀

Niveau matériel, pas grand-chose à redire, tout est de belle qualité et agréable à manipuler. 

On apprécie la diversité des couleurs cutanées pour les jetons Main Verte qui donnent un côté multiethnique au jeu, ce qui n’est pas si courant que ça. 

Peu d’iconographies donc peu de questionnement, et aucun retour aux règles rendant les parties fluides et agréables. 

Les illustrations, réalistes, de Beth Sobel sont plutôt jolies, et les amateurs de botanique devraient s’y retrouver. Personnellement, ayant un niveau à peine capable de différencier une Bellis Perenis d’un Ranunculus Acrus, comme dirait d’autre, on a pas le cul sorti des Rubus Fruticosus (oui, le botaniste a un amour certain par les mots en -us), je ne jugerai donc pas sur la similarité entre l’illustration et la plante.


Niveau thématique, on l’oublie très vite, car si on cherche une logique, on irait jusqu’à se demander pourquoi une seule plante par pièce (ce qui est déconseillé, car elles ne peuvent pas discuter entre elles, et cracher sur l’autre pouf de Phalaenopsis Fuchsia à 2 branches qui s'est tapée l’autre bellâtre de Panax Ginseng en pot de nuit), et pourquoi ne les placer que dans les carrefours, car il n’est quand même pas évident de passer une encablure de porte quand un Adansonia digitata l’encombre.


On retrouve un des auteurs de l’excellent Calico, dont vous trouverez un très bon article caché (ou pas) sur ce blog👉(https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2022/08/calico-chat-tricote-severe-des-neurones.html ), dans ce puzzle game, on retrouve cet univers cosy et nature ainsi que ce côté placement en mode puzzle où chaque choix sera déterminant pour le décompte final.


Chaque choix sera un vrai casse-tête 💭 : miser sur la plante au fort potentiel de points de victoire si le Verdoiement est complet, mais avec une tuile Enjolivement peu intéressante, ou alors aller chercher la pièce jaune pour scorer au maximum les plantes nécessitant peu de luminosité et dépenser 2 jetons Main Verte pour acquérir l’engrais ce qui permettra d’ajouter 3 Verdoiements à une plante de son choix, mais ça rajoute un jeton Main Vert cadeau sur la Viola Odorata, dont mon adversaire ne manquera pas d’en faire son choix pour ornementer sa ludothèque (et temps pis pour l’humidité de la pièce).


Un jeu qui restera malgré tout dépendant des différents tirages des cartes, peut être même plus que Calico, rendant certaines parties très inégales. Les luttes florales semblent parfois donner une défaite inéluctable, et une partie presque autant foupoudav' que la survie d’un aloès dans mon appart étudiant d’époque. 


Son autre gros défaut reste l’AP.  On peut se retrouver à attendre la floraison de son Phallus De Titan, sans l’odeur qui va avec, enfin on espère quand même ne pas être en décomposition, avant que l’adversaire n’ait fait son choix rendant les parties longues et ennuyeuses. 


💚🌹

Malgré ses inconvénients, et avec les bons partenaires, on s’amuse à s’emmêler les racines nerveuses pour trouver la meilleure organisation pour la victoire et le Feng Shui de la partie, et l’envie d’y revenir pour faire mieux est bien présent.


👉Alors, à 2 c’est mieux ?


Compte tenu de son côté aléatoire, et de ses parties soumises à l’AP, clairement oui les parties sont mieux à 2 joueurs.

Déjà, on n’a pas le temps de faner avant que notre tour ne revienne, ensuite seul une carte et un jeton disparaissent du marché à chaque tour, laissant d’un côté une possibilité de programmer son action sur plusieurs tours, ce qui est particulièrement compliqué à plus nombreux, mais aussi d’observer le jeu adverse pour lui voler son Persea Americana au moment opportun. 

Du coup, comme à 2 l’anticipation est possible, on reste moins soumis à l’attente réflexive de l’adversaire, évitant ainsi les parties trop longues. 


On retrouve le côté puzzle game agréable de Calico avec des choix plus nombreux et plus de possibilités d’agir donc forcément les parties seront différentes, mais les sensations proches, et les fans du premier devraient prendre autant de plaisir avec le second. 

Les autres risques de passer à travers le jeu sans prendre trop de plaisir tant les choix sont vastes et les parties dominées par le hasard du tirage des cartes et des jetons. 

Calico reste un meilleur choix pour qui cherche un puzzle game avec un peu plus de contrôle. 


Malgré tout ceci, à 2 joueurs, on prend beaucoup de plaisir à choisir soigneusement ses plantes et à écouter Mme J leur donner un petits noms en citant Jamel Debbouze à chaque placement de plante « et là un petit Beaucarnea recurvata », ce qui rend les parties un peu plus moins calmes… 


Bon je vous laisse, je dois empêcher Gabrielle Ivy de placer une Gunnera manicata dans la ludothèque (je n’aurais jamais autant fait de latin moi), l’humidité va ramollir les boîtes… 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Hybris Disordered Cosmos : nom de Zeus, que c'est beau.

Darwin's Journey : quand la théorie de l'évolution remporte le Diamant D'Or.

Black Rose Wars : Renaissance : l'Université de l'Invisible contre attaque