Looot : 3 O valent-ils mieux que 2 ?
Un jeu de Charles Chevalier et Laurent Escoffier, illustré par Naïade, et édité par Gigamic.
☝Instant Wikipedia :
Le trésor de Spillings est à ce jour le plus gros trésor viking découvert.
C’est lors d’un reportage archéologique à Gotland, en Suède, que les archéologues s’amusèrent avec un détecteur de métaux post-émission dans la ferme de Spillings.
Et c’est là que l’appareil s’affola, les poussant à creuser fiévreusement pour découvrir le trésor… et quel trésor !
On exhuma ainsi le plus grand trésor viking, oui, madame, encore plus grand que Chris Hemsworth.
Il contenait 14 295 pièces, dont 14 000 dirhams islamiques (encore une preuve que les Vikings et les Arabes de l’époque étaient de grands voyageurs), le reste provenant de diverses régions, dont des pièces perses du VIᵉ siècle, ainsi que des pièces prouvant que certains Khazars s’étaient convertis au judaïsme, transformant Mahomet en Moïse sur certaines monnaies.
En plus de la menue monnaie, on trouva des lingotins, des broches penannulaires et des bijoux d’argent pour un total de 67 kg, ainsi que des torques et autres artefacts en bronze.
Le tout fut indemnisé à hauteur de 200 000 euros pour les dégâts causés lors des fouilles, même si le trésor est estimé à beaucoup plus.
Depuis, j’ai un détecteur de métaux, mais à part trois capsules de bière, deux canettes de Coca et une boîte de nourriture pour chat, mon jardin ne cache que de la paille et des crottes de chat…
Mise en place : 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 30 minutes
Âge : 8 ans
Type de jeu : placement de tuiles, exploration, contrôle de territoire
Thème : Viking
💂 Mais que vois-je ? Une zone de terre habitée que nous ne contrôlons pas ?!
Il serait temps d’y accoster nos rafiots et d’aller guerroyer pour conquérir de nouveaux lieux et, comme tout bon colonisateur, piller la zone, laisser les autochtones exsangues et repartir l’air de rien avec un « Oh ! » de la girafe étonnée de "Avez-vous déjà vu ?" quand on nous fera remarquer que c’était moyen, bof bof, comme comportement… dans cinquante ans.
💃 Moui, OK, M. J, on y va, mais pas de massacre : je viens de refaire ma « gaule » manucure (c’est l’ancêtre de la French manucure ; l’onglerie est un métier autant d’avenir que de passé).
💂 Ah, bon bah OK, si c’est pour tes cuticules, je ne peux rien te refuser.
Les gars, on range les haches, car si madame n’a plus de cuticules, comment voulez-vous que je l...ui enlève son pull ? Ça va s’accrocher et les mailles vont filer.
👮 OK chef, mais comment allez-vous devenir le Jarl du coin si vous ne sortez pas votre seax ?
💂On se tient par la main et on chante "À la queue leu leu" jusqu’à ce que les habitants soient lobotomisés et qu’ils nous rejoignent. Et à nous leurs maisons, leurs tours et leurs châteaux !
Et c’est ainsi qu’est né « Looot ».
Allez, je vous donne le « la » et on chante "La cheu-cheu synchro", partons à l’attaque.
Mise en place :
Une fois le territoire formé, selon le nombre de joueurs, avec les tuiles Bâtiment (maisons, tours et châteaux) placées sur leur emplacement, on place la tuile Mer adjacente au plateau avec 5 drakkars, face visible, tirés du sac et posés dessus, puis on place la tuile Trophée, où seront déposés les 5 trophées en ordre croissant.
Les ressources sont placées à côté du terrain.
Chaque joueur prend son fjord avec ses 13 guerriers vikings pacifiques (oui, c’est un oxymore, comme une belle horreur ou un Premier ministre vif), ses 3 boucliers, ainsi qu’un chantier de chaque type, pris au hasard, qu’il place face « ressource » visible sur leurs emplacements.
📢Vous êtes près ? Alors « tout le monde s’éclate à la queue leu looot ».
La partie se déroule jusqu’à ce que les 13 guerriers de chaque joueur arpentent les Landes inconnues, rien à voir avec le livre de Crichton.
À son tour, le joueur actif doit poser un viking sur une zone exempt d’autre meeple du terrain central.
Il doit être posé sur une case ressource uniquement, et adjacent soit à une tuile drakkar posée sur la mer, soit à un guerrier déjà en poste quel qu'en soit la couleur.
Une fois son viking placé, le joueur récupère la tuile représentant la ressource recouverte et la place dans son fjord, tuile qui ne pourra pas être déplacée par la suite.
Ensuite, le joueur peut capturer les bâtiments adjacents à son nouveau barbu à la réputation belliqueuse, s’il en respecte les conditions.
La maison doit avoir un guerrier adjacent ; les tours se capturent par deux si elles sont reliées entre elles par une ligne continue de Vikings de la même couleur ; et les châteaux doivent être adjacents à un groupe d’au moins quatre guerriers identiques contigus.
De la même façon, les bâtiments doivent être reliés à un espace vide de son fjord.
En plus, le joueur peut prendre une tuile drakkar visible, immédiatement remplacée par une du sac, et un trophée si le nombre de haches sur son fjord correspond.
Un seul trophée par partie peut être pris.
La tuile trophée est placée sur son emplacement du fjord, et les drakkars sont placés face chantier visible sur le fjord.
Une fois la ou les tuiles placées dans son joli biome glacé, on vérifie si elles complètent un chantier de drakkars ou des bâtiments adjacents aux nouvelles tuiles. Dans ce cas, le joueur retourne la tuile, qui pourra être décomptée en fin de partie.
À tout moment de son tour, le joueur peut retourner un ou plusieurs de ses trois boucliers (quatre avec le goodie Plato, comme sur les photos de l’article) pour activer leur pouvoir : poser un deuxième Viking, récolter une deuxième fois la zone recouverte ou jouer sur la même case qu’un autre Viking.
Le goodie permet de catapulter son Norois pour le placer sans respecter les règles d’adjacence.
🏁Quand tous les guerriers sont en place, en plus de chanter « c’est la marche des corbeaux qui en sortant du tombeau se secouent le bas des reins et fond croa croa » à tue-tête (Huginn et Muninn doivent être ravis de cette adaptation), on passe au décompte des points.
📝Chaque tuile ressource, ses bâtiments et ses structures dont le chantier est achevé (et sans retard lié à une flémingite aiguë des ouvriers) sont décomptés.
La valeur des tuiles est indiquée par un barème en bas de son fjord, chacun étant bonifié par les drakkars terminés sur son fjord, les drakkars non terminés feront perdre 5 points chacun au charpentier naval aux yeux plus gros que le ventre.
🏆Le vainqueur sera sacré Jarl Ludique de la ludothèque, pendant que 💀les perdants seront ré-embarqués dans une nouvelle chenille qui redémarre, suivi d’une danse des canards à faire pleurer Donald D ou T au choix.
👥À 2 joueurs, la zone de jeu se réduit à 2 territoires, et sur chaque zone de maison et de tour on place 2 bâtiments, et 3 sur les emplacements château.
👀
➕/➖
Le matériel n’est ni moche ni beau.
Autant l’illustration de la boîte est très jolie et donne envie de se plonger dans un univers viking qui semble plutôt chibi, autant une fois la boîte ouverte, tout est OK sans plus.
Les meeples vikings sont bien faits, mais ne collent pas vraiment à l’identité du jeu. Les illustrations montrent des Vikings plutôt débonnaires, pillards de ressources mais sans violence, après tout, ce sont les vacances. Quant aux meeples, idem, munis de larges haches plus proches de la breiðøx que de la hache barbue plus couramment utilisée, et d’un bouclier semblant davantage annoncer les batailles sanglantes que la capture de frêles moutons qu’ils rapporteront dans leur fjord…
Pour finir, les fjords auraient mérité un peu plus d’épaisseur afin de moins gondoler, mais le réchauffement climatique frappe partout.
➕
Les règles sont simples et faciles à appréhender, pas besoin d’y retourner pendant la partie.
Un jeu qui réunit de grands noms ludiques, sélectionnés au Sablier d’Or 2024, détenteur du Mensa d'Or 2024 et en lice pour le Kennerspiel Des Jahres 2025, ça ne peut faire qu’envie.
Mais une envie justifiée ?
On a ici un jeu à la mécanique très simple où tout le sel du jeu réside dans comment avancer mes plans tout en essayant de contrecarrer ceux des adversaires.
💭 Si je joue là, je prends l’or dont j’ai besoin pour achever la construction de mon bâtiment. Avec ça, je prends un drakkar qui potentialisera les gains de ce même métal précieux… ou alors je vais prendre le mouton, moins lucratif, mais qui empêche mon ennemie de relier et de prendre les deux tours.
Bon, finalement, j’ai pris les moutons. Au pire, un méchoui doit faire du bien par cette chaleur.
Ah, la vile gredine ! Mme J utilise son bouclier pour se placer sur mon mouton (et non Moumouton et son attaque « roulé-boulé »), embarque tout de même les tours, et en prime rafle le trophée que je convoitais… une voleuse digne de Flynn Rider, cette femme ! Tant pis, je peux encore prendre l’or et changer de drakkar à bâtir. Après tout, celui qui donne des points sur les arbres a l’air pas mal…
Oups ! Il ne me reste plus assez de guerriers pour acquérir les deux haches manquantes…
Et ce type de tour s’enchaîne, à se surveiller l’un l’autre tel un Titi désœuvré devant un Rominet affamé, jusqu’à ce que sonne le glas de l’affrontement/conquête au treizième guerrier en place.
Un jeu qui ne révolutionne rien, mais dont les parties sont fluides, agréables, et très accessibles, sans réels avantages pour un aficionado face à un Viking juste sorti de l’œuf.
La thématique très plaquée est sympathique et la rejouabilité est liée aux changements permanents de terrain, pour des parties plaisantes où on peut lier dans une même passion novices et ludistes confirmés.
👉 Alors, à 2 c’est mieux ?
À deux joueurs, la réduction du territoire et du nombre de bâtiments à grappiller et à ramener dans son fjord (vous les voyez, les barbus sanguinaires qui essaient d’embarquer la forteresse de Castel Cran sur leur karv ? Les Normands ont déjà volé le Mont Saint-Michel aux Bretons ; si les Norois leur piquent leurs derniers bâtiments, on va voir arriver la révolution du Chouchen en fest-noz majeur) est suffisamment marquée pour maintenir courses et blocages à chaque action.
Il est d’ailleurs plus aisé d’anticiper les désidératas adverses puisqu’il n’y a qu’un fjord à surveiller.
La version « je te bloque, tu me bloques, on s’emm*rde l’un l’autre » est toujours bien là, et les parties s’achèvent avant que le Viking débonnaire que je suis ne devienne assoiffé de sang d’une Mme qui s’est octroyé le droit de me voler la dernière pépite.
Un jeu agréable, rapide, facile et un tantinet vicieux qu’on aimera sortir, quel que soit le nombre de joueurs pour passer une petite demi-heure agréable.
Encore une fois, rien de révolutionnaire dans le jeu qui, même si fort sympathique, est peut être un peu trop commun et très loin d’une notion d’expert pour mériter un prix aussi prestigieux que le Kennerspiel.
Arès entre notre avis et le Spiel il y a souvent un fossé proche du Colorado…
Bon, ce n’est pas tout ça, mais j’ai quatre cousins qui se sont posés à côté de Chambord, j’ai plus qu’à ramener le butin, pardon le buutin (loot égal butin, donc looot doit être buutin ou butintin au choix), dans le jardin. Va falloir aménager tout ça.
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