Château Combo : travail d'équipe entre roturiers et nobliaux
Un jeu de Grégory Grard et Mathieu Roussel, illustré par Stéphane Escapa et édité par Catch Up Games.
☝Instant Wikipedia :
Une cour de roi ne serait pas une vraie cour sans son fou.
Et qui dit fou du roi, dit le bien connu Triboulet, Nicolas Ferrial de son nom de baptême, né à Blois en l’an de grâce 1479.
Il domina la cour de ses pitreries pour 2 rois de France successifs Louis IX et François 1er. Oui, dominer, car qui d'autre que le fou peut dire le fond de sa pensée sans risque de se faire pendre?...
Il y aurait potentiellement eu 2 Triboulets, voire un 3e avec le fou de René d’Anjou, mais personne n’est là pour le confirmer.
On lui connaît 2 jolies tournures de phrases qui lui valurent la postérité.
La première, après avoir copieusement moqué un noble seigneur, qui, lui, fut oublié de tous, ce dernier le menaça de le tuer à coups de bâton. De peur, Triboulet s'en plaignit à notre brave François 1er, ce dernier défendit son bouffon en menaçant de pendre le seigneur à l’humour frileux dans le quart d’heure suivant la mort du fou. Triboulet rétorqua alors fort justement qu’il préférerait que la pendaison ait plutôt lieu le quart d’heure d’avant sa mort.
Peu de temps après, il se moqua fortement d’une des maîtresses du roi.
Ce dernier, obligé de défendre sa belle, demanda à Triboulet de choisir sa mort avant de l’exécuter.
La réponse de dernier fut « Bon sire, par Sainte Nitouche et Saint Pansard, patrons de la folie, je demande à mourir de vieillesse ». Et François, amusé par la hardiesse et le bon mot du fol, le lui accorda.
Ce dernier mourut donc de vieillesse en 1536 pour être remplacé par le moins connu Brusquet qui, ne l’oublions pas, fût un des pires médecins que la France est connue (sans compter Christian Friedrich Samuel Hahnemann ou encore Didier Raoult) avant de devenir maitre des postes, puis devint fou du roi avant d’être condamné pour huguenotisme.
Et de nos jours les fous du roi sont élus au gouvernement tellement le poste est enviable...
Mise en place : 2 minutes
Règles : 5 minutes
Temps de partie : 15 minutes
Âge : 8 ans
Type de jeu : combo, construction de tableaux, opportunisme
Madame l’archiduchesse Cunégonde J, ayant fini de faire sécher ses pu♤♡◇♧ de chaussettes s'est lancée dans l’idée saugrenue de peupler le jardin d’une couronne de partisans.
Bon, avec tous les gueux des environs, on est plus proche de la Cour des Miracles sans Hélène Segarla, que de la cour de François 1er, mais bon, je vais jouer le jeu avant qu’elle ait fini de faire construire l’échafaud, je suis allergique aux cordages trop serrés…
Nous voilà donc partis pour créer notre plus belle cour de partisans, et ainsi rendre jalouses toutes les royautés passées, présentes, et futures.
Mise en place :
On place le deck Château au-dessus de celui Village, puis on dévoile 3 cartes de chaque deck.
On place le pion Messager en face de la rivière de villageois.
Chaque joueur prend 2 clefs et 15 deniers, le reste est placé au centre de la table.
📢 Oyez, oyez braves joueurs, la lutte pour la plus belle cour royale va débuter, veuillez poser vos augustes séants, affûter vos esgourdes, et que la victoire échoie au plus valeureux joueur.
Les joueurs jouent chacun leur tour jusqu’à avoir effectué un tableau de 3 cartes par 3, que les non férus de mathématiques se rassurent, cela ne fait que 9 tours, un tout petit village, mais un village quand même.
À son tour, on peut commencer par défausser une de ses clefs pour changer la position du Messager en l’envoyant dans le lieu où il n’est pas (c’est comme ça qu’un jour on a dit à Chuck Norris va voir là-bas s’il y était, et il y était…), ou remplacer les 3 cartes en face du Messager par 3 nouvelles, on ne peut faire qu’une de ces 2 actions par tour.
Une fois le Messager à sa place, on doit prendre une des 3 cartes qui sont dans sa ligne :
- soit en la payant, elle est alors placée dans son tableau de 3 par 3, adjacente à une carte déjà en place, et on réalise sa capacité immédiatement (déplacer le messager, récupérer de l’or et/ou des clefs, pouvoir payer moins cher certaines cartes lors de futurs achats…)
- soit on ne la paye pas, elle est alors placée face cachée dans son tableau, mais on récupère alors 2 clefs et 6 pièces.
🔁 On remplace la carte prise et c’est au suivant de jouer.
🏁 Quand tous les joueurs ont placé leurs 9 cartes, la partie s’achève.
📝 On décompte chaque carte en fonction de sa condition (emplacement, écu.s présent.s ou absent.s dans sa ligne, la colonne ou le tableau, pièces ou clefs restantes) puis on ajoute 1 point par clef non utilisée.
🏆 Celui ayant le plus de points sera déclaré vainqueur de cette joute ludique et pourra autoriser ses adversaires à le vénérer comme il se doit, 💀 les perdants devront avoir un bon dentifrice et de bonnes genouillères pour se mettre en bonne position pour baiser comme il se doit les royaux godillots du vainqueur.
👥 Pas de modification à 2 joueurs.
👀
➕
Niveau matériel, il n’y a pas grand-chose à dire, tout est de belle qualité, agréable à manipuler et l’iconographie est plutôt claire, l’aide de jeu permettant de s’y retrouver rapidement en cas de doute. Les règles s’apprennent en 5 minutes et se maîtrisent très vite.
➖
Le seul point noir, pour nous, est les illustrations.
Les goûts et les couleurs tout ça… mais nous n’adhérons pas du tout à la direction artistique.
Après, chacun est libre d’aimer ce qu’il veut, après tout Mme J m’a bien choisi…
Une fois la souffrance visuelle mise de côté, qu’en est-il du jeu ?
Trêve de tension dramatique, non vraiment suspens, c’est quand même plus parlant, désolé pour les lobbys du Petit Robert illustré, ce jeu est très sympa.
On est sur une mécanique pourtant bien connue de récupération de cartes en essayant de gérer son pécule pour ne jamais être à court (comme la chasse... aha... *soupir*).
On dépense une clef pour changer le Messager, on achète un noble onéreux, mais il faut économiser sur les gueux futurs, au tour d’après on embarque gratuitement le bourreau pour décapiter Philippe de V. chez les nobles vendéens pour renflouer sa bourse de 5 pièces et il n’y paraîtra plus.
Chacun fait donc son tableau dans son coin sans vraiment s’occuper des autres, à part voler la carte escomptée ou obliger le déplacement du Messager, l’interaction entre les joueurs est franchement très limitée, on regarde de temps en temps les symboles dans les écus voisins pour certaines capacités de cartes, mais clairement on est sur du solo à plusieurs.
Après, essayer de faire le mieux pour soi sans se soucier des autres est bien aussi, et peut-être que certains devraient y penser dans la vie loin des jeux...
Facile à sortir et à transporter pour des parties rapides et intenses, il faudra malgré tout un peu de place pour étaler tous les tableaux des joueurs sans empiéter sur la frontière du voisin, on a déjà vu des guerres pour moins que ça…
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
La réponse est je trouve assez compliquée.
Il n’y a pas d’aménagement à 2 joueurs et très peu d’interaction entre les joueurs, à cela s’ajoute une bonne dose d’opportunisme.
Conclusion, sur certaines parties en duo, on peut parfois avoir l’impression que le sort s’acharne un peu.
À plus de joueurs, les différentes rivières tournent plus facilement, à 2 joueurs, dans le fond il n’y a que 18 cartes qui vont changer, +/- un bourreau et quelques clefs.
Conclusion BIS, on risque plus souvent d'utiliser une clef pour remplacer les lignes, et espérer voir le personnage souhaité, tout en ayant toujours l’impression que la chance sourit à l’adversaire plutôt qu’aux audacieux. Il n’est pas rare de prendre des cartes faces cachées pour refaire son pécule et son stock de clefs tel un Passe-Partout désœuvré.
❗Après attention, le jeu tourne très bien à 2, juste l’opportunisme n’est pas toujours très aimable pour les mauvais joueurs, et dans la gamme Naishi est bien plus joli et fort sympathique à 2 joueurs, cf. article connexe ici 👉https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2025/05/naishi-un-duel-sabre-tire.html
Pour moi l’idéal pour Château Combo, c’est 3 ou 4 joueurs maximum.
Au delà, les parties deviennent beaucoup trop longues pour ce type de jeu et on s’endort entre les tours surtout avec des novices qui feront un point sur le pouvoir de chaque carte avant d’en prendre une, alors que bon c’est pas Tinder, aucune chance de revenir avec des chlamydias & co…
Je ne sais pas si j’arrive à traduire ma pensée, mais en gros on trouve ce jeu très plaisant, mais la sortie des cartes peut-être très punitive, ce qui se fait moins sentir à 3 ou 4 joueurs.
Par contre, on le déconseille à 5 ou alors avec des habitués, car l’attente entre les tours fait penser à un quinquennat de François H. tellement il ne se passe rien.
Comme le disait notre brave Diderot « rien ne peuple comme les gueux », et pour reprendre Rabelais « jamais homme noble ne hait le bon vin ».
Nous conclurons donc sur une citation des plus grands philosophes des années 90, "tout le monde a besoin de tout le monde depuis que le monde est monde, depuis que la terre est ronde".
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