Dinner In Paris : et sans pass sanitaire, s'il vous plaît.


Premier et seul jeu Des Trolls Associés (et probablement pas le dernier), illustré par Alain Boyer et édité par Funnyfox.

Instant Wikipedia : le premier restaurant parisien ouvre rue des Poulies en 1765, par Monsieur Boulanger (ou monsieur Roze De Chantoiseau selon l'almanach du dauphin), qui est le premier à avoir mis une affiche avec menu et prix devant sa vitrine au grand dam des traiteurs du moment.

Installation : trop longue pour la première partie puis 15 minutes
Règles : 15 minutes 
Temps de partie : 40/45 minutes


Nous voici dans la peau d'un restaurateur ayant comme unique but dans la vie d'augmenter son panel de restaurants sur une jolie petite place parisienne composée de pavés, de pigeons, d'orchestres avec accordéons, d'une fontaine et de beaucoup de clichés. 

Pour cela, chaque joueur se munit de :
- son plateau, 
- beaucoup de terrasses qui ne sont pas du tout laborieuses à placer dans le plateau double-couche quand on a de gros doigts... #ironie
- ses jetons-pancartes de noms de restaurants
- 2 objectifs
- 5 ingrédients 




Il manque le tourteau...

On place sur le plateau centrale :
- la rivière d'ingrédients (en mode marché des Halles un samedi matin), 
- le deck pigeon (oui oui la bestiole obèse qui n'a comme unique but dans la vie que de chier sur votre veste Gucci devient ici indispensable),
- le deck objectif, 
- une carte bonus définissant trois axes de développement pour gagner des points en fin de partie. 

On place à côté les nombreux restaurants allant de la baraque à frites au gastronomique. 

Et c'est parti pour la guerre des restos. 

On joue chacun notre tour 3 actions. 

La première consiste obligatoirement à prendre un ingrédient du marché (oui le produit doit être frais, ce qui pour les contrôles sanitaires est fort judicieux...).
Chaque ingrédient n'ayant pas la même fréquence d'apparition (la patate est plus commune que le tourteau à Paris), il faudra anticiper la suite.
On peut même y trouver des pièces (ce qui thématiquement reste assez obscure comme décision) voire des cartes multi-ingrédients, genre "HyperU pour vous servir"

Les deux autres actions sont, au choix :

- reprendre des ingrédients (chaque carte prise est remplacée immédiatement... C'est presque un entrepôt Amazon ce marché!) 

- construire un restaurant : pour cela on défausse les ingrédients notés sur notre plateau et on prend le bâtiment pour le placer où on veut sur la ligne la plus extérieure du plateau (2 sacs de patates pour la friterie, par exemple), on recouvre son toit par un jeton de notre couleur et on ajuste nos revenus sur le plateau. 

- construire une terrasse (ou plusieurs) : chaque restaurant a une ligne de tuiles carrées représentant des terrasses, on dépensera les pièces indiquées sur le plateau pour construire chaque terrasse de chaque restaurant. On peut, dans cette même action, construire autant de terrasses sur autant de restaurants qu'on le souhaite du moment qu'on a les moyens. 
Les seules règles de poses sont qu'une terrasse doit être adjacente orthogonalement au restaurant et ne doit pas toucher la terrasse d'un autre restaurant à soi ou à l'adversaire (concurrence déloyal, tout ça...)
Si on recouvre une case pigeon, on récupère une carte associée pour un bonus (oui c'est le seul endroit où les pigeons peuvent chier de l'or plutôt que de la fiente dans notre plat...).

- dernière action possible : valider un objectif, soit commun et on le récupère; soit personnel et dans ce cas on le pose et on en repioche un. De cet objectif nouvellement pioché : soit on pense pouvoir le faire et on le garde; soit on n'est pas sûr et on le pose dans les objectifs communs sans en repiocher.


La partie se termine :
- soit en fonction d'un certain nombre de restaurants construits dépendant du nombre de joueurs, 
- soit si un joueur à deux lignes de terrasses vides, 
- soit si personne ne peut jouer. 

On compte les points :
- des restaurants, 
- des terrasses, 
- les cartes objectifs réussies (on soustrait les points d'un objectif personnel non abouti, les yeux plus gros que le ventre, tout ça...) 
- et enfin la carte bonus sur ses 3 domaines. 


Le gagnant pourra remplacer Philippe Etchebest dans la saison 77 de Top Chef. 

À deux joueurs, on retourne le plateau pour réduire la surface de jeu, la fin de partie se déclenche à 11 restaurants construits, et les points des cartes bonus sont de 10 pour le premier et 4 pour le second pour chacun des trois items. 

Ce jeu souffre de 2 gros défauts à mon sens : son matériel et sa thématique. 

Je m'explique, avant qu'on me fasse la remarque de "si on enlève ces deux données il reste quoi au jeu ?" 
Non, du tout, car le jeu est bon mais il y a selon moi un défaut d'édition. 

Premièrement le matériel.
C'est joli, et on se fait un petit retour en enfance avec le matériel digne des Polly Pocket. MAIS.
Déjà, la première mise en place où on se fade tous les autocollants à coller sur les façades des restaurants (ayant raté tous les examens de gommettes en maternelle sup' vous comprendrez mon désarroi) est assez fastidieuse, et le plastique semble assez fragile, cela rend l'activité plus laborieuse que ludique. 
De plus, placer ce stock de terrasses sur les plateaux joueurs est long et leur design peu représentatif pour s'imaginer dans un restaurant parisien. 

En revanche, on remercie l'éditeur pour le surplus de matériel en cas de perte/dégât.

Deuxièmement, le thème. 
On s'attend à être des restaurateurs comme annoncé dans la règle, à cuisiner pour impressionner le touriste avec tout le savoir faire de la cuisine française allant du croissant au jambon à la revisite du pot au feu version vegan par Michel Sarran (oui c'est 2 patates une carottes et un navet cuit dans du bordeaux mais y' a une pointe de clous de girofle blanchi au vinaigre de pruneaux polonais).
Que nenni, en aucun cas vous n'êtes restaurateur, le thème de ce jeu est d'être promoteur immobilier, et de construire le plus de restaurants et de terrasses sur cette place parisienne (et au final après 3 friteries, 2 pizzerias et 1 crêperie, faut en vouloir pour aller manger dans un gastronomique sur la place nouvellement baptisée Place Du Graillon). 
Même si au final, ça ne change absolument pas le gameplay, niveau thème, il est aussi difficile de rentrer dedans que de rentrer dans un Hilton en tongs. 

Malgré ses écueils importants, la mécanique est plaisante, on essaye de jouer pour soi et contre l'autre pour bloquer son avancée sur la place. 
Et c'est assez frontal, pas franchement de pincettes dans cette guerre des restos, la place coûte chère et en fonction des points bonus, on se battra pour être prêt de la fontaine ou autour de l'accordéon (pour une fois qu'on cherche la proximité d'Yvette Horner, ça se fête), reste à voir si on perd des tours à piocher des tomates pour tenter le gastronomique, cher mais riche en PV, ou si on enchaine les baraques à frites pour grappiller les places sur le terrain vu leur faible coût mais elles ne donnent pas de revenus et peu de PV... 

Alors, à 2 c'est mieux ? 

A deux, l'interaction est encore plus frontale, la réduction drastique du terrain de jeu rend cela possible sans se chercher sur la place. Et ça c'est rudement bien pensé. Nombre de jeux à la version 2 joueurs n'ont pas cet atout là.

Lors de la première partie, on s'esquive un peu le temps d'avoir toutes les mécaniques, dès la suivante, on se croirait sur un champs de bataille où tourteaux et paquet de farine volent au centre de la place, au son doux et délicat de diverses insultes dignes d'un Capitaine Haddock très fâché.

Il est dommage que l'édition de ce jeu ne soit pas optimale, après c'était le premier jeu de l'auteur et les débuts de Funnyfox, malgré tout dans un flot continu de nouveautés, il est à craindre qu'il ait du mal à prouver sa valeur, et c'est dommage car ses qualités sont bien présentes. 

Alors jeune entrepreneur, prêt pour l'ouverture de ta chaîne de restauration garantie sans pangolin ? 

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