Iki : une réédition tout feu, tout flamme


Un jeu de Koota Yamada, illustré par David Sitbon, et édité par Sorry we are French.


Instant Wikipedia : Entre 1601, l’année suivant la bataille de Sekigahara, et 1867, l’année du Taisei Hōkan (267 ans), Edo (ancienne capitale du Japon devenu Tokyo en septembre 1868) est ravagée par 49 grands incendies (le grand incendie de Meireki aura fait environ 107000 morts à 1 ou 2 morts près). Il y aura eu aussi 1798 petits incendies pendant la même période (Edo est une ville qui pète le feu). Parmi les causes retrouvées, on note l’augmentation du nombre d’habitations avec un chauffage et éclairage uniquement à la flamme et des maisons en bois, et une cause criminelle (102 incendiaires arrêtés, dont une bonne partie d’hinins, qui pourrait être traduit par non humain, les plus basses classes sociales). 

Comme le disait un japonais probablement très malin, les incendies et les disputes sont les fleurs d’Edo, nous, on se contente des disputes.


Installation : 20 minutes

Règles 30 minutes

Temps de partie 45 minutes



Vous voilà, jeune bienfaiteur dans la ville d’Edo, dans le but de devenir edokko (qui pourrait se traduire par enfant d’Edo). 

Pour cela on va passer un an dans le quartier de Nihonbashi, et se balader au gré du vent dans la rue commerçante du quartier, la rue Nagayas, et dépenser ce que l’on peut pour rendre prospère les habitants. 

Oui, en clair dans le texte, on gagne si on augmente le pouvoir d’achat des marchands japonais. 


La mise en place consiste :

- trier les différentes cartes de saison, ainsi que les jetons qui vont avec

- poissons, pipes et blague à tabac de la saison sur leurs emplacements respectifs 

- 6 bâtiments sur le côté. 


Les marchands de départ

Les bâtiments à construire

Les kobans
Les sandales
Les mons de valeur 1 et 4


Les cartes saison, 
Avec les jetons pipes, blague à tabac et poissons associés

Chaque joueur :

- place son oyakata sur le point de départ de la rue, 

- récupère 8 mons,

- récupère une paire de sandales et un sac de riz, 

- place une carte personnage de départ sur un des quatre coins extérieurs de la rue et y place un de ses kobun sur la case du bas de l’échelle de revenu. 


Plateau joueur

Plateau central face 4 joueurs
A gauche : le compte tours, avec les 3 symboles rouges de déclaration des incendies
A droite : le compte des Ikis le plus à l'extérieur, l'ordre du tour, et le niveau des incendies


Allons maintenant voir si Edo connaît les soldes. 


La partie se déroule en 13 manches, une pour chaque mois de l’année, regroupé par 3 (les saisons), et la 13e représente le Nouvel An. 


Chaque mois se déroule en 3 phases. 


En début de mois, on place 4 cartes marchand de la saison en cours prête à l’achat. 


Phase A ou mode de vie : dans l’ordre d’avancée sur la piste du feu, les joueurs vont placer leur Ikizima sur la piste associée. Cela définit l’ordre du tour et le nombre de déplacements de l’oyakata. 

La première case permet de se déplacer au choix de 1 à 4 cases, mais empêche de recruter lors de la phase suivante. 


Phase B, ou phase d’action : dans l’ordre de la piste d’ikizima, les joueurs vont soit récupérer 4 mons, soit embaucher un marchand en payant son salaire. Le joueur le place immédiatement avec un de ses kobuns sur un emplacement libre de la rue. Si pas d’emplacement libre ou pas de kobun disponible, alors on ne peut pas choisir de nouveau marchand. 


Une fois l’embauche faite ou l’argent récupéré, on déplace son oyakata du nombre de cases choisi par l’ikizima, + 1 par sandale défaussée. 


Une fois l’oyakata en position, le joueur peut faire l’action du lieu et/ou l’action du marchand dans l’ordre de son choix, s’il y en a un sur l’un des deux emplacements, dans le cas où il y aurait un marchand sur chacune des cases de la boutique, il faudra en choisir un seul. 

Si on fait le pouvoir du marchand et qu’il appartient à un adversaire alors ce dernier prend un niveau d'expérience, et fait monter son kobun qui peut partir à la retraite s’il atteint le sommet de sa carte (avant 60 ans… Chanceux), le kobun retourne chez son propriétaire ainsi que la carte marchand qui se place devant son plateau joueur en fonction de son type. 

Si, en se déplaçant, l’oyakata repasse devant la zone de départ, alors tous les kobuns du joueur prennent de l’expérience et se rapprochent ou partent en retraite. 


Les actions boutique permettent de récupérer des sandales, des mons, du riz, du bois, voir des ikis (points de victoire). D’autres permettent d’augmenter sur la piste du feu, d’acheter des poissons, pipes ou blagues de tabac, voire des kobans. 

Et enfin, on peut dépenser des kobans, bois ou autres ressources pour acheter un bâtiment sur lequel on place un de nos 4 kobuns de façon définitive (sauf s’il brûle bien entendu). 


Puis vient la phase d’événements où l’on passe au mois suivant.  

S’il s’agit d’un mois intermédiaire, on rajoute une pièce sur chaque personnage non acheté, et on remet 4 nouveaux.  

Si c’est le dernier mois de la saison, on récupère les salaires de tous nos employés sur le terrain, en fonction de la hauteur des kobuns, + ceux en retraite qui continuent à cotiser (ils ont tout compris, les Japonais). 

Puis on paye tous les kobuns actifs avec un sac de riz (et eux ils sont satisfaits avec du riz, preuve que le français n’est jamais content)

On gagne des ikis en fonctions de l’harmonie des échoppes (groupe de personnages avec la même couleur dans chaque maison de la rue et pour les quatre plus prêts du centre du plateau). 

Puis on renouvelle la proposition de poissons, tabac et pipes ainsi que les personnages de la saison en cours. 


Une fois par saison (sauf la première), se déclenche un incendie de force évolutive dans le temps, dans un des 4 bâtiments choisis au hasard détruisant tout sur son passage sauf si notre force de lutte contre l’incendie égale ou dépasse sa puissance, évitant à nos personnages de mourir dans d’atroces souffrances, et stoppant sa propagation par la même occasion. 


Les jetons incendie

La dernière manche, le jour de l’an permet de placer son oyakata où l’on veut et de faire l’action du lieu avant un dernier décompte où on ajoute les ikis des poissons, blagues et pipes, des bâtiments, des ressources, l’argent et kobans restant, et enfin les différents types d’habitants partis à la retraite (nos retraités doivent être harmonieux à la Pension Des Mimosas)

Celui avec le plus d’ikis deviendra un nouvel edokko, bienfaiteur choyé par les habitants de la capitale du pays du Soleil Levant, pour les autres le terme hinin me semble le plus adéquat espérons que vous ne vous changiez pas en nouvel incendiaire quitte à faire seppuku à la place d’une reprise de Jonny H. 


À 2 joueurs : 


— On retourne le plateau réduisant à les emplacements pour les personnages dans chacune des échoppes à 3, le personnage central étant accessible par les 2 emplacements de l’échoppe.


— Lors du décompte des points entre les saisons, on ne compte plus l’harmonie entre les quatre extrémités des différents bâtiments. 


— En début de partie, les joueurs reçoivent un jeton lune ou soleil, en début de mois, en alternance, les joueurs placeront un des personnages non achetés gratuitement dans une des échoppes, le personnage est neutre et peut être utilisé par tout le monde, compte dans l’harmonie, mais disparaît dès qu’il a été utilisé, ou mort par le feu.


— En début de mois, on retourne aléatoirement un jeton pour bloquer une des zones de la piste d’ikizima.


Plateau central face 2 joueurs

Les jetons blocage de déplacement, et lune et soleil


Il s’agit d’un jeu sorti à la base en 2015 via KS qui avait plutôt bien fonctionné, mais rapidement tomber dans l’oubli (en France tout du moins), peut être lié au graphisme très traditionnel pour le japon, mais moins dans l’hexagone (peut-être aussi le fait que les règles du jeu aient été traduites, mais pas le jeu lui-même, qui bien que sans texte sur le matériel peut refroidir un peu l’allergique à l’anglais).  


Cette réédition du jeu est une très belle réussite, le matériel et les dessins sont très beaux et poétiques (même si j’appréciais bien le côté traditionnel du premier jeu), je n’ai pas eu accès aux premières règles du jeu de 2015 pour voir s’il y avait eu une refonte du gameplay. 

Dans tous les cas, il faudra un petit temps d’adaptation, car après la première lecture des règles, on ne peut pas dire que la fluidité soit le maître mot de la partie. 

Une fois tous les mécanismes bien en place, le jeu commence tout de suite à prendre son intérêt (il nous aura fallu deux parties pour comprendre les tenant et aboutissant des actions, il a failli être revendu avant tellement la première nous avait semblé sans substance).


On a beaucoup apprécié le côté historique du jeu, pour rester dans le thème et reprendre les types d’industrie de l’époque, tout en sachant transformer les noms difficiles en japonais pour éviter de se perdre dans les termes et complexifier inutilement le jeu. 

Komedawara est plus dur à sortir que ballot de riz.


Le jeu est exigeant, et va prendre du temps pour être maîtrisé, risquant de créer des écarts avec les nouveaux joueurs, pourtant il vaut le coup de s’y aventurer, on réfléchit à toutes ses actions pour essayer d’avoir tout ce qu’il faut à la fin du mois, et un mois ça passe vite, le riz ne se trouve pas à tous les coins de rue et encore moins de mons. Du coup tout doit être pesé et pensé. 

Entre prendre 4 mons ou embaucher un nouveau pelos pour gagner sur la prévention incendie et éviter qu’il crame, mais aurais-je assez de riz pour le nourrir, et à la grande question philosophique vaut-il mieux mourir de faim ou brûler, Jeanne d’Arc n’avait pas faim à la fin.  


Tout ça pour dire que le jeu va nécessiter de se triturer le neurone pour savoir quoi faire de notre Oyakata. 


Le nombre de cartes par saison permet une belle rejouabilité (1 ou 2 bâtiments de plus n’auraient pas été de trop, mais bon), et les différentes stratégies pour récupéré des ikis donnent vraiment envie de les tester, achat de poissons ou bâtiments, se déplacer rapidement pour faire plus de retraités pour le décompte de fin de partie, devrais-je avancer l’expérience de l’adversaire pour avancer sur la piste du feu… Etc...

Tout cela mérite d’être testé et je vous encourage à franchir le pas. 

Et c’est après quelques parties que l’on saisit sa nomination à l’As D’Or.


Alors, à 2 c’est mieux ?


Les multiples modifications du mode 2 joueurs permettent de créer une vraie course aux points de victoire. 

Il va falloir s'adapter à la pointe de hasard rajoutée avec la piste ikizima bloquée, qui va parfois (alors pour moi à peu près chaque mois) rendre l’action envisager foutue.

Le 1 est bloqué, tant pis pour le feu ou les 4 mons du coup comment éviter que mon marchand de bois ne brûle avant sa retraite ? 

Cela peut déranger les aficionados de la planification bien huilée, qui vont avoir du mal à gérer la frustration d’un échec cuisant lié à l’imprévisible, mais comme dans la vie il faut savoir s’adapter à tout ce qui nous tombe dessus (sauf peut-être une météorite géante maintenant qu’on n'a plus Bruce Willis pour la détruire) et nous n’avons pas trouvé cela trop dérangeant (frustrant par contre je ne dis pas, quand ça me l’a fait 2 tours de suite et que l’incendie s'est déclaré sur mon vendeur de riz, pas d’onigiri pour mes kobuns, qui sont morts de faim pour ceux qui n’ont pas été brûlés, il fallait être prévoyant, paix à leur âme). 


Vous l’aurez compris à 2, il vaudra mieux éviter l’improvisation et prévoir un plan B au cas où le plan A s’envolerait en fumé. 


Le fait de rajouter un personnage neutre pourra permettre de jouer sur l’harmonie et de récupérer des bonus intéressants, mais attention celui qui place le personnage n’est pas forcement le premier joueur, du coup prévoyez où vous le positionnez pour ne pas avantager par mégarde l’adversaire.


Après une première partie très fade et beaucoup d’incompréhension, ce jeu a failli partir à la vente d’occasion, et nous sommes contents d’avoir persévéré, car oui ce jeu tourne très bien à 2, même s’il prend toute sa saveur à 4 joueurs, la version 2 joueurs est de très bonne qualité et mérite de s’y arrêter, et d’y revenir.


Prêts pour une session shopping dans l'air Tokugawa?  


Commentaires

  1. Magnifique résumé, merci
    Par contre, le revenu, le bonus harmonie et le paiement des repas, c'est tous les mois ou tous les trois mois ?
    Merci

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    Réponses
    1. Merci, très heureux que cela vous plaise.
      C'est tous les " mois les paiements et bonus.

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