Le Secret De Mon Père : c'est bling bling chez Franck Enstein


Un jeu de T. C. Petty III, illustré par Damien Mammoliti, Éric Hibbeler, Anh Le, Cold Castle Studios et Janos Orban, édité en France via une campagne Kickstarter de localisation par Origames pour Renegade Game Studio.

(Avant toutes choses, j


Instant Wikipedia : 

Le monstre ou la créature de Frankenstein est une créature créée par Victor Frankenstein, lui-même issu du roman "Frankenstein ou le Prométhée moderne" de Mary Shelley en 1821. On l’estime inspiré du conte français de François-Félix Nogaret : Le Miroir des événements actuels ou la Belle au plus offrant, sorti en 1790. Ce brave Victor, scientifique de son époque, cherche à comprendre l’essence de la vie, et plutôt que de se baser sur la théologie comme beaucoup à cette époque, il se lance dans l’expérimentation humaine en créant un être artificiel à base de cadavres. Il finit par créer la créature, humanoïde de 2,43 mètres à la peau jaune translucide, aux yeux sans couleur et aux cheveux touffus (un Wookie avant l’heure). Effrayé par la créature, Victor s’enfuit sans demander son reste. Devant ce physique ingrat, la créature est mal aimée et chassée de tous, elle retrouve Victor pour lui demander une femme, celui-ci refuse, et là c’est le drame, s’en suit des meurtres, des courses-poursuites, pour au final voir la naissance de l'éthique chez les scientifiques... ha non ? On me dit dans l'oreillette que non... 

La conclusion, c’est que le créateur a souffert autant que la créature, et seule la mort les a délivrés de leurs tourments. 

Reste à voir qui est coupable : la créature qui a tué sans avoir la notion du juste, ou le créateur qui a fui laissant l’enfant dans l’ignorance et la terreur ? 

Question qui reste encore d’actualité devant les lacunes de l’éducation parentale de certains, et de l'éducation nationale surtout...


Installation : 10 minutes

Règles : 30 minutes

Temps de partie : 2 heures à 2 heures 30

Âge : 14 ans

Type de jeu : pose d’ouvrier, narratif, application



Le paternel vient de clamser, enfin!

Déjà une retraite de moins à payer pour l’Etat, et malgré tout, ça compte. 

Ensuite, fini les reproches parce qu’on ne vient pas assez le voir, parce que Mini J n’écrit pas assez, parce que l’entreprise familiale périclite, etc. 

Il nous reste à voir le notaire maître Dracumito pour toucher le pactole. 

...

Comment ça, le paternel a mis une close à la récupération du pognon ? 


« Mes chères enfants, 

Je vous ai quitté, je navigue désormais vers des cieux plus radieux, mais si vous voulez mon blé, mon œuvre il faudra terminer. 

Affectueusement,

Votre Papounet.

P-S Pensez à nourrir Jean-Renée, mon Loulou de Poméranie croisé avec un Hypsignathus monstrosus, il est ronchon s'il n'est pas nourri régulièrement »


Quel fumier de lapin ce vieux grippe-sou !!

Et hors de question de ramener la bestiole dans le quartier, il va chier sur les rhododendrons et déterrer les voisins. Ou l'inverse ?

Nous voilà partis dans la demeure familiale pour essayer de terminer la Grande Œuvre du grand vieux, mais voilà qu’à notre arrivée, étaient déjà installés les cousins Pikassiettes, toujours là où il ne faut pas ceux-là, pire que des flics en sortie de boîte. 

Nous voilà partis dans une compétion de qui finira la création du monstre de J'Nestein en premier… 


Mise en place 

Une fois le plateau assemblé sur le terrain avec le livre de cartes ouvert à la page du scénario choisi, placez les ressources, les cartes triées par lettre et par type, et la boîte du scénario à côté. 

Les tuiles et bâtiments sont posés sur leurs emplacements, les 4 premiers visibles. 

Chaque joueur prend son plateau avec ses marqueurs de connaissance à 0, une remise en bâtiment de départ, son avatar, son époux/se et un serviteur sur son plateau, son deuxième serviteur et ses assistants sont placés à l’asile. 

On place les différents marqueurs de folie, malpeur et PV sur leurs points de départ respectifs, puis le joueur prend une carte expérience Grande Œuvre au hasard. 

On allume la tablette et on se laisse guider pour une petite expédition bon enfant dans le cimetière du coin.


Le plateau central avec le score, 
Le carnet de cartes
Les personnages en plus
Les améliorations
La malpeur, folie etc 

L'insert avec les ressources
Tout est magnifique et agréable

Les cartes expériences A, B et C
Les cartes Folies et les Obsessions

Le plateau joueur du violet
En bas à gauche, la remise

Les différents types de cartes expériences
A en haut à gauche
B à droite
C en bas à gauche

Les cartes Folies

Les cartes Obsessions

Une fois le scénario choisi, le préambule lu sur la tablette, la partie peut commencer. 


La partie se déroule en 3 générations, et une génération en 3 manches (on a la vie courte dans la Roumanie du 19e siècle).


À chaque début de génération, on récupère une carte expérience de chaque niveau et en général une ressource de son choix (pouvoir de la remise acquise dès le départ), et plus ou moins certains effets de bâtiments, de cartes ou de scénario une fois arrivé à la 2e génération. 


Tout ce qui n’est pas une carte est considéré comme une ressource : cercueil, fiole de verre (= produit chimique), animaux, argents, connaissance, colère de Mme J… 


La manche se déroule en 3 phases :


– Début de manche : les joueurs récupèrent dans l’ordre du tour 3 pièces et une carte expérience, qu’il rajoute à leur main. 


– Milieu de manche ou phase d’action : les joueurs vont jouer leurs ouvriers au tour par tour. 

Il existe 4 types d’ouvriers qui se différencient par la forme du socle. 


  •  Son avatar (soi même en gros, le savant fou de la mort qui tue) : il peut être joué partout, double les gains en ville sans rien payer en ville s’il arrive sur une case occupée, et peut aussi œuvrer dans son labo secret. 
  • Le concubin, uni par les liens sacrés du mariage (évitons une théorie de genre dans un univers où la tolérance est loin d’être le maître mot) qui a les mêmes prérogatives que les domestiques, et ne peut aller qu’en ville pour éviter de voir les expériences de son/sa chère et tendre
  • Les domestiques ne peuvent aller qu’en ville comme l’épousé.e 
  • Les assistants sont trop moches pour aller en ville sans faire peur au bas peuple, ils ne peuvent interagir qu’avec le laboratoire. 


Les actions en ville permettent : 


– de récupérer des ressources : produits chimiques, cercueils, animaux ou connaissances. 


– d’abaisser son niveau de malpeur contre un don substantiel à la paroisse (si le niveau de malpeur d’un joueur atteint la foule en colère, alors le joueur ne peut plus aller en ville sauf à l’église se confesser et payer, c’est une religion à but lucratif, et hop tout le monde redevient sont copain, c’est beau la foi...). 


– de récupérer serviteur ou assistant à l’asile (voire l'épousé.e, si il/elle a aperçu des bouts de nos expériences)


– d’acheter de nouveaux bâtiments


D’autres actions de bâtiments sont amenées à apparaître ou disparaître en cours de partie. 


Si on place dans la même action plusieurs personnes dans une zone de récupération de ressources, on la récupère plusieurs fois, et il faut dépenser une pièce à la banque si on place son personnage sur un lieu en contenant déjà un, même si ce dernier nous appartient. 


Les actions dans le manoir permettent :


– De récupérer une pièce ou une carte


– De défausser des cubes connaissances pour les consigner, et d’échanger des cartes expériences non construites. Augmenter sa connaissance permet d’éviter de payer 1, 2 ou 3 ressources du type indiqué lors de la réalisation d’une expérience, et c’est la seule chose qui reste d’une génération à l’autre, comme un livre de notes retrouvé dans la cave. A la 3e augmentation d'une même connaissance, on a un bonus permanent, et à la 4e une tuile bâtiment spécial.


– Réaliser une expérience (on est des scientifiques pratiques, pas des théoriciens, exit le Sheldon roumain). On défausse l’ensemble des ressources demandées ((-) les connaissances consignées) pour réaliser l’expérience. 

Pour construire une expérience de niveau B, il faut en avoir une de niveau A, pour faire une C il faut une A et 2 B, et pour le grand œuvre il faut une A, 2 B et 3 C.

Une fois réalisée, l’expérience nous donne PV et autres bonus, mais en fonction du respect de l’éthique, elle peut aussi augmenter la malpeur (oui, créer un rire sardonique parfait fait peur à la plèbe), ou la folie (je ne comprends pas pourquoi la greffe de cerveau n’a pas pris, peut-être pas assez de connexions à la base chez les Trump?). 


Augmenter sa folie peut envoyer épouse et assistants à l’asile (c’est toujours les autres qui prennent), mais donne aussi des cartes Obsession, qui quand on les gère, donnent un bonus de points si l’action est réalisée avant la fin de la génération. 


Exemple d'une fin de manche


À la fin de chaque manche, on change une partie des bâtiments et on récupère tout individu qui ne va pas à l’asile. Puis l’application peut lancer des modifications de terrain, des événements spéciaux, ajout de mission, vote, etc. 


Au bout de 3 manches, on est vieux, on meurt, nos gamins héritent de notre bouzin, et se retrouvent à poursuivre notre œuvre. 

Pour cela, on perd toutes les ressources et l’argent (l’héritage mon cul) et toutes les expériences réalisées sauf une. On garde la carte Grande Œuvre. On se retrouve à nouveau seul au manoir avec la fiancée et l’assistant pour tenter de conquérir le monde de la science, et heureusement les villageois ont tout oublié des méfaits des ancêtres. OU PAS.

S’il vous reste des cartes Obsession, elles sont défaussées et remplacées par des cartes Traumatismes qui ne sont pas sympa-sympa. 

Les connaissances consignées lors des générations précédentes restent en place. 

L’application va aussi avoir son mot à dire sur la suite, et certains événements passés peuvent resurgir inopinément (et oui Mme J, il ne fallait pas piquer les Malabars Bigout au petit Adolfo à la récréation de CM1).


📝À la fin de la 3e génération, ou 9e manche, on ajoute aux points de la partie certains points du scénario et des bâtiments construits, on en perd aussi, faut pas croire. 

🏆Le scénario lance une des 8 conclusions possibles au scénario avant de définir la famille victorieuse qui recevra le prix Nobel immédiatement et révolutionnera les Sciences Modernes, telle Marie Curie (en oubliant l’air de rien toute expérience humaine et animale l’ayant permis, désolé Brigitte Bardot et J.F Delfraissy), pendant que 💀 les perdants seront mutés à la maternelle de Tchernobyl pour essayer d’apprendre la recette de la pâte à sel au petit phocomélique du coin… 


À deux joueurs, l’application adapte les possibilités et les choix au nombre de joueurs.


👀

Niveau matériel, c’est le grand luxe et pour un prix pas si démesuré que ça au vu de la qualité. 

Les fioles de verres (qui peuvent se customiser pour les adeptes de la déco, des tutos sont dispos sur le Web, attention, pas d'eau, ça moisit!), les cercueils et animaux tous différents sont superbes, et que dire des pièces en métal, on est presque déçu devant les cubes connaissances en « vulgaire » plastique. 

Le livre de cartes est joliment enluminé et claire, et les cartes expériences pleines d’humour et de références au Geek World.

L’ensemble donne un côté très bling-bling au jeu, voire démesuré, on ne va pas se mentir, mais il faut avouer que cela participe de beaucoup au plaisir de jeu. 


L’application, niveau ergonomie, rien à dire, facile à prendre en main, les textes sont bien écrits et nous plonge dans l’histoire et retranscrivent plutôt bien l’ambiance horrifique des romans d’époque, on aurait pu avoir une voix off qui raconte l’histoire, ayant toujours détesté lire sur tablette j’avoue avoir sauté des paragraphes, cela aurait augmenté l’immersion et le plaisir de jeu.
A priori, la mise à jour récente corrige cela, mais certains se plaignent encore sur le Web que cela n'est pas le cas... 


🚫Bon, passons maintenant au très gros problème du jeu : cette même application. 

Le manque de finition et l’approximation de certains évènements, voire d’énormes erreurs, modifiant entièrement certaines parties, peuvent gâcher entièrement l’expérience de jeu. 

Passer 3 heures de jeu pour finir par des erreurs de l’application, avec le choix crucial d’un joueur attribué à l’autre, modifiant entièrement les 2 décomptes, voire la trame scénaristique, ne donne pas franchement envie d’y revenir. 

Certaines règles sont aussi mal retranscrites dans l’application, gâchant tout autant le plaisir de jeu. 


Nous avons à faire à un jeu hybride de pose d’ouvrier associée à une application, ce qui n’est pas si courant comme mix, qui aurait pu parfaitement fonctionner. 

Les première partie ont d’ailleurs été top. 

Le nombre d’actions étant limité et la récupération de ressources parfois compliquée (oui, on est dans un monde compliqué où voler des cadavres aux cimetières est mal vu et fait peur à la populace, la pudibonderie de la Roumanie ne cessera de me surprendre), et tout perdre en fin de génération oblige à faire des choix. 

💭M'approcher de la folie va me coûter cher avec la fuite du concubin qui préfère aller dormir à l’asile plutôt que de refaire un petit déjeuner au sang bouilli (fiotasse), mais donne de gros gains d’expériences ou de ressources, mais l’accumulation de cartes Obsession qui peut en découler va donner des PV si bien gérées, ou entraîner des tares pour les générations à venir (on t’avait dit que la vodka le soir, c’était mal venu pendant ta grossesse). 

... Ou rester dans les domaines du politiquement correct pour garder une plus grande liberté d’action, mais moins lucratif en général ?


L’application risque en plus de modifier vos plans, obligeant une adaptation et une remise en question à chaque manche et chaque génération.

Dans l’ensemble les premières parties sont jouées sans qu’on s’en aperçoive (bon mini J s’en est aperçu et nous a vite rappelé à l’ordre, le sacrifié humain, c’est quelle expérience ?), les résultats très serrés, les multiples stratégies et les 8 épilogues par scénario donnent envie d’y revenir pour réussir la Grande Œuvre de nos ancêtres, et voire les différentes fins au même titre que les jeux vidéo à la Heavy Rain. 


Le problème vient de l’application qui peut gâcher entièrement le plaisir de jeu, et 3 heures de partie pour un flop ne donne absolument pas envie de ressortir le jeu...

La MàJ devrait corriger tout ça. A voir ce que ça donne dans les semaines qui arrivent, car après 1 an d'attente de la mise à jour, il serait judicieux qu'elle soit parfaite... 

Il faut préciser que l'application est actuellement à jour pour iOs, et en attente de MAJ pour Android. 

Nous n'avons pas acheté d'IPhone ou d'IPad pour tester en version corrigée, cela nous semblait excessif...

Mais il faut avouer que même si le jeu est splendide, l’histoire et la mécanique fort plaisantes, l’ensemble donne un côté inachevé surtout au vu du prix d’achat (surtout pour ceux qui l’ont pris en KS, et qui ont payé plus cher pour la même chose), cela est très décevant. 

Il y a quelques parties parties sans bug qui ont été vraiment très sympas, mais il suffit d'une partie gâchée pour refroidir le plus enthousiaste des joueurs. Si les parties avaient duré 20 min, cela n'aurait surement pas prêté à conséquence, mais avec des parties de 3h...


En fonction des améliorations promises par l’éditeur, nous reviendrons potentiellement sur le jugement. Si cela ne devait pas bien retouché, ce jeu risque d'être mis de côté.


👉Alors à 2, c’est mieux ? 


Alors clairement, on ne va pas y aller par 4 chemins de terre, oui. 


Le temps de lecture des passages personnels dans l’application est conséquent, et avec les tours de joueurs qui, même si rapides, peuvent prendre du temps pour réfléchir, à 4 joueurs le temps de partie devient épouvantablement long.
Le temps d’attente entre les tours peut vite permettre de se remettre à jour sur la littérature horrifique du 19e siècle, mais je crois que ce n’est pas vraiment le but de la partie. 

De plus, les lieux en ville peuvent être très peu nombreux et devenir vite envahis de joueurs, et donc chers. Une pièce dans ce jeu peut être cher, l’apport financier est proche du néant.


Un jeu fait pour 2 joueurs, qui a tout le potentiel pour être un grand jeu à 2 et espérons qu’Origames corrige rapidement ses erreurs pour qu’il prenne la place qu’il mérite pour briller dans les ludothèques si on est prêt à y mettre le prix. 

À plus de 2 joueurs, le jeu est tout à fait jouable, mais le temps d’attente est assez rédhibitoire pour nous qui sommes des joueurs pressés, on va vite, très vite, nous sommes des comètes humaines... (fallait bien un instant musical...)


Alors maintenant on sort sa pelle et son seau, et on va déterrer mamie, j’ai besoin d’un bras en plus pour greffer sur le chat. 

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