Word Wonders : 8eme merveille ludique ?



Un jeu de Zé Mendes, illustré par Odysseas Stamoglou, Roy Wijnen, et Tom Ventre, le tout édité en France par Super Meeple.


Instant Wikipedia : 

On parle toujours de merveilles architecturales à visiter, admirer et photographier, mais rarement des échecs architecturaux. 

On ne parlera pas de tous, ça prendrait trop de temps, alors on va se concentrer sur 1. 

Longaberger était une société connue outre atlantique dans la confection de paniers en bois d’érable. 

Un jour, le PDG se dit "et si on faisait construire un immeuble à l’image de notre marque dans l'Ohio" (heureusement qu’elle ne fabriquait pas de sex-toys me direz vous... Quoi que le rendu aurait peut être été meilleur). C’est ainsi que naquit un des bâtiments les plus laids que l’humain ait pu conceptualiser. 

Une magnifique verrue en béton jaune et de la forme d’un panier (dommage que Super Meeple n’ait pas les mêmes moyens, un immense building meeple rouge en France, ça vend déjà plus du rêve que le panier de mamie)

Cette prouesse technologique a vu le jour en 1997, après 7 ans de travaux, parce que oui même si c’est laid, technologiquement parlant, c’est bien fait. 

Le bâtiment fait 180 000 pieds carrés pour 7 étages, la difficulté étant de maintenir le côté légèrement évasé du panier en faisant des étages de plus en plus larges, le tout surmonté de 2 poignées chauffantes de 150 tonnes chacune, au cas où on veuille le déplacer, pour la déchetterie par exemple.

Pourquoi des poignées chauffantes ? Pour ne pas y ajouter le poids de la glace en hiver, qui aurait risqué de fissurer l’œuvre, pardi.

La société déménage en 2016 (oui, 19 ans dans un panier, ça ferait rêver plus d’un artichaut)

Après la faillite de la société, ils ont tenté d’en faire un hôtel, mais passer sa nuit au panier ne fait rêver que les criminels notoires. 

Le bâtiment est donc toujours en vente pour 6,5 millions de dollars depuis 2021, sans compter les frais d’agence ou de notaire. 

Si vous êtes intéressés, Stéphane Plaza se fera une joie de vous le faire visiter une fois sa peine purgée... ou pas...




Mise en place : 10 minutes 

Règles : 10 minutes 

Temps de partie : 1 h

Âge : 8 ans

Type de jeu : pose de tuiles, polyomino, gestion de ressources 




💃 Chéri, j’irais bien voir les Pyramides en Égypte 

💂 Bonne idée ma mie, et après on pourrait aller voir le Machu Picchu, et pourquoi pas les Moaïs de Pâques ? 

💃 Oh oui, j’en ai toujours rêvé, puis le château d’Himeji au Japon 

💂 Voilà, et en rentrant on fait un détour par le Parthénon en Grèce.

💃 Merveilleux, et avant de partir on s’arrête au bureau de tabac pour gagner à l’Euromillion, parce que là, techniquement, on a uniquement les moyens d’aller à Nantes…

💂 C’est joli, Nantes… ils ont un éléphant géant mécanique…

💃 Sinon, on met toutes les merveilles architecturales et naturelles dans le jardin, ce sera plus rapide et moins cher pour les visiter.

💂 Bonne idée,! Et un petit concours de qui agence le mieux son jardin aux Merveilles, ça te tente ? 


Et voilà comment on s’est retrouvé à jouer à World Wonders, dans une tranche de vie des "Jackaux à la ludo". 


Mise en place : 

Une fois le plateau déplié au centre de la table, on place les tuiles Bâtiment en fonction de leurs formes, face cachée. La première de chaque pile est placée face visible. 

En fonction du nombre de joueurs, on rajoute des extensions au plateau avec de nouvelles tuiles aux formes différentes. 

Les routes et tours sont placées à côté du plateau, on place disponible un nombre de grandes routes, de lot de petites routes (un lot correspond à 2 moyennes et 1 petite) et de tours, le tout dépendant du nombre de joueurs. 

Les tuiles Emprunt sont placées à proximité des routes. 

On place les 2 piédestaux sur leur emplacement. 

Les Monuments en bois (appelés aussi Merveilles) sont placés à proximité du plateau. 

On brasse les cartes Monument avant d’en placer 3 disponibles avec leurs Merveilles associées. 

Les joueurs prennent leur plateau Ressources et y posent sur chacune des pistes un token sur le 0 (or, population, poterie, nourriture et engrenage), et leur plateau Terrain sur lequel il place leur première route longue au niveau du trottoir. 

Vous pouvez rajouter des cartes Objectif, et si vous jouez avec l’extension Mundo vous pouvez inclure les nouvelles Merveilles avec les anciennes : il faut créer un deck avec les anciennes et placer 2 cartes disponibles et un deck avec les cartes Merveilles Mundo et en placer 2 disponibles, soit 4 en tout pour les plus matheux. 

Et vous voilà fin prêts à faire côtoyer la Grande Muraille de Chine avec le Colisée. 


Exemple de cartes Merveilles

Les tuiles Bâtiment, les routes et les tours

Les Merveilles en bois

Encore les Merveilles en bois

Plateaux Ressources face A

Plateaux Ressources face B

Les cartes Objectif


Les cartes Aides de jeu


Les bâtisseurs vont jouer au tour par tour jusqu’à ce que plus personne n’ait d’or, on passera alors à une nouvelle manche. 

Au début de chaque manche, on part avec 7 pièces de base et on peut monter jusqu’à 9 en faisant crédit, mais attention, il faut le rembourser avant la fin de la partie pour éviter que vos bâtiments ne soient saisis.


À son tour, on peut : 


Pour 1 pièce  :

— Acheter un des lots de routes encore disponibles : ces dernières devront être immédiatement construites adjacentes à une route, une tour ou le trottoir de départ. 

Les grandes routes peuvent être retournées pour faire un pont au-dessus de l’eau du moment que leurs extrémités sont sur la terre ferme ce qui a une forme de logique, les ponts flottants, ce n’est pas pratique. 


— Acheter un piédestal assurant d’être premier ou deuxième joueur à la manche suivante.  


Pour 2 pièces :

On peut acheter une tour, cette dernière peut être apposée à côté de n’importe quelle structure déjà en place sur le terrain. 

Une tour permet de débuter une nouvelle route au départ de cette dernière.


Pour 2 à 5 pièces : 

On peut acheter un bâtiment disponible et le poser soit adjacent à une route (le déplacement aérien n'est pas à l'ordre du jour), soit d’un bâtiment déjà en place du même style. 

Une fois placé, ce dernier offre des ressources inscrites dessus. 

On avance sur les pistes correspondantes afin de gagner des citoyens et progresser sur la piste éponyme. 


Et enfin pour toutes les pièces restantes (ça peut être 1, ou 5, ce qui vous reste quoi, ce sera obligatoirement la dernière action de la manche si on décide de la faire), on peut acquérir une Merveille disponible. 

Pour cela il faudra respecter les conditions de pose (type de bâtiment adjacent, ressource naturelle, route, et type de terrain, le phare d’Alexandrie au milieu du désert de la Sartre n’est pas très pertinent). Une fois posées, certaines donnent des ressources immédiates ou des citoyens, et toutes donnent des points en fin de partie.


🔁 Une fois que tout le monde a dépensé tout son pécule, on passe à la manche suivante. 

Pour ça, on remet les lots de routes et tours disponibles, on enlève les bâtiments non acquis pour n’en remettre que des tous beaux tous neufs, on change l’ordre du tour en faveur de celui qui est sur un piédestal, ou qui a le moins de population.


🏁 La partie se termine soit à la fin de la 10ème manche quand il n’y a plus de tuile Bâtiment sur le plateau, soit lorsqu’un joueur a atteint la dernière case de la piste population. 


Le terrain de Mme J

Le terrain de Mme J bis

Le terrain de Mr J

Le plateau Ressources de Mme J

Le plateau Ressources de Mr J


📝 On compte alors le nombre de bracelets dorés à pierres violettes visibles : 

- sur la piste population,

- sur les Merveilles acquises, 

- 1 point par Merveilles naturelles non recouvertes pendant la partie,

- 1 point par tuile Bâtiment sans aucune case de prairie adjacente (la rivière et les ressources naturelles ne sont pas des cases prairie).

Pour finir, on regarde la ressource la moins produite, on ajoute au score le double de sa valeur intrinsèque (j’avais envie de mettre intrinsèque dans cet article même si ça n’apporte rien).

A ce total, on retranche 2 par emprunt non remboursé pendant le jeu, je vous avais prévenu que maître Capello n’était pas un tendre. 

L’extension Mundo permet un décompte de certaines Merveilles en fonction de ce qui lui est adjacent. Et si vous jouez avec les cartes Objectif, c’est le bon moment pour les décompter. 


🏆 Le vainqueur pourra célébrer sa victoire tous les matins en buvant son café sur sa terrasse en admirant la majesté d’une Obélisque trônant à côté de la Grande Muraille de Chine dans son jardin (c'est un sacrément grand jardin), pendant que 💀 les perdants n’auront que les guêtres de mamie à regarder sécher sous une bruine glaciale avec leurs yeux délavés en manque criant de caféine. 


👥 À 2 joueurs, les lots de routes sont au nombre de 2 :

- un avec 1 grande route, 

- et un avec 2 moyennes et 1 petite.
Il n’y aura qu’1 seule tour disponible, on ne place pas les extensions de plateau pour d’autres formes de bâtiments, et on ne place que 3 cartes Objectif en jeu.


👀


Niveau matériel, c’est top, les Merveilles portent parfaitement leurs noms, détaillées, belles à regarder et agréables à manipuler, elles sont justes parfaites. 

On en regrette presque la simplicité des tuiles Bâtiment, un peu comme dans la vraie vie en faite, une fois qu’on a admiré les Pyramides, les habitations à côté semblent bien ternes. 

Les cartes et plateaux sont simples et bien faits, rien n’a redire. 

Les règles courtes sont aussi faciles à assimiler et on apprécie tout particulièrement le point historique sur chaque Merveille en fin de règles du jeu de base. 


Les points noirs viennent de l’iconographie des cartes Objectif et de certaines Merveilles de Mundo qui manquent parfois de clarté, ralentissant le jeu et aurait mérité une petite fiche explicative. 

Autre remarque, le jeu est pour 5 joueurs à la base, pourquoi ne mettre que 3 aides de jeu dedans ? 

Il y a 3 débiles et 2 intellos sur toute grande tablée ? 

Bon, après tout, à 2 c’est mieux, donc ça peut être compréhensible, mais tout le monde n’a pas compris ce principe fondamental du jeu de société et pour ceux-là c’est dommageable. 

Et, c’est plus anecdotique, OK, mais qu’il est dommage de ne pas avoir de petits points culture sur chaque Merveille de l’extension, cela ne coûtait probablement pas beaucoup plus cher de les incorporer aux règles, comme pour celles du jeu de base, alors pourquoi s’abstenir ? 

Nous prônons la liberté des instants Wikipédia dans le jeu libre…


Les parties débutent comme un simple jeu d’achat de polyominos pour essayer de combattre avec ce qui est en place à la manière de l’excellent l’Île des Chats. 

Mais contrairement au territoire des greffiers en proie aux pirates, ici il faudra d’un côté essayer de ménager des espaces polyvalents pour accueillir les Merveilles au gré de leur sortie.

Par exemple, de l’eau pour le pont romain d’un côté, mais aussi un grand espace avec une ferme et une route au cas où se soit plutôt le Machu Picchu qui pointe le bout de son pic, et d’un autre côté une course pour récupérer les bâtiments, qui outre un prérequis pour certaines Merveilles, seront le seul moyen efficace d’avancer sur les 3 différentes pistes de ressources et donc de citoyens. 


On se retrouve très vite avec une course contre la montre pour embarquer la tuile désirée, et c’est là que vient tout le sel du jeu, l’argent étant limité tout comme les tuiles, bien entendu tout le monde veut la même chose. 

💭Du coup, si je prends la grande route je pourrais faire le pont entre les 2 parties du plateau, mais dans ce cas je dis probablement adieu au temple et donc à Chichén Itzá, ou alors je prends le temple, mais quid de la place nécessaire pour ma pyramide Maya de ce côté du Riderrmark, pardon de la rivière. Bon, je prends la route et un piédestal pour être sur de commencer la manche suivante, et Mme J flambe son pécule dès le 2ème tour pour être sûr d’avoir le Sphinx dans son jardin pour veiller sur son potager… sal…sifis… 

Bon je n’ai plus assez d’or pour le temple donc pas de Ppyramides et je ne suis pas à côté d’une mine de ressources naturelles donc tant pis pour les portes de Pétra… je me vengerais… ou alors je l’achète à crédit, mais depuis les sessions enfiévrées des Chiffres et des Lettres avec Mamie J, j’ai une peur panique de maître Capello (je sais, il n’etait absolument pas huissier de justice et ne s’occupait pas des recouvrements, mais c’est tout comme).


WW présente une belle rejouabilité, surtout liée à l’ordre d’arrivée des tuiles et des Merveilles, légèrement augmentés par la première extension. 

Un jeu facile d’accès, mais plus retors qu’il n’y paraît, chaque choix peut être déterminant et il faudra anticiper et miser sur l’avenir pour espérer s’en sortir. 

L’extension Mundo rajoute une vague stratégie, mais reste dispensable de mon point de vue. 

Après j’avoue, si une extension sort avec les Merveilles du monde fantastique, avec la possibilité de placer la Tour Blanche de Minas Tirit, l’Université de l’Invisible, Poudlard, un temple Jedi et pourquoi pas la tour des Avengers, je risque de me jeter dessus comme un zombie sur un cerveau après avoir vécu 4 ans sous l’égide de Trump…


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


À 2 joueurs, en réduisant le nombre de lots de routes et de formes différentes de bâtiments, on garde cette notion de course à l’acquisition version premier jour des soldes dans un Primark new-yorkais. 


La seule vraie différence comme souvent vient de la notion de planification. 

À 2 joueurs, on a plus de chance de voir perdurer une tuile ou une Merveille d’un tour sur l’autre permettant d’anticiper les dispositions de son jardin et de miser sur ce qui va rester disponible, mais bon, même s’il existe une formation en ligne appelée « 66 techniques pour lire dans l’esprit d’une femme actuelle » à seulement 127 euros, soldé 47 (ce n’est  malheureusement pas une blague) elle risque d’avoir autant d’efficacité qu’une sucette à l’aspartam pour gérer l’obésité mondiale… 

La course faisant, il n’est quand même pas rare de voir l’objet de son choix partir aussi vite qu’une fraise Tagada dans une salle de pause hospitalière… 

L’action de prendre un piédestal devient malgré tout beaucoup plus anecdotique à 2 joueurs.


Pour conclure, un jeu fort agréable et aisé à prendre en main qu’on aime sortir, quelque soit le nombre de joueurs pour des parties « initiées » au temps raisonnable avec un magnifique terrain de jeu qui se développe sur la table.


Bon, trêve de galéjade, en vrai Barad-Dûr dans le jardin pour surveiller le mini J qui ne dort jamais ferait une très belle extension non ? 

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