Rajas of the Ganges : un indien dans la ludothèque


Une jeu du couple Inka et Markus Brand, richement illustré par Dennis Lohausen et édité par Huch!& Friends et R&R Games.

C'est un jeu de placement d'ouvriers et de gestion de dés dans l'Inde Moghol où les joueurs vont incarner des rajahs ou des ranis et s’efforcer de se montrer à la hauteur de leur rang de vénérables souverains, il ne manque que l'odeur d'encens et la musique de Devdas et on s'y croirait.


Une fois le plateau aux mille et une couleurs installé, on installe les nombreux dès posés à côté dont chaque joueur aura pris soin d'en garder un de chaque couleur pour mettre dans les mains de son Shiva personnel, ainsi que les tuiles, positionnées en fonction de leur couleur et de leur tête d'animal sur leur verseau, et enfin les pions, posés sur le ou les temples de leur couleur (en fonction de la difficulté choisie). 



Chaque joueur prend trois ouvriers de sa couleur, place un bateau au départ du Gange et ses pions sur les pistes de temples, chakras, Gloire et Argent.

Le premier joueur prend l'éléphant en 3D, il ne sert à rien mais on s'en fout il est classe, et commence. 
On joue au tour par tour jusqu'à ce que tout le monde ait posé ses ouvriers, alors on les récupère tous et c'est reparti.



Les ouvriers peuvent être posés : 

- au port en défaussant un dé de valeur 1, 2 ou 3 pour avancer son bateau de 1, 2 ou 3 cases. Une case occupée par un copain ne compte pas dans l'avancée de son bateau. On récupère le bonus sur la case d'arrivée et son ouvrier offert si on est passé sous le pont où il n'avait qu'à pas pioncer.

- la carrière permet d'acheter une tuile en défaussant un ou plusieurs dès de la couleur et valeur indiquées. La tuile devra être posée immédiatement sur notre plateau, la route devant obligatoirement rejoindre notre palais (pas de palais, pas de palais). On récupère des bonus du bord de terrain s'ils sont reliés au palais et on prend les points de Gloire s'il y a des temples sur la tuile posée en fonction de notre curseur sur l'échelle du temple en question. (C'est beaucoup plus simple qu'il n'y paraît, promis).



Ses deux zones ont un coût financier en fonction du nombre d'ouvriers déjà présents.

- Le marchée permet quant à lui de récupérer de l'Argent en fonction de la valeur du dé dépensé et du nombre de marchés identiques ou différents dans notre région. 

Et enfin on peut poser notre ouvrier dans le palais. 
Les Terrasses permettent de récupérer des dès (n'oubliez pas, Shiva n'a pas 40 bras non plus...), d'en relancer ou de les échanger. 

Les nobles donnent des pouvoirs en fonction de la valeur du dé défaussé :
1: le grand moghol vous donne 2 points de Gloire et l'éléphant du premier joueur
2: la danseuse donne deux dés de notre choix et un jeton de temple au hasard octroyant bonus immédiat ou à mettre sur notre région
3 : le yogi donne un dé et deux chakras (Arielle Dombasle a plutôt mal vieilli) 
4: le Rajah Man Singh : donne un dé et une avancée sur l'échelle d'un temple
5: le maitre bâtisseur :  permet de recouvrir une tuile de notre région par une autre plus chère
6: le portugais permet d'avancer son bateau de 6 cases ( au poil) 

A tout moment pendant son tour, on pourra changer un dé pour le mettre sur la face opposée moyennant un point de chakra, coup de pouce indien.

 
On débute la partie avec 3 ouvriers, qui pourront monter jusqu'à 6 en fonction de notre avancée sur le fleuve, sur la piste de Gloire et sur celle d'Argent. 
Plus on monte vite, plus on a d'actions et on montera vite, la version plus experte octroie des bonus à celui ayant le moins d'ouvriers, ce qui peut suffisamment contrebalancer ce petit win to win, il est cependant très rare de se voir noyer dans les eaux du Gange sans pouvoir retourner dans la partie.

Le jeu se termine quand la piste de Gloire et d'Argent se croisent, donnant victoire et prospérité sur le nouveau maharadjah de Rawhajpoutalah.




A deux joueurs, on retourne le plateau de jeu, ce qui modifie le fleuve, et le prix des zones de carrières.

Quand on voie le plateau de jeu au départ, la peur nous étreint tant la lisibilité semble laborieuse au milieu de toutes ses couleurs rappelant les temples Tamouls traditionnels. Et pourtant tout est fluide, claire et la direction artistique parfaitement dans le thème.
Les auteurs ont dû être touchés par la grâce de Ganesh et de Sarasvati pour sortir un tel ravissement thématique, ce qui au final est de moins en moins courant, tant les plateaux de jeux deviennent plus conventionnels, pour être sûr d'être lisibles par tous. 
Bon, en revanche, clairement, toute personne souffrant d'un déficit visuel risque d'en pâtir légèrement, après si vous jouez avec Ray Charles, Nyctophobia sera peut être plus indiqué...

On part sur un jeu de pose d'ouvriers assez classique, avec une gestion de dés qui vient légèrement modifier les choses par rapport aux ténors du genre.
Quand on comprend les conditions de fin de partie, qui ne consistent pas à avoir le plus d'Argent ou le plus de Gloire mais de faire que ces deux pistes, l'une en sens horaire et l'autre en sens anti-horaire, se croisent pour gagner, alors toute la stratégie s'ouvre à nous, laissant percevoir de nouvelles possibilités dans le style pourtant codifié de la pose d'ouvriers. 

Du coup, chaque sou dépensé, chaque couleur de dé récupérée devient l'occasion de réflexion et de remise en question. 
Car le bon dé n'est pas forcément de forte valeur pour acheter une grosse tuile, si on veux avancer en bateau, tel dé n'ira pas si on veut la tuile avec les deux temples, etc... Il n'y a peut être pas autant de stratégie possible que de dieux dans le panthéon hindou, mais on comprend pourquoi les Bouddhas n'ont plus un poil sur le caillou à force de se tirer les cheveux. 

Alors, à 2 c'est mieux ?

La modification du terrain à deux joueurs @rend la partie plus tendue et permet d'avoir une vraie course à la place, pour la payer le moins chère possible... enfin si on a les bons dés, et ainsi avancer. 

Même si les débuts de parties sont souvent similaires, le jeu n'en reste pas moins captivant et novateur et donne envie d'y revenir.

A deux, on se gênera plus, on se titille, on se surveille pour à la fin tenter une percé, puis rentrer dans un mur et regarder l'autre nous rattraper non pas sur les points de Gloire, mais sur l'Argent et toute l'avancée que l'on pensait avoir s'envole très vite.

Alors jeune Bhikkhu, à toi de voir : suivre les 227 règles du patimokkha ou te lancer sur le Gange à coup de dés pour embarquer la victoire? 

Comme dirait tonton David chacun sa route, chacun son chemin, passe l'éléphant à ton voisin... 

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