Castles of Mad King Ludwig : la femme de ménage n'est pas fournie dans la boîte.
Un jeu de Ted Alspach, illustré par Agnieszka Dabrowiecka et édité en France par Lucky Duck Games.
☝Instant Wikipedia :
Louis II de Bavière n’était, à l’origine, pas pressenti pour régner.
Il est décrit comme un enfant fantasque, très sensible et rêveur, ignoré par son père et raillé par sa mère (paye ta vie de TDAH en Bavière du XIXᵉ siècle).
Il finira pourtant par arriver au pouvoir à 18 ans, à l’insu de son plein gré, en 1864, reprenant les rênes du royaume à son père Maximilien II, mort d’un érysipèle en trois jours, tout en étant également comte palatin, duc en Bavière et duc de Franconie et de Souabe (#cumuldesmandatsetalors ?).
N’aimant pas sa vie de monarque, qu’il qualifie de « fadaise d’État », il crée d’immenses tables de réunion pour ne pas voir les autres participants, et chacune des réunions est accompagnée de concerts pour ne pas les entendre non plus. Il s’ennuie malgré tout presque autant lors de ses réunions que Laura Loomer en cours d’histoire.
Il se complaît dans les arts, et en particulier la musique. Son influenceur de l’époque ? J’ai nommé Wagner (rien que ça), qu’il devra bannir tant son influence devenait forte.
Il finit par se ruiner en faisant bâtir les plus beaux châteaux de Bavière, dont Neuschwanstein, qui inspirera le château de la Belle au bois dormant de Disney, ainsi que les palais d’Herrenchiemsee et de Linderhof (inspirés de Versailles), le seul qu’il verra achevé de son vivant.
Devant son comportement dispendieux et son caractère incompatible avec l’époque, il sera jugé fou par ses pairs, dont le brave Otto von Bismarck (qui était aussi romantique qu’une chanson de TTC), même si son médecin affirme le contraire. Il est aussi très possible que son homosexualité ait été l’une des causes de ce jugement, l’Allemand du XIXᵉ siècle n’étant pas trop pro-LGBTQA+.
Une fois destitué, au profit de son oncle Luitpold de Bavière, il sera interné au château de Berg, où il mourra le lendemain de son arrivée dans des circonstances troubles. Son corps est retrouvé sur la berge du lac avec celui de son psychiatre. L’autopsie conclut à une double hydrocution, ce qui laisserait probablement perplexe le docteur Caroline Saroyan, surtout en sachant que l’hydrocution est une invention des années 1950 pour laisser les parents digérer leur pinard tranquille plutôt que de surveiller les gosses au bord de la piscine (#complot).
Mise en place : 20 minutes
Règles : 20 minutes
Temps de partie : 1 h 10
Âge : 10 ans
Type de jeu : pose de tuiles, enchères
Thème : mon beau château, architecte en herbe
💂 Chérie, on n'a plus de place dans la ludothèque, on arrête d’acheter de nouveaux jeux du coup.
💃Que nenni mon brave, il nous suffit d’en rajouter une 3e, il reste de la place entre le donjon de torture de Mini J, et la salle du sphinx de Sirius, le chat.
💂 Palsembleu, que vous êtes futée ma mie, l’idée n’avait point germé dans mon esprit pourtant fort affûté en temps normal, peut-être une carence en magnésium. Vite que l’on m’apporte une banane au chocolat !
💃Oui, voilà on a qu’à dire que c’est le magnésium, et le canard chanceux met le jeu dans du cellophane.
💂 Et quitte à faire des travaux, que penses-tu d’ajouter une croix de Saint-André dans la chambre d’amis bleu roi ? Celle où viennent dormir tes parents ? Je suis sûr que cela siérait à l’esprit historique de ton géniteur, et cela ira à merveille avec la Dame de Fer en bronze que j’ai vu chez "Sigisbert torture de père en fils depuis 1515" (Marignan ! Désolé, réflexe).
💃 Et moi je pense que ton magnésium risque de ne pas être assimilé par voie orale si tu continues ces billevesées sur mes aïeux.
💂 Aïe-euh…
💃 En revanche c’est une occasion en or pour finir les douves et relancer la construction de ma salle de couture.
Et c’est ainsi que les travaux en appelant d’autres, les J se retrouvèrent en compétition : qui fera la plus belle enfilade de salles dans son château ?
Contrairement aux ministres français, point besoin de faire preuve de notre patrimoine.
Mise en place : Une fois le plateau central déployé, on y place les cartes Bonus mélangées, les tuiles Salle (chaque surface étant brassée indépendamment des autres avant d’être placée sur sa propre zone), Couloir et Escalier, en fonction du nombre de joueurs, ainsi que les jetons Faveur du Roi, également dépendants du nombre d’architectes.
On mélange les cartes Salle pour n’en garder que 11 par joueur en lice, puis on en pioche un certain nombre pour placer les salles indiquées sous les emplacements d’enchères du plateau, toujours en fonction du nombre de joueurs. Chaque joueur prend sa tuile de départ et 15 000 pièces, ainsi que 3 cartes Bonus pour n’en garder que 2, et nous voilà prêts à créer un nouveau château en Poitou-Charentes… pardon, en Bavière.
📢 La partie se déroule en manches jusqu’à ce que la pile de cartes Salle ait été entièrement vidée.
Le premier joueur est nommé Architecte en chef, il va gérer les 5 phases de la manche :
— Placement de salle : mis à part lors du premier tour, il va retourner une carte Salle par tuile Salle manquante dans la zone d’enchères, et placer la salle indiquée sous le plateau jusqu’à en avoir le même nombre que lors de la mise en place.
— Organisation : l’Architecte en chef va choisir en son âme et conscience le coût de chaque tuile. Il les place sous le plateau principal en face des coûts qu’il souhaite leur allouer.
— Achat : en commençant par le joueur à la droite de l’Architecte en chef, chaque joueur va avoir le choix entre passer pour gagner 5000 pièces, ou acheter une salle pour le prix indiqué, un couloir ou un escalier pour 3000. L’argent ainsi dépensé est donné à l’Architecte en chef. Ce dernier, une fois tout le monde servi et le pécule amassé, achètera à son tour quelque chose en donnant les sous à la banque (ou passera pour 5000).
— Placement : chaque joueur va placer sa tuile récemment acquise dans son château en devenir. La tuile doit être connectée à au moins une autre tuile de son château par une de ses entrées, mais certaines entrées peuvent être bloquées par des murs. Les clôtures des tuiles d’extérieur ne doivent être adjacentes à rien, et une salle de sous-sol doit être adjacente à un escalier pour rejoindre une salle qui n’y est pas, l’ascenseur n’étant pas disponible chez les Bavarois, que fait Otis…
Une fois la tuile placée, on marque les points qu’elle rapporte, auxquels on ajoute les bonus de connexions éventuels indiqués sur la tuile elle-même et sur celles avec lesquelles la salle vient d’être connectée. On soustrait ensuite les malus d’adjacence indiqués sur la tuile placée et sur celles en contact (il n’est pas nécessaire qu’elles soient connectées pour être considérées comme adjacentes). On vérifie également les bonus des tuiles sous-sol, qui donnent des avantages en fonction des tuiles déjà placées, mais aussi de celles qui seront posées après leur construction.
Si l’ensemble des sorties d’une salle est relié à une autre salle ou à un couloir, on gagne le bonus d’achèvement de la salle, dépendant de son type. En revanche, si l’une de ses sorties ne peut pas être connectée ou se termine dans un mur, la salle ne pourra jamais être achevée.
— Argent : on place une pièce de 1000 sur chaque salle qui n’ont pas été achetées ce tour.
– Changement : on change l’Architecte en chef et on refait le plein de salles si besoin en retournant une carte par tuile manquante pour définir la remplaçante.
L’extension va rajouter plusieurs modules, tous combinables entre eux, elles se jouent sur le verso du plateau.
– Les tours : nouvelles salles à la forme peu pratique avec un double bonus d’achèvement, dont un permettant de récupérer des jetons Faveur du Roi dans la réserve disponible, uniquement pour le joueur à la tour achevée.
– Les douves : on commence avec une barbacane (et non une barcacane comme le sous-entend la règle), pour 5000, on peut acheter un morceau de douve, chacun donnant 1 point par salle construite et future dans son château. Son acquisition oblige aussi à détruire une tuile de son choix de la réserve pour raccourcir la partie. Finir de construire la douve donne la possibilité de construire gratuitement la salle de son choix. Seules les tuiles jardin peuvent être connectées à l’extérieur du pont-levis. Il n’y a pas assez de tuile douves pour que tout le monde l’achève, mais celui qui fait son carré de douves sera très limité pour placer ses tuiles Salle à l’intérieur, il devra donc privilégier le jardinage et les petites surfaces de salles.
– Les passages secrets : ils permettent de connecter deux salles par leurs entrées en supprimant l’adjacence des salles sus nommées, tout en doublant leurs points bonus ou malus.
– Les cygnes : on ajoute sur chaque salle disposant de l’icône cygne un jeton cygne au hasard. Le joueur achetant la salle gagne le cygne. Il pourra à tout moment défausser ses cygnes pour de l’argent, ou les garder pour modifier le décompte final en fonction des couleurs différentes de cygnes encore en sa possession.
– Les décrets royaux : chaque joueur acquiert en début de partie un décret qui donnera soit un bonus de départ, soit un bonus au cours du jeu, soit un bonus lors du décompte final.
— Les tuiles Rénovation : elles peuvent être acquises en lieu et place d’une autre tuile pour 5000. La tuile ainsi récupérée recouvrira immédiatement une tuile déjà en place dans son château de même forme. Cela permettra de modifier son type pour lui en donner 2 différents, modifiant son scoring ainsi que, potentiellement, celui des autres salles. Par ailleurs cela lui offre un double bonus d’achèvement.
🏁 La dernière carte Salle retournée sonne le glas de l’affrontement, on finit le tour en cours avant de passer au décompte final.
📝 En plus des points accumulés pendant le jeu, chaque joueur prend :
- 1 point par salle dans son château dont la pile du plateau est vide,
- les points des cartes Bonus,
- les points des majorités, dépendant des jetons Faveur du Roi,
- et 1 point tous les 10 000 sous restants.
🏆 Le vainqueur régnera sur les bières de Bavière jusqu’à la fin des temps, pendant que 💀 les perdants iront nourrir les poissons dans le fond du lac avec Louis II et son psychiatre.
👥À 2 joueurs : on réduit le nombre de salles de chaque type ainsi que les Faveurs du Roi.
Seules 22 cartes salles sont en place (il est donc probable que certaines surfaces de salle n’apparaissent pas dans la partie). Et il n’y aura que 5 salles disponibles à l’achat à chaque manche.
👀
➕
Niveau matériel il n’y a pas grand-chose à redire.
Tout est qualitatif, les tuiles sont épaisses, très bien illustrées et l’iconographie est très claire.
Le côté légèrement aimanté du plateau permettant au cygne marqueur de score de rester en place sans aller dans la mare en secouant le bas des reins est tout bonnement parfait.
Le rangement dans ses gametraiz est ergonomique à souhait, franchement, rien à redire.
Les règles sont claires et s’acquièrent rapidement, même pour les néophytes, franchement que du plaisir.
➖
Le seul petit bémol vient du côté des extensions, dont les règles sont beaucoup plus floues.
Les zones d’enchères, en fonction du nombre de joueurs, sont beaucoup moins claires, et le doute subsiste quant au nombre de salles à mettre aux enchères.
Il en va de même pour les explications concernant les douves, et surtout pour celles relatives aux tuiles de rénovation, qui manquent un peu de clarté (prendre un bonus d’achèvement d’une salle, puis la recouvrir d’une rénovation pour obtenir un double bonus d’achèvement me laisse perplexe, par exemple). C’est dommage, vu la qualité des règles du jeu de base.
Nous allons dans un premier temps parler du jeu de base avant d’aborder les extensions.
Une fois passée l’installation de tout ça, et ce regard sur ce beau matériel avec une belle présence sur table, on se lance manu militari dans la réalisation de sa future demeure de rêve.
Après tout ici on peut rendre contiguë la chambre, la cuisine, la ludothèque et un gouffre sans fond pour virer les mauvais joueurs et ceux qui pinaillent sur le résultat du dernier match du PSG pendant les règles, puis qui râlent parce qu’ils ont perdu "mais c’est de ta faute tu as mal expliqué"…
Les 2 rôles d’Architecte en chef et de simple bâtisseur s’alternent et ont chacun leur saveur.
Le chef tentera d’organiser au mieux les enchères pour que la tuile qu’il convoite ne lui revienne pas trop cher et soit toujours disponible lorsque son tour viendra, après avoir amassé une fortune grâce à ses adversaires. Il cherchera aussi à obliger ces derniers à aligner le deutsche mark pour renflouer ses caisses. Mais attention à bien lire dans les esprits des bâtisseurs, car la salle convoitée peut aussi très bien leur convenir.
Le bâtisseur, lui, devra faire attention à ne pas trop enrichir le prétentieux en chef en achetant trop cher, mais tout de même prendre une tuile intéressante.
Car la « salle de la harpe » à construire adjacente au « chenil, » à « la salle de garde » et une « chambre à coucher » risque de vous coûter plus cher en malus que ce qu’elle apportera en point. Il faudra donc faire le choix entre se montrer dépensier pour une super pièce au bonheur du chef et au risque de devoir passer pour faire l’aumône au prochain tour (ce qui peut être très pénalisant, sauf si au prochain tour on est soit même l’Architecte en chef).
Ou au contraire économiser, prendre un escalier peu cher pour préparer la pose future « des catacombes » (et avoir un emplacement rêvé pour le corps sans vie du chef, et du PSG), et espérer que l’objet de notre désir reste en place au prochain tour, où le chef aura changé et l’argent affluera aussi sûrement qu’un commentaire raciste dans une interview de Pascal P.
La forme des salles permet aussi de jouer sur les adjacences, la ronde est moins facile à placer, mais sans les angles, ça touche moins le bord des autres salles.
Les extensions, lorsqu’elles sont toutes mises en jeu simultanément, peuvent facilement doubler le temps d’une partie, la faisant passer de 30 minutes à une bonne heure. Comme les choix se multiplient, le temps de réflexion s’en trouve rallongé.
Prises individuellement, elles donnent du pep's au jeu.
Les tours renforcent l’asymétrie du décompte, rendant la fin de partie très incertaine.
Les douves peuvent rapporter beaucoup de points, mais elles obligent à jouer dans un petit périmètre ou à privilégier le jardin. Attention toutefois à la course : tous ne pourront pas les finaliser.
Les rénovations peuvent, en un seul achat, permettre de récupérer deux bonus d’achèvement d’un coup. C’est extrêmement puissant et cela peut créer un gros écart avec un architecte débutant. Elles rallongent aussi la durée de jeu, augmentent considérablement les possibilités et complexifient l’ensemble. Il est donc important de bien maîtriser le jeu de base pour en apprécier toutes les subtilités.
Les cygnes sont plus anecdotiques, même si, bien utilisés, ils peuvent offrir un coup de pouce financier ou un beau bonus de points en fin de partie.
Les décrets royaux et les passages secrets sont les modules les plus accessibles et ne modifient pas profondément le jeu.
Les conditions de fin de partie varient selon les modules choisis : il faudra désormais vider la pile de cartes (qui contient d’ailleurs moins de cartes qu’à l’origine) ainsi que deux piles de salles avant de pouvoir déclencher le décompte final.
Au final, un jeu mélangeant habilement enchère et pose de tuile avec des mécaniques originales qui marchent très bien et donnent envie d’y revenir, avec du beau matériel et une belle rejouabilité, surtout avec les extensions.
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
On aimerait bien répondre oui, mais comme beaucoup de jeux d’enchères, la version 2 joueurs est moins aboutie.
L’architecte en chef recçoit moins d’argent à chaque manche, les joueurs sont plus pauvres et se contentent souvent des tuiles les moins chères plutôt que de payer pour la plus intéressante et de risquer la banqueroute (malgré les 150 spams par jour je n’ai toujours pas vu la couleur de mes panneaux solaires offerts par l’état, serait-ce une arnaque ?), obligeant ainsi à passer pour récupérer un peu de mailles pour espérer rajouter une ludothèque entre la chambre de Mini J et la salle d’autopsie.
La stratégie du chef se contera souvent de mettre les meilleures salles très chères pour les rendre inaccessibles (ce qui indiquera aussi les salles convoitées à l’adversaire qui risque de les laisser trop chères jusqu’à ce que l’un des 2 craque), laissant possible l’achat d’une « salle de violoncelle » ou d’un « placard à balai » en espérant que les bonnes pièces accumulent suffisamment de pièces sur leur tuile pour les rendre plus accessibles à un architecte débutant... #unepetitepiècesilvousplait,leFAAPc'estparici...
💙 Après, ne nous mentons pas, même si moins intéressant à 2 joueurs, on prend malgré tout beaucoup de plaisir à voir son château s’agrandir sous nos yeux, en imaginant Mini J puni dans la salle de torture, la salle de bain des préfets de Poudlard pour Madame J, et moi je vais rénover la chambre en ludo-bibliothèque, après tout dormir c’est pour les faibles, comme nous le confirme le chat tous les matins à 5 heures, ou l'enfant à 5h30…
Pour conclure : un jeu qui prendra toute sa saveur à 3 ou 4 joueurs, mais ce côté régressif et immédiat de voir évoluer son plateau de jeu en temps réel nous le rend malgré tout très agréable, pour un revival des Sims au château (bon par contre à plus de 4 joueurs, le temps de partie devient beaucoup trop long pour nous, et c’est de vieillesse et plus d’hydrocution que nos joueurs vont décéder).
L’article étant terminé, n’oubliez pas le FAAP et le don qui ça avec, mon RIB étant FRXX…
Pensez à ces pauvres architectes sans le sou, vivant de tourtes aux parpaings et de ciment frais, agrémentées d’une 86 tiède devant une rediffusion d’How I Met Your Mother
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