Dinosaur Island : Rawr'N Write. Prêts à seconder l'architecte de John Hammond ?


Un jeu Brian Lewis, David McGregor et Marissa Misura, illustré par Andrew Thompson, Kwanchaï Moriya et Stevo Torres, édité lors d’une campagne Kickstarter par Pandasaurus Games.

Instant Wikipedia : Jurassic Park est le 17e roman écrit par Mickel Crichton en 1990, il est catégorisé comme techno-thriller, personnellement je le classe dans les chefs-d’œuvre littéraires (oui bon OK, Jurassic Park et Le Monde Perdu de Crichton sont les livres que j’ai le plus relus). Il mettra 7 ans entre la création de l’idée générale et la finalisation du roman, où pour rappel, des scientifiques recrée des dinosaures à base d’ADN retrouver dans des moustiques contenus dans de l’ambre fossilisé. Là, comme ça, l’idée peut sembler farfelue, mais le maître l’a rendu très crédible. Il y aura même des démentis de la part de la sphère scientifique pour expliquer que l’ambre est de la pierre et que toute trace d’ADN a disparu depuis bien avant l’apparition de l’homme. Et pour info John Hammond n’est pas le gentil grand-père idéaliste décrit par Spielberg.

Mise en place : 5 minutes
Règles : 15 minutes
Temps de partie : 35 minutes 

Vous voilà grands organisateurs d'un parc zoologique, et pour qu’il attire du peuple, autant y mettre des dinosaures. Du coup, à vous d’agencer au mieux les infrastructures de votre parc pour attirer le plus de visiteurs possible, tout en essayant de faire en sorte qu’ils ne finissent pas comme Genaro, dans le ventre d’un T-Rex.

La mise en place consiste en :
- placer au centre de la table le plateau, 
- à gauche du plateau, placer 3 cartes lieux spéciaux 
- et encore à gauche placer trois cartes spécialistes. 

Les gros blocs de feuilles du jeu

Comme d'habitude, les gros beaux dés translucides

Les spécialistes

les enclos/lieux spéciaux

 Le plateau central à 4 joueurs

On place les dés dans le sac et chaque joueur prend un crayon et ses deux feuilles pour pouvoir créer son parc.

On adapte les prix des différents enclos et spécialistes, et maintenant tous à vos crayons pour les plans du parc du siècle.

La version du jeu est la version anglaise sortie via Kickstarter, la version française du jeu est prévue pour juin 2022 par Catch Up Games, sachez toutefois qu'il n’y a pas de texte sur le matériel et les règles sont faciles à appréhender, même en anglais.

La partie se déroule en 3 manches, chacune divisée en 3 phases, 2 d’actions et 1 de décompte. 

Avant toute chose, il faut différencier l’ADN qui existe sous 6 formes, 3 basiques et 3 avancés (probablement celle de Dendrobate Léopard) qui sont forcément stockés à la réception, et les ressources, constituées par l’argent et des routes qui peuvent être soit immédiatement dépensés, soit stockés (avec une limite de 5 par partie). 

L’ADN sert à fabriquer les dinosaures (c’est le but quand même, on n’est pas dans le premier parc à puces de John). 

L’argent sert à acheter les spécialistes (6 au choix : les trois de bases sur la feuille joueur, ou les trois spéciaux qui changent à chaque partie), ou acheter l’un des trois enclos spéciaux. Chaque pièce reçue pendant la partie peut être investie au fur et à mesure, pas besoin de tout payer cash d’un coup. 

Les spécialistes donnent 3 PV en fin de partie, un bonus immédiat et un bonus de fin de manche. 
Les lieux spéciaux donnent des PV en fin de partie. 

Les routes servent à aller d’un point A à un point B dans le parc sans jamais se croiser (ils inventent des dinosaures, mais le rond-point est une spécialité française, dirait-on). 

Les phases d’actions : on lance deux dés par joueur + 1 tiré au hasard du sac. 

Chaque joueur drafte 2 dés en récupérant le bonus noté dessus : de l’ADN à stocker, de l’argent ou des routes à stocker ou dépenser, de la sécurité, ou un bâtiment. 

On peut récupérer jusqu’à 4 bâtiments de chaque type (attractions, fast food, ou boutiques), si on choisit un bâtiment, on doit le cocher sur la feuille et le dessiner immédiatement dans le parc, la seule contrainte est d’être à au moins une case de tout autre bâtiment orthogonalement ou en diagonale.

Chaque joueur récupère le bonus du dernier dé et rajoute sur sa feuille le danger indiqué sur le dé.
Une fois les bonus récupérés, les joueurs vont tour à tour placer leurs dés sur un espace libre du plateau central pour :

– Créer des enclos et les dinosaures qui vont dedans, on dépense l’ADN en stock pour créer jusqu’à 4 dinosaures, identiques ou non. Il ne peut y avoir qu’un enclos de chaque type dans le parc et chacun peut accueillir 4 dinosaures de la même espèce maximum dedans (ce n’est pas un HLM)
Les enclos doivent respecter les mêmes règles que les autres bâtiments, leurs tailles dépendent du type de dinosaure (herbivore, carnivore, petit ou gros). Lors de la construction d’enclos et des dinosaures, il faudra adapter la piste d’excitation du public, et pour les carnivores, il faudra adapter la piste de danger. 

– Prendre 2 pièces ou augmenter de 2 en sécurité.

– Récupérer 2 ADN basiques ou 1 ADN avancé

– Doubler les gains du dé, et les adversaires récupèrent aussi la ressource en un exemplaire (non valable pour les bâtiments, il faudrait voir à rester réaliste… Oui, on parle réalisme et parc de dinosaures, où est le problème)

– Récupérer 3 routes à placer tout de suite ou à stocker (j’imagine la taille de l’entrepôt pour stocker les routes, il faudrait l’expliquer à la DDE française) ou construire un bâtiment. 

Si on souhaite faire une action où il ne reste plus d’emplacement de dé disponible, on peut poser notre dé sur un dé adverse, mais en plus de l’action, on récupère le nombre de points de danger contenu sur le dé recouvert (on ne monte pas comme ça sur les gens, c’est pas COVID).

À tout moment, un joueur peut dépenser 2 pièces pour une route, 1 ADN basique ou augmenter de 1 en sécurité. 

Une fois la première phase d’action réalisée, on en réalise une deuxième identique avant de passer à la phase de fin de tour, où dans l’ordre, on récupère : 

- les bonus des bâtiments
- les bonus des spécialistes entièrement payés 

- on réalise une visite du parc en prenant un point d’excitation par bâtiments reliés à notre QG par une route allant jusqu’à une sortie (chaque bâtiment traversé rapporte un point d’excitation, puis on fait une petite croix sur le bâtiment pour ne pas recompter de point si on le retraverse, personne n’a envie de revoir plusieurs fois les T Rex… Sauf moi peut-être)
- on récupère tous les bonus de notre piste d’excitation
- on compare notre sécurité à notre piste de danger, si le danger gagne, les dino se font un touriste-kebab, et on peut être amené à provoquer des désastres (destruction d’enclos, de route, mort de spécialistes, un nouveau Jurassic Park réalisé par Uwe Boll avec Christophe Lambert et Britney Spears en guest, mais là faut vraiment avoir tuer beaucoup de monde pour mériter ça). 

Et c’est reparti pour la manche suivante, à la fin de la 3e, on fait un décompte final. 

On compte les points : 

- de nos enclos, 

- des spécialistes, 

- des enclos spéciaux, 

- des sorties atteintes, 

- des lignes complètes de la piste d’excitation, 

- des paires d’ADN non utilisées, 

- on soustrait les cases cochées de la piste de désastre. 

Le vainqueur pourra acheter une nouvelle île pour créer de nouveaux dinosaures encore plus classes et dangereux (et pas génétiquement modifiés, un dinosaure est parfait, pas besoin de lui mettre des gènes de Zemour pour le rendre plus hargneux), les perdants remplaceront la chèvre dans Crétacé Parc (blague de paléontologue, Sarah, si tu me lis). 

À deux joueurs, on retourne le plateau central réduisant à un emplacement de dé pour chaque action. 

Le plateau spécial 2 à 3 joueurs

Le Roll'N Wright est devenu à la mode après les sorties de Très Futé ou Encore, jeux abstraits plutôt dans un style familial voir familial +, où l’interaction reste limité, quelques exceptions type Rome & Roll (dont il existe un merveilleux article qu’il ne faudrait surtout pas manquer de lire) se mouille dans la version plus experte du jeu, mais ces incursions restent rares. 

Pandasaurus a déjà brillé dans les créations de parcs à dinosaures avec le génial Dinosaur Island et sa non moins géniale extension Totaly Liquid (pourvoyeur d’énervement intense de Madame J, tentant l’imitation du stégosaure constipé en cas de défaite, je vous défie d’imaginer à quoi cela ressemble) aux dinosaures d’un rose rappelant les meilleurs jours de la période de Picasso sous LSD, ainsi que sa version deux joueurs Duelosaur Island que nous apprécions tout autant. 

Cette version R&W était donc attendue avec appréhension et envie, tant la série est appréciée, et nous n’avons pas été déçus, on verra Dinosaur World quand j’aurai pris le temps de le traduire, parlant anglais comme un brontosaure espagnol, j'suis pas aidé. 

Donc une version expert d’un R&W avec des dinosaures, on ne va pas revenir sur les graphismes plus conventionnels que ses aïeux, le jeu est rapide, tendu et donne envie d’y revenir.

Du choix du dé au placement de l’enclos, du stockage de la route (dans un très grand hangar, probablement), à la gestion de la sécurité, tout demande anticipation pour éviter de voir votre bus de photographes chinois en mode duck-face finir en apéricubes pour allosaures (aux nems, mon préféré).

Le nombre de manches limitées ne permet pas de tout faire, il faudra donc organiser ses actions, vouloir un spécialiste au détriment de lieux spéciaux, faire de grands carnivores et augmenter la piste d’excitation pour récupérer des bonus de sécurité pour que le bestiau reste dans son parterre de pâquerettes, et pour peu que l’adversaire ait placé son dé avant vous et il faudra revoir toute votre organisation. Et quand toute une planification tombe à l’eau à cause de ça, la frustration peut poindre le bout de son croc. 

Car oui un R&W avec une vraie interaction qui ne consiste pas juste à piquer le dé des copains, c’est possible et ça fonctionne très bien.

Malgré le nombre de possibilités, le jeu reste accessible et sa futur sortie en français le rend indispensable pour qui aime les dés, les dessins et les dinosaures, pour tout le monde quoi, encore faut-il être prêt à faire bosser la partie reptilienne du cerveau. 

Alors, à 2 c’est mieux ? 

La réduction de l’emplacement des dés pour les actions permet de maintenir une interaction forte et d’empêcher de créer ses sauropodes en paix. 

Il faudra souvent se résoudre à prendre des points de danger pour reprendre un emplacement occupé, ou aller faire le troisième MacDino du parc, mais au risque d'avoir plus de lieux commerciaux que de d'enclos à dinosaures, et comme se demandait Ian Malcolm, il y a des dinosaures dans votre parc à dinosaures ? 

Donc oui, ce jeu est très bien à deux, comme à plus et donne un côté original, thématique et expert à une gamme de jeu où l’abstrait est souvent le mettre mot. 

Serez-vous le Ted Mosby des galliminus ? Ou le Genaro des baryonyx ? 

À vous de prouver votre valeur. 

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