Leaf : il y aura des feuilles partout, cachées sous les cailloux. Leaf tiendra sa revanche...
Un jeu de Tim Eisner, illustré par Angela Rizza et édité en France par Lucky Duck Games.
☝Instant Wikipédia :
Le ginkgo biloba est un arbre unique en son genre, déjà parce qu’il est le seul représentant de sa superfamille en botanique, mais aussi parce qu’il existe depuis le Permien, soit 270 millions d’années, et que son plus vieux représentant encore en vie a 3000 ans (il fait moins le malin, Jésus, là).
L’arbre mâle est reconnaissable à ses cônes de pollen en forme de chatons, alors que les femelles portent leurs ovules nus au bout des branches, sans même être entourés par un ovaire ou des pétales. On compte dans la nature environ 3 femelles pour 2 mâles (chanceux ?).
Il est utilisé en médecine traditionnelle chinoise sous le nom yinxing (et pour une fois, pas pour des problèmes d’érection, mais consommé lors des mariages pour sa vertu aphrodisiaque), où de nombreux effets sont prouvés — comme la protection des neurones ou l’inhibition de l’agrégation plaquettaire —, mais aussi de nombreuses croyances infondées, comme l’amélioration de la sénilité ou d’Alzheimer. Il a d’ailleurs été reconnu comme cancérogène par l’OMS.
Son extrême résistance en fait le seul être vivant à avoir survécu à l’explosion d’Hiroshima et le premier arbre à y avoir repoussé. Au Japon, il est appelé « arbre grand-père-petit-fils », car seuls les petits-enfants de celui qui l’a planté verront les fruits. Les femmes viennent aussi prier devant lui pour augmenter leur fertilité et avoir suffisamment de lait pour allaiter. Sa feuille est d’ailleurs le symbole de la ville de Tokyo.
Si le fruit de madame ginkgo n’est pas fécondé, il dégage de l’acide butyrique. Pour faire simple : quand il tombe par terre, il pue la merde. Alors, niveau aphrodisiaque, évitez certaines rues de La Rochelle au printemps… sauf si cela fait partie de vos kinks.
Mise en place : 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 30 minutes
Âge : 8 ans
Type de jeu : pose de tuile, combo
Thème : nature, écologie
L’automne arrive, le jardin va à nouveau se transformer en vaste terrain vague, entre bouillasse et chutes de feuilles caduques, l’extérieur va se transformer en succursale de Dagobah, sans Yoda, mais avec une Mme J en un peu moins verte et un peu plus grande.
💃Demain, les feuilles tu aspireras, ou dans le hamac extérieur tu coucheras…
💂Mais demain il pleut, et y a plein de moustiques et je suis allergique…
💃Au moins, sucer tu te feras, et de la crème je te prescrirai. Allez, au boulot, et que la force soit avec toi…
Et voilà comment je me suis retrouvé à jouer avec des feuilles mortes, tout en me couvrant de 5/5, de corticoïdes et d’antihistaminiques… frôlant le choc anaphylactique, j’utilise mes dernières forces pour vous parler de Leaf, imaginez une fin à peine plus glorieuse que celle de Marion Cotillard… beaaaar.
Mise en place :
On place les différentes feuilles sur le plateau Feuilles en respectant leurs espèces, le marqueur saison est placé au début de sa piste au-dessus des feuilles. On brasse les cartes Animal pour en mettre 5 faces visibles sur le plateau associé, le reste est placé à côté avec le deck de cartes Feuille. On place les deux feuilles de départ, les Glands et jeton Soleil à côté.
Chaque joueur place son écureuil en bas de l’arbre et pioche 3 cartes Feuille.
📢 Et vous voilà prêts à réaliser un herbier du plus bel effet.
La partie se déroule au tour par tour jusqu’à ce que l’hiver vienne (un petit côté Stark, ce jeu, finalement), ou qu’une 3e pile de feuilles soit vidée, le joueur ayant récolté le plus de glands (je parle du fruit du chêne, et non des fans de « TPMP ») sera vainqueur.
À son tour, le joueur doit jouer une carte feuille pour prendre la feuille indiquée et la placer sur le terrain. S’il n’a plus de carte, il refait sa main et récupère un malus de -3 glands en fin de partie. En défaussant une 2e carte identique, on rajoute un bébé champignon sur la feuille lors de la pose.
La feuille placée devra être connectée à une ou plusieurs feuilles déjà présentes sur le terrain.
Les connexions se font par l’apex des limbes et par leur pétiole (c’est-à-dire par la « queue » et l’extrémité de leurs ramifications). Chaque feuille possède donc entre 3 et 8 connexions, selon son espèce.
Le joueur effectuera 2 actions par connexion établie : l’une dépend de la couleur de la feuille posée et l’autre de celle déjà en place. On peut donc être amené à réaliser entre 2 et 64 actions par manche. (En réalité, si vous dépassez les 6 actions, c’est déjà très bien ; 10 serait un coup de chance monstrueux. Quant à 64, cela supposerait que vous jouiez contre un député français ayant voté la loi Duplomb et qui comprend l’écologie aussi bien qu’un Minion…).
Le choix des actions dépend de la couleur des feuilles.
– Les jaunes donnent des jetons Soleil
– Les rouges permettent de faire pousser un de ses champignons sur une feuille sans champignon à nous, ou d’en faire grandir 1.
Si un adversaire pose une feuille adjacente à une feuille avec un de nos champignons, on gagne un Soleil.
– Les vertes donnes des cartes Feuille
– Les oranges permettent de prendre des cartes Animal du plateau ou de la pioche, certaines donnent un gland dès réception. Les cartes ainsi récupérées sont placées au-dessus de son aide de jeu.
– Les marrons aident Sqeerty l’écureuil à grimper à l’arbre donnant un bonus à chaque case atteinte.
À tout moment lors de son tour, on peut défausser 3 soleils pour faire avancer le pion Saison et récupérer plein de glands.
Si le jeton passe une gelée, on passe une série de cartes Animal identiques récupérées pendant la saison sous son aide de jeu pour qu’ils puissent hiberner tranquilles.
🏁Une fois la 3e gelée atteinte, on finit le tour puis on compte ses glands.
📝En plus de ceux glanés pendant la partie, on prend un bonus pour :
- l’écureuil le plus haut dans l’arbre,
- pour ses groupes de champignons adultes adjacents,
- pour ses lots de bestioles identiques hibernants [les autres bestioles sont laissées mourantes dans la froidure de l’hiver naissant]
- et on prend 1 point par paire de cartes et jetons Soleil restants.
🏆Le grand vainqueur sera roi des glands et vivra heureux auprès de son chêne quand la bise sera venue sans le quitter des yeux,💀 Les perdants seront aussi rois des glands, mais plutôt du genre à regarder les rediffs d’un décérébré leur lancer « Salut, mes petites beautés ! » sur feu C8…
👥À 2 joueurs, on retourne le plateau Feuilles réduisant le nombre d’espaces entre les gelées.
👀
Niveau matériel, pour commencer, on apprécie grandement l’engagement de l’éditeur originel sur le principe du no plastic, tout en maintenant un rangement aux petits oignons dans la boîte.
Le matériel est par ailleurs de très bonne qualité. Ayant les talents botaniques de Goyle dans Harry Potter, je ne saurais dire si les feuilles ressemblent réellement à leurs modèles, mais l’ensemble offre une très belle présence sur table et un vrai plaisir à manipuler. Les illustrations des cartes animales sont également très réussies, même si elles détonnent par rapport au reste des graphismes. Dans l’ensemble, tout est très bien réalisé, et les règles sont claires, il n’est pas nécessaire d’y revenir au cours de la partie.
Un jeu découvert au FLIP 2024, déjà plus d'un an, et qui aura un peu tardé à nous rejoindre, mais il faut savoir être patient avec la nature.
En soi, le mécanisme de pose de tuiles, agrémenté du hasard lié à la pioche des cartes-feuilles et à l’apparition des couleurs de ces dernières, est assez connu et n’apporte pas de grandes innovations. Pourtant, le fait de jouer sur les connexions des feuilles déjà en place, tout en tenant compte de la couleur de chacune, est très malin.
Il faut également veiller à ne pas laisser trop d’ouvertures à l’adversaire, tout en s’octroyant, à chaque tour, le maximum de types et de nombres d’actions différents. C’est particulièrement bien pensé.
💭Je vais commencer par une feuille de ginkgo biloba rouge pour engranger 2 cartes Animal, récupérer 2 cartes Feuille et placer immédiatement 3 champignons, ce qui obligera l’adversaire à m’offrir sur un plateau d’argent un jeton Soleil à son tour.
Alors, elle enchaîne avec une feuille de tulipier de Virginie jaune pour faire la même à l’opposé et se faire dès le départ une razzia sur les jetons Soleil (même si elle m’en offre galamment un de bonne grâce… enfin, si de bonne grâce consiste à me le jeter à la face avec un « tiens » dédaigneux, bien entendu) et la voilà qui avance déjà la saison en cours, la vilaine.
Bon, reprenons-nous : je vais essayer de connecter au mieux ma feuille de liquidambar pour bénéficier de son tulipier et des soleils associés, ainsi que d’une carte Animal pour augmenter mes hiboux déjà en place et avancer mon écureuil dans le chêne par la même occasion…
Les tours s’enchaînent rapidement, toujours très fluides et agréables : on se pique des places, on met des champignons partout, on fait la course aux bestioles et on passe tous une superbe demi-heure à créer son parterre de feuilles, qui est de toute beauté (et en prime, ça évite de pourrir les feuilles du dictionnaire de mamie J. avec des feuilles dégueulasses qui vont craquer une fois séchées… je garde un souvenir traumatique des herbiers demandés par l’école primaire), pour tenter la victoire arboricole avec l’envie d’y revenir, une belle trouvaille dans la gamme Canopée (https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2022/04/canopee-sans-plastique-cest-fantastique.html, leur précédent jeu), qui ne nous déçoit jamais.
👉Alors à 2 c’est mieux ?
À 2 joueurs, le maintien de la tension est toujours bien présent puisque la partie est raccourcie : on ne peut donc en aucun cas se laisser distancer en se disant « c’est pas grave, je remonterai plus tard ». Et aucune Grand-Mère Feuillage pour te dire que l’esprit va te parler, que ton cœur va comprendre et que la partie sera gagnée.
Soit tu te bouges la feuille pour rester compétitif sur les différentes actions (champignons, Soleil, écureuil), soit l’hiver risque d’être rude.
Le hasard de la pioche de feuilles se compense par la quantité piochée, car attention : une feuillopénie (une carence en cartes vertes, en gros) peut être fatale.
Si l’adversaire avance le pion Saison, il faudra l’avancer à ton tour sous peine d’être en manque de gland, ce qui, en France, serait un comble.
Un jeu qui garde une tension permanente pour réussir le plus beau combat avec ses feuilles et finir avec une superbe tablée feuillue, digne des meilleurs repas champêtres, sans le sanglier rôti pour faire bonne mesure.
Un jeu qui s’adapte parfaitement à son nombre de joueurs, pour des parties qui restent inférieures à l’heure et toujours plaisantes, du moment que la table est suffisamment grande.
Arriver à faire original avec de la pose de tuiles basique n’était pas gagné : bravo.
Tu entendras sa voix,
Comme un cri au fond de toi.
Un jour tu verras,
Ton cœur chantera !
Je ne suis pas sûr d’être ravi d’avoir un remake de la chanson de Pocahontas dans la tête à la fin de cet article…
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