L'Île des chats : du draft et du polyomino : la ludothèque ronronne de plaisir.


Un jeu de Frank West, illustré par Frank West et Dragolisto, édité par Lucky Duck Games.

Instant Wikipedia : d’île exclusivement peuplée de chats, il n'en existe pas (car île de Tashirojima est peuplée de chats ET d'humains), mais la légende raconte qu’à Romieu (c’est en Gascogne, pas dans le Groland), en 1338 une jeune fille nommée Angéline (pas de Kevina ou Clitorinne, à l’époque), fille de Vincent et Mariette, bûcherons du village, se retrouva orpheline suite à la chute d’un arbre sur Vincent (n’est pas Charles Ingalls qui veut), et une mort de tristesse de Mariette. 
La pauvre Angéline fut recueilli à 3 ans par une voisine l’élevant avec ses enfants. 
Cette dernière était toujours accompagnée de 2 ou 3 chats. 
Puis en 1342, une grande disette revint et n’ayant plus rien à manger, les paysans du coin regardèrent les chats d'un autre oeil, et en firent de la gibelotte (bon appétit, bien sûr)
Angéline réussie à garder un monsieur et une madame chat, se nourrissant d’herbes et racines dans le grenier du coin. 
Lorsque les récoltes revinrent et que la disette s’en fût, n’ayant plus un chat dans les environs, les rats firent un gueuleton de la nouvelle nourriture des paysans. 
Angéline, dont les deux félins ont occupé leur disette à se fricoter dans le grenier, se retrouva avec une 20aines de chats (l’angoisse !), cette dernière pas rancunière lâcha ses chats sur les rats de Romieu sauvant la ville d’un nouveau désastre, devenant ainsi l’héroïne du coin. 
La légende raconte qu’à la fin de sa vie Angéline avait le visage et les oreilles d’un chat, la légende ou le côte de Gascogne ?…

Mise en place : 20 minutes
Règles : 15 minutes
Temps de partie : 1 h 10

Il s’agit ici du matériel de la version Deluxe du jeu.


Jeune équipage d’une jolie frégate, voilà que vous apprenez que de vils pirates menés par l’infâme Vesh Darkland ont décidé de détruire le monde, et pour se faire il décide de commencer par exterminer tous les greffiers de l’île légendaire des chats. 
N’écoutant que votre courage, vous voilà partie pour sauver les pauvres matous (d’autres iraient combattre le vilain Vesh pour sauver le monde, pour vous le monde se résume à un tas de chats colorés que vous n’intéressez que si vous avez de la pâtée).

La mise en place consiste à préparer le sac de polyominos chats, dans lequel on place les chats de toutes les couleurs, sauf les Oshaks, et les trésors rares. 
On récupère tous un bateau et un panier permanent, puis au centre on place : 
- les poissons, 
- les trésors communs, 
- 6 Oshaks, le surplus est mélangé avec les polyominos, 
- et tous les chats en bois de couleur, 
- puis en plus de l’énorme deck de cartes, on y mélange trois mini decks de tradition au hasard [classer de A à F si on à la version Deluxe]. 


Les poissons, par 1 ou par 3

Les fameux chats

Les paniers permanents

Les trésors communs

Les Oshaks 

Les cartes, en vrac

Chaque joueur place son gros chat sur la piste d’ordre du tour ainsi que le bateau de Vesh sur le compte tour. 
Vous aurez 5 tours pour transformer votre bateau en arche de Noé sectaire et sauver des chats avant qu’ils ne soient transformés en carpette [pourtant ça doit tenir chaud… et une carpette ne casse pas mes verres à bière…sale bête...].

Il existe des règles familiales à ce jeu qui le simplifie un peu trop à notre goût, nous ne les aborderons pas ici.

En début de manche, le premier joueur va piocher un certain nombre de chats du sac [dépendant du nombre de joueurs] et les placer dans les 2 champs de l’île, se sont les chats très occuper à ne rien foutre que nous essayons de sauver cette manche [il faudrait encore me dire pourquoi je fais ça moi ??? *pour la ronronthérapie Mr J !!*]
Si on pioche des trésors rares, on les place dans sous l’île, si on pioche des Oshaks, on les place avec leurs copains Oshaks et on pioche à nouveau pour avoir le bon nombre de chats dans chaque champ.

Puis les manches se déroulent en 5 phases

La pêche : chaque joueur récupère 20 poissons de la mer environnante [plutôt que de piller Whiskas avant de venir sur l’île pour allergiques, autant profiter de la surpêche].

L’exploration : se promenant sur l’île à la recherche de queues poilues [oui, je veux bien sauver des chats, d'ailleurs UNIQUEMENT si c'est un jeu de société, mais les Sphinx version chat sous chimio, je les laisse à Vesh], chaque joueur va "tomber par inadvertance" sur un deck de 7 cartes qu’il va drafter avec ses congénères, 2 cartes par 2 cartes.

Les cartes sont de plusieurs couleurs, mais nous y reviendrons tout au long de l’article.

Une fois que chaque joueur à ses 7 cartes en main, il faudra les payer, ou les défausser en fonction de celles que l’on souhaite garder. Et les cartes comme les chats se payent en poissons. 

La lecture des traditions : les joueurs vont mettre de côté leurs cartes bleues ou traditions qu’ils auront gardées en main, soit les cartes sont des traditions classiques donnant des points en fin de partie et sont conservées face cachée, soit elles sont publiques et dans ce cas il faudra les lire à haute voie et elles donneront une règle de décompte final qui aura cours pour tous les joueurs.

Le sauvetage des chats : après avoir pris 2 antihistaminiques et 3 masques FFP2 vous voilà fin prêts à sauver les chats du coin. Les joueurs posent devant leur bateau toutes leurs cartes vertes.

En premier lieu, chacun compte le nombre de bottes sur les cartes définissant la vitesse de sauvetage et donc le nouvel ordre du tour qui prend cour immédiatement.

Puis chaque joueur va utiliser tour à tour un de ses paniers [soit sur une des cartes vertes, soit permanent] pour sauver une boule de poil d’un des champs en dépensant soit 3 soit 5 poissons en fonction du champ de provenance [c’est gourmant ces bestioles en plus, après le nôtre tu peux l’attirer avec un brocoli : gourmand et débile]
Une fois le chat en main, il faut le placer immédiatement sur son bateau, le premier en placement libre, les suivants devront être adjacents à un chat déjà en place. Si on recouvre un parchemin avec un chat de la même couleur, on place immédiatement un trésor commun sur le bateau.

Et enfin la phase de trouvailles, où chaque joueur peut jouer les cartes jaunes pour placer un trésor rare sur le bateau [s’il y en a de piochés, sinon ça attendra un tour prochain pour être joué], ou les cartes marrons pour placer un Oshaks de son choix sur le bateau, l’Oshak est une brave bête du coup une fois posée, on pose un marqueur chat de la couleur souhaité pour que le chat blanc appartiennent à une famille de couleur.

 Les cartes violettes ou actions peuvent être jouées à n’importe quel moment de son tour, il faudra faire attention à respecter malgré tout les phases, utiliser une carte violette faisant piocher 3 cartes au moment de la phase de sauvetage des chats ne nous permettra pas de jouer une carte tradition si on en récupère une, il faudra attendre la prochaine phase tradition pour le faire, s’il y en a une…

Une fois les 5 phases jouées, les chats encore dans les champs retournent gambader dans leur île [la loi de la sélection naturelle fait qu’ils seront donc sauvagement abattus par Velsh quand il accostera, mais comme dirait Darwin, bien fait pour tes moustaches, sale bestiole]
Les cartes encore en main et les poissons non dépensés restent en possession des joueurs pour les tours suivants.

À la fin de la 5e manche, les pirates accostent et nous on se fait la malle vite fait avec nos chats. 
Chaque joueur calcule son score : 
- on prend 3 points par trésor rare sur son bateau, 
- ensuite on calcule le score de toutes les familles de chats composées d’au moins 3 chats adjacents de même couleur [il peut y avoir plusieurs familles de chats sur le bateau de la même couleur], 
- puis on ajoute les points de nos cartes traditions si on respecte leurs critères, 
- puis ceux des traditions publiques [qui peuvent être négatifs], 
- on soustrait 1 point par rat encore visible sur le bateau 
- et enfin, on soustrait 5 points par pièce non remplie entièrement [certaine tradition modifie ce décompte, alors faites attention]

La grande gagnante finira vieille à chat et pourra regarder Velsh détruire le monde avec un ronron sur les genoux et 373 kilos de litières dans son garage, les perdants pourront changer la litière en espérant être immunisés contre la toxoplasmose.

Le bateau plein de Mme J

À deux joueurs, on ne mettra que 4 chats dans chaque champ au début de chaque manche, le reste des tours est identique. 

Bon, vous l’aurez compris, je suis plus Steve Waring version "Le matou revient" [magnifique chanson apprise en primaire soit dit en passant] alors que Madame J est plus Aristochats et voudrais devenir un cat [peut être leur agilité qui l'intrigue, petit syndrome de Pierre Richard]
Enfin là n’est pas le débat, ce jeu vu par certains comme du draft et pour d’autres comme du polyominos est une franche réussite dans les 2 cas. 

Je ne reviendrais pas sur la qualité du matériel qui est top, mais la version Deluxe est forcément plus chatoyante que la version boutique. 

Une fois qu’on fait abstraction de l’histoire où Bob le pirate veut détruire le monde, et comme il passe par une île de chats, on décide de sauver les chats, en se faisant fi du reste du monde [certains diront que l’homme ne mérite peut-être pas plus, mais là encore le débat est ailleurs], les parties sont fluides, et la prise en main rapide, certains termes nécessitent un retour aux règles sur la première partie pour confirmer un certain effet des cartes traditions, mais dans l’ensemble tout est plutôt bien trouvé et laisse la partie se dérouler sans ralentissement importun.

Le draft de début de tour oriente la manche, version plutôt peu de chats récupérés pour avoir pas mal de tradition donnant beaucoup de points si on sait les gérer, mais sans chats, les rats abondent et les pièces restent vides, il faudra savoir faire la part des choses sans être trop dépensier dans la phase d’exploration pour garder le poisson et récupérer des chats, mais être trop économe peut nous rendre plus lents et perdre les premiers choix de chats. 
Après ce draft, c’est la vision dans l’espace qui rentre en compte, une fois posé, le chat comme dans la vie, impossible de le bouger [et ici aucune croquette pour l’attirer], du coup une fois en place il faudra bien agencer le tout pour remplir les pièces et faire de grandes familles de couleur. 

Tout est question de juste mesure sur chaque action, et attention à l’AP qui peut survenir à tout moment. 
Jusqu’à la fin de la partie, le suspens est entier, et celui qui maîtrise le polyomino ne sera pas forcement vainqueur puisque le draft reste central dans la mécanique.

Du débat Draft ou polyominos pour la mécanique principale, je dirais que l’auteur a réussi un beau mariage inter-style et on espère revoir des jeux aux mécaniques multiples pour nous laisser ronronner de plaisir à chaque partie [même si Madame J et son chat s’allient pour ma défaite].

Le chat de Mme J, qui, très compliant, 
a refusé de monter dans la boite, 
pourtant emplacement indiqué pour le chat en début de partie

Qu'à cela ne tienne, Mme J tient à respecter les règles du jeu.
Si le chat ne vient pas à la boite, c'est la boite qui ira au chat.


Alors, à 2 c’est mieux ?

Le faible nombre de chats dans les champs demandera aux joueurs de bien maîtriser leur vitesse pour assurer le coup, gardant ainsi une tension pour faire ce que l’on veut dans notre bateau. Le double draft oblige aussi à bien choisir les cartes, car il est peu probable de voir celles laissées de côté revenir [ce qui peut être souvent le cas dans les jeux de draft classiques où on a plusieurs tours pour prendre certaines cartes diminuant l’intérêt de prioriser ses choix], ici il faut agir et tout choix est définitif.

Donc oui, à 2 le jeu tourne parfaitement et les parties raisonnablement longues pour nous faire passer une superbe soirée, le jeu tourne tout aussi bien à plus de joueurs rallongeant juste le temps de jeu, ce qui peut parfois laisser le temps d’attente entre les tours un peu long sans un animal à cajoler sur les genoux (ou une bonne bière, perso, sans surprise, je préfère la bière).

Comme un chat, ce jeu donne envie et se laisse caresser dans le sens du poil, et sans comprendre pourquoi après une superbe partie, comme pour un vrai chat, on se fait déchiqueter la main à coup de griffes et de dents, et on perd lamentablement contre une Madame J dopée au produit anti-puces et à l’herbe à chat bio.

Alors, prêts à ramasser vomis, boules de poil et autre déjection de mistigri mal léché ? 

Le gardien de la ludothèque 

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