Living forest : l'esprit de la ludothèque.


Un jeu d’Aske Christiansen, joliment illustré par Apolline Etienne et édité par Ludonaute.


Instant Wikipedia : les esprits animaux sont des théories anciennes, visant à expliquer le comportement et fonctionnement des humains, théorie évoquée à la base en médecine par Galien, reprise plus tard par Descartes pour traduire l’influx nerveux. 

Il est dernièrement repris par John Maynard Keines pour traduire les comportements et émotions qui influencent les jeux économiques (entre consommateurs, investisseurs et producteurs entre autres). Dans ce jeu, on est plus sur l’idée de l’animal totem développé par les Amérindiens et certaines cultures africaines et européennes représentant des divinités et ancêtres protecteurs d’un lieu ou d’un groupe d’individus. 

Personnellement, je pense que mon animal totem est en RTT, que celui de Mini J est un diable de Tasmanie, pour Mme J je verrais plus le chat, tu comprends pas pourquoi, d’un coup, elle mord et sort les griffes, alors que 30 secondes avant elle ronronnait…


Installation : 10 minutes (15 la première avec le montage)

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 40 minutes.



Onibi, le vilain promoteur immobilier, ha non, on me glisse dans l’oreillette qu’il s’agit juste d’un vilain démon du feu, a décidé de s’en prendre à notre forêt et de la réduire en cendre. 

Vous voilà dans la peau d’un des 4 esprits des saisons à essayer de trouver comment empêcher ce vil démon de transformer votre forêt primaire en parking pour Burger King.


La mise en place consiste à placer au centre de la table le plateau avec un jeton feu de valeur 2 dessus. Ensuite, il faut placer :

- les 3 decks d’animaux gardiens de valeur 1, 2, et 3 sur le côté avec 3 cartes faces visibles pour chaque deck

- Les arbres dans leur galerie à côté du plateau, 

- les varans de feux et jeton fragments à côté du plateau. 

Chaque joueur prend son esprit protecteur qu’il place sur le plateau central, son plateau joueur, les 3 jetons bonus et son deck de départ. Vous voilà fin près pour bouter Onibi hors de la forêt. 



Les jolies cartes animaux gardiens

Le cercle des esprits

Jardiland

Les jetons fragment et cartes varans de feu


Les manches se décomposent en 3 phases jusqu’à ce qu’une des 3 conditions de victoire soit atteinte :


– Avoir récupéré 12 jetons feu (et non 12 en valeur de feu), les jetons bonus feu comptent comme un jeton feu, Onibi boude et s’en va voir ailleurs si on peut faire griller ses Chamallows. 


– Avoir planté 12 arbres différents dans sa forêt, les jetons bonus arbre comptent comme un arbre différent, Onibi n’aura plus de prise pour développer son feu sacré. 


– Avoir sur son terrain (cartes et arbres) 12 fleurs sacrées, les jetons bonus fleur comptent comme des fleurs permanentes. Elles permettent de réveiller Sanki, le grand protecteur de la forêt, qui ne ferra qu’une bouchée d’Onibi. Oui Sanki, c’est le capitaine Marvel de la forêt, il pourrait tout gérer en 5 minutes, mais tant qu’il n’a pas été bipé, il préfère pioncer. 


Phase 1 : elle est simultanée, chaque joueur retourne les cartes de son deck face visible pour invoquer ses animaux gardiens. Il s’arrête quand il veut, mais si un 3ème symbole solitaire apparaît, le joueur devra obligatoirement s’arrêter sauf si un symbole grégaire est aussi visible annulant de se fait un des symboles solitaires. Les animaux solitaires sont trop fiers pour être en groupe, donc il boude s’ils sont trop nombreux… Je dois peut-être avoir un symbole solitaire dans le dos moi… 


Phase 2 : dans l’ordre du tour, les joueurs feront 1 à 2 actions d’affilé différentes :

2 actions s’ils ont passé avant d’avoir trop de solitaires dans leur ligne de défense, une sinon, c’est boudeur, l’animal gardien. 


– Récupérer un jeton fragment, il pourra être défaussé en phase 1 pour mettre une carte retournée immédiatement dans la défausse (histoire d’éviter le troisième solitaire par exemple…), ou pour renvoyer un varan de feu dans l’entre d’Onibi. 


– Acheter des nouveaux animaux gardiens : les soleils présents sur les cartes, les arbres plantés, et une des colonnes complètes d’arbre permettent d’acheter un ou plusieurs animaux gardiens, ils viendront en renfort lors des prochains tours. On ne refait pas le plein après achats. 


– Éteindre des feux : on cumule les symboles pluie des animaux, arbres, etc. On récupère les jetons de feu sur le plateau central en fonction de leur valeur comparé à notre valeur d’eau. (Un 6 en eau permet de récupérer 3 jetons 2, ou un jeton 4 et un 2, etc.)


– Déplacer son esprit : (rien à voir avec le transfert d’âme), on compte tous les symboles tourbillons et on déplace son esprit d’autant de cases que de symboles dans le cercle des esprits. 

Si on saute un esprit adverse, on peut récupérer un de ses jetons bonus donnant un symbole feu, ou un arbre ou une fleur en bonus (ça, c’est l’esprit du pou, comme dirait Mme J)

Puis on fait l’action de la zone d’arrivée, ou on récupère un fragment en fonction du symbole.


– Récupérer un arbre et un seul de l’étal version Jardiland en fonction du nombre de petites pousses présentent sur les cartes, arbre, etc. L’arbre acheté est planté à côté d’un arbre en place. Il rapporte des bonus permanents, + des bonus pour certaines lignes et colonnes et des actions supplémentaires ou des fragments si plantés dans les coins.


– Les symboles fleur des cartes ne servent « qu’à » donner la victoire s’ils y en 12 au même moment sur son terrain. 


Une fois que tout le monde a réalisé ses actions, Onibi contre attaque (tin tin tin tin tintin tin tintin…).


– On additionne la valeur des feux restant sur le terrain, les joueurs n’ayant pas assez d’eau pour se défendre doivent récupérer un varan de feu dans leur deck par jeton feu sur le terrain. 


– On rajoute un jeton feu de valeur 2, 3 ou 4 par cartes animaux de rang 1,2 ou 3 achetées par les joueurs sur le plateau central. 


– On refait le plein de bestioles protectrices. 


Dès qu’un joueur récupère 12 jetons de feu (et non 12 en valeur de feu), OU plante 12 arbres différents (la pinède ne sauve rien…), OU a 12 fleurs sur son terrain, (ne pas oublier les jetons bonus récupérés en cours de partie (possession de base, ou volé.s en jouant à saute esprit)), alors chacun joue un dernier tour.

Puis : 

- soit il n’y a qu’un victorieux et c’est la victoire incontestable de cette saison (bon, cette année, je crois qu’Onibi a vaincu le printemps vu la chaleur du mois de mai)

- soit d’autres joueurs ont atteint 12 dans l’un des paramètres : on additionne les valeurs des 3 paramètres chez les joueurs ayant atteint 12 pour définir la super saison, et vive l’automne, il fait beau, frais et orange, les autres seront cantonnés au printemps et devrons vivre d’antihistaminiques. 


À deux joueurs, on réduit la quantité de chaque type d’arbres. 


Magnifique victoire de Mme J


Si on enlève le pseudo-insert en carton de la boîte qui est un ratage complet (même si je crois qu’il a été refait par la suite), ce jeu est une pure réussite matérielle, les cartes sont magnifique avec ses animaux esprits qui donnent presque l’impression de luire dans une forêt plus sombre (sauf les grégaires qui sont illuminés).

Bon, les yeux blancs, pour moi, on plus une image négative que positive version bienvenue à Zombiland, mais après c’est un détail, les esprits et leurs matériels propres à chacun sont magnifiques et plaisant à manipuler (les socles des esprits tiennent aussi bien que le string d’une Kardashian, mais on s’adapte). 


Question mécanique la première partie était plaisante, mais m’a laissé un peu sur ma faim, j’en attendais un peu plus d’un premier As D’Or Initiés, et c’est lors des suivantes que j’ai compris tout le sel de ce jeu. 

Le mélange des mécaniques parfaitement combinées donne une pure réussite qu’il faudra apprendre à maîtriser sur plusieurs parties. 


On débute avec un stop ou encore, version Mystic Vales, pour essayer d’organiser au mieux sa ménagerie, avant de devoir choisir ses actions en fonction de ce qu’il nous reste, et en anticipant la contre attaque. 

En effet, acheter plein de cartes sera intéressant pour plus tard, mais aurais-je assez pour me défendre contre les feux d’Onibi risquant de me faire envahir par les varans? 

Prendre un fragment me donne l’impression de perdre une action, mais en même temps sauvera peut-être mon tour pour éviter d’avoir que 3 cartes et 1 action lors d’une manche future. 

Acheter des arbres pour en avoir 12 différents ou en avoir plusieurs identiques pour jouer les fleurs.... 


Chaque stratégie est viable et nécessite de s’adapter, ne pas trop se disperser pour aller vers la victoire des 12, mais négliger un des paramètres pour se concentrer sur le dernier risque de nous faire échouer si on se retrouve à décompter tous les paramètres parce qu’un adversaire fini en même temps.

Le fait de pouvoir voler à l’adversaire le bonus qui lui aurait donné la victoire donne une petite saveur, et voire Mme J bouder en répétant "rah mais ça se fait pas, t'as fait le pou, le pou, le pou!" ça vaut le coup de jouer les tourbillons. 


Au final, ce jeu a une excellente courbe de progression et fait un magnifique premier As D’Or Initiés tant le jeu est accessible et semble simple de prime abord, puis, au fur et à mesure des parties, on voit que l’arbre cache une magnifique forêt pleine de mystères et de plaisir ludique à tout niveau de jeu. 


Une réussite sur tous les plans.


Alors, à 2 c’est mieux ?


La réduction du nombre d’arbres oblige dés le départ à une course pour savoir quoi privilégier, sans prendre les arbres à fleur, il sera difficile de viser le réveil de Sanki, du coup viser les feux, mais pour ça il faut acheter des cartes et au tour d’après pourrais-je me défendre contre les attaques d’Onibi ? 

Mon adversaire devenant le premier joueur me laissera-t-il une flamme à me mettre sous la goutte ? 


À deux joueurs, il y aura légèrement plus d’opportunisme qu’à plus, car on bénéficiera de l’action adverse, encore faut-il que les animaux aient des gouttes avec eux… 


De plus, le fait qu’il n’y ait qu’une à deux actions par tour, +/- un bonus en fonction des arbres ou spirale, entraîne des tours de jeu courts et nerveux, qui s’enchaînent parfaitement.


Ce jeu est donc une petite pépite, quelque soit le nombre de joueurs. 


Sanki, t’es mort ? Embrasse mon œuf et viens sauver la forêt. 

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