Canopée : sans plastique c'est fantastique le carton c'est super bon.


Un jeu de Tim Eisner, illustré par Vincent Dutrait, et édité par Lucky Duck Games.

Instant Wikipedia : la canopée en latin signifie moustiquaire, terme se rapprochant du lit à baldaquin, en grec canapé (chacun sa vision de l’utile), désormais elle désigne la partie feuillue des arbres d’une forêt. Souvent elle forme son propre écosystème, riche en fruits et animaux. 
Cette dernière capte 95 % de l’énergie solaire et 30 % des précipitations (du coup, le sol paraît tout de suite plus pauvre), c’est cette dernière qui joue le rôle de poumon en captant le carbone pour en faire de l’oxygène.

Mise en place : 10 minutes
Règles : 10 minutes 
Temps de partie : 30 minutes


Vous voilà une forêt à part entière à tendance équatoriale qui cherche à faire grandir ses arbres pour avoir la plus grosse… Canopée, avec la biodiversité qui l’accompagne en faune et en flore.
Mais attention aux catastrophes naturelles (ou humaines) qui pourront être délétères, ou bénéfiques, si on le gère bien.

La mise en place très rapide consiste à séparer le deck de carte en 3 paquets, 1 par saison, on pose 1 carte de la saison 1 dans la première colonne nouvelle croissance, puis 2 sur la seconde, et 3 sur la dernière face cachée. 

Chaque joueur prend son tronc de départ et c’est parti pour qui aura la plus grande canopée.

Cartes de départ

Les tours s’enchaînent avant un décompte à la fin de chaque saison. Cette dernière se déclenche dès que le deck est entièrement vide. 

L’action est simple, on prend toutes les cartes de la première colonne, soit on les garde, soit on les repose en en ajoutant une, on regarde la seconde, etc. 
Si aucune colonne ne donne envie, on prend la première carte de la pioche sans possibilité de la refuser, si la pioche est vide alors on est obligé de prendre la dernière colonne retournée.

Une fois la colonne choisie, on place toutes les cartes en fonction de leur type dans sa canopée. 
Un tronc peut, soit agrandir un arbre déjà en place, mais sans sa canopée, ou de débuter un nouvel arbre. Les graines, la faune et la flore sont à mettre de côté par espèce, idem pour les maladies, ou les cartes météo, seule la sécheresse fait défausser une carte immédiatement. 

Cartes saison

On pourra aussi activer les pouvoirs de certains animaux (pas vraiment amicaux avec l’adversaire pour certains. Viens caresser mon boa, Madame J !! *slap derrière la tête*).

Cartes faune

Dès la fin de la saison, on procède au premier décompte. 

On active les animaux aux pouvoirs de fin de saison. 

On fait pousser nos graines en piochant 3 cartes dans le deck associé (une de plus par carte feu en notre possession, un incendie n’est pas toujours néfaste à petite échelle, les cendres font du bon terreau pour la repousse de plante), et on en garde une par carte graine en notre possession. 

Cartes graine

On active les désastres si on possède 2 cartes feux ou maladie, on défausse soit des cartes flores (si feu) soit faunes (si maladie), mais si on en a 3, les désastres se répandent chez le voisin qui devra aussi en subir les conséquences (la grippe aviaire, c’est contagieux on nous l’avait dit pourtant, maintenant il n’y a plus de poulet). 

On décompte tous les arbres avec leur canopée (les troncs nus étant encore en pleine croissance, ils sont mis de côté), sur lesquels on place un token animal dessus pour penser à ne plus jamais le compter, il ne poussera plus, pas d’émergence dans notre canopée. Le joueur qui a le plus haut prend le bonus de saison associé.

Tokens animaux, pour éviter de compter 2 fois un arbre...
(Tricher, c'est mal !!)

Bonus de fin de saison pour qui aura le plus grand arbre, 
et 10 points pour celle ou celui qui aura la plus grande canopée

On marque les points météo (chaque association soleil et pluie donne 5 points), et on gagne, ou on perd les points de notre flore (il faut savoir gérer son écosystème, le phragmite c’est joli, mais il draine toute l’eau des sols, et pas d’eau, pas de plantes).
Pour finir, toutes les cartes sont défaussées sauf les arbres et la faune (la flore fane avant de revenir). 

Et c’est reparti pour la nouvelle saison.

À la fin de la troisième saison, on gagnera en plus les points de nos couples reproducteurs (paires d’animaux identiques avec les PV notés en gris et non en vert), et le bonus pour celui qui aura la plus grosse canopée, le plus d’arbres cette fois pas le plus haut. 

Un beau gros tas de PV

Le vainqueur prendra une part importante dans la réduction des gaz à effet de serre sur notre planète, pour le perdant… il reste encore quelque cannibale Wari dans la canopée amazonienne, alors attention !! 

Dans le jeu est fourni des cartes plus expertes, qui rendront vos parties plus interactives et rarement dans le bon sens pour l’adversaire (en même temps, qui voudrait d’une araignée Goliath dans son salon ?), ainsi que des cartes changement de saison qui rajoute une petite règle qui change chaque saison. 

Cartes changement de saison

Les deux ajouts rallongent légèrement la partie, mais augmentent son interactivité et le plaisir de jeu (ainsi que ma défaite, oui perso j’aurais été bouffé par les Wari, vu mes talents de jardinage... Je croyais qu’une fougère, c’était immortel…).

Les règles expliquées ici sont les règles du jeu à deux, pour une fois c’est l’inverse dans ce jeu et ce sont les versions 3 et 4 joueurs qui sont des variantes. Les colonnes de nouvelles croissances ne sont plus au centre du jeu, mais séparées entre les joueurs, en laissant une accessible à tous, et les autres accessibles qu’au joueur l’encadrant.

Et n'oublions pas la très pratique aide de jeu !

Comme d’habitude, Vincent Dutrait se surpasse, et ce jeu est d’une beauté rare. 

Les animaux endémiques de l’Amazonie sont d’un réalisme (les dendrobates sont prêtes à vous sauter sur les genoux pour un câlin, et, bon, vous tuer dans d’atroces souffrances, mais c'est l'jeu), et les fleurs magnifiquement réalisées. 

On félicitera aussi l’édition qui a fait en sorte de réduire le plastique en fournissant des sachets en papier (il manquerait plus que tout soit en matériaux recyclés, et là ce serait une grande réussite). 
Alors oui cela ne change pas la face du monde, mais c’est un geste appréciable, et si tous prenaient exemple ce serait un plus dans cette passion du jeu de société dont l’écoresponsabilité passe souvent au second plan pour le plaisir ludique. 

Tout ça pour dire que dès l’ouverture de la boîte l’envie d’y jouer est forte et l’envie de voyager aussi d’ailleurs (le budget nous dit qu’on peut d’ailleurs voyager jusqu’à la forêt communale d’à côté… niveau canopée c’est limité, la faune se contente de sangliers et p'tites biches, et pour la flore, il reste des champignons).

Le jeu quant à lui reprend des mécaniques vues dans Sea of Cloud de Théo Rivière, associées à de la collection de cartes, il n’est pas forcement révolutionnaire, mais l’ensemble donne pourtant un jeu au plaisir ludique certain et addictif. 
On essaye de faire la forêt la plus luxuriante en aménageant faune et flore au mieux pour qu’une symbiose se forme et si en plus on peut foutre le feu dans la forêt du voisin on ne va pas cracher dessus (cela risquerait de l’éteindre)
On pourra, avant la partie, organiser les decks saison ou les laisser au petit bonheur la chance (perso on préfère laisser la nature faire ses choix), on peut rajouter des cartes plus agressives, ou se laisser flotter dans la jungle amazonienne sans moustique (et la jungle sans palu, ça c’est les vacances)

Au final ce jeu donne plein de possibilités agrémentées de magnifiques illustrations qui donneront envie de le ressortir fréquemment pour un affrontement naturel digne de ce nom.

Alors, à 2 c’est mieux ?

Ce jeu est vendu comme un jeu deux joueurs, avec une variante plus multi, et c’est vraiment dans le duel que tout le charme existe. 

Toutes les cartes passeront entre nos mains, reste à savoir quand les prendre ou non. 
Plus on joue, plus on connaît les cartes et plus on essayera de prendre celles que l’on veut si notre adversaire veut bien nous les laisser (Madame J est rarement d’accord… égoïste)

La dualité n'est pas que dans l'affrontement avec l'adversaire, elle est aussi dans nos choix : prendre un deck avec l’animal tant attendu vaudra-t-il malgré tout le coup si on doit l’associer à une deuxième maladie ou à la troisième Bromélia ?  Faut-il tenter le diable pour avoir les trois cartes, faut-il continuer à faire pousser son arbre au risque de ne plus avoir de canopée ? 
Plein de questions qui ne trouveront de réponses que sur vos futurs parties, nombreuses à n'en pas douter.

Les parties rapides et le petit format du jeu donnent la possibilité de le transporter et de le sortir facilement (il faut quand même une vraie table pour jouer, la tablette de l’avion pour Sao Paulo ne marchera pas même en classe affaire). 

Oui à 2 c’est mieux, et cela apporte un peu de fraîcheur humide dans les duels acharnés.

Maintenant, laisse tomber l’engrais et vas motoculter la ludothèque pour y planter ton premier Dutraitier (arbre à jeux illustrés par Vincent Dutrait). Il demande beaucoup d’attention, mais le résultat est sensas. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Northgard : Uncharted Lands et ses extentions : mangez des pommes qu'il disait...

Vindication : il est méchant monsieur Brochant, mais plus pour longtemps.

Earth : sans humain, la terre est plus folle.