Sylve : y'a plus de saisons, ma bonne dame...


Un jeu de Stevo Torres, illustré par Andrew Thompson et Jake Morrison, et édité par Catch Up Game.


Instant Wikipedia : 

Une saison est une période de l’année ayant une certaine constante de climat. 

Sur Terre, on retrouve les zones tempérées à 4 saisons (printemps, été, automne et hiver), les zones équatoriales à 2 saisons (humide et sèche), et les pôles divisés en jours et nuits polaires. 

Les Babyloniens sont les premiers à parler de 4 saisons. 

Les Égyptiens divisaient l’année en 3 saisons en fonction des crues du Nil et non du climat. 

Les Grecs ont aussi 3 saisons, printemps, saison des récoltes pour l’été et mauvaise saison pour l’hiver. Il faut attendre le 7e siècle pour voir apparaître l’automne avec la conquête de l’Empire perse par Alexandre le Grand qui imposa les 4 saisons du calendrier macédonien. 

Les Gaulois restent à 2 saisons (toujours en retard, le français), la gaulois giamori (saison ousqui fait froid), et la gaulois samori (saison ousqui fait chaud), en retard ET un peu simpliste. 

Le calendrier Julien (crée par Jules César en 46 avant l’autre JC) finit par s’imposer dans tout l’Empire romain avec ses 4 saisons et 12 mois de l’année (rien à voir avec le climat, 4 évangélistes et 12 apôtres)

Aujourd’hui, nous utilisons le calendrier grégorien créé fin 16e et adopté mondialement au début du XXe siècle. 

Existe encore le calendrier chinois à 5 saisons et hindous à 6 saisons, vous imaginez si Vivaldi avait été hindou, les 4 saisons auraient duré 5 heures au lieu de 40 minutes, nombre d’étudiants en solfège auraient jeté leur métronome de rage.





Mise en place : 12 minutes

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 35 minutes


Hey, vous voilà dans un village perdu au milieu de rien, où les saisons, voire même même la différenciation jour et nuit n’ont plus court. 

😵

Vous représentez un être de la sylve en mode rusé et mystique, et vous êtes en charge d’apprivoiser le plus de créatures fantasmagoriques de la forêt pour remettre un peu d’ordre sur ce chaos saisonnier. Lequel de vous sera le meilleur dresseur ? Poke… heu, non, pardon. 

Affûtez vos dés et votre mauvaise foi pour avoir le plus de points de victoire en fin de partie et attirer Moro et Okkoto dans votre forêt…


Mise en place : 

Placez le plateau face jour devant vous, avec le deck de sylves au-dessus avec les premières cartes faces visibles, en fonction du nombre de joueurs.

Placez sous le plateau le deck de potions avec 4 cartes faces visibles, ainsi que les 4 decks animaux en fonction des saisons qu’ils représentent, face visible, et l’ensemble des ingrédients.

Chaque joueur choisit un mystique de la sylve, prend sa carte, 4 dès cueillettes et 2 des éléments ainsi qu’une baie de pouvoir et c’est parti pour lutter contre le temps lui-même.


Les personnages avec leurs dés

Le village face jour

Le village face nuit

Les potions 🍹

Les sylves
Vous pourrez observer les différents emplacement des dés cueillettes 

Les animaux d'hiver

Les animaux de printemps

Les animaux d'automne

Les animaux d'été

La partie se déroule en 4 manches, chacune étant divisée en 3 phases.


🎲 Dans un premier temps, tout le monde lance l’ensemble de ses 6 dés et les place devant lui.


Puis les joueurs vont jouer 6 tours avant d’arriver à la fin de la manche. 

Les tours comprennent une action obligatoire et 2 optionnelles.


Le joueur actif devra poser un de ses dès soit sur une sylve, soit sur le village, soit sur une créature apprivoisée. 


– les dès cueillettes peuvent être posées sur le symbole identique à leur face d’une des sylves.

S’il y a une ressource indiquée le joueur la prend dans la réserve. 

Si c’est un animal, le joueur prend l’animal au sommet de n’importe quelle pile et l’apprivoise, bénéficiant de son pouvoir immédiatement, dans la limite de 3 animaux de compagnie, si un nouvel animal arrive dans cette ménagerie, un des 4 doit immédiatement être relâché, et non, vous n’essayez pas de le manger, ni de faire un pâté de ragondin, inutile de provoquer la colère de la Princesse. 

Le joueur peut aussi poser son dé sur un symbole différent en payant la ressource indiquée sur la sylve. Toujours dans la limite d’un dé par emplacement.  


Les dès cueillettes peuvent aussi être placés sur une des 2 cases du haut du village qui sont les seuls à pouvoir en accueillir plusieurs, pour faire le pouvoir indiqué. 


 Les dés éléments peuvent être placés : 

- soit sur le lieu du village du même élément (l’eau dans la forge, ça risque tout de suite de moins bien brûler) pour le pouvoir du lieu (récupérer des ingrédients, réserver des potions, brûler des zones, etc.)

- soit être placé sur un emplacement de sylve pour leur pouvoir : l’eau double les ressources récupérées, le vent prend la place d’un de nos dés, nous rendant le dé pour qu’il soit rejoué en plus de la ressource, et le feu se met sur n’importe quel dé récupérant la ressource ou l’animal et brûlant l’emplacement au passage (les feux de Gironde de cet été ne sont pas liés à un mauvais placement de dés, promis)


– Certaines créatures ou pouvoirs de personnage donnent aussi de nouvelles actions pour vos dés.


À tout moment de son tour, le joueur actif peut défausser les ingrédients pour récupérer une des 4 potions dans le marché, ou une qu’il a réservé. 

Il peut aussi en boire une à son tour pour bénéficier immédiatement de son pouvoir. 


Une fois les 6 dés de tous les joueurs en place, les joueurs récupèrent les sylves qu’ils dominent. 

Pour dominer une sylve, il faut être majoritaire en nombre de dés cueillettes dessus, mais aussi qu’il y ait plus de dés cueillette de sa couleur que de dés éléments.

En cas d’égalité entre les joueurs ou de non-respect de la majorité face aux éléments, la sylve est perdue. 

Une fois que chaque joueur a récupéré les sylves qu’il domine et défaussé les autres, les joueurs récupèrent en plus les éventuels PV octroyés par leurs animaux de compagnie puis on retourne le plateau village sur sa face nuit, on remet des sylves de la réserve au-dessus et c’est reparti pour une nouvelle balade en forêt. 


Une fois les 4 manches jouées et toutes les sylves récupérées ou défaussées, chaque joueur relâche ses animaux domestiqués, puis ajoute aux éventuels points de victoire acquis pendant la partie :

- les points de ses potions (utilisées ou non), 

- les points des sylves, 

- les points des animaux relâchés, 

- un point par animal libre, ou 3 si l’animal a pu être relâché dans une sylve de la même saison que lui, à hauteur d’une bestiole par sylve maximum (pas très grégaire, l’animal fantasmagorique), 

- et 1 point pour 3 ingrédients restants. 


Le vainqueur sera la nouvelle princesse Mononoké de la ludothèque (je vous laisse le soin de choisir votre maquillage), les perdants finiront en asile n’arrivant pas à s’adapter à cette interface saisonnière chaotique. 


À 2 joueurs, on diminue le nombre de sylves à 3 disponible par manche, et à 12 le nombre total de sylves. 


Bon commençons par l’instant wahou du jeu : les graphismes.

J’avoue que cela faisait longtemps que je n’avais pas craqué sur un jeu uniquement sur la DA sans franchement regarder le gameplay. 

Grand fan du maître Miyazaki, les graphismes des animaux nous ont immédiatement plongés dans l’univers de Princesse Mononoké, son ode à la nature et ses animaux fantastiques, la boite à l'effigie du Dieu Cerf, version chibi, fait craquer tout de suite, et chaque jeton, chaque tuile, chaque carte est travaillé avec soin et talent et mérite qu’on s’y attarde.

Outre les graphismes, le matériel dans son ensemble est de belle qualité, que ce soit les dès magnifiques et agréables à manipuler, les tuiles personnages ou le plateau épais, et le tout est d’une grande clarté iconographique.

On regrette du coup les coquilles dans les règles qui rendent la première lecture un peu plus laborieuse qu’elle ne devrait. 


Une fois l’admiration passée, place au jeu, et là, fini les bons sentiments version pioupiou les petits kodamas. 

Ici clairement le terme jeu de pute/jeu de poux prend tout son sens, vos actions seront un mix entre essayer de récupérer le bon ingrédient, virer les dès adverses et pourrir toute stratégie éventuelle imaginée par un quelconque joueur. 

Ici pas la peine d’avoir une stratégie, tout se base en grande partie sur l’opportunisme.

Vais je avoir le temps de récupérer l’écu-renne d’hiver (oui vous l’aurez compris, la fusion d’un écureuil et d’un renne), la sylve me reviendra-t-elle en fin de manche que j’y envoie gambader mon phacolaveur ? 

Que des questions auxquelles vous n’aurez de réponse qu’au dernier moment tellement tout est éphémère et changeant.

Dans ce jeu, la programmation a autant d’intérêt qu’un sèche-cheveux pour Jason Statham. 


Il est très dommage au final que le thème et l’univers ne servent pas le jeu, à aucun moment on a l'impression de sauver le temps. On va surtout jouer pour amasser des points et faire chier les autres au maximum, et c’est dommage qu’un univers aussi travaillé passe au second plan, alors qu’il aurait pu être au cœur du jeu… 


👉 Alors, à 2 c’est mieux  ? 


À 2 joueurs, les parties sont légèrement raccourcies et les choix de pose des dés sont un peu plus restreints, car moins de sylves accessibles à chaque manche. 

Cette réduction permet de maintenir l’interaction et d’être obligé de pourrir le jeu de l’autre pour arriver à ses fins. 


La première partie de ce jeu nous a un peu déstabilisé, pas franchement habitués aux jeux dont la mécanique principale consiste à faire chier l’autre plutôt qu’à élaborer sa propre stratégie.

Du coup, c’est un peu tombé à plat. 

Puis, sur les suivantes en prenant l’option d'agresser ludiquement Mme J, et tant pis si je dors sur le canapé du salon, il ne fait pas encore trop froid, la partie a tout de suite été un peu plus fluide.

Les tours se sont enchainés de façon fluide, avec force râlage à chaque déplacement de dé et une interaction forte. 

Les parties suivantes ont donc été plus agréables et un peu plus animées, ponctuées « De quoi ?! Mais tu fais chier » et de " Non, mais sérieux !!!". 


Le jeu est beau, mais quel dommage que l’histoire, pourtant travaillée, et que l’univers pourtant superbe, ne soient absolument pas en adéquation avec le jeu, pour au final être un simple jeu de placement de dés avec une forte interaction négative entre les joueurs sans profondeur ni stratégie à mettre en place. 

Au final, c’est comme regarder Mon voisin Totoro avec les paroles d’une interview de Nabila, c’est joli (je parle de Totoro), mais sans le son… 


À 2, mieux bof, l’interaction reste le point important de ce jeu et le fait d’avoir trois sylves accessibles à chaque tour donnent beaucoup d’options pour jouer sans forcément trop se chercher.


Reste à voir si vous voulez être dans le fight immédiat et être plus dans le "je prends ma potion pour déplacer son dé, utilise le pouvoir de mon marcaraigne pour brûler un emplacement et poser ma branche sur la sienne grâce au pouvoir de mon perso pour lui voler sa sylve à 8 points" alors ce jeu est fait pour vous et à 2 ça marche comme à 4.

Si vous êtes plus dans le dégommage d’adversaires à tout va, sans vraiment faire attention à si ça va vous servir ou non, alors il faudra être plus nombreux pour s’amuser. 


Si vous n’êtes pas adepte du chaos et de n’avoir aucune visibilité sur votre prochain tour, alors la version 2 joueur est plus adaptée aussi. Mais pas sûr que vous vous amusiez à fond quoi.

Clairement, amateur de programmation, réflexion, anticipation, ce jeu n’est pas pour vous, et vous risquez de vous amuser autant qu’en regardant une conférence sur les lois de Mendel en hongrois, ET sans sous-titres.


Alors, prêts à sortir vos doudounes en été, et bikinis en hiver ? 

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