Les Demeures de l'Epouvante - seconde édition : ce matin Chtulhu a frappé à ma porte 2, le retour du Come-Back


Un jeu de Corey Konieczka et Nikki Valens, illustré par Magali Villeneuve, Cristi Balanescu, Tony Foti, Yoann Boissonnet, Anders Finér, Jacob Murra et édité par Edge Entertainment et Fantasy Flight Games.

Réédition de l'excellent jeu "Les Demeures de l'Epouvante V1" sorti quelques années plus tôt, transformant le maître du jeu en intelligence artificielle, le tout grâce à une application bien ficelée et très ergonomique.



La mise en place consiste à tout sortir de la boite, trier les différents jetons et monstres, trier les cartes par genres et ordre alphabétique, prendre son investigateur et choisir la mission sur l'application.

Puis attachez vos ceintures et laissez vous guider par la voix envoutante de la narratrice qui vous annonce que vous vous êtes encore foutus dans la merde, et que le Scoubidou Gang va devoir trouver tout seul comment en sortir. 
Car oui, au début de la partie on connait l'ambiance générale et la trame du scénario, mais on ne sait pas comment s'en dépatouiller... Véra va devoir briller pour trouver la solution de l'enquête.





Donc chaque investigateur joue chacun son tour, dans l'ordre de son choix, 2 actions parmi :

- Se déplacer jusqu'à deux cases

- Explorer une nouvelle pièce et y rentrer (l'application informe de tout ce qu'on peut être amené à y trouver (monstre, jetons, personnages, licorne arc-en-ciel (mais ça l'application l'a jamais dit...))

- Combattre un monstre (autant vous dire que la larve stellaire nécessite plus que le couteau suisse du départ)

- Fouiller 

- Echanger des objets avec un copain de case

- Discuter avec un brave habitant (en général assez avenant et pas du tout terrifiant)

- Faire une action de carte ou tenter de résoudre une énigme

La plupart des actions se résolvent avec des test en lançant un nombre de dés 8 dépendant de nos carac'.
On peut défausser deux indices pour transformer un échec cuisant en une réussite sommaire (l'application nous précise après coup si notre test est réussi ou non, et si on gagne l'arme ultime anti-Grand-Ancien ou le dernier livre de "Martine mange du poulpe" ou si on se pique le doigt sur un fuseau empoisonné et qu'on se transforme en poisson-clown radioactif). 

Une fois les actions joueurs réalisées, on active l'application qui lance la phase de mythe indiquant quels monstres apparaissent, où ils se déplacent, ainsi que les avancées du scénario et autres évènements rarement en notre faveur...



La partie se termine quand l'application nous le dit, soit par une défaite, soit par la résolution de l'affaire avec plus ou moins de panache. 



À deux joueurs, l'application adapte la difficulté (enfin, c'est aux joueurs de s'adapter à la difficulté du jeu des fois...) 

La première question à se poser est : V1 ou V2 ? Quelle version est la meilleure ?

La V2 va gommer le plus gros défaut de la V1 : la mise en place.
On ne passe plus 3/4 d'heure à une heure avant chaque partie pour tout mettre en place.
En général, chez nous, la mise en place était faite la veille de la partie, par moi tout seul, histoire de ne pas perdre de temps de jeu une fois la soirée lancée.
Ici, pas de mise en place, on sort le matériel qu'on trie (un peu de temps pour placer les monstres sur leur socles avec les cartons à insérer, à trier des cartes par ordre alphabétique (pour la première partie, tout du moins) et l'application nous dira quoi mettre, et où le mettre au fur et à mesure de la partie sans faire perdre de temps au brave organisateur de la soirée, qui peut picoler en même temps que les autres plutôt que de vérifier trois fois si la carte "Poireau d'Azathoth" est bien sous la carte "le journal intime de Nyarlathotep" dans le fumoir (oui c'est un Cluedo Lovecraftien).

Autre grosse modification, et là, l'avis va dépendre des groupes de joueurs : fini le maitre du jeu version Overlord seul contre tous. Ici, madame préfère la V2, monsieur hésite, comme d'habitude.
L'application fait tout, donc terminé le coopératif asymétrique, le jeu devient un coop' pur, sauf si on devient fou mais là c'est tant pis pour vous...  
Personnellement j'ai toujours aimé jouer l'Overlord et avoir ce côté main-mise sur le jeu en tentant parfois d'aider les investigateurs (finir la partie en 30 min, c'est pas très drôle) et parfois en leur mettant trois rejetons de Dagon au détour de la chambre d'enfant... tout en ne sachant pas si je vais gagner ou perdre, ou si tout le monde va perdre car le mythe n'est ni pour l'un ni pour l'autre, le mythe est pour le mythe (orange en pull over). 
Dans la V2, c'est l'application qui gère l'avancée et les modifications du scénario. 
Du coup, allergiques aux jeux avec tablettes, ne vous en approchez pas, car on est presque plus sur un jeu sur tablette que l'on reproduit sur le plateau que d'un jeu de plateau se servant d'une tablette... 

Les parties sur les énigmes sont beaucoup plus intéressantes dans la V2, même si le côté ludique de la manipulation n'est plus possible, les Mastermind revisités et autres Rush Hour sont fort agréables, et plus variés...

L'application quant à elle est un modèle du genre tant elle est claire, facile à prendre en main et permet de ne pas revenir aux règles. 

Pour nous, les 2 gros points noirs de la V2, par rapport à la V1, sont :
- la qualité du matériel, où les figurines en plastique sont vraiment vraiment grossières, certains socles ne sont pas percés ne pouvant accueillir les figurines, trop fins pour laisser rentrer les cartons sans les abimer, et les amoureux de peintures et de belles figurines vont pleurer en voyant ce qui se fait maintenant.
- le très faible nombre de scénarii, pour une boite de base à une petite centaine d'euros pour trois scénarii. Sachant que les extensions coutant le prix d'un gros jeu font hésiter à y revenir...
Et même si l'application modifie les mises en place de chaque partie, cela reste vite un peu redondant si on n'a pas acheté toutes les extensions pour le prix de la tentacule gauche du Rêveur de R'lyeh. 
La V1 plus ancienne apporte une meilleure qualité de matériel et plus de possibilité pour renouveler les parties. 

Au final, V1 et V2 donnent deux expériences de jeux qui se complètent plus qu'elles ne se concurrencent et nous sommes ravis de pouvoir sortir l'un ou l'autre au gré de nos envies ludiques (oui on peut avoir envie d'un gros poulpe plein de tentacules sans dessins animés japonais à la clef) #silencegêné. 

Bon, tout ça pour dire que les scénarii, de plus en plus durs et longs, restent super-agréables, et qu'on entre très bien dans l'ambiance glauque d'un maître de l'horreur. 

La partie est fluide, les mises en place rapides et les sauvegardes faciles permettent d'y revenir facilement pour avancer un scénario prévu à la base pour 3 heures. Comment ça le bébé trouve que la sieste n'a pas vocation de laisser ses parent finir leur partie tranquille? 


Alors, à 2 c'est mieux?

A deux, ça tourne très bien, l'application est sans pitié et se fout de mettre un incendie sur vos deux portes de sortie et une larve stellaire dans votre pièce alors que votre seule arme est un coton de tige d'Hastur, et que votre compère est devenu fou et doit danser nu autour du feu avec douze statuettes de Shub-Niggurath enroulé dans de la ventrèche de chèvre jaune pour gagner. Je vous l'dis, on n'a pas le cul sorti des ronces... 



La difficulté croissante des scénarii est plutôt bien dosée par l'application, après le hasard des lancés de dés, contrebalancé par la défausse de deux jetons enquête pour modifier un résultat, font qu'un plan normalement sans accro devient un remake du Titanic version Lovecraft. 

Maintenant, viens dans mon manoir si tu en as le courage, et je te présenterais mon Shoggoth de compagnie.

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