Khôra : l'expression "se faire un Grec" prend tout son sens.
Premier jeu attribué au groupe des Head Quarter Simulation Game Club, illustré par David Chapoulet et Jocelyn Millet, et édité par Iello.
Instant Wikipedia : la Khôra, Khora ou Chôra (en grec ancien on aime l'orthographe) signifie la campagne autour des villes tout en comprenant une notion d'appartenance.
Après soyons francs, le terme n'a pas été très bien compris par les traducteurs, donc bon faudrait voir à pas trop pousser la réflexion, Platon en a aussi donné une définition, à base de démiurge de métaphysique et d'espace non défini, mais même en français la définition reste très... Grecque...
Au final, la meilleure définition de Khôra est celle de Iello : excellent jeu de "CIV'" à base d'optimisation de dés et de développement de sa cité grecque.
This is Spartaaaa.
Une fois la mise en place faite (un peu longue, mais on apprécie le thermoformage de la boite qui facilite énormément le rangement et l'installation du jeu), les 9 événements placés (le premier et le dernier sont toujours les mêmes, ceux du milieu varient à chaque partie), chaque joueur prend :
- au hasard une cité Grecque (et oui en Grèce, il y plus que Sparte et Athènes)
- prend deux dés et place un troisième sur son plateau
- met tous les marqueurs piste au niveau un
- 7 tuiles d'actions
- 4 drachmes
- 5 cartes politiques
C'est parti pour faire de notre cité le joyau de la Grèce.
Notre plateau joueur est composé de 4 pistes :
- la piste cité qu'il faudra faire évoluer pour faire de notre cité the place to be,
- une piste économie
- une piste culture
- une piste militaire
Le plateau central comprend 4 pistes :
- citoyens (pour nos habitants),
- impôt (y a pas de raison qu'ils ne payent pas leur taxe d'hab' eux aussi),
- gloire
- armée.
Il y a aussi une grande zone de conquête où l'on place 36 jetons connaissances majeures ou mineures, et une zone pour les succès.
On commence par faire une sélection circulaire de nos cartes politiques.
Comment ça, c'est la première fois que vous entendez le terme draft en français commun?
C'est un peu comme le terme tension dramatique pour traduire suspense, personne ne l'utilise mais c'est bien qu'il existe.. ou pas.
On réalise les 7 phases de jeu dans l'ordre, pendant 9 manches.
A) On retourne la carte évènement sans la résoudre (on sait à quoi s'attendre).
B) On récupère les impôts, 1 drachme par niveau d'impôt (on débute à 0, et l'argent ne court pas les rues dans le Péloponnèse)
C) On lance nos deux dés (qui deviendront 3 si on monte suffisamment notre culture), et on les assigne à des tuiles action (un dé pour une tuile), soit l'action a une valeur inférieure ou égale à la valeur du dé et c'est cool, soit l'action est de valeur supérieure et on sacrifie un citoyen par point manquant sur l'hôtel de la gloire. On peut sacrifier un token philosophie pour récupérer 3 citoyens.
D) On réalise nos deux actions :
- action 0) Philosophie : récupérer un jeton philosophie (Hakuna Matata, pas très grec mais la base de la philo)
- action 1) Législation : récupérer 3 citoyens et 1 nouvelle carte politique parmi 2
- action 2) Culture : gagner autant de PV que notre culture
- action 3) Commerce : acheter 1 jeton connaissance mineure de la réserve pour 5 drachmes
- action 4) Militaire (seule action à faire dans l'ordre du tour si plusieurs joueurs l'ont choisi) : on augmente notre armée au niveau de notre valeur de militaire et on va coloniser un jeton connaissance sur le plateau, majeure ou mineure en fonction de notre niveau d'armée, on sacrifie le nombre d'armée noté à côté du jeton et on récupère le jeton + les bonus notés à côté.
- action 5) Politique : jouer une carte politique en payant s'il y a lieu les drachmes notés sur la carte et en respectant si besoin les conditions de pose (un certain nombre de jetons connaissance à avoir, il ne sont jamais défaussés). Les cartes politiques sont soit un bonus immédiat (jaune), permanent (violet), ou augmente les PV de fin de partie (rouge)
- action 6 ) Développement : augmenter le niveau de sa cité en respectant les conditions (drachmes, jeton connaissances...), octroyant bonus immédiats, permanents, ou en fin de partie.
Pour les actions 5 et 6, on peut défausser 2 jetons philosophies pour annuler une condition de jeton connaissance.
Il y a forcement deux actions différentes par tour, on ne peut pas additionner la valeur des dés. Et on réalise 3 actions si on récupère notre 3e dé.
Les actions sont réalisées par ordre numérique et non ordre du tour sauf si plusieurs joueurs jouent la même action.
E) On augmente sur une (et une seule) piste de notre plateau (économie, culture ou militaire) en payant les drachmes notés sur la case où le jeton atterrira (oui le dirigeant grec vit souvent au dessus de ses moyens...). On peut défausser autant de jetons philosophie pour augmenter d'autant sur les pistes du plateau, encore faut-il avoir les drachmes suffisant...
F) On résout l'évènement plus ou moins bénéfique, mais au moins on eu le temps de lutter avant de se faire dépouiller par Sparte.
G) Succès : c'est uniquement à ce moment là que l'on peut valider un (et un seul) succès s'il ne l'a pas été précédemment. Si vous êtes seul à réaliser un succès, choisissez si vous augmentez vos impôts ou votre gloire (oui quand tu as du succès c'est le peuple qui raque...), si vous êtes plusieurs à y arriver au même tours, pas le choix on augmente les impôts et puis c'est tout.
On continue pendant 9 manches.
A ce moment, en plus des PV récupérés pendant la partie, on y ajoute les PV des cartes politiques et des niveaux de cité obtenus pendant la partie, puis on multiplie la valeur de notre piste de gloire (oui elle sert à quelque chose) par le nombre de connaissances majeures conquises pendant la partie (d'où l'intérêt de défoncer Persépolis et ce fumier de Xerxès 1er).
Le vainqueur deviendra le plus grand dirigeant grec, et au final on voit qu'Argos est bien plus reluisante que Sparte n'est ce pas Madame Jackal. Gnagnagna
Pas de changement à deux joueurs, mise à part le temps de partie.
Les amateurs de jeux de civilisation purs et durs risquent d'être déçus, très loin des classiques et intemporels Sid Meier's Civilization, prenant une journée pour réussir à faire des Huns les pionniers de l'espace en fonction des époques (âges), ici on est et on reste en Grèce pendant quelques années pour faire briller notre cité.
Pas de pouvoir divin, Athéna n'ira pas détruire Arès à Sparte, juste de la gestion comme on aime sur des parties relativement courtes (la sieste du mini-Jackal est suffisante à deux joueurs pour faire briller Argos (non je ne nargue pas)).
Le hasard des dès très bien compensé par la gestion de ses citoyens, et les actions identiques, avec un brun d'asymétrie liés aux différentes cités, donnent à ce jeu une allure de jeu de gestion pure et la froideur des pistes et la qualité rigoureuse du matériel rendent parfaitement le goût de la politique.
Si on a envie de chipoter, on peut regretter que le drachme soit frappé de la chouette athénienne qui a l'époque classique représentait une obole soit 1/6 de drachme. Et uniquement à Athènes, chaque cité-état avait souvent sa propre monnaie... Après c'est histoire de dire, le jeu est beau rapide à prendre en main avec une bonne dose d'originalité, ce qui de nos jours manque parfois dans les mécaniques, aux parties relativement rapides et au plaisir constant avec une belle rejouabilité.
Oui, des jeux comme ça, on en redemande.
Alors, à 2 c'est mieux ?
À deux, les parties vont être plus courtes mais garder toute leur intensité.
L'interaction indirecte liée aux cartes événement (pénalisant souvent celui le moins haut sur une des pistes, où le vol du jeton connaissance voulu, voire avec certaines cartes politiques) reste malgré tout succincte et permet le plus souvent de prospérer dans son coin en gardant un œil attentif sur l'évolution de l'ennemi, pour finalement constater à la fin de la neuvième manche que la politique commerciale de Corinth a été plus efficace que la politique dispendieuse athénienne. Ou que Argos s'en sort mieux que Sparte. Je dis ça...
N'étant pas forcément adeptes des parties de 4 heures, oui Khôra (même si on n'est pas bien sur de ce que ça veut dire) est mieux à deux.
Maintenant, qui de Périclés ou de Léonidas restera dans l'histoire ? A vous de nous le dire, jeune hellène.
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