Valeria le royaume : un duché plein de promesses
Un jeu de Isaias Vallejo, illustré par Mihajlo Dilitrievski dit "The Mico", et édité par Lucky Duck Games.
☝Instant Wikipedia : les premiers ducs apparurent au IIIe siècle pendant l’Empire Romain, il s’agissait alors d’un titre militaire, les dux, ils commandaient aux régions frontalières.
Au fur et à mesure de la séparation des administrations civiles et militaires, les dux prirent de plus en plus d’importance. À partir du VI, VIIe siècles, le duc devient responsable de toute une région et le titre de noblesse devient de plus en plus important pour avoisiner celui du prince.
Eudes, duc d’Aquitaine, fut un des premiers ducs français au VIe siècle, il créa l’hérédité du titre (pas folle la guêpe…).
Les capétiens donnant de plus en plus de pouvoir à la royauté, le titre de duc ne devient vite plus qu’une dignité sans grande valeur.
Charles X donna le titre à chaque cousin du roi, ce qui lui permit de récupérer tous les duchés sans héritier mâle au moment des descendances (les cousinades, c’était à un autre niveau, chez Charles). Aboli lors de la Révolution, le Premier Empire recrée bien vite les duchés, et il faudra attendre la IIIe République pour qu’il n’y ait plus de création de duchés.
De nos jours le titre de duc n’est qu’apparat comme le montre le 7e duc Amédée IV de Savoie-Aoste, né en 2011, que ça doit lui faire une belle jambe pour son passage en 4ème, "non moi je suis duc et je t’emmerde". Paf !! 2 heures de colle pour le duc…
Autre temps, autres meurs.
Installation : 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 30 minutes
Âge : à partir de 9 ans
Type de jeu : tableau building, combinaison de dés.
Valeria. Quelle jolie petite région, car, outre une série éroticodramatique version Netflix où des ados espagnoles font pouet pouet camiôn (avec l’accent ça le fait tout de suite plus excitant), c’est aussi une charmante région accueillante, où les joyeux bouchers de la Villette (instant musical pour vieux), côtoient des bandes de gobelins assoiffés de sang de jeunes vierges effarouchées.
Le roi est mort, vive le roi !
Duchesse J et Duc J (on prend du grade, que voulez-vous) se retrouvent à batailler ferme pour que les citoyens en choisissent un pour prendre la tête du duché, et quoi de mieux que de terrasser du monstres et de soudoyer du clampins pour ça…
Mise en place :
Choisissez 10 decks pour constituer le marché citoyen, 1 de chaque numéro de 1 à 12 (certains ont 2 numéros), seuls les paysans 5, et les guerriers 6, sont obligatoires.
Pour les autres, il y a le choix entre 2 corporations par numéro dans la boîte de base.
Placez-les en 2 lignes de 5 cartes.
Au-dessus, placez 5 decks de monstres au choix, ils sont différenciés par leur origine géographique.
Placez en dessous 5 mini decks de cartes domaines dont chaque tas dépend du nombre de joueurs.
Placez à côté les cartes épuisées, puis chaque joueur commence son duché avec un paysan et un guerrier (on sent tout de suite le duché qui envoie du pâté d’Anjou) et ses ressources de départ, le reste étant placé à côté des cartes.
Pour finir, chaque joueur pioche secrètement 2 ducs et en garde 1.
Le premier joueur prend 2 dés et s’en va conquérir le cœur des citoyens du coin.
Le jeu se déroule en tour par tour, jusqu’à épuisement d’un nombre de decks dépendant du nombre de joueurs.
À son tour, le joueur actif lance les 2 dés et active tous ses citoyens portant le même nombre que les dés et de leur somme (si vous avez fait 3 et 6, vous activez vos citoyens de valeur 3, 6 et 9, si vous en avez).
Les autres joueurs activent aussi les pouvoirs de leur perso de la même façon, mais avec un gain différent de s’ils étaient le joueur actif. Si les dés n’activent aucune recrue, on récupère une ressource au choix.
Une fois les ressources récupérées, le joueur a 2 actions possibles :
– Récupérer une ressource gratuite (or, force ou magie) de la réserve, hop c’est cadeau.
– Acheter un nouveau citoyen moyennant de l’or, qui viendra enrichir les rangs de ses guerriers assoiffés de sèves de tréants au petit matin. Chaque citoyen coûte son prix + 1 par citoyen que l’on possède du même type dans notre armée.
– Occire un monstre moyennant force et magie (la magie peut remplacer la force, mais l’inverse n’est pas possible, n’est pas Gandalf qui veut). Une fois passé de vie à trépas, le monstre donne un bonus immédiat et est placé de côté pour le décompte de fin de partie.
– Acheter un domaine en ayant les symboles citoyens associés. Les domaines donnent un bonus immédiat et de fin de partie.
Une fois ses 2 actions réalisées, c’est au joueur suivant de lancer les dés, et ce jusqu’à ce qu’un certain nombre de decks soit épuisé (quelle que soit l’origine du deck), et donc recouvert de la carte éponyme, signant la fin de partie.
On compte les points de ses monstres vaincus auxquels, on rajoute les points des domaines acquis et des ressources restantes.
🏆 Le vainqueur deviendra le duc des ducs, superduc archiduc et dominera Valeria d’une main de maître (avant de voir l’arrivée des Margraves).
💀 Les perdants découvriront la joie de ne plus avoir besoin de dépenser d’argent en casque et chapeau après un passage sous la guillotine du coin (oui dans le duché, on évite de maintenir les adversaires toujours prêts au coup d’État et à la Révolution).
À 2 joueurs, un monstre de chaque deck reste dans la boîte, on place 3 cartes dans chaque deck de domaine et 4 cartes épuisées avant de déclencher la fin de partie.
👀
Les habitués de la saga ne seront pas dépaysés, les cartes sont bien exécutées et très claires dans l’iconographie, et comme dans tous les jeux de la saga, les règles sont bizarrement écrites et nécessitent parfois plusieurs lectures pour comprendre que le jeu est au final très accessible…
Un peu comme la notice de 12 pages pour monter votre Kallax…
Les mécaniques sont assez connues, on retrouve le magnifique MiniVille dans cette façon de lancer les dés et d’activer les personnages et ceux de l’adversaire sans le côté pillage de l’adversaire (à part si la voleuse est en jeu, où l’interaction négative sera légèrement présente).
Le jeu est du coup assez facile d’accès, les actions simples à prendre en main et peu de retour aux règles une fois comprises.
On lance les dés, récupère nos ressources et on choisit si on augmente nos citoyens en espérant qu’il soit activé dans les prochaines manches, mais aussi pour convoiter les domaines les plus fastueux, ou au contraire déchaîner nos forces sur un Roi Liche qui faisait une pose café dans le coin pour engranger PV et ressources.
Le hasard est présent au début de la partie et pourra être contrôlé par l’achat de nouveaux citoyens qui viendront enrichir notre garnison, reste à savoir si on le fait en mode "valeur sûre" avec un citoyen de chaque valeur pour être certain qu’il y ait toujours une activation à chaque lancer, ou au contraire on mise sur la chance et on prend 5 bouchers en espérant que les 12 sortent souvent pour accumuler la force de terrasser tout ce qui est vaguement terassable dans le royaume (le duc est pas très friendly avec ce qui à la peau verte, dommage pour Hulk)…
Au final un jeu accessible et facile à sortir, sans trop de coup fourrés pour éviter les vexations des plus jeunes, ou de Mme J, qui plaira à tout type de joueur, même si la boîte un peu vide donne l’impression un peu flagrante d’être sortie pour accueillir des extensions, ce qui dans se type de jeu est monnaie courante, mais me donne toujours un peu l’impression de prendre les joueurs pour des vaches à lait…
Cela dit, le rangement est très ingénieux, et raccourci clairement de temps de mise en place.
👉 Alors à 2, c’est mieux ?
L’interaction dans Valeria le royaume reste assez indirecte, dans le sens où même si le lancer de dé donne immédiatement un bonus à tous les protagonistes en place, le résultat reste totalement incontrôlable et sauf en cas de dés pipés permettant une activation permanente de son paladin, dans l’ensemble les gains sont non maitrisables (comme les grèves des profs).
Par conséquent, à 2 joueurs on récupérera moins de ressources lors des tours adverses, il faudra donc plus de temps pour récupérer toutes les ressources nécessaires pour l’attaque des monstres les plus véloces, le chef troll, le roi gobelin, Mini J avec une gastro… Idem pour la récupération des domaines, etc.
Les parties se finiront plus souvent par la carence de deck monstres, car les citoyens même un peu moins nombreux ne seront que rarement tous exploités, et les domaines pas forcément plus intéressants que les monstres, et souvent plus long à acquérir.
Au final, les parties 2 joueurs de Valeria vont souvent mettre un peu plus de temps à démarrer que les parties à plus nombreux, mais le jeu restant rapide et fluide, il est très agréable quelque soit le nombre de joueurs et reste pour le moment notre préféré de la saga.
L’envie d’aller voir l’extension transformant le jeu en coopératif se fait parfois sentir, puis je regarde la ludothèque et me dis que non ce n’est pas nécessaire finalement…
Serez vous le Donald Duc ou le Duc-On de Valeria ?
Vous êtes à un lancer de dès de le savoir…
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