Finspan : pigeons, dragons et maintenant poissons, moi je veux dinospan après...
Un jeu de David Gordon et Michael O ́Connell, développé par Elizabeth HARGRAVE, illustré par Ana Maria, Catalina Martínez ainsi que Mesa Schumacher, édité en France par Matagot.
☝Instant Wikipédia :
Le blobfish, alias poisson-blob dans la langue de Molière, est l’animal réputé pour être le plus laid du monde (en concurrence directe avec la coiffure de Donald T.). Il vit dans les abysses, entre 600 et 1200 mètres de profondeur, au large des côtes australiennes.
Pour résister à la pression constante de l’eau, le blob est constitué d’une chair gélatineuse, à densité plus faible que celle de l’eau, et ne contient que très peu de muscles, ce qui lui permet, avec ses 70 cm, de flotter juste au-dessus du fond pour se nourrir de neige marine.
C’est d’ailleurs la modification de la pression exercée sur son corps qui lui donne cette forme de tas de gelée à son arrivée à la surface (ce qui entraîne d’ailleurs une mort rapide et probablement douloureuse). Dans son habitat naturel, il a la forme d’un poisson somme toute assez classique, avec la vivacité d’un ado devant ranger sa chambre. Sa reproduction très lente et la surpêche (malgré un goût peu appréciable a priori) le placent déjà parmi les espèces menacées (vive l’humain…).
Espérons que la société des affreux arrive à protéger le poisson le plus laid du monde…
Mise en place : 5 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 50 minutes
Âge : 9 ans
Type de jeu : tableau building, combo
Thème : les pitis poisssssooooouuuux
💂Les petits poissons nagent, nagent, nagent.
Les petits poissons nagent aussi bien que les grands.
💃Ah non, maintenant que Mini J a passé l’âge des comptines dont l’air redondant pourrait rendre fou un car de moines tibétains, tu vas pouvoir passer à autre chose…
💂Bon, d’accord, alors : la maman des poissons, elle, a l’œil tout rond, mais moi je la préfère avec du citron...
💃Tu sais, la canne à pêche, ce n’est pas quand elle entre qu’elle fait mal, c’est quand elle ressort avec l’hameçon. Alors réfléchis bien à ta prochaine chanson…
💂Sous l’océan, y a pas d’court-bouillon, pas d’soupe de poisson, pas d’marmiton.
💃Bon, allez, je te l’accorde, parce que l’esturgeon et la raie se sont lancés dans le reggae, mais on s’arrête là…
💂Baby Shark, turlututu, baby…
Bon, OK, j’arrête. Range tout de suite cette canne et son hameçon rouillé.
Un Finspan à la place ?
💃N’essaie pas de noyer le poisson avec ton jeu piscicole : oiseaux, OK ; dragons, pourquoi pas ; mais maintenant, les poissons, là, je ne suis pas convaincue. Il y a anguille sous roche, voire baleineau sous gravillon… mais soit, que le meilleur pêcheur gagne ! Au pire, ce sera riche en oméga-3…
Mise en place :
Chacun déploie son plateau Océan devant lui, place 2 œufs et 1 juvénile sur son emplacement, avant de disposer ses cartes de départ, composées de 2 cartes de départ et de 3 cartes classiques, face visible à côté de lui. Le reste des cartes de départ est rangé. On place le deck de poissons ainsi que les jetons Œuf, Juvénile et Bancs à proximité des joueurs. Le plateau Bonus, avec son jeton Semaines sur la première case, est placé au centre.
Pour finir, chacun prend ses 6 plongeurs (croisera-t-on des MacFish ?), et vous voilà fin prêts pour l’heure sous-marine — sans Octonaute ni Bardella.
📢 La partie se déroule en 4 semaines, chacune se terminant lorsque les 6 plongeurs de chaque joueur ont été activés.
À son tour, le joueur actif doit activer un plongeur pour lui faire effectuer l’une des deux actions possibles :
1. Découvrir un nouveau poisson
Il faut alors payer les ressources demandées en œufs, cartes, voire en juvéniles ; les cartes défaussées pour les bons soins de son nouveau poisson vont dans une défausse personnelle — car on peut les récupérer, un peu comme en chimie : dans l’eau, rien ne se perd, mais ça ne se transforme pas pour autant.
Une fois payé, le poisson est placé en fonction de ses caractéristiques : photiques, entre deux, ou aphotiques, selon son accointance avec la lumière — voire dans l’estuaire ou les bas-fonds pour les plus exigeants. Certains poissons doivent être placés dans une colonne spécifique de son plateau.
On peut toujours choisir de poser son poisson sur un poisson déjà en place si le nouvel arrivant est plus gros que l’ancien.
Une fois dans son eau de prédilection, certains poissons offrent un bonus immédiat au joueur l’ayant découvert, parfois à tous les joueurs pour certains poiscailles plus prestigieux (merci, M. le Grangousier Pélican).
2. Plonger sous l’océan
Allez, tous avec moi : Sous l’océan…
Parce que oui, pour ceux dont le QI se rapproche du coquillage bivalve, les plongeurs ne sont pas là que pour faire la vaisselle (vous avez une femme pour ça… aïe ! Bon, OK, elle est un peu misogyne, celle-là).
Pour cela, on place son meeple en haut d’une colonne et on active chaque zone de la colonne dans l’ordre, s’il y a un poisson dans la zone, ainsi que chaque pouvoir marron des poissons présents dans le couloir de plongée. Certains effets déclenchent aussi une action chez les autres joueurs.
Le premier plongeur à atteindre le bas d’une colonne dans la manche obtient une action bonus ; les suivants, non. On ne garde en mémoire que le découvreur — après tout, qui se souvient du deuxième découvreur de l’Amérique ? Bah voilà.
Les pouvoirs
— Piocher une carte : pas de limite de cartes en main, mais la carte acquise est placée face visible à côté de son plateau.
— Pondre un œuf : on ajoute une rogue (ou œuf de poisson, pour ceux qui ne veulent pas se la raconter version science infuse sous-marine) sur un poisson n’en possédant pas déjà un.
— Faire éclore un œuf : on retourne le jeton pour en faire un juvénile.
— Déplacer un juvénile : quand trois jeunes poissons se retrouvent à se rouler des nageoires dans le pédiluve géant au même endroit, on les remplace par un banc de poissons. Une fois créé, le banc est comme le zéro : indivisible. On ne pourra jamais revenir à trois juvéniles — satanés ados !
— Ressusciter : on reprend un poisson de sa défausse pour le remettre dans sa main (et on fonde une nouvelle religion : Saint Captain Igloo, priez pour nous).
— Manger : on place un poisson de sa main, plus petit que le piscivore, sous ce dernier.
Et ainsi de suite…
La semaine se termine lorsque les 6 plongeurs ont été utilisés. Ils remontent sur le bateau, et on gagne des points en fonction de la tuile Score active — sauf lors de la dernière semaine, où l’on active les poissons dotés d’un pouvoir de fin de partie (jaune).
📝Après 4 semaines passées à se prendre pour Jean Reno dans Le Grand Bleu, sans maladie de décompression à la clé, on compte les points.
En plus des points de fin de semaine, on ajoute :
— les points indiqués sur ses poissons visibles ;
— 1 point par œuf, juvénile et poisson dévoré durant la partie ;
— 6 points par banc de poissons.
🏆Le vainqueur dominera fièrement le monde des poissons, rivalisant de vitesse et de beauté avec l’espadon-voilier, pendant que 💀 le perdant rivalisera éventuellement avec l’odeur des poissons… Un peu de Secnol ?
👥 Pas d’aménagement pour les parties à 2.
👀
➕
La gamme des Span nous a habitués à une pléthore de matériel de grande qualité.
Donc forcément, en ouvrant la boîte, on est un peu déçu devant les œufs en carton… puis on se rappelle que le continent plastique fait un tiers de l’Europe sur trente mètres de profondeur, et on relativise.
Tout est très beau : les illustrations des poissons sont superbes et, comme toujours, les anecdotes sur chaque bête sont fort à propos. Je dirais bien qu’il manque une application pour entendre le bruit des poissons, mais à part les pets de sardines, elle serait aussi vide de sens que les propos de CNews.
Les règles sont simples, bien illustrées et faciles à comprendre, rien à redire de ce côté.
➖
Si je dois faire un reproche : malgré de très beaux plateaux Joueur, dont le verso forme un magnifique planisphère terrestre, il ne me semblait pas très difficile d’imprimer le juvénile dans le même sens que les jetons. Cela m’aurait évité de le tourner cinq fois avant de le placer, pendant que mon côté monomaniaque hurlait à la mort, version Lupin sous la pleine lune…
Par ailleurs, le terme alevin aurait peut-être été plus pertinent que juvénile ; mais bon, là encore, on chipote. Et la science du poisson a encore beaucoup de secrets pour nous — secrets que nous avons peu de chances d’explorer un jour. Donc peut-être que « juvénile » était plus standard… mais bon.
❓Une nouvelle itération de Wingspan, version minutes sous-marines (on est plus Octonaute que Rassemblement national à la maison) : appât du $💰 ou nouvelle réussite ?
Au début de la partie, on y a vu un Wingspan édulcoré : deux actions possibles, on pose un poisson ou on active une colonne.
Grande nouveauté par rapport à ses prédécesseurs : on joue en colonne et non plus en ligne.
C’est tellement novateur qu’on dirait une réforme de la CPAM par Gabriel A.
On supprime le hasard du premier, les limitations d’action du deuxième opus, pour arriver à une version beaucoup plus simple mécaniquement parlant, avec un matériel revu à la baisse sans pour autant être décevant.
Et pourtant ! Les pouvoirs des poissons, leur cohésion et leur capacité d’interagir avec l’adversaire — de façon toujours positive (le poisson est poli s’il ne veut pas finir à la casserole) — le rendent très réflexif.
💭Quel poisson jouer ? Lequel défausser pour le récupérer plus tard ?
Mon requin blanc donne beaucoup de points, mais ça offre plein d’œufs à Mme J.
Du coup, peut-être attendre qu’elle ait perdu une action pour se ravitailler avant de le jouer (ou qu’elle soit ménopausée, pour que les œufs ne lui servent plus à rien).
Je vais plutôt préparer la troisième semaine pour faire des juvéniles, puis des bancs de poissons…
Tiens, la rascasse rouge de Mme J est allée boulotter son poisson revenant : ce n’est pas très confraternel comme comportement, mais bon — à la mer comme en politique, le gros croque le petit.
Bref, je vais lancer mon poisson-banane dans l’estuaire et avoir les Minions en tête pour le reste de la partie…
Tout ça pour dire que tout est très fluide, et que la prise en main est idéale pour passer en apnée et en immersion dans l’aquarium rochelais, pour notre plus grand plaisir.
Je ne regrette donc pas l’acquisition de cette troisième déclinaison de Pigeonspan.
👉À deux, c’est mieux ?
Contrairement à ses prédécesseurs, le jeu pour aquariophiles (et non pescophiles, qui traduit une attirance sexuelle pour les créatures aquatiques — disons que c’est le fantasme de la sirène plutôt que celui de l’anguille) propose ici un certain nombre d’animaux qui interagissent positivement avec les adversaires.
À deux joueurs, on pourra plus facilement surveiller le moment opportun pour activer le poisson friendly sans trop avantager l’autre.
De plus, la main des joueurs étant connue, on surveillera encore plus aisément les différentes possibilités de l’adversaire pour anticiper ses actions.
Ce n’est pas pour autant que ça marche, mais on peut essayer : c’est comme un concert d’ASMR au Hellfest — les artistes ont plus de chances de repartir avec un pentacle sur une fesse et un chancre sur l’autre qu’un prix d’interprétation. Mais on ne sait jamais : on peut être fan de métal et de gratouillis sur du papier bulle…
Le jeu est donc parfaitement adapté quel que soit le nombre de joueurs, avec un tout petit peu plus de contrôle et de calcul à deux — mais cela reste anecdotique.
Nous demander lequel on préfère ?
Pour ma part, je préfère le thème de Wyrmspan, parce qu’il y a des dragons (même s’ils auraient pu être plus beaux).
La mécanique de Finspan est plus épurée, le rendant plus facile et rapide à sortir, tandis que Wingspan reste le premier, mais aussi le plus lourd et le plus difficile à installer.
Avec ses extensions, il a peut-être plus de profondeur, mais de là à dire que c’est une réponse de Normand, ce serait pousser le bouchon un peu trop loin, Maurice…
Et toi, Mme J, un avis ?
Wingspan Océanie, juste pour la Nouvelle-Zélande.
Mais en vrai Finspan se défend très très bien.
Les articles des autres itérations et extensions sont tous disponibles sur le site.
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https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2023/04/wingspan-quand-la-voliere-devient-un.html
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https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2023/04/wingspan-europe-et-oceanie-la-chasse.html
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https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2023/04/wingspan-asia-un-duel-plume.html
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https://adeuxcestmieuxjeuxdesociete.blogspot.com/2025/03/wyrmspan-ils-ont-pas-lair-commode-les.html
👉 Et un petit nouveau se glisse par ici : voici venue la naissance du site « À 2, c’est mieux » https://www.jeudesociete-a2cmieux.fr/wyrmspan/
Puisque le Chocosuisse n’existe plus, je m’en vais capturer des mouches pour nourrir tous ces poissons…
Et puis, qui sait ? Cela attirera peut-être Ingrid Fabulet, qui, pour ceux qui manquent d’une culture pourtant primordiale, est un joyau du patrimoine breton — sacrée Miss Monde des Sirènes en Égypte (peut-être qu’on devrait remplacer le chouchen par de l’eau dans les écoles finistériennes…).
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