Rapa Nui : et pas rape à nouilles...


Avant toute chose : pardon pour le jeu de mots pourri du titre.

Un jeu de Fabrice Besson et Guillaume Montiage, illustré par Miguel Coimbra et édité par Matagot.

Un jeu de pose d'ouvriers, au matériel splendide dans l'univers de Rapa Nui, plus communément appelée l'Île de Pâques, suite à sa découverte par Jakob Roggeveen le dimanche de Pâques.


Déjà, la première partie du jeu est d'arriver à comprendre les différents termes du jeu, un Moaï est la statue de l'Île de Pâques, jusque là ça va, le pukao son chapeau, la tuile ahu est la plate-forme cérémoniale où il est posé et enfin les tablettes rongo sont des écritures jamais comprises des autochtones primitifs de l'île.


Au bout de deux lectures de règles, les termes sont assimilés, bon si on va chercher l'écriture rongo-rongo sur Wikipédia on apprend plein de nouveaux mots qu'on a vite fait d'oublier... Et on appelle le pukao chapeau, et le Moaï une statue...

Donc nous voici catapultés chef d'une tribu Matamua avant que les colonisateurs et autres se ramènent, et pour glorifier l'ancêtre, nous voilà prêts pour construire moult figures de tuf à chapeaux de tuf rouge, alias Moaï et pukao pour ceux qui ont suivi.


Pour cela, les joueurs alternent les tours jusqu'à ce qu'il reste autant ou moins de tuiles ahu libres que de joueurs.

Un tour se passe en trois phases :

La première : dans l'ordre du tour, on pose ses meeples.
Chaque joueur pose tour à tour et dans l'ordre de son choix son sorcier, ou un de ses 4 habitants de départ, auxquels peut s'ajouter un cinquième et le chef du village, en fonction de l'évolution de la partie (quand on les aura débloqué, ils daigneront se bouger le pagne pour filer un coup de main) (on parle quand même de bouger des caillasses de 80 à 100 tonnes et jusqu'à 21 mètres de haut, c'est pas Obelix avec son gros menhir qui viendrait aider...) sur une des zones du plateau. 

Soit on le pose en tant que sculpteur sur une des trois zones possibles, soit en tant que transporteur sur la carte de l'île. 
Le sorcier sert à définir l'ordre du tour. 
Le chef pourra être posé sur une zone de sculpture sans prendre d'emplacement. 



2eme phase : on change l'ordre du tour en fonction de la position du sorcier. Et on récupère les Moaï en fonction des sculpteurs posés. 
Petit, moyen ou grand Moaï : cela dépend de combien de sculpteurs et chef ont été posés, chaque ligne de sculpteur correspond à un nouveau Moaï, il n'est pas obligé de commencer par la première colonne au moment de poser les sculpteurs, mais il est impératif d'en avoir un sur la première pour un petit Moaï, un sur les deux premières pour un moyen et un sur chaque pour un grand Moaï.


3eme phase : on va placer nos statues de quelques tonnes sur les tuiles ahu du bord de l'île, ou poser des pukao.

    Pour un Moaï : dans l'ordre du tour, on peut placer nos Moaï en utilisant les transporteurs ultra musclés posés sur le terrain précédemment. 
Pour cela, on part du cratère de l'île (le tuf ça ne se trouve pas sur la plage mais dans les volcans...), pour aller sur une plage où se trouve un de nos musclors, si elle est reliée au cratère par une chaîne continue de villageois. 
Si tous les villageois nous appartiennent, c'est cool. Si on passe par un transporteur adverse, ce dernier récupère une ressource de la zone où il se trouve pour service rendu (l'importance du placement est donc primordiale). 
Une fois le Moaï déposé sur la plage (regard tourné vers le centre de l'île, pas du tout autocentrée, la statue géante), on récupère la tuile ahu posée dessus, qui donne un pouvoir unique ou permanent, voire des PV en fin de partie, et un certain nombre de la ressource de la plage en fonction de la taille de Moaï. 
Le transporteur sur la plage est du coup mis au repos (aka couché), ça ne l'empêchera pas de transporter un autre Moaï sur une plage adjacente, mais il ne pourra pas poser de pukao. 

   Faire un pukao : on peut faire partir un pukao de la carrière (à l'opposé du cratère, cela aurait trop simple), et en suivant une ligne continue de transporteurs jusqu'à un Moaï déjà bâti comprenant un de nos transporteurs non fatigués (on n'est pas fatigué !). 
Tout transporteur adverse utilisé rapporte un jonc à son propriétaire, le poseur de pukao doit défausser 4 ressources identiques ou 4 différentes pour récupérer une offrande très lucrative en PV (et oui une offrande "oeufs de poule", ça paye)


A tout moment, on peut utiliser le pouvoir de nos tuiles ahu récupérées en posant un Moaï, ou défausser notre tuile rongo pour utiliser le pouvoir d'une tuile ahu où qu'elle soit. La tuile ahu est défaussée après utilisation.

Une fois la fin de partie arrivée et tout Rapa Nui entourée de Moaï, chaque joueur additionne les points de ses offrandes, 1 point par ressource.s non dépensée.s, 3 points pour la tuile ahu-faveur et 3 points si la tuile rongo n'a pas été utilisée. 

Le vainqueur devient immédiatement la plus grande cloche de Pâques (ahah... *soupir gêné*), et par la même occasion le meilleur chef de l'île.

A deux joueurs, on jouera sur le verseau du plateau, réduisant les emplacements pour sculpteurs et transporteurs, on réduira aussi le nombre de Moaï en fonction de leur taille (parce que oui dans ce jeu, c'est la taille qui compte).


D'un premier abord, ce jeu reste un jeu de pose d'ouvriers assez classique dans sa première phase, et à part devenir un pro des mots incongrus au Scrabble (oui, faut arriver à mettre "pukao" et l'expliquer l'air de rien, ça fait 16 points, sans compter les bonus de pose, grand-mamie Jackal si tu me lis), mais quand on arrive à la phase de transport c'est là qu'on voit la profondeur du jeu. 

Plein de petites interrogations qui reviennent fréquemment et qui nous font hésiter au moment de la pose, dois-je placer mon pascuan (oui celui là non plus je ne le connaissais pas...) sur un lieu pour récupérer une ressource quand mon adversaire l'utilisera, ou dois-je attendre qu'il le place pour essayer de faire le grand Moaï et utiliser son villageois... sacrifier une zone intéressante pour poser son sorcier et être premier joueur, ou risquer de jouer en dernier tout en risquant de perdre d'autres places, mais s'assurer d'un lieu contenant des perles rares, ou la tuile ahu au pouvoir alléchant... Bref, matière à réflexion.

Alors on n'est pas non plus sur un jeu à se prendre la tête des heures avant de placer son meeple (si c'est ce que vous cherchez, regardez plutôt du côté d'Anachrony), mais les petites réflexions à chaque tours avec des règles familiales donnent à ce jeu un caractère bien à lui, et font des parties plaisantes avec un matériel agréable à manipuler, ce qui ne gâche en rien le plaisir (bon oui il y aurait eu des Moaï en basalte ça aurait envoyé du pâté (de Pâques) mais bon...

Alors, à 2 c'est mieux?

La réduction du terrain permet de pouvoir toujours se concurrencer sur la course aux offrandes et aux zones de sculpture plus lucratives, entrainant des parties concurrentielles et agréables. 

Pour autant, on sent vite que le jeu prend tout son potentiel à plus nombreux et que les tours gagnent en tension en augmentant les tribus. 

Les twists originaux de ce jeu de pose d'ouvriers en font tout de même un jeu sympathique et plaisant dans une ludothèque, avec son matériel détonnant, et son background historique, donnant du coup envie de le ressortir pour rêver de vacances avec un maxi-kinder surprise à la main.

Du coup un verre de potion magique et c'est parti pour soulever du Moaï?

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