Museum : le Louvre à la maison, la classe !


Un jeu d’Eric Dubus et Olivier Mélison, illustré par Vincent Dutrait et édité via Kickstarter avant la sortie boutique par Holy Grail Games. 

Instant Wikipédia : l’apparition des musées date de la Renaissance en Italie où ils avaient comme vocation d’être une forme de grosse galerie d’art. 
Le terme musée vient du latin Muséum (ça vous la coupe, cette information, j’espère), terme qui vient lui-même du grec mouseion qui signifiait "lieu habité par les muses" (quand on voit le musée du caca en Angleterre, je me dis que muse ce n’est pas un métier facile des fois)
C’est au 19e siècle que le musée devient collection publique même si le premier musée public date de 1694 à Besançon (oui, on sait s’occuper autrement qu’avec du vin en Bourgogne Franche-Comté)
Les musées postrévolution avaient pour vocation d’exposer aux citoyens les collections royales et celles confisquées aux nobles et au clergé. 
Le musée vise à rendre accessible à tous le patrimoine collectif de la Nation, il transmet l’idée du beau et du savoir à travers une sélection d’objets (on reparle du musée du caca, là, où on s’abstient ???)

Le matériel de la partie est issu du KS, nous n’aborderons pas ici les extensions du jeu, peut être une autre fois.

Installation : 15 min
Règles : 10 min 
Temps de partie : 1h à 1h30



Vous voilà transformés en conservateurs de musées internationaux, à vous de les rendre dignes de l’intérêt des foules, en récupérant des œuvres de par le monde pour essayer de cultiver nos chères têtes blondes amatrices de Ch’ti à Cancún.

La mise en place consiste à :
- choisir son musée personnel 
- récupérer une œuvre d’art provenant de chacun des 4 continents (en carte, désolé vous ne trouverez pas de sarcophage égyptien en or dans la boîte), 
- une carte Faveur, 
- piocher 3 cartes Mécènes pour n’en garder qu’une pour la partie. 




Les plateaux sont recto verso, à vous de choisir votre difficulté

Les cartes Asie

Les cartes Europe

Les cartes Amérique Pacifique

Les cartes Afrique Moyen Orient

Les cartes Mécènes, avec des objectifs pas toujours facilement réalisables

Les cartes Faveurs

Puis il faut placer sur le plateau 2 cartes de chaque continent (enfin, groupe de continents), les cartes     « A la une » et les cartes Faveur, et enfin placer 3 experts. 

Et en avant pour transformer notre musée en prestigieux centre des arts reconnu de par le monde. 

Le jeu se déroule en tour par tour jusqu’à ce qu’un joueur ait atteint 50 points de prestiges. 

À son tour le premier joueur retourne une carte "A la une", donnant une règle particulière au tour en cours (blocus en Amérique, plus de carte objet en Europe, attaque de pangolin fou en Asie… heu non celle-ci n’y est plus). 

Les fameuses cartes "A La Une"

Puis il choisit une carte qu’il ajoute à sa main provenant d’une des quatre régions. 
À ce moment les autres joueurs peuvent aussi prendre une carte au choix sur le plateau, ce qui octroie un jeton point de prestige au joueur actif. 

Les cartes présentent plusieurs infos, leur région de provenance, forcément, leur civilisation (oui promis en Asie il n’y pas que des Chinois…), le type d’œuvre (arme, outils, navigation…), ainsi que leur valeur (de 1 à 5) représentant le prestige de l’œuvre (c’est plus classe d’avoir le premier dessin à la craie de Mini J qu’un marteau étrusque, quand même).

Une fois la carte récupérée par le joueur actif, ce dernier a une action majeure possible parmi 2.

1. Jouer des cartes (c’est surprenant, non?), toutes les cartes ont une valeur allant de 1 à 5. 
Pour jouer une carte dans son musée, il faudra en payer la valeur en envoyant des cartes de sa main vers son fond commun, ou en la payant en jeton point de prestige. 

Pour en poser une carte de valeur 4, il faudra envoyer un nombre de cartes et/ou de points de prestige équivalant à 4 (ou plus, mais ça n’a pas d’intérêt, payer plus pour gagner autant cela pourrait être un slogan politique). 
On avance de la valeur de la carte placée dans le musée sur la piste de prestige (et pas de jeton récupéré). 
On peut jouer autant de cartes dans son musée que l’on veut tant qu’on peut les payer (c’est toujours un grand moment de payer une tasse antique maya avec le Colisée). 
On peut aussi, de cette façon, récupérer les cartes d’experts donnant un bonus immédiat ou en fin de partie.
On peut faire ces 2 actions dans l’ordre que l’on veut et autant de fois que l’on veut tant qu’on peut payer. 
Si on dépasse un multiple de 10 sur la piste de prestige, on récupère une carte faveur. 
Le joueur peut de la même façon exposer une carte de son fond commun sans contrepartie, ou exposer une carte provenant d’un fond commun adverse, pour se faire il prend la carte désirée et la pose dans son musée, les cartes défaussées pour la payer le sont dans le fond commun adverse et il devra donner un pourboire d’un point de prestige en plus au joueur lésé. 

Les fameux "pourboires" : 
les points de prestige des cartes 5, 
prise de carte pendant le tour de l'autre, 
et "l'emprunt" contraint et forcé dans le fond commun adverse

2. L’autre action possible consiste à récupérer l’ensemble des cartes de son fond commun. 

À la fin de son tour il devra avoir au maximum 3 cartes faveurs en main, le surplus est défaussé, et 8 œuvres en main, le surplus retourne dans le fond commun du joueur. 
On refait le plein du musée avec des nouvelles œuvres provenant des decks continent, et attention aux cartes d’opinion publique, plaçant des jetons du même nom sur le continent où elles sont apparues. 

Les jetons opinions publiques, entourés de rouge.
Les "petites joyeusetés" des cartes "A la Une"

Une fois les 50 points de prestiges atteints, les joueurs réorganisent leur musée comme il le souhaite, puis on rajoute à ses points le nombre de jetons prestiges en notre possession.
Vient l'instant crucial du calcul du score de chaque série identique ayant une adjacence dans notre musée, à partir de 4 cartes pour les civilisations et de 3 cartes pour les thèmes.
Attention pour compter, les thèmes doivent provenir de civilisations différentes, avoir 12 sabres japonais c’est la classe, mais tout le monde s’en fout. 
A cela on ajoute les points de notre carte mécène et de notre grande galerie si remplie, voire de tout le musée si on a fait un carton plein (comme au loto). 
Pour finir, les joueurs soustraient de leurs points de prestige les cartes continents encore en leur possession, mais non placées dans leur musée, en fonction du nombre de jetons d’opinion publique sur chacun des 4 continents (on ne cache pas une sculpture celtique dans la cave du musée)


Monsieur J a gagné avec son musée de Londres

Le vainqueur deviendra le nouveau directeur du musée de l’Hermitage avec en bonus la dernière sculpture serpent en patte à modeler de Mini J (une œuvre digne de Rodin, à n’en pas douter #papagateau), le perdant quant à lui pourra éventuellement être gardien de nuit dans le musée de Madame Tussauds (perso je trouve que les statues de cire sont flippantes la nuit) et peu de chance que les nuits se passent comme pour Ben Stiller...

À deux joueurs, aucun changement de règles ni de mise en place.

La première chose qui frappe dans ce jeu, c’est la beauté du matériel, V. Dutrait montre encore une fois qu’il est un maître en la matière, toutes les œuvres sont reproduites à la perfection voire magnifiées par le talent de l’artiste (c'est que c'est vraiment pas évident de rendre jolie une charrue romaine), et déjà rien que pour l’artiste, ce jeu mérite le détour.

Vous l'aurez compris, ici, on admire le travail de Vincent Dutrait.

La mécanique, bien que simple, demande à être appréhendée. 
Prendre telle ou telle carte en faisant attention aux opinions publiques, les cartes à 5 donnant des points de prestiges, mais plus difficiles à poser avec plus de cartes à placer dans son fond commun et pouvant offrir des opportunités à l’adversaire, quand refaire sa main avec son fond commun, nécessaire, mais du coup on n’avance pas sur la piste de prestige laissant une avance à l’adversaire… 

Les tours sont rapides et s’enchaînent bien, le changement de règles à chaque tour avec les cartes « A la une » permettent de rendre chaque tour différent.
Dois-je prendre la carte celte pendant le tour adverse lui offrant un jeton de prestige ou attendre mon tour au risque de la voir prise par un autre ou qu’une carte « A la une » décrète un embargo en Europe (saloperie de gilets jaunes) empêchant tout accès à la carte pendant un tour complet... 

Chaque action s’avère déterminante pour la suite, et les cartes mécène orienteront votre tour de jeu, vous imposant de vous concentrer sur certaines civilisations ou certains objets plutôt que d’autres, sans oublier l’expert bienvenu, qui pourra en fin de partie vous octroyer la victoire au nez et à la barbe de Madame J, heu de votre adversaire.
*ça va finir comme Sobek 2 joueurs, cette affaire !!*

La réorganisation finale du musée peut être la partie laborieuse du jeu, où on peut parfois attendre l’adversairE parce qu’elle tente de déplacer quinze fois de suite son sarcophage pour voir si cela fait plus de points à côté du collier de nouille de Mini J ou de la sculpture en purée Knaki sur couche Pampers, odorant, mais efficace et décoratif, les autres joueurs ayant placé des œuvres, certes moins déterminantes pour l’humanité, mais plus rapidement, peuvent ainsi trouver le temps un peu long.
*Madame J te dit : gnagnagna*

Le seul petit bémol à ce jeu est le côté réaliste, vu le nombre d’œuvres de chaque civilisation de trouvant dans les musées à travers le monde, je trouve un peu dommage de se retrouver à placer le Colisée ou le temple de Chichén Itzá dans son musée, alors que soyons franc, cela ne rentre pas bien dans la salle entre la tablette d’Amourabie et une reproduction de Ganesh en bronze. 

À part ça, le jeu est un véritable coup de cœur, les parties sont un ravissement pour les yeux et pour son côté ludique, il n’y a ni ennui ni longueur pendant la partie et chacune est renouvelée au vu du nombre important de cartes de chaque sorte, je n’aurais qu’un mot : Bravo.

À la grande question de plutôt celui-là ou Pictura, je n’aurais pas vraiment de réponse. 

Nous accrochons plus à celui-là, car les thèmes et les graphismes nous parlent plus, mais niveau stratégie, les 2 se complètent malgré leur forte proximité. 
Le Pictura simplifie légèrement la pose de cartes dans le musée, mais les expositions du Pictura rendent la stratégie différente, les actions seront plus calculatoires, et les parties se rallongent avec les réorganisations des musées en cours de partie (on refait chaque salle du musée presque autant de fois que Mickaël Jackson s’est fait refaire le nez)
Alors l’un ou l’autre, comme dirait Phœbus à Esméralda et Fleur de Lys, quand on aime, pourquoi choisir ?

Dans l’ensemble nous prenons toujours plaisir à sortir l’un ou l’autre pour célébrer mes victoires. 
*Tu tiens vraiment à ce que cela finisse en Sobek 2 joueurs, à ce que je vois**regard de belette furieuse*

Alors, à 2 c’est mieux ?

Les parties à deux joueurs tournent très bien, même si éventuellement une règle pour faire tourner les cartes du musée aurait été bienvenue.
En effet, à deux joueurs, les différents continents peuvent rester plusieurs tours avec les mêmes artefacts chinois alors que notre carte mécène voudrait du japonais, et ça peut être frustrant si l’adversaire doit faire du polynésien et qu’on est seul à écouler les cartes asiatiques, et qu’au bout du 69e dieu hindou en plâtre peint, un katana de l’air Meiji sort enfin pour avancer notre quête. 

À plus de joueurs, les parties se rallonge parfois et le décompte final peut sembler aussi long que la construction de la Sagrada Familia, mais les cartes auront tendance à tourner plus vite, histoire de trouver notre bonheur pendant notre tour ou celui de l’adversaire. 

Malgré ce défaut, léger et facilement adaptable, le jeu tourne très bien à deux et nous avons une préférence pour ce mode, notre côté impatient fait qu’on a du mal avec l’idée d’attendre 20 minutes que l’adversaire ait placé toutes ses cartes pour gagner un point sans qu’une envie indicible de voir de combien de cm un pilum romain peut rentrer dans son fondement. 

Prêt pour ranger votre chambre... pardon, votre musée ? 

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