The Hunger : fait pas bon vivre dans les Carpates...
Un jeu de Richard Garfield, illustré par Jocelyn Millet et Marta Ivanova, et édité par Renegade Game Studio.
☝Instant Wikipédia :
Le vampirisme clinique est une pathologie psychiatrique rare, consistant en l’ingestion de sang humain. Il se divise en 4 catégories :
– le vampirisme complet avec nécrophilie, nécrosadisme et ingestion de sang humain (le mec que tu as envie de croiser le soir en sortie de boîte de nuit, OU PAS).
– le vampirisme incomplet : c’est la même chose sauf qu’il ne boit pas le sang (c’est tout de suite plus propre pour la présentation à la famille)
– ou à l’inverse, il boit le sang, mais uniquement de personnes vivantes, il laisse les cadavres tranquille (je ne sais pas si c’est plus présentable pour la belle-famille, mais plus salissant, c’est sûr)
– L’autovampirisme où le malade boit son propre sang (c’est le moment d’insérer une blague de très bon goût sur les menstruations, non ?).
Le psychologue américain Richard Noll le rebaptise syndrome de Renfield en hommage au personnage de Bram Stoker dans Dracula, où dès l’enfance les jeunes commencent à trouver excitant de boire du sang et de manger des animaux vivants (et là je ne parle pas d’huîtres…).
Un lien est fait avec la lycanthropie clinique, mais nous y reviendrons une autre fois…
Il existe malgré tout peu d’exemples d’individus récemment atteints de ces troubles, le dernier cas « avéré » serait le Vampire de l’Atlas en 1932 à Stockholm, mais là encore, il y a un doute sur l’ingestion de sang, peut-être s'agit-il juste un meurtre tout ce qu’il y a de plus banal avec un tueur très méticuleux.
Grâce à Twilight, on reverra peut-être ses joyeusetés revenir au goût du jour…
Moi ce sera boudin aux pommes ce midi (rien à voir avec la maraichère d’en bas).
Installation : 13 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de parti : 1 heure
Âge : 10 ans
Type de jeu : deck building, stop ou encore.
À force de voir des gamines être en pâmoison devant une boule à facettes géante qui suce des biches pour vivre version Bella dans Twilight, et autres vampires buveurs de sauces tomates tièdes à la Sookie Stackhouse, nous nous sommes dit qu’il était temps de réduire le fantasme du bellâtre romantique à dents trop longues comme une serviette éponge à néant, et de redonner force et puissance aux vampires. Point de chasseurs dans les environs... C’est décidé, ce soir, on va bouffer du pelant en bas de la maison et pourquoi pas trouver une rose éternelle au bout du chemin, mais il faut rentrer avant le lever du jour histoire de ne pas se transformer en cendrier géant.
🧛Point de Saturday Night Fever chez Les Canines Master.
Mise en place :
Une fois le plateau de jeu déplié sur la face de son choix, on place les cartes roses au bout du chemin, avec 2 missions publiques, puis on place les autres missions face cachée sur les différentes cryptes (leur nombre dépend de l’emplacement de la crypte), les trésors visibles ou non sur les zones indiquées, et 3 cartes à chasser sur l’auberge.
Le plateau de chasse est installé à côté avec une carte sur chaque case le la première colonne.
Les joueurs prennent leur vampire qu’il place sur le château, 2 missions pour n’en garder qu’une et son deck de départ dont il pioche 3 cartes.
Le premier joueur est le plus rapide. Permission de 8 heures du mat' pour sucer le sang de la plèbe (mieux que Cendrillon).
La partie se joue en 15 manches, la nuit se couche tôt et le jour se lève tard en Roumanie…
À la fin du quinzième tour, on compte les points, enfin si on est rentré à la maison…
À son tour, le premier joueur, défini comme étant celui le plus près des roses (l’important c’est la rose, comme dirait Gilbert), joue ses 3 cartes pour effectuer leurs actions dans un ordre précis.
– on résout tous les effets notés "pioche" ou "défausse" sur la carte.
– on se déplace, on calcule notre score de déplacement en fonction de toutes les cartes sur le terrain à ce moment-là. On peut dépenser tout ou une partie de sa vitesse pour se déplacer dans n’importe quelle direction. Si la case d’arrivée contient un vampire, on peut le pousser sur n’importe quelle case adjacente. Une fois le déplacement fini, on peut réaliser l’action de la case d’arrivée (récupérer un coffre, prendre une mission dans les cryptes, digérer un humain de sa main ou défausse…).
Une fois le déplacement terminé, s’il reste de la vitesse, on peut chasser une carte avec ce qu’il nous reste (ou deux s’il y a un puit sur notre lieu d’arrivé, comme dans la savane l’eau attire les proies). Pour cela, on récupère une case du marché en payant son coût en vitesse, je dis bien une case c’est-à-dire toutes les cartes contenues sur la même case : en gros la case 3, ce sont les soldes dont personne n’a voulu (l’humain devait avoir un goût d'alcool frelaté de pochtron notoire), mais qui cumulées finissent par être intéressantes.
Les cartes représentent de nouveaux pouvoirs, des familiers donnant un bonus permanent quand ils arrivent en en jeu (on ne défausse pas un toutou aussi mignon en fin de tour, et Mme J ne se sépare pas de son chat), ou des humains donnant des points de victoire (après tout on est parti les bouffer), mais ralentissant drastiquement notre voyage (il faut le porter, le tas de barbaque, une fois préparé et assaisonné. D’où l’intérêt de les digérer pour qu’ils ne reviennent plus encombrer le deck après avoir donné les points. Certains humains donnent des pouvoirs ou des capacités reloues (le bourré vous rend confus et vous oblige à reculer de 4 cases à chaque fois qu’on le pioche, l’épicé vous oblige à dépenser votre vitesse pour aller au puit le plus proche pour vous rincer le gosier…), d’autres permettent de chasser à nouveau ou de prendre une mission dans une des cryptes.
Les humains rapportent immédiatement les points de leur carte et du lieu où ils sont chassés : plus on est loin du château meilleurs ils sont, et donc plus lucratifs.
Une fois son tour terminé, on réalise les potentiels effets de fin de tour, on défausse et repioche 3 cartes, puis on remplit le marché et on retourne son jeton vampire pour piquer un petit roupillon postprandial bien mérité.
Une fois que tous les vampires ont… Vampirisés dans les contrées environnantes, on avance d’une case toutes les cartes du marché en créant éventuellement un tas de plusieurs cartes sur la colonne coûtant 1 vitesse (les soldes dont on parlait précédemment), on avance le cycle lunaire, et c’est réparti pour aller boire au cou du peuple, perso je préfère l’AB+, plus onctueux, et il picote sous la langue…
📝 À la fin de la quinzième heure (du plateau, et non de jeu, on n'est heureusement pas sur du 7e Continent !) :
> tout vampire encore en train de baguenauder dans les campagnes est immédiatement brûlé par le soleil et se transforme en torche vivante avant de disparaître ne laissant qu’un cendrier Ricard plein comme souvenir de sa présence sur terre au grand dam d’Edward Cullen, ils ne comptent pas leurs points
> ceux arrivés dans le cimetière se cachent dare-dare dans une tombe et perdent 5 points avant de compter leurs points de victoire.
> ceux rentrés au château reçoivent un bonus de points en fonction de l’ordre d’arrivée, puis se reboivent une petite gorgée au cou d’Igor avant de compter leurs points en refermant le couvercle de leur cercueil molletonné pour une nuit de jour bien mérité.
Les vampires protégés ajoutent à leurs points récupérés courant de partie les points de certaines cartes, ajoutant un bonus de fin de partie, ainsi que les points des missions publiques et de ses missions privées.
🏆Le vainqueur, tel le Comte de Margopyr, dominera tranquillement sa contrée en suçotant gaillardement tout humain de passage.
💀Les perdants verront Wesley Snipes et Hugh Jackman frapper à leur porte pour leur planter leurs pieux dans le cœur (désolé mesdames pour Hugh, cela n’a rien de sexuel).
À 2 joueurs, on réduit le marché à 3 cartes, certaines missions sont retirées du jeu et le retour au château rapporte soit 10 soit 6 points.
👀
Le matériel est de belle qualité avec un graphisme rappelant certains comics, on aime admirer les cartes du jeu, le matériel est aussi solide et agréable à manipuler.
Le point noir vient de l’iconographie pas toujours limpide, et des règles qui laissent planer des doutes sur les premières parties, et l’absence d’aide de jeu entraîne pas mal de retours aux règles avant de maîtriser le jeu, par ailleurs, leur agencement somme toute étrange empêche de s’y repérer facilement, heureusement qu’elles sont courtes…
Richard Garfield aime explorer toutes les facettes du deck building.
Parfois avec une grande (immense et colossale) réussite, Bunny Kingdom, King of Tokyo, ou là si peu connue série des Magic, voire dernièrement Mind Bug qui a l’air prometteur même si nous n'avons malheureusement pas eu l’occasion de le tester (un généreux donateur dans nos lecteurs ?), pour ne citer qu’eux.
Parfois moins avec Carnival of Monsters, qui reste un peu plus fade (oui, j’ai moins d’exemples de jeux moins appréciés, mais bon il y a un bel article dessus sur ce blog, si ça vous intéresse…) 👇
Ici, l’auteur teste une nouvelle approche en mixant cartes, un plateau et une forme de stop ou encore.
La partie, et son issue, vont être directement liées à notre façon de gérer nos déplacements.
💭 Vais-je le plus loin possible du château pour tenter de récupérer une des 3 roses éternelles, vectrices de moult points et pouvoirs, tout en chassant un peu sur le chemin pour essayer de répondre aux différentes missions glanées de ci, de là, mais attention avoir les canines plus longues que le ventre (en mode vampire cette expression est moins parlante) risque d’entraîner une indigestion d’hémoglobine, et ne pouvant rentrer au château à temps, on finit mort au chant du coq sans autre forme de procès.
Ou au contraire on chasse beaucoup sans trop s’éloigner pour assurer un retour simple, mais du coup il faudra assurer une orgie d’homo sapiens sapiens, et rentrer le premier pour récupérer le bonus de 10 points et espérer contrer les vampires plus téméraires…
Il faudra donc à tout moment faire la part entre la témérité, l’avidité, la gourmandise et la prudence pour espérer dominer la confrérie des Dents-de-Lait.
Un jeu original avec de très bonnes idées, et plutôt prometteur de par l’univers coloré, très bande dessinée et une mécanique originale.
Pourtant la machine a du mal à prendre, les règles, pourtant courtes, laissent des parts d’ombre qui gênent la fluidité de la partie.
A cela se rajoute un retour fréquent aux règles pour comprendre certaines iconographies, alourdissant encore les premières parties, et entraînant beaucoup d’oublis ce qui est très frustrant dans ce type de jeu.
Son plus gros défaut reste l'absence de récompense à la témérité.
En effet, aller chercher la rose éternelle et chasser en forêt sera souvent moins lucratif voire plus dangereux que de chasser tranquillement dans la plaine à proximité du bercail pour rentrer plus facilement après cette gavée comme à une soirée de Noël chez les beaux parents.
Si on peut le comparer à Clank! niveau stop ou encore :
> dans ce dernier la témérité rapporte en allant chercher l'artefact le plus profondément enterré donnant de gros bonus en PV
> ici, aller loin dans la forêt apporte une rose, éventuellement quelques tiques, et pour sûr, de gros risques de brûler autant au soleil que Brigitte Bardot sur la côte d'Azur.
Et pas sûr que l'extension donne un intérêt à poursuivre la chasse jusqu'au chemin forestier.
En conclusion, un jeu qui n’est pas mauvais, mais où il faudra s’accrocher sur les premières parties pour arriver à profiter d’une course tendue, où plusieurs stratégies sont viables.
Encore faut il arriver à les mener à leur terme…
Tout le monde n’a pas le charisme de Blade avec un sabre, il sera donc important de choisir qui et quand chasser sans se jeter sur le premier blanc-bec bourré du coin…
👉Alors, à 2 c’est mieux ?
Le marché très limité rend les choix encore plus compliqué avec seulement 3 cartes disponibles en début de partie.
On se retrouve souvent à acheter par dépit, ou à aller plus vite plus loin (toujours plus hauuuut... pardon) en attendant un meilleur tirage et commencer à manger. Un peu comme le repas dans la belle famille où on attend désespérément l’arrivée des Pringles, plutôt que les pipas et autres chips de bananes salées qui casseraient une dent à Nosferatu himself…
A 2 joueurs, on se plaît à surveiller l’avancée de l’adversaire, voir ce qu’il achète et quel chemin il prend.
💭Tiens, il fait demi-tour à la 10e heure, vais-je un peu plus loin pour aller dans la caserne digérer l’arbalétrier épicé chassé au tour d’avant, et éviter qu’il revienne me mettre son sang pimenté dans le gosier obligeant à un sacré détour pour trouver un puit, ou je mise sur le fait qu’il restera à sa place et je rentre rapidement à la maison avant qu’il me vole mon jeton bonus, et puis si je peux le pousser sur le chemin d’à côté en passant je vais pas me priver (on a beau être un vampire de 753 ans, les disputes de cours de récréation ça ne se manque pas).
Au final, un jeu qui à 2 qui nécessite de bien s’accrocher pour rentrer dans le bain de sang, mais qui reste sympathique sans déclencher un franc sourire jovial sur le visage blafard de Bella.
Il prendra un peu plus d’intérêt à plus nombreux où la course nécessitera souvent de tirer sur la corde jusqu’à la ravine pour décrocher la victoire.
Les quelques défauts le rendent malheureusement dispensable à 2... Peut-être que l’extension gomme tout ça, mais l’envie de la tester n’est pas arrivée jusqu’à nous…
Ah, n’oubliez pas de bien vous laver les dents avant d’aller dans votre cercueil, le sang humain c’est plein de sucre, surtout chez les diabétiques, et trouver un dentiste valable de nos jours c’est aussi compliqué que du sang de groupe RH29 pour l’apéro.
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