Pharaon : le chef de nous.


Un jeu d’Henri Molliné et Sylas, illustré par Christine Alcouffe et édité par Catch Up Games.


Instant Wikipedia : le terme pharaon signifie grande maison et désigne les rois et reines Égyptiens. Aujourd’hui, nous en connaissons 345 qui ont régné de 3150 av. J.-C. avec Narmer-Ménès unifiant le royaume (aucun lien avec Pierre, fils unique), jusqu’en l’an de grâce 30 avant notre aire, marquée par une succession d’échecs, avec le suicide de Cléopâtre 7 et l’assassinat de Ptolémée 15, où l’Égypte deviendra romaine. 

Il existerait une période prédynastique, appelée dynastie 0, ou Nagada 3, de 3200 à 3000 av. J.-C., cette époque prépharaonique était gouvernée par des rois aux noms insolites, roi Coquillage, Taureau 1er, Oryx, Seth, Horus Crocodile et Scorpion 1er et 2 sont les plus connus pour la Haute Égypte et Horus de Sekeh et Hat-Hor pour les plus connus de Basse Égypte. 

Toutes similitudes avec des dieux égyptiens existants seraient totalement fortuites… 

Au jour d’aujourd’hui, Mini J 1er revendique le trône de notre ludothèque égyptienne pour y faire régner la loi de Maat, ou plutôt la loi du Bordel Cosmique.


Installation : 15 minutes

Règles : 20 minutes

Temps de partie : 50 minutes.



Vous voilà joli nouveau-né dans un berceau d’osier prêt à vivre de lait et d’oisiveté pendant quelques années avant d’affronter école, travail, pression, et résistance à la bière. 

Sauf que vous n’êtes pas né d’hier, ni même d’avant hier, vous êtes né en Égypte Ancienne, et fils de Pharaon de surcroît, voilà l’embrouille. 

Du coup, bah, à peine né, point de petit géranium, ni de grande allée avec plein de statues, vous allez devoir préparer votre vie pour être un Pharaon digne de ce nom et pouvoir vous réincarner dans la peau de Brad Pitt plutôt que dans celle de Gégé le barbu alcoolo du PMU du coin, pas de repos pour les braves, le jugement de Mâat, c’est dès le berceau. 

Mini J ne l’a toujours pas compris, j’ai peur pour ses vies futures..


La mise en place consiste à placer :

- au hasard les différentes parties du plateau de jeu (il faut un certain coup de main pour faire le puzzle),

- placer les cartes artisans et nobles sur leurs emplacements respectifs, 

- idem pour les offrandes (le surnombre est placé dans le sac à offrandes)

- les ressources sur le côté (alors on les appelle par leur couleur, parce que c’est plus parlant et que je ne me souviens plus de quoi correspond à quoi, à part l’argent qui est de couleur argent, oui je sais je donne tout là)

- un nombre de vases funéraires à côté de tout ceci, dépendant du nombre de joueurs. 


Jetons offrande

Vases funéraires

Ressources

Les artisans

Les nobles

La pyramide de la Viiiiiiie 

Le plateau, modulable à souhait

Chaque joueur prend 2 argents (qui sont les ressources joker du jeu), et choisi un noble parmi 2 reçus aléatoirement, puis dans l’ordre du tour chaque joueur prend un vase funéraire et récupère les ressources indiquées.

Les jetons joueurs sont placés en bas de chaque piste du Nil et au début de la piste de la chambre funéraire, et sur le baby pharaon de la pyramide compte-tour. 

Et c’est parti pour devenir le nouveau fils de Ré dominant l’Égypte. 


La partie se joue en 5 manches, les 5 périodes de la vie de Pharaon, baby Pharaon (dès le berceau, on est royal en Égypte), ado Pharaon (Eau Précieuse Bio du Nil pour la crise d’acné pharaonique), Pharaon adulte (viens tâter mon sceptre), papi Pharaon (retour aux couches, euh aux sources) et Pharaon mort (qui c’est qui à la plus grosse pyramide ?).


Les joueurs jouent au tour par tour jusqu’à ce que tout le monde passe, le pharaon évoluera à ce moment tel un Pokémon.


Au centre du plateau se situe un disque séparé en 5 zones, en face des 5 quartiers indiquant le coût de l’action, et le nombre de fois où elle peut être réalisée dans le tour en cours. 

Exemple : si vous voulez faire l’action en face de la zone verte, il faudra déposer une ressource verte sur un espace libre, et s’il n’y en a pas, on ne peut plus faire l’action. 

La ressource payée peut aussi servir aussi dans les ressources nécessaires à la réalisation de l'action, si leur type correspond au coût demandé.


Les actions des quartiers sont :


– Quartier des artisans : payer 3 ressources identiques pour récupérer un des 4 artisans au choix. Ce dernier donne PV et ressources. 


– Quartier des nobles : payer une ressource de chaque type pour récupérer un noble parmi les 3 au choix. Ce dernier donne PV et un pouvoir particulier (cherche joueur particulier, qui qui a une jolie musique dans la tête maintenant, à part Mme J ?). 


– Quartiers des offrandes : récupérer une ligne de 2 offrandes, plus 1 de la zone centrale si vous défaussez une ressource identique à celle utilisée pour payer l’action. Les offrandes donnent des PV, des ressources supplémentaires ou la possibilité de faire une action sans payer la ressource centrale. 


– Quartier du Nil : payer 2 ressources pour avancer votre jeton sur une des pistes du Nil et récupérer les ressources associées. Tout dépend des ressources défaussées.


– Quartier funéraire (à l’époque, il n’existait pas d’assurance décès, du coup on s’y prenait tôt) : on paye les ressources indiquées pour avancer notre jeton sur la piste de construction du tombeau. Le premier à avoir 2 nobles et à arriver à la 3ème étape du tombeau récupère la tuile sarcophage.


Tuile 1er joueur et tuile tombeau


Dès qu’un joueur passe, il déplace son jeton sur le 2ème rang de la pyramide en partant du bas et récupère le jeton 1er joueur et peut choisir en premier un des vases funéraires pour choisir ses ressources de la manche d’après (sauf après la mort, on ne renaît pas avec ses jetons pouvoir, on n'est pas à Bienvenue à Zombiland)

Puis, à chaque fois que revient son tour, il avance son jeton et récupère le bonus associé et ce, jusqu’à ce que tout le monde ait passé.

A ce moment-là, on tourne d’un cran le disque central modifiant le type de paiement nécessaire pour accéder à une action. 

Il s’agira de passer ni trop tôt pour faire toutes les actions possibles, ni trop tard pour éviter de trop avantager les joueurs plus timorés ayant passé précédemment.


Exemple du plateau lors d'un tour durant une partie.
On voit par exemple que sur le quartier du tombeau que bleu est plus avancé.


Quand tout le monde est mort (c’est engageant, comme fin de partie), on compte les points : 

- on récupère les points des colonnes de dieux entre chaque quartier (pour cela il faut répondre aux demandes des 2 mains du dieu pour bénéficier de tous les points de victoire, les dieux sont comme ça soit ils donnent tout, soit ils gardent tout, pas de demi-mesure chez Osiris), 

- des nobles et artisans, 

- les points du quartier du Nil et de la construction du tombeau funéraire (on sent le côté plus glorieux de Kheops que de Amonbofils)

- 1 point par offrandes et ressources non utilisées

- les points sur les offrandes. 


Le joueur avec le plus de points aura l’honneur de devenir le 701e dieu égyptien (oui, on peut noter qu’il existe environ 300 Pokémons de plus que de dieux égyptiens et ça, c’est quand même totalement inintéressant donc important pour emboliser la matière grise), on lui mettra une tête de canard et il protégera les joueurs de l’analysis paralysis. 

Les perdants seront malheureusement réincarnés en cuisinier végan travaillant chez Mac Donald.


À 2 joueurs, on diminue le nombre d’offrandes disponibles et le nombre de cases accessibles pour accéder aux quartiers. 

De plus, le vase funéraire qui ne sera pas choisi verra ses ressources aller recouvrir les zones de paiement des quartiers, embolisant jusqu’à 2 emplacements sur trois d’un quartier…


La boîte de jeu avec le scarabée vert et ses dorures est une invitation à y pénétrer, le matériel parfois abstrait avec un vrai côté antique où tout rappelle l’histoire : hiéroglyphes, peintures divines, symboles, etc. 

Ce jeu est une pure réussite visuelle et Christine Alcouffe nous régale de bout en bout, Toutankhamon n’a qu’à bien se tenir.


Une fois le tombeau ouvert, sans malédiction, le jeu installé, les règles rapidement expliquées, on trouve un plaisir immédiat, un jeu fluide, où les actions sont claires et doivent être réfléchies et priorisées dès le choix du vase. 

Impossible ici de se laisser porter sans voir la victoire s’échapper. 

Chaque joueur devra programmer et prioriser chacun de ses choix au risque de voir sa dynastie s’oublier aussi vite que le nom des entraîneurs de l’OM. 

Retarder la prise d’un noble risque de vous priver de la possibilité de l’acquérir dans cette manche, faute de place, du coup vous n’aurez pas le sarcophage du tombeau, mais bon vous avez refait le plein de ressources grâce au Nil qui vous apportera les faveurs d’Anubis en fin de partie, et la possibilité d’acquérir un artisan qui passait par la, tout est question de tempo et d’anticipation des choix adverses.


Mme J m’avait offert ce jeu sans être trop convaincue, mais aimant l’Égypte presque autant que les dinosaures (leurs dieux auraient eu une tête d’allosaure et autres dinosaures, cela aurait comblé mes rêves d’enfants), elle a voulu me faire plaisir. 

Et quelle réussite, on ne s’en lasse pas et chaque partie est un petit bonheur de tension où on essaye de piquer la place de l’autre pour avancer, on s’observe, on évolue dans la vie du fils de Ré avec plaisir, sauf que je perds tout le temps et comme dirait Mini J ça c’est cro nul, et puis je ne veux pas être cuistot… et encore moins végan. 


Alors, à 2 c’est mieux ?


Le 3ème vase qui entraîne un blocage de certains emplacements d’accès aux actions, le limitant parfois à une action par manche complète, augmente magnifiquement la tension du jeu. 


Dès le tour terminé, on se retrouve à anticiper le sens de rotation du plateau, puis réfléchir à quelles ressources il faut prendre pour faire l’action souhaitée dans 3 tours, et quel vase restera en place pour prévoir combien d’actions seront possibles et l’ordre à prioriser pour pouvoir faire tout ce que l’on veut, et accessoirement bloquer l'adversaire. 


Cette gymnastique de neurones pour tout anticiper peut parfois ralentir le jeu, mais est tellement agréable quand le plan se déroule sans accroc.

Bon, faut pas se mentir, le plus souvent il s’agira de s’adapter parce que l’autre joueur a pris un vase différent de ce qu'on avait prévu, du coup, c'est là qu'on constate qu'il n’y a qu’un joueur qui pourra avancer sur la construction du tombeau, et c'est là que, patatras, il manque la ressource noire qu'on comptait récupérer avec les offrandes lors de sa première action. Doit-on alors sacrifier l’argent pour être le premier sur le sarcophage ou essayer de monter sur les pistes du Nil pour gagner PV et les ressources manquantes qui donneront accès à un super noble (c’est comme un noble classique, mais avec une cape), ET ça, que si l'adversaire laisse la possibilité au tour suivant...


La tension est différente à 2 joueurs, mais tout autant palpable et plaisante.

Ce jeu est devenu un réel coup de cœur, et peut être que nous craquerons pour l’extension même si sur le papier, elle ne m’emballe pas trop… 


Mieux à 2 qu’à 4, nous le pensons, car les tours s’enchaînent plus vite (et oui vous l’aurez compris, depuis le temps que vous nous suivez, on n'aime pas trop attendre entre 2 tours de jeu), même si, de ce fait, il est rare qu’une fois qu'on a passé son tour, on récupère beaucoup de bonus avant que l’adversaire ait fait la même.


Prêts pour relancer une dynastie? 

Alors, jetez vous dans le temple de Mini J 1er du nom pour prendre la relève !

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