Le Château Blanc extension Matcha : retour à Himeji


Une extension du jeu Le Château Blanc créé par Israël Cendrero et Sheila Santos, illustré par Joan Guardiet et édité par Iello.


Instant Wikipedia : 

La carpe de brocart est appelée au japon nishiki-goi, ou plus communément, mais à tort, carpe koi.

En effet koi signifie carpe en japonais, appeler la bête "carpe carpe" est un peu un pléonasme… 

De base, ce gros poisson vivait dans les mers Noir, d’Aral, d’Azov et Caspienne, et fit son apparition vers 500 av. J.-C. en Chine, puis au Japon quand les Chinois ont tenté de les envahir. 

Au départ, les Chinois les élevaient pour les manger, le Japon fera pareil au 16e siècle surtout du côté de Niigata pour changer du "riz à rien". 

Et c’est lorsque le maire de Niigata en offrit 8 à l’empereur Taisho, en plus des 19 envoyées pour une exposition en 1914, que les carpes furent mondialement connues. 

Au départ noir, leurs mutations génétiques entraînèrent de multiples coloris, on en retrouve désormais 23 sous-genres, dont la Tansho représentant le drapeau japonais avec son coloris blanc agrémenté d’une unique tache rouge. 

Elles représentent la force et la persévérance, car elles remontent à contre-courant les rivières et cascades, et selon une légende chinoise, elles se transformeraient en dragon après avoir remonté tout le Fleuve Jaune. Munies de leurs 8 vertus et montrant la voie à suivre, elles font le bonheur des collectionneurs et se vendent parfois très cher. En 2018, une carpe Kohaku faisant 101 cm de 9 ans appelée « S Legend » a été vendue 1 800 000 dollars.

Pour ce prix là, espérons qu’elle ait fini sa vie en évoluant en Leviator plutôt qu’en sashimi.


Mise en place : 5 minutes 

Règles : 5 minutes

Temps de partie : 10 minutes 

Âge : idem au jeu de base

Type de jeu : idem au jeu de base



Les temps indiqués ici correspondent à l’ajout temporel vis-à-vis du jeu de base, pour lequel vous trouverez l’article ici : https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2024/12/le-chateau-blanc-petite-boite-haute-en.html


Après avoir susurré des mots doux au daimyo du coin, les J n’en finissaient plus d’admirer la beauté des sakura en fleur.

Pris par un élan de poésie, ils se décidèrent à aller baguenauder le long de la rivière, traversant les 9 koko-en du château. Mme J rêvait d’admirer des carpes koi bigarrées nager harmonieusement dans l’eau cristalline du château, pendant que Monsieur J était plus à la recherche de geisha.s désœuvrée.s, pour tester la cérémonie du thé, bien entendu. 

Chacun pêchant ce qu’il pouvait, les revoilà partis pour le concours de celui qui aura la plus grosse admiration du seigneur de ces lieux, mais avec, cette fois, un fouet à thé pour harmoniser tout ça.


Mise en place : 

La mise en place du jeu est classique, à part les quelques cartes ajoutées dans chaque deck, une fois faite, on place le plateau de l’extension muni de son pont et ses dés verts matcha. 

3 tuiles Nénuphars et une tuile Cérémonie, face bleue, sont placées dans l’étang sous le pont. 

On place les nouveaux decks de cartes Calligraphie et Ikebana sur leurs emplacements du plateau. 

3 tuiles Cérémonie sont placées faces jaunes visibles dans la maison du thé, 1 à chaque étage. 

Puis chaque joueur prend son nouveau plateau de jeu qui ajoute une ressource : le chasen (fouet japonais pour le thé matcha), et une ligne de geishas sous ses guerriers. 

Pour finir, sous les cartes de départ, on ajoute une tuile Cérémonie face bleue, qui, une fois acquise, se place en face de la ligne des geishas. 

Et c'est ainsi que la cérémonie du thé commença dans la famille J, avec un Mr J qui aime presque autant le thé qu’un bol de goudron aromatisé aux choux de Bruxelles. 




Le bas du plateau de base et son nouveau "bas" ajouté

Les geishas sur le plateau joueur bleu

Le nouveau plateau joueur vu par en haut


On abordera ici uniquement les changements spécifiques à l’extension, le reste de la mécanique est similaire au jeu de base.


Un nouveau bout de plateau s’offre au joueur avec de nouveaux dés. 

La mécanique de pose de dés est identique au jeu princeps, mais toutes les couleurs de dés peuvent aller sur le plateau extension, alors que les dés verts ne peuvent pas aller sur le plateau principal, c’est comme le mariage, tout ce qui est à moi est à Mme J, et tout ce qui est à Mme J est à… Mme J, saleté de notaire.


Les actions du plateau permettent : 


– D’activer dans l’ordre de son choix soit la partie haute, soit la partie basse du duo de cartes Calligraphie/Ikebana


 de faire une action matcha, similaire à l’action des courtisans, mais pour boire un thé plutôt que lécher un postérieur daimiesque, on peut dépenser 2 pièces pour amener une geisha à l’entrée du petit chemin de balade, puis dépenser de 2 à 5 chasens pour déplacer la belle de 1 à 2 cases. 

On peut en amener une près de la mare aux carpes koi pour un déplacement. 

À son arrivée, elle octroie :

- soit les bonus des 3 nénuphars, 

- soit pour 3 pièces le bonus indiqué sur la tuile Cérémonie.

Une seule dame blanche par joueur peut admirer la carpe, elle y restera jusqu’à la fin de partie (le gros poisson est hypnotisant)

Si on emprunte l’autre bras de l’embranchement, vers les faubourgs d’Himeji puis la maison du thé, alors le premier emplacement permet d’activer les bonus jaunes des 2 cartes du plateau puis d’en embarquer une pour agrémenter sa lanterne. 

Le 2e emplacement donne le bonus bleu des 2 cartes, mais n’entraîne pas de gain de carte. 

Et, pour finir, le dernier emplacement permet de placer la geisha à un des étages du palais (maximum 2 par joueur et par étage), rapportant immédiatement le bonus de la tuile jaune de l’étage, et modifiant le décompte final.


La dernière action consiste à placer un dé vert sur son plateau personnel au niveau de la ligne des geishas, cela donne les chasens et autres ressources débloqués par les geishas amatrices de carpes et de thé, et pour 1 jeton daimyo le bonus de la tuile Cérémonie en bout de ligne, acquise avec les cartes de départ, cette dernière ne pouvant être modifiée.


🔁La manche se termine quand il ne reste plus que 4 dés sur les différents ponts (et non 3 comme le veut le jeu de base). 

S’il reste un dé vert, les joueurs ayant une gente demoiselle devant l’étang peuvent à nouveau activer son pouvoir, comme pour les jardiniers. 


Le plateau joueur bleu en cours de partie

Le plateau joueur bleu en fin de partie

🏁Comme dans le jeu de base, la partie s’achève à la fin de la 3ème manche. 

En plus du décompte classique, on rajoute les points des geishas. 

Celles près de l’étang et dans les faubourgs rapportent en fonction de leur emplacement, et celles dans la maison du thé permettent de scorer en fonction du nombre de jardiniers, de courtisans ou de guerriers en place en fonction de leur étage de villégiature (2 geishas au rez-de-chaussée permettent de multiplier par 2 les courtisans que l’on a placés). 


🏆Le vainqueur aura droit à sa geisha personnelle pendant ses soirées avec le daimyo pour la cérémonie du thé, et pourra peut être répondre à la question "à 3 c’est mieux?", pendant que 💀 les perdants iront nourrir les carpes de brocart. 


👥À 2 joueurs, les règles habituelles ne changent pas, certaines cartes sont retirées du jeu et il est interdit d’empiler les dés. 


👀

Pour le matériel, les standards de la gamme sont bien respectés. 

On retrouve de nouveaux éléments qui se marient très bien avec l’ensemble, donnant l’impression d’avoir toujours été là. 

Les nouvelles règles sont claires, mais toujours trop condensées pour la facilité de lecture. 


Un jeu de base qui n’a pas que des qualités, mais qui nous a toujours fait passer d’excellents moments sur des parties relativement courtes pour un jeu dit expert. 

Une extension arrive : marketing ou réel intérêt ? 


Une des premières choses notables est l’ajout d’une action par manche. 

Le côté très court de Le Château Blanc était autant critiqué qu’adoré : 3 actions par manche et 3 manches pour comboter au mieux.

L’ajout de cette 4e action va légèrement rallonger le jeu, surtout les soumis à l’analysis paralysis qui auront le temps de voir leur thé se lyophiliser après service à force de réfléchir à tous les embranchements de chaque action possible, mais pas tant que ça pour les durs du bulbe (ça doit être le contraire de mou du bulbe non ?), ces ajouts collent parfaitement avec la cérémonie du thé et ses nouvelles opportunités qui s’offrent à nous.


Sortir une geisha ou un courtisan, aller vers l’étang et ses nénuphars pour refaire le plein de ressources ou aller vers le palais pour récupérer une nouvelle carte et un beau scoring de fin de partie, tout s’entremêle à merveille et c’est avec plaisir qu’on essaye de comboter au mieux dans un espace réduit.


Limiter l’emplacement des dés verts au nouveau plateau oriente la course à la zone de pose pour ne pas se perdre dans les méandres du château. 

Tout permet de limiter les choix du joueur l’obligeant à toujours revoir sa stratégie, tant un blocage de zone peut être contraignant.


Au final, une extension qui ne modifie pas le gameplay, mais qui oblige à restructurer ses stratégies aussi sûrement qu’un Musk au Doge, pour s’en sortir sans se diluer dans les nouvelles actions. 

Même si beaucoup d’opportunités s’offrent au joueur, il faudra savoir lesquels prendre pour éviter de finir avec un peu de monde partout et des points nul part. 

Avoir trop d’opportunités peut parfois paralyser l’hésitant.


👉Alors, à 2 c’est mieux ?


À 2 joueurs, en fonction des cartes qui sont sur les différents plateaux, et avec l’interdiction de s’empiler, certaines actions limitées en nombre peuvent être une vraie course, dés vert en plus ou pas. 

Il faudra encore plus surveiller son adversaire pour éviter de finir avec son jardinier mexicain bloqué à la frontière faute d’emplacement pour obtenir le passeport convoité. 


L’action de ma cérémonie du thé rajoute une nouvelle perspective sur comment dépenser son pécule et ses jetons daimyo, s’en suit un revirement dans les stratégies et sur quel type de meeple japonais jeter son dévolu. 

💭Le bonus du palais des geishas est plus intéressant au 1er étage, il va donc falloir que j’accentue ma création de guerriers pour scorer efficacement. 

L’amplitude des combos en ait augmenté : si je lance la cérémonie du thé, j’avance ma geisha d’une case pour activer les bonus jaunes me permettant de gagner un fer et une action et une action de camp d’entraînement, et avec les 3 fers dépensés je peux envoyer un nouveau guerrier qui va pouvoir perfectionner son bushido, et par la même occasion je gagne les ressources du nénuphar et la possibilité de placer un jardinier, ce dernier m’offrant, contre 1 jeton daimyo, une nouvelle possibilité de rapprocher ma douce dame de sa maison pleine de feuilles de plantes séchées. 

Et pendant ce temps, Mme J se brûle les doigts à essayer de servir son thé à la bergamote mouhahaha…


Une extension bienvenue qui renouvelle le jeu et les stratégies pour le plaisir des joueurs, quelque soit leur nombre, même si à 2 joueurs la course aux places se fait plus ressentir, et nous le préférons ainsi. 

Après, soyons francs, pour qui Le Château Blanc apporte autant d’intérêt ludique qu’un chanoyu mal fait pour un tépidophobe, alors laissez tomber l’extension, elle n’ajoutera pas de sake pour accompagner dignement le kaiseki.


Et comme dirait Zazie, j’achète un château au Japon, j’achète un jeu où tout le monde gagne, mais surtout moi…

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Hybris Disordered Cosmos : nom de Zeus, que c'est beau.

Black Rose Wars : Renaissance : l'Université de l'Invisible contre attaque

Unconscious Mind : La Société du Mercredi : Sigmund ne chante pas, il freudonne...