Museum Pictura : une œuvre d'art dans la ludothèque



Un jeu d’Éric Dubus et Olivier Mélison, illustré par Amber Sharf, Joëlle Drans et Loïc Muzy, édité par Holy Grail Game via Kickstarter avant de venir en boutique chez Synapse Games.

Instant Wikipedia : la peinture fait son apparition il y a 40 000 ans (à quelques jours près), dans le monde entier, il s'agit de la peinture rupestre dans les grottes représentant animaux et scènes de chasses le plus souvent. Euchiros, cousin de Dédale, aurait inventé la peinture en Grèce (selon Aristote, mais ses réfutations sophistiquées expliquent comment bien mentir? donc réserve, je mets) aux alentours de 1100 av. J.-C., plutôt sur les poteries à l’époque. 
Vers le 6e siècle, le christianisme lance la mode des icônes, et marque le début des peintures sur bois magnifiées par l’Empire Byzantin. 
La peinture sur bois se diversifie à l’époque romane, et c’est au 13e siècle que l’art médiéval devient plus réaliste avec l’apparition des volumes et des perspectives. 
La Renaissance (14e au 17e siècle) voit l’essor de la peinture dans un but décoratif et surtout déplaçable avec l’arrivée de la peinture sur chevalet (parce que bon, peindre un mur c’est joli, mais plus compliqué à emmener lors d’un déménagement), d’abord sur bois, puis de la peinture à l’huile sur toile de lin, dont la Madonne Avec Les Anges, qui est une des premières œuvres sur toile retrouvées. 
On est loin des magnifiques œuvres de Mini J, très art contemporain, mais Van Gogh se rapproche un peu du talent de notre fils, d’ailleurs ses premières œuvres vont être mises en vente pour 500 000 dollars pour les abonnés du blog, prix d’amis bien sûr, fdp offerts, on prend en charge l’assurance pour les frais PayPal, bien entendu.

Mise en place : 20 minutes
Règles : 20 minutes
Partie : 1 h à 1 h 20


Chers amis conservateurs de différents musées du monde des années folles, un nombre incroyable des peintures des plus grands peintres ayant existé dans le monde viennent d’être mises à disposition, nous vous laissons le soin de les prendre pour agencer au mieux votre musée, accroître votre renommée et à l’occasion rendre cultivés vos concitoyens.

Il s’agit du matériel issu du Kickstarter, mais nous avons fait le choix de n’inclure aucune des extensions, peut-être un prochain article les détaillera. 

La mise en place consiste en : 
- assigner une carte tendance à chaque musée international qui va définir leur peinture de prédilection avec un peintre, une époque et un thème. 
- 4 cartes peinture dans chaque musée, soit dans la colonne de gauche si elles ont un point commun avec la carte tendance, soit à droite si ce n’est pas dans leur prérogative (on vous avait dit que le Louvre voulait des œuvres de Mini J, alors ce Fragonard que personne ne connaît, franchement… Il doit rester une place dans les toilettes du personnel, au mieux.)
- placer 5 mécènes et les jetons d’expositions temporaires sur leurs plateaux respectifs

Le plateau central

Les marqueurs de points et les marqueurs de réception des cartes faveur
2 des 4 couleurs

Les cartes mécènes

Les jetons exposition

Puis vient la mise en place des joueurs. Chaque joueur prend : 
- un plateau personnel
- 5 cartes peintures, 
- 1 carte faveur 
- 3 cartes tendance, il n’en conserve qu’une. Elle représente la tendance personnelle du musée du joueur, son p'tit crush quoi.


Les cartes tendance, qu'elles soient personnelles ou non

Les cartes faveur

Et c’est parti pour remplir notre galerie. 

Avant chaque tour, on retourne une carte tendance, qui va définir les préférences du public pour ce tour (qui changent aussi vite qu’une résolution de baisser ses achats de jeux). 

Le tour se déroule en 3 phases jusqu’à ce qu’un conservateur atteigne 50 points de renommées, lançant la fin de partie. 

1. Le joueur actif va piocher 2 cartes tableaux dans la réserve puis échanger une de ses cartes avec un des 4 musées internationaux. Si la peinture donnée fait partie des recherches du musée, alors le joueur gagne de 1 à 3 points de renommée, si elle ne l’intéresse pas, bah il ne gagne rien, si la peinture récupérée était une de celle aimée du musée, on la paiera de 1 à 3 points de renommée, 0 si c’est celle des toilettes du personnel. 

2. Une fois cela fait, tous les autres joueurs peuvent échanger une carte de leur main avec une peinture d’un des musées, selon le même principe. 

3. Puis le joueur choisi entre trois actions :

Remplir son musée : il défausse une (ou plusieurs) carte dans sa réserve pour en placer une (à plusieurs) dans son musée. 
La carte peut venir de sa main, de sa réserve ou de celle de la réserve d’un autre musée, dans ce cas un échange de points de renommée est de rigueur. 
La ou les cartes posées (toujours à hauteur de 1 pour 1) sont placées comme on souhaite dans notre musée, on peut à tout moment les réorganiser. Le joueur récupère des points si une des données de la carte tendance actuelle correspond à la peinture jouée.

Organiser une exposition temporaire : à partir de la quatrième carte posée ayant soit la même période (caractérisée par une couleur), soit le même thème (petit symbole en haut à droite de la carte), et qui sont connectés dans votre musée, le joueur actif peut organiser une exposition (une seule fois par thème, ou par époque, on ne va pas non plus se taper 5 expos sur Delacroix, à un moment la Liberté en aura plein le cul de guider le peuple dans le mur), on récupère le jeton associé (si on est le premier, il vaudra des points en fin de partie), que l'on place sur son plateau selon son choix, dans l’une des zones au-dessus du musée, qui nous permet de recevoir des bonus immédiats, ou en fin de partie. 

Faire un inventaire : on récupère en main toutes les cartes de notre réserve, ainsi qu’une carte faveur et on peut renvoyer tous les mécènes du plateau chez eux pour en faire venir d’autre. 

On peut aussi faire une fois chaque action gratuite : 

- Jouer une carte faveur donnant pouvoir, bonus, changement de cartes, peinture dédicacée par Paul Gauguin himself, etc

- Récupérer un mécène si on respecte les conditions de la carte, ce dernier donnant soit des points de renommées soit à un bonus.
Une fois notre tour fini, on renvoie dans la réserve le surplus de cartes (pas plus de 8 tableaux en main et 3 cartes faveurs), puis on passe au joueur suivant, dès que tout le monde a joué, on retourne une nouvelle carte tendance et c’est reparti.

Dès qu’un joueur atteint 50 points, il récupère un bonus de 5 points puis tous les autres joueurs jouent une dernière fois. 

Après cela, tout le monde réorganise son musée pour pouvoir faire des suites continues de cartes adjacentes soit par couleur soit par thème. 
Chaque suite est une collection, et chaque musée ne peut avoir qu’une collection décomptée par type.


2 exemples de Museum lors de l'ouverture grand public, pour l'ultime consécration,
où Madame J sort victorieuse (ENFIN !!!)

Ensuite, il faut compter les points : 
- de ses collections de plus de 3 cartes, 
- les points de ses expositions temporaires, 
- les bonus si la grande galerie ou/et si son musée est entièrement rempli, 
- de ses bonus débloqués par les jetons expo temporaire de son musée, 
- sans oublier de soustraire un nombre de points dépendant de ses cartes restées en stock dans sa réserve (et non dans sa main,) et ça peut faire mal (alors même si le Caravage est très beau, n’ayez pas les yeux plus gros que le tableau, une œuvre est faite pour être vue par tout le monde et non cachée dans une cave)

La victoire revient à celui avec le plus de points de renommées, ce dernier pourra devenir conservateur du Louvre et pourra ouvrir une nouvelle salle avec les œuvres de Mini J en avant-première, pour les autres, il doit rester une place de vendeur de souvenirs dans le musée du château en allumettes à Tréffléan (dans le Morbihan si promis, il existe, et ce n’est pas François Pignon qui le dirige), ou de collecteur dans le musée du caca dans le sud de l’Angleterre (celui-là aussi existe promis).

À deux joueurs : pas de modification de partie.

HGG c’est fait connaître avec Museum il y a quelques années, dont on a déjà parlé et qu'on affectionne particulièrement, et depuis quelques autres très bons jeux ont vu le jour.
Ils remettent le couvert avec un muséum centré sur la peinture, même jeu avec des cartes différentes, ou jeu à part entière ?

On ne va pas le nier, le Pictura est dans la même veine que son aïeul, et il n’y aura pas grand dépaysement. 
Il y a toujours cette mécanique de collections de cartes avec réorganisation de son musée pour faire le plus de points avec le meilleur agencement possible. 
Oui, mais pas que. 
Cette mécanique de pose à la 1/1 simplifie le jeu sans le rendre moins technique, les expositions temporaires obligent à calculer pendant la partie quels tableaux prendre et à réorganiser son musée à tout moment pour essayer de grappiller les jetons riches en pouvoir et points, tout en faisant attention à ne pas avoir trop de cartes pour éviter la punition finale. 

Ce jeu arrive au final très bien à trouver sa place, et même s’il ne supplante pas le premier (à notre avis), il a suffisamment d’originalité pour le compléter.

Le côté historique des œuvres, avec les informations notées sur chaque tableau donnent un plus, et augmente l’apport culturel du jeu, à cela s’ajoute la beauté des œuvres, pardon des cartes, qui reproduise très bien les originales, et nous font contempler des tableaux inconnus et peuvent facilement donner envie d’aller les voir en vrai. 

Le petit point noir de ce jeu réside dans la partie organisationnelle, comme pour son prédécesseur, qui tel un casse-tête peut ralentir énormément le jeu pendant la partie et rendre très fastidieux les premiers décomptes de points, car clairement, c’est un vrai tord neurone d’arriver à remplir sa grande galerie d’œuvre d’un même thème ou d’une même époque en arrivant à maintenir en contact tous les symboles identiques pour arriver à faire un maximum de points, et on aura obligatoirement envie d’essayer toutes les combinaisons possibles avant de valider la bonne. Si je mets Manet à côté de Monet ça colle niveau impressionnisme, mais je ne peux plus mettre mes natures mortes côte à côte… 

Et cette partie peut prendre relativement beaucoup de temps et s’avérer frustrante quand on n’arrive pas à faire ce que l’on veut (et il n’est pas rare qu’après le décompte, on tilte que p*****n, le Dürer aurait été plus valorisé à côté du Rembrant qu’à côté de Tiepolo et de son Chronos rococo…), cette frustration loin d’être bloquante aura plus tendance à donner envie d’y retourner que d’abandonner, mais attention à l’analysis pararylys qui peut rendre une partie de Museum Pictura aussi longue que la confection de La Cène par De Vinci (3 ans pour info).

On regrette aussi la difficulté de pouvoir défausser des tableaux autrement que dans sa réserve, et même si thématiquement ça colle, on ne jette pas un Vélasquez aux ordures, ça peut compliquer la partie puisqu’on augmente notre main de carte de 1 à chaque tour, il s’agira de programmer ses actions autres que poser des cartes dans son musée pour éviter une trop grosse baisse de points en fin de partie. 

Choisir entre l’un et l’autre des Museum nous est difficile, le premier ayant été un vrai coup de cœur à l’époque, celui si apportant de nouvelles choses à se mettre sous la dent, ils se complètent bien l’un l’autre, je dirais que le Pictura pour débuter est peut être un peu plus accessible, mais la beauté de l’autre avec les dessins de Dutrait me laisse la préférence. #VincentDutraitEstNotreIdole

Alors, à 2 c’est mieux ?

Oui, oui, et re oui, comme pour le 1er Museum, les parties à plus de deux joueurs n’en finissent pas, et même si l’interaction reste forte avec la possibilité d’échanger des cartes pendant le tour des adversaires, de se servir dans leur réserve, de leur prendre des cartes avec les faveurs, les décomptes peuvent vite devenir interminables selon les adversaires, et franchement même si nous aimons beaucoup ce jeu et ses graphismes, regarder l’adversaire re-ranger 3 fois son musée pour gagner 2 points peut éventuellement donner envie de voir si Diane et Apollon perçant de leurs flèches les enfants de Niobé (Peinture de J.L David, pas le coiffeur) rentrent dans le fondement de l’adversaire, en toute amitié bien sûr. 

En vrai, le jeu est très bon quelque soit le nombre de joueurs et si tout le monde est sur la même longueur d’ondes de 2 a 4 joueurs, le jeu est très bien, juste évitez de jouer avec Flash de Zootopie ou Stevie de Malcolm.

Prêts à vous lancer dans Top Conservator sur France Culture ? 
Aller, c’est parti pour trouver un nouveau Pieter Brueghel, et pour toute œuvre achetée, un triptyque de Mini J dédicacé offert !

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