Istanbul big box : comme la ville, le jeu a su traverser les époques.
Un jeu de Rüdiger Dorn, illustré par Andreas Resch, et édité par Matagot.
☝ Instant Wikipedia :
Istanbul est la plus grande ville turque, située près de la mer de Marmara et de part et d’autre du détroit du Bosphore. Elle est considérée comme le port d’entrée sur l’Europe.
Au départ fondée par Byzas, fils de Poséidon et de Ceroessa (la fille de Zeus et Io, donc il a des rapports "très proches" avec sa nièce, si vous n’aviez pas suivi, tout est une histoire de famille chez les dieux grecs), la troisième année de la trentième olympiade (pour les non-initiés cela fait 659 ans av. J.-C. à quelques entournures près), elle deviendra la capitale de la Thrace.
Rebaptiser Constantinople en l’honneur de l’empereur romain Constentin 1er (heureusement qu’il ne s’appelait pas Jean Lasalle, la ville se serait appelée Jeanlasallople, mais je m’égare), en 324 après notre bon vieux JC, qui en fit la capitale de son petit empire romain.
Constantinople chute en 1453 pour devenir la capitale de l’Empire Ottoman, elle ne sera baptisée officiellement Istanbul qu’à partir du 28 mars 1930, suite à une réforme de la langue et de l’écriture pour réunir Constantinople et Stambul (qui était la vieille ville). Le nom viendrait du terme Is tim bulin signifiant « vers la ville » en Grecque.
Elle habite aujourd’hui 15 840 000 habitants et 1 grand espace vert qui s’apprête à être détruit…
Installation : 20 minutes
Règles : 15 minutes
Temps de partie : 45 minutes à 1 heure
Jeune marchand dans la ville tentaculaire d’Istanbul, vous décidez de faire fortune en marchandant dans les différents quartiers, histoire d’accumuler gloire et fortune.
Bon, ici surtout fortune sous forme de rubis, pour cela vous vous baladez avec vos assistants au gré du vent pour récupérer des ressources, les revendre, récupérer quelques livres turques et finalement les rubis tant convoités.
Seul problème dans votre programme de puissance, vous êtes plusieurs marchands à convoiter les jolies pierres rouges.
🏆 Qui sera le premier à amasser le bon nombre de rubis en premier ?
Allah et Gadh (dieu de la chance chez les juifs apostats, passé par l’épée par Jéhovah) le savent peut-être.
Mise en place
On créé le plateau soit selon un modèle donné soit au hasard, avec nos marchands et leurs assistants en pile sur la fontaine, et le membre de chaque famille au poste de police.
On place les tuiles correspondantes sur les mosquées, les marchés, et le vendeur de charrettes, les cubes sur la poste et les cartes sur le caravansérail.
On place des rubis en fonction du nombre de joueurs sur le marchand de charrettes, sur les mosquées, sur le marchand de gemmes et sur le palais du sultan.
On lance 2 dés pour placer au hasard le contrebandier et le gouverneur.
Les livres turques 💰 sont placées sur le côté, et pour finir chaque joueur prend une charrette et 0 ressource.
Et c'est parti !
Les joueurs jouent au tour par tour.
🏃 Le joueur actif déplace sa pile d’une à deux cases par rapport à sa tuile de départ.
2 possibilités :
* Il n’y a pas d’assistant sur la tuile d’arrivée, le joueur en laisse 1 et fait l’action de la tuile.
S’il n’a pas d’assistant, ou ne veut pas en laisser un, il passe son tour.
* Il y a déjà un assistant sur la tuile appartenant au joueur, il le replace sous sa pile avant de faire l’action de la tuile.
S’il y a un marchand adverse sur la tuile d’arrivée, il faut lui payer 2 livres.
Si la tuile d’arrivée contient le gouverneur, on peut prendre une carte bonus contre 2 livres ou une autre carte, et le contrebandier donne une ressource au choix contre une autre ou 2 livres.
Puis on déplace le pion sollicité en lançant les deux dés.
Les tuiles ont toutes un pouvoir différent que nous n’allons pas détailler.
Dans l’ensemble elles permettent de récupérer des ressources, d’en revendre pour des livres, d’acheter des rubis moyennant livres ou ressources, de récupérer des pouvoirs permanents grâce aux mosquées et au caravansérail avec les cartes bonus ainsi que des agrandissements de charrette.
La seule tuile différente est la fontaine : on récupère immédiatement tous ses assistants disséminés sur les différents quartiers sans devoir en laisser un dessus, et on ne paye pas d’autre éventuel marchand dessus (en France, c’est l’équivalent du PMU du coin).
Les rubis se récupèrent soit en les achetant avec des livres ou des ressources sur les tuiles adaptées, en récupérant les tuiles de pouvoir sur les 2 mosquées ou en finissant sa charrette.
Le premier récupérant 5 rubis gagne la partie en devenant le marchand le plus riche de Turquie et vivra une vie de sultan dans le quartier de Bebek.
Malheureusement pour les autres joueurs, ils seront expulsés de cette ville et ils devront laver les sabots des chameliers de passage pour gagner de quoi survivre.
À 2 joueurs :
– La victoire passe de 5 à 6 rubis
– On rajoute un marchand neutre sur les 2 tuiles mosquées et sur le négociant en pierre précieuse.
Si on s’arrête sur une tuile contenant un marchand neutre, on paye 2 livres à la banque et on déplace le marchand sur la tuile correspondant à la valeur d’un lancer des 2 dés.
Le connard de Dirk est partout, et là, en triple exemplaire.
– On augmente la valeur en ressources et en livres pour le premier rubis à acheter sur les tuiles d’achats.
📜 L’extension seaux et missives rajoute des tuiles et la possibilité d’acquérir des missives donnant une tuile objectif, cette dernière permet de transformer une missive contenant 1 sceau en 2 sceaux.
4 sceaux permettent de rejouer immédiatement un tour, et 6 d’acheter un rubis sur la tuile associée (et si sceaux six font bonne bombance, sceaux sept fait mauvaise odeur et mauvais film).
D’autres ajouts plus mineurs tels que les kiosques ou la tuile "mise aux enchères", ainsi que les nouvelles cartes bonus complètent cette extension.
La mise en place est identique au jeu de base, on rajoute les tuiles associées, les tuiles kiosques sur la tuile éponyme et les missives près du plateau. On rajoute un coursier dont la mécanique équivaut aux contrebandiers, mais on achète une missive à la place.
Dernière modification, la première fois qu’un joueur retourne à la fontaine (🎵🎶 pour y pêcher du poisson, la zig zon zinzon 🎵🎶, les vrais reconnaîtront « Mes Souliers Sont Rouges »), il peut rajouter un jeton compagnon. Dès lors à la place de déplacer son marchand, il peut déplacer son compagnon d’une case et faire l’action de la tuile d’arrivée (le compagnon comme le marchand doit payer 2 livres en arrivant sur la case d’un autre marchand ou compagnon).
Quand le marchand retourne à la fontaine soit le compagnon reste sur place soit il est retiré du plateau pour revenir au prochain passage à la fontaine.
☕ Extension moka et bakchich
Cette extension va rajouter 2 options au jeu.
La première est l’utilisation de cartes guilde qui vont remplacer l’ensemble de votre tour.
Au lieu de bouger le marchand, vous défaussez une carte guilde et faite l’ensemble des actions écrites dessus, cela permet de prendre des ressources, des sous voire des rubis…
L’autre ajout vient des marchandises : en plus des fruits et autres tissus que vous vendiez précédemment, pour plaire aux clients toujours plus exigeants, vous vous retrouvez à vendre du café. Une ressource rare et chère, mais qui vous apportera gloire, livres et rubis pour se rapprocher encore plus vite de la victoire.
Les nouvelles tuiles terrain qui s’ajoutent permettent de modifier les déplacements, de poser une barrière infranchissable par les autres marchands, ou de récupérer des cartes bonus encore plus puissantes. Moi qui n'aime pas le café, je suis servi…
La première édition d’Istanbul date de 2014, récompensée cette année-là (🎵🎶 hinhin hinhin...🎵🎶 Yannick on ne t’oublie pas, toi même tu sais pourquoi) par le Kennerspiel de Jahres, il se verra équipé de 2 extensions en 2015 et 2016, avant d’être un peu laissé de côté dans les échoppes ludiques modernes devant une pelletée de sorties toujours plus importante.
Pourtant Matagot ne l’a pas oublié en le rééditant en 2020 dans une grande boîte, avec toutes les extensions, et quelle bonne idée, comme la ville éponyme le jeu n’a pas pris une ride.
Niveau qualité de matériel, tout est agréable, épais, joli et facile à manipuler.
Pas de fioritures dans cette boîte, les dès sont simples, les cartes classiques, mais ça colle bien à la mécanique à l’allemande et c’est ce qu’on demande.
Ici, on a une particulière admiration devant les tuiles aides de jeu, qui sont un modèle du genre.
Un jeu à la mécanique simple où chaque action rejoint une vision à long terme, récupérer des ressources pour aller sur le marché, les vendre et utiliser le gain pour acheter un rubis, ou au contraire augmenter la capacité de sa charrette pour engranger encore plus de ressources, tenter des paris au salon de thé ou passer chercher une carte bonus au caravansérail…
Chaque action rentre dans une globalité qu’il faudra adapter à la présence des adversaires pour économiser son pécule sans leur en donner, et en même temps éviter de trop s’éloigner de la fontaine pour récupérer tous les assistants semés dans tous les quartiers de la grande ville sans perdre des tours à rentrer au bercail.
Il faut tout surveiller, mais en même temps la part de chance, les actions adverses ou une prière dans la grande mosquée Sainte-Sophie jouent aussi un rôle dans la victoire, et tout miser sur le calcul pourrait être source de déconvenue cuisante, comme la sauce blanche dans un kebab, on ne sait jamais sur quoi on va tomber et des fois la mayo reste une valeur sûre…
Les extensions ajoutent chacune à leur façon un gameplay et une orientation différente.
Les missives vont augmenter les déplacements, et permettent grâce au compagnon d’agir dans 2x coins du plateau différent sans se soucier de repasser tout de suite par la claire fontaine (où ils n’ont pas besoin de se baigner tout nus🎵🎶, hommage à Bassens cette fois), et récupérer des rubis grâce à notre talent de facteur (peut-être que les livreurs colissimo seraient plus protecteurs avec les colis et les horaires de livraison s’ils étaient payés rubis sur l’ongle, cette expression tombe à point nommé n’est-ce pas).
L’extension café, quant à elle, augmente l’interaction avec le côté blocage de la barrière, et augmente les choix avec la possibilité de ne faire qu’une action du tour, mais souvent puissante et avantageuse pour la suite.
Encore faut-il passer son tour au bon moment pour ne pas voir l’adversaire s’envoler avec sa charrette pleine de rubis…
Deux extensions donnant un vrai plus à un jeu qui n’a pas pris une ride.
Leurs associations permettent un renouvellement et une liberté de partie impressionnante, ce qui est d’autant plus agréable.
👉 Alors, à 2 c’est mieux ?
Les ajouts gameplay pour 2 joueurs sont parfaitement adaptés.
L’augmentation du nombre de rubis et les marchands neutres permettent de maintenir un temps de partie raisonnable en évitant que l’avancée d’un joueur soit rédhibitoire pour la victoire adverse.
En effet, les différentes stratégies possibles pour récupérer les précieux corindons rouges sont multiples et n’avancent pas à la même vitesse.
Récupérer des ressources pour améliorer sa charrette, augmenter son nombre de ressources et récupérer les rubis des charrettes et des mosquées sera plus long, mais une fois en place accélère la récupération des derniers rubis.
Alors que tout miser sur les livres turques et acheter vos pierres à pris d’or semble plus rapide, mais nécessite pas mal d’allée retour pour amasser suffisamment d’argent.
Tout ça en gérant ses déplacements pour pouvoir retourner à la fontaine sans perdre trop d’actions, et en ayant toujours le petit pourliche pour les marchands neutres.
Bref, l'adaptation est le maitre mot, car il faut souvent un peu des 2 pour gagner...
L’extension moka donne un vrai plus version blocage avec la petite barrière pour bloquer Mme J chez le marchant de gemme (sans ma carte bleue par contre…), l’interaction devient plus forte et la partie s’en récent très plaisamment, et même si le café reste une boisson particulièrement infâme à mon goût, cette extension donne un plaisir différent, mais bien présent.
Idem pour l’extension missives (mise à part la tuile de vente aux enchères qui, à deux joueurs, est moins intéressante), la nouvelle technique pour récupérer les précieux rubis en livrant des missives et en ayant 2 pôles de mouvement possibles est toujours aussi intéressante à 2 joueurs.
Les possibilités devenant encore plus larges, il faudra faire attention à ne pas trop se disperser pour éviter de finir sans le rubis en fin de partie, avec toujours plein de projets qui arrivent à leur terme trop tard, comme un livreur Colissimo finalement.
À 2, mieux? Pas forcément.
Le côté aléatoire du déplacement des marchands neutres peut parfois les entraîner sur des cases peut intéressantes les laissant en plan tel un vendeur de frigos sur la banquise, pour autant les parties restent très intéressantes et donnent envie d’y revenir.
Matagot aura eu le nez fin en ressortant cette perle, qui comme le vieux raki aura su garder sa saveur tout au long de ses années ludiques (en vrai le raki c’est particulièrement imbuvable aussi, mais tous les grands-parents du monde en ont un jour ramené de voyage, bouteille qui traîne d’héritage en héritage juste ressorti par l’ado en mal d’expériences ratées).
🎵🎶 Pour l'instant musical final, Mme J vous propose un grand classique qui swingue :
https://www.youtube.com/watch?v=xo0X77OBJUg
Mr J vous propose quant à lui https://www.youtube.com/watch?v=aQC3Tvg4rq4 et se trouve fort étonné que plus personne ne connaisse...
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